Ses critiques
1005 critiques
9/10
Ruthy Scetbon, ou le corps de balai à elle toute seule.
C'est la femme de ménage du théâtre, qui pénètre à jardin, dans les gradins en hauteur de la toute nouvelle « piccola scala », le petit amphithéâtre maison.
Son outil de travail à la main, donc. Blouse bleue assortie à la déco maison, banane noire et serpillère à la ceinture. Et chignon brinquebalant...
Et puis surtout, un léger maquillage blanc et un nez rouge, qui tirerait d'ailleurs vers le bordeaux.
Une clown donc. Mais pas une clown trop traditionnelle. Comme une déclinaison assumée de l'Auguste.
Durant pratiquement une heure, Melle Scetbon sera cette clown-là.
Après avoir été ouvreuse ici-même.
C'est un peu par hasard que Frédéric Biessy, le patron des lieux, a découvert que son employée fréquentait la célèbre école de théâtre physique Jacques-Lecoq.
Après lui avoir demandé de lui montrer un extrait de son seule-en-scène, il lui propose donc en ce mois d'octobre d'inaugurer la nouvelle salle.
Et elle de se retrouver devant nous, mise en scène par Mitch Riley...
Ou plutôt nous de se retrouver... derrière elle.
En effet, une fois les gradins descendus, le personnage va s'apercevoir de notre présence.
Une présence qui va l'effrayer un peu, l'amuser, la questionner.
D'une petite voix haut perchée, avec tout d'abord des borborygmes avec des fulgurances subitement compréhensibles, elle va s'adresser à nous et nous faire prendre conscience de son job.
Dans une première demi-heure hilarante, elle va pour ce faire, étirer le mouvement, dilater le temps.
Ce qui prendrait trois minutes pour balayer le plateau, va lui en prendre à peu près trente.
Ce faisant, elle va nous proposer de formidables rapports au corps, aux gestes, aux mains, au visage.
Et puis également un rapport différent au langage.
Cette clown est celle qui ne fonctionne pas tout à fait comme nous.
Ses déplacements, ses mouvements, brusques ou ralentis, son analyse à haute voix de son boulot (la séquence de la poussière, celle sur les points A, B, A2, B2, etc, ces séquences sont épatantes...), ses gestes, ses runing-gags, sa capacité à montrer un décalage permanent entre sa réalité et la nôtre, tout ceci provoque les rires nourris du public.
Devant nous, cette technicienne de surface nous force à prendre en compte de manière très drôle les tenants et les aboutissants de son métier.
Et puis la deuxième partie va arriver. Ayant passé la serpillère mouillée, l'employée prend sa pause.
Nous allons rentrer dans le vif du sujet. La perte, à proprement parler...
La perte des identités passée du lieu, (oui, à l'époque, on pouvait trouver ici-même un cinéma porno... Enfin, c'est ce qu'on m'a dit...), la perte des objets trouvés, la perte d'une certaine innocence.
La perte de la liberté, également. Cette perte qui a abouti à une forme d'aliénation, et qui va pousser le personnage à nous faire partager sa vision de la liberté.
Durant ce « deuxième acte », la clown laisse presque uniquement la place à la comédienne.
Le propos devient plus grave, plus philosophique, presque.
La liberté... Vaste sujet.
La voix devient plus forte, le personnage va même crier.
Et puis, le corps va adopter une horizontalité voulue, à même le sol.
Elle en profite pour nous interpréter à terre une autre séquence très drôle, à savoir la prise de positions improbables, qui elle, semblent grandement la satisfaire.
Toujours ce décalage entre nos deux réalités.
C'est également dans la deuxième demi-heure du spectacle que l'on se rend compte de la relation différente aux objets. Les objets trouvés deviennent presque vivants, comme ce col de fourrure qui devient un animal mort.
Il faut également regarder les mains du personnage, qui se retrouvent elles aussi dans des positions souvent inhabituelles.
Une bien jolie séquence poétique vient clore le spectacle.
Tout comme chez les grands clowns, ce que fait Melle Scetbon a l'air simple, évident, un peu décousu.
Et pourtant, tout ceci est réglé au millimètre, tout ce qui se passe sur la scène demande un énorme travail.
Certes ce spectacle nous fait rire, beaucoup, mais il nous questionne également sur notre propre fonctionnement et nos propres perceptions du monde qui nous entoure.
C'est drôle. C'est intelligent. C'est brillant !
Retenez bien le nom de Ruthy Scetbon.
C'est la femme de ménage du théâtre, qui pénètre à jardin, dans les gradins en hauteur de la toute nouvelle « piccola scala », le petit amphithéâtre maison.
Son outil de travail à la main, donc. Blouse bleue assortie à la déco maison, banane noire et serpillère à la ceinture. Et chignon brinquebalant...
Et puis surtout, un léger maquillage blanc et un nez rouge, qui tirerait d'ailleurs vers le bordeaux.
Une clown donc. Mais pas une clown trop traditionnelle. Comme une déclinaison assumée de l'Auguste.
Durant pratiquement une heure, Melle Scetbon sera cette clown-là.
Après avoir été ouvreuse ici-même.
C'est un peu par hasard que Frédéric Biessy, le patron des lieux, a découvert que son employée fréquentait la célèbre école de théâtre physique Jacques-Lecoq.
Après lui avoir demandé de lui montrer un extrait de son seule-en-scène, il lui propose donc en ce mois d'octobre d'inaugurer la nouvelle salle.
Et elle de se retrouver devant nous, mise en scène par Mitch Riley...
Ou plutôt nous de se retrouver... derrière elle.
En effet, une fois les gradins descendus, le personnage va s'apercevoir de notre présence.
Une présence qui va l'effrayer un peu, l'amuser, la questionner.
D'une petite voix haut perchée, avec tout d'abord des borborygmes avec des fulgurances subitement compréhensibles, elle va s'adresser à nous et nous faire prendre conscience de son job.
Dans une première demi-heure hilarante, elle va pour ce faire, étirer le mouvement, dilater le temps.
Ce qui prendrait trois minutes pour balayer le plateau, va lui en prendre à peu près trente.
Ce faisant, elle va nous proposer de formidables rapports au corps, aux gestes, aux mains, au visage.
Et puis également un rapport différent au langage.
Cette clown est celle qui ne fonctionne pas tout à fait comme nous.
Ses déplacements, ses mouvements, brusques ou ralentis, son analyse à haute voix de son boulot (la séquence de la poussière, celle sur les points A, B, A2, B2, etc, ces séquences sont épatantes...), ses gestes, ses runing-gags, sa capacité à montrer un décalage permanent entre sa réalité et la nôtre, tout ceci provoque les rires nourris du public.
Devant nous, cette technicienne de surface nous force à prendre en compte de manière très drôle les tenants et les aboutissants de son métier.
Et puis la deuxième partie va arriver. Ayant passé la serpillère mouillée, l'employée prend sa pause.
Nous allons rentrer dans le vif du sujet. La perte, à proprement parler...
La perte des identités passée du lieu, (oui, à l'époque, on pouvait trouver ici-même un cinéma porno... Enfin, c'est ce qu'on m'a dit...), la perte des objets trouvés, la perte d'une certaine innocence.
La perte de la liberté, également. Cette perte qui a abouti à une forme d'aliénation, et qui va pousser le personnage à nous faire partager sa vision de la liberté.
Durant ce « deuxième acte », la clown laisse presque uniquement la place à la comédienne.
Le propos devient plus grave, plus philosophique, presque.
La liberté... Vaste sujet.
La voix devient plus forte, le personnage va même crier.
Et puis, le corps va adopter une horizontalité voulue, à même le sol.
Elle en profite pour nous interpréter à terre une autre séquence très drôle, à savoir la prise de positions improbables, qui elle, semblent grandement la satisfaire.
Toujours ce décalage entre nos deux réalités.
C'est également dans la deuxième demi-heure du spectacle que l'on se rend compte de la relation différente aux objets. Les objets trouvés deviennent presque vivants, comme ce col de fourrure qui devient un animal mort.
Il faut également regarder les mains du personnage, qui se retrouvent elles aussi dans des positions souvent inhabituelles.
Une bien jolie séquence poétique vient clore le spectacle.
Tout comme chez les grands clowns, ce que fait Melle Scetbon a l'air simple, évident, un peu décousu.
Et pourtant, tout ceci est réglé au millimètre, tout ce qui se passe sur la scène demande un énorme travail.
Certes ce spectacle nous fait rire, beaucoup, mais il nous questionne également sur notre propre fonctionnement et nos propres perceptions du monde qui nous entoure.
C'est drôle. C'est intelligent. C'est brillant !
Retenez bien le nom de Ruthy Scetbon.
9,5/10
Il ou elle ? Et si la réponse à cette question était je ?
Qu'est-ce qui fait qu'on est un homme ou une femme ?
Une simple échographie, qui avant même votre naissance détecte ou non un minuscule vermisseau entre les jambes d'un fœtus baignant dans le liquide amniotique ?
Une éducation ?
Un choix qu'on a fait pour vous ?
Ce qui fait qu'on est un homme ou une femme c'est en tout cas et avant tout ce que ressent un être humain, au plus profond de lui.
Alors quand on n'est pas d'accord avec le postulat initial, d'autres questions se posent : peut-on et comment faire pour choisir soi même, comment se dégager de ce qui a été déterminé pour vous, comment affronter le regard des autres, comment exister ?
Comment être ?
Etre... Ce verbe si simple, et en même temps si compliqué.
Dans son roman éponyme, d'où toute cette aventure artistique est partie, Léonor de Récondo s'empare de ces questions en narrant le chemin de vie d'un homme marié, père de famille, qui se découvre et se sent être une femme.
Depuis longtemps, il pressent intimement cet état de fait, et puis un jour, il en est certain.
C'est cette découverte, ce parcours qu'elle nous raconte.
C'est ce cheminement humain qu'a adapté pour la scène Sébastien Desjours, après la lecture du roman, après une première ébauche de dramaturgie montrée à l'auteure qui a donné son plein et entier accord.
Sébastien Desjours est cisgenre, apprend-on dans le dossier de presse. Il est né homme et se sent homme.
Il a donc entrepris dans un premier temps un travail de recherche, il a participé à des débats, a rencontré et surtout écouté des personnes transgenres.
Un temps d'écoute important. Parce qu'il s'agissait de trouver une vérité à montrer. A restituer. A interpréter.
Parce qu'il était également question de témoigner.
Ce travail a payé.
Sur scène, nous allons assister à un moment intense de vérité la plus intense, la plus profonde.
Durant une heure, le comédien m'a bouleversé, de par cette justesse absolue des sentiments et des émotions.
Le sujet est délicat.
Il était évidemment hors de question de caricaturer ce Laurent qui deviendra Lauren après avoir expulsé de lui Mathilda, et de le faire devenir une folle à la Michel Serrault dans La cage aux folles, ou alors d'en faire un type introverti n'exprimant rien.
Sébastien Desjours a placé le curseur à l'exacte position. Là où il fallait qu'il soit.
Ce qui m'a frappé avant tout, c'est la restitution de la subtile progression qui découle de cette histoire-là.
Ce père de famille qui découvre en lui une Mathilda, qui se confie à Cynthia, une personne transgenre rencontrée dans le Zanzi-bar, cet homme qui va devoir de transformer son paraître pour enfin être, on y croit tout à fait.
Seul en scène, le comédien interprète tous les personnages.
Avec délicatesse, pudeur, appelant un chat un chat, avec parfois un trait d'humour qui ressort (le Dr Morel, le psy de service est épatant... Un lacanien, sans doute...), les mots de Léonor de Récondo sont dits.
La force de l'interprétation est telle qu'il est impossible de ne pas se dire que l'être humain en face de nous témoigne de sa propre expérience.
Les scènes de famille ou dans l'entreprise sont particulièrement réussies, là où il faut dire, il faut expliquer aux autres, ces autres dont il faut affronter le regard.
Anne Lezervant a signé une sobre mais très parlante scénographie, placée sous le signe du carré.
Le carré de fines bandes lumineuses au sol, qui délimitent un espace d'enfermement, le carré du revêtement de petites particules, qui va se déliter au fur et à mesure de l'heure.
Tout ceci est également très subtil.
Tout comme le sont les lumières et la création musicale d'Olivier Maignan. (La scène de danse au Zanzi-bar est parfaite ! )
Nous finirons salle allumée. Nous serons les autres, nous saurons, nous verrons, nous assisterons à la mue. Là encore, beaucoup de finesse dans la manière de nous montrer tout ceci.
Voici un très beau moment de théâtre, intense, poignant et bouleversant de justesse et de vérité.
Et la complainte de Melody Gardot de nous accompagner...
My soul is wearying
Beating down from all of my misery yeh
Oh Lord who will comfort me ?
Qu'est-ce qui fait qu'on est un homme ou une femme ?
Une simple échographie, qui avant même votre naissance détecte ou non un minuscule vermisseau entre les jambes d'un fœtus baignant dans le liquide amniotique ?
Une éducation ?
Un choix qu'on a fait pour vous ?
Ce qui fait qu'on est un homme ou une femme c'est en tout cas et avant tout ce que ressent un être humain, au plus profond de lui.
Alors quand on n'est pas d'accord avec le postulat initial, d'autres questions se posent : peut-on et comment faire pour choisir soi même, comment se dégager de ce qui a été déterminé pour vous, comment affronter le regard des autres, comment exister ?
Comment être ?
Etre... Ce verbe si simple, et en même temps si compliqué.
Dans son roman éponyme, d'où toute cette aventure artistique est partie, Léonor de Récondo s'empare de ces questions en narrant le chemin de vie d'un homme marié, père de famille, qui se découvre et se sent être une femme.
Depuis longtemps, il pressent intimement cet état de fait, et puis un jour, il en est certain.
C'est cette découverte, ce parcours qu'elle nous raconte.
C'est ce cheminement humain qu'a adapté pour la scène Sébastien Desjours, après la lecture du roman, après une première ébauche de dramaturgie montrée à l'auteure qui a donné son plein et entier accord.
Sébastien Desjours est cisgenre, apprend-on dans le dossier de presse. Il est né homme et se sent homme.
Il a donc entrepris dans un premier temps un travail de recherche, il a participé à des débats, a rencontré et surtout écouté des personnes transgenres.
Un temps d'écoute important. Parce qu'il s'agissait de trouver une vérité à montrer. A restituer. A interpréter.
Parce qu'il était également question de témoigner.
Ce travail a payé.
Sur scène, nous allons assister à un moment intense de vérité la plus intense, la plus profonde.
Durant une heure, le comédien m'a bouleversé, de par cette justesse absolue des sentiments et des émotions.
Le sujet est délicat.
Il était évidemment hors de question de caricaturer ce Laurent qui deviendra Lauren après avoir expulsé de lui Mathilda, et de le faire devenir une folle à la Michel Serrault dans La cage aux folles, ou alors d'en faire un type introverti n'exprimant rien.
Sébastien Desjours a placé le curseur à l'exacte position. Là où il fallait qu'il soit.
Ce qui m'a frappé avant tout, c'est la restitution de la subtile progression qui découle de cette histoire-là.
Ce père de famille qui découvre en lui une Mathilda, qui se confie à Cynthia, une personne transgenre rencontrée dans le Zanzi-bar, cet homme qui va devoir de transformer son paraître pour enfin être, on y croit tout à fait.
Seul en scène, le comédien interprète tous les personnages.
Avec délicatesse, pudeur, appelant un chat un chat, avec parfois un trait d'humour qui ressort (le Dr Morel, le psy de service est épatant... Un lacanien, sans doute...), les mots de Léonor de Récondo sont dits.
La force de l'interprétation est telle qu'il est impossible de ne pas se dire que l'être humain en face de nous témoigne de sa propre expérience.
Les scènes de famille ou dans l'entreprise sont particulièrement réussies, là où il faut dire, il faut expliquer aux autres, ces autres dont il faut affronter le regard.
Anne Lezervant a signé une sobre mais très parlante scénographie, placée sous le signe du carré.
Le carré de fines bandes lumineuses au sol, qui délimitent un espace d'enfermement, le carré du revêtement de petites particules, qui va se déliter au fur et à mesure de l'heure.
Tout ceci est également très subtil.
Tout comme le sont les lumières et la création musicale d'Olivier Maignan. (La scène de danse au Zanzi-bar est parfaite ! )
Nous finirons salle allumée. Nous serons les autres, nous saurons, nous verrons, nous assisterons à la mue. Là encore, beaucoup de finesse dans la manière de nous montrer tout ceci.
Voici un très beau moment de théâtre, intense, poignant et bouleversant de justesse et de vérité.
Et la complainte de Melody Gardot de nous accompagner...
My soul is wearying
Beating down from all of my misery yeh
Oh Lord who will comfort me ?
9/10
Ca devait bien arriver un jour !
C'était écrit !
Après 25 bandes dessinées traduites en 11 langues, après 3 romans, 3 films (bientôt 4...) avec plus de 4.000.000 spectateurs dans notre seul hexagone, Ducobu arrive enfin sur une scène...
Pas besoin de le présenter Ducobu.
La dégaine rondouillarde, la mèche de cheveu rebelle, le sweat-shirt rayé jaune et noir de véritable bagnard de l'école Saint-Potache, cet élève-là est au cancre ce que Lindt est au chocolat ou Oléron à l'huître : un sommet, une apogée, une référence difficilement égalable !
On ne change pas une équipe qui gagne.
Cette équipe-là, assurément fine, est emmenée par Caroline Magne, qui avait monté la saison passée une formidable version du best-seller pour très jeunes enfants Ernest et Célestine. Je vous en avais tressé les lauriers ici-même.
Melle Magne poursuit donc sur son épatante lancée, pour nous proposer une très réjouissante adaptation de ce Ducobu.
Oui, durant une heure et quart, petits et grands vont pouvoir enfin entendre et voir, en chair et en os, le cancre le plus célèbre de France et ses camarades d'aventure.
C'est le surveillant-général de Saint-Potache qui nous accueille dans la salle.
Un surgé comme on n'en fait plus, avec un porte-voix, qui nous annonce que cette année, nous les élèves-spectateurs, nous allons en baver !
Il en profite, c'est très malin, pour nous rappeler les consignes en vigueur : dans ce spectacle... on peut prendre des photos.
Très malin également ses interventions futures dans la salle, afin de permettre les changements de tableaux. (A ce propos, il faut souligner le beau décor à base de (très) grandes projections vidéo sur trois écrans de dessins fort réussis. Nous restons dans la BD, en quelque sorte...)
Léonard Vicari l'incarne avec une belle énergie, ce surveillant-là, ainsi que Nénesse. Les fans de la série savent de quel squelette je veux parler !
Et puis nous retrouvons Monsieur Latouche, le maître aux grosses lunettes et aux cheveux gramouillés.
Eric Beslay est épatant dans ce rôle où il en fait volontairement des tonnes, pour notre plus grand plaisir. La consigne est ici de prendre une gestuelle et des mimiques outrées.
C'est ensuite au tour de Léonie d'entrer en scène. La première de la classe. La surdouée. La première en tout. Celle qui est immédiatement partante pour n'importe quelle matière.
Léonie, c'est la remarquable Amandine Toldo.
Oui, je pèse cet épithète « remarquable ».
Durant tout le spectacle, Melle Toldo crève le plateau, de par son interprétation de cette gamine forte non pas seulement en thème mais en tout.
Il faut absolument regarder la comédienne lorsqu'elle ne parle pas. (Quand elle parle, aussi, bien entendu, mais également lorsqu'elle ne parle pas...).
Ses mimiques, ses airs courroucés, son sourcil gauche qui se fronce (Voyez comme je l'ai regardée, tout de même...), ses yeux qui se lèvent au ciel, ses moues d'indignation, tout ceci est littéralement magnifique.
Nous avons vraiment en face de nous une élève de dix ans du CM2.
L'interprétation de Melle Toldo force le respect ! Chapeau !
Et puis, voici Pierre Delage, qui incarne notre héros.
Quelle énergie, quel rythme, quel sens du personnage, quelle réussite dans cette mise en voix et en corps de ce gamin allergique à l'école !
Cerise sur le gâteau, ce spectacle est également un spectacle musical, avec chansons et danses. (Je n'oublie pas de citer le chorégraphe Vincent Brisson ! )
Caroline Magne a en effet parodié certaines œuvres musicales pour en tirer de jubilatoires moments chantés et dansés.
Des hip-hop enfiévrés, un flash-mob endiablé, durant lequel votre serviteur n'a pas donné sa part au chat, une version étonnante du trop célèbre tube du film les Choristes, une autre très saturée du thème du film Pirates des Caraïbes...
On sent chez Pierre Delage et Amandine Toldo une solide formation musicale. Amplifiés et légèrement "réverbérés", les deux artistes maîtrisent l'art de la comédie musicale !
Les petits et les grands sont fortement sollicités, et tous réserveront un tonnerre d'applaudissements aux comédiens lors des saluts.
On l'aura compris, j'ai passé soixante-quinze minutes exquises et réjouissantes au Théâtre de la Tour Eiffel.
Ce spectacle jeune public fait partie de ceux qu'il ne faut pas laisser aux seuls petits spectateurs.
Alors évidemment, si vous-même n'avez pas de progéniture, soit vous y allez tout seul, soit vous empruntez vos neveux jumeaux, un petit voisin, ou encore la fille de votre boulangère, et allez donc applaudir Ducobu et ses petits camarades !
Croyez moi, vous ne le regretterez pas !
C'était écrit !
Après 25 bandes dessinées traduites en 11 langues, après 3 romans, 3 films (bientôt 4...) avec plus de 4.000.000 spectateurs dans notre seul hexagone, Ducobu arrive enfin sur une scène...
Pas besoin de le présenter Ducobu.
La dégaine rondouillarde, la mèche de cheveu rebelle, le sweat-shirt rayé jaune et noir de véritable bagnard de l'école Saint-Potache, cet élève-là est au cancre ce que Lindt est au chocolat ou Oléron à l'huître : un sommet, une apogée, une référence difficilement égalable !
On ne change pas une équipe qui gagne.
Cette équipe-là, assurément fine, est emmenée par Caroline Magne, qui avait monté la saison passée une formidable version du best-seller pour très jeunes enfants Ernest et Célestine. Je vous en avais tressé les lauriers ici-même.
Melle Magne poursuit donc sur son épatante lancée, pour nous proposer une très réjouissante adaptation de ce Ducobu.
Oui, durant une heure et quart, petits et grands vont pouvoir enfin entendre et voir, en chair et en os, le cancre le plus célèbre de France et ses camarades d'aventure.
C'est le surveillant-général de Saint-Potache qui nous accueille dans la salle.
Un surgé comme on n'en fait plus, avec un porte-voix, qui nous annonce que cette année, nous les élèves-spectateurs, nous allons en baver !
Il en profite, c'est très malin, pour nous rappeler les consignes en vigueur : dans ce spectacle... on peut prendre des photos.
Très malin également ses interventions futures dans la salle, afin de permettre les changements de tableaux. (A ce propos, il faut souligner le beau décor à base de (très) grandes projections vidéo sur trois écrans de dessins fort réussis. Nous restons dans la BD, en quelque sorte...)
Léonard Vicari l'incarne avec une belle énergie, ce surveillant-là, ainsi que Nénesse. Les fans de la série savent de quel squelette je veux parler !
Et puis nous retrouvons Monsieur Latouche, le maître aux grosses lunettes et aux cheveux gramouillés.
Eric Beslay est épatant dans ce rôle où il en fait volontairement des tonnes, pour notre plus grand plaisir. La consigne est ici de prendre une gestuelle et des mimiques outrées.
C'est ensuite au tour de Léonie d'entrer en scène. La première de la classe. La surdouée. La première en tout. Celle qui est immédiatement partante pour n'importe quelle matière.
Léonie, c'est la remarquable Amandine Toldo.
Oui, je pèse cet épithète « remarquable ».
Durant tout le spectacle, Melle Toldo crève le plateau, de par son interprétation de cette gamine forte non pas seulement en thème mais en tout.
Il faut absolument regarder la comédienne lorsqu'elle ne parle pas. (Quand elle parle, aussi, bien entendu, mais également lorsqu'elle ne parle pas...).
Ses mimiques, ses airs courroucés, son sourcil gauche qui se fronce (Voyez comme je l'ai regardée, tout de même...), ses yeux qui se lèvent au ciel, ses moues d'indignation, tout ceci est littéralement magnifique.
Nous avons vraiment en face de nous une élève de dix ans du CM2.
L'interprétation de Melle Toldo force le respect ! Chapeau !
Et puis, voici Pierre Delage, qui incarne notre héros.
Quelle énergie, quel rythme, quel sens du personnage, quelle réussite dans cette mise en voix et en corps de ce gamin allergique à l'école !
Cerise sur le gâteau, ce spectacle est également un spectacle musical, avec chansons et danses. (Je n'oublie pas de citer le chorégraphe Vincent Brisson ! )
Caroline Magne a en effet parodié certaines œuvres musicales pour en tirer de jubilatoires moments chantés et dansés.
Des hip-hop enfiévrés, un flash-mob endiablé, durant lequel votre serviteur n'a pas donné sa part au chat, une version étonnante du trop célèbre tube du film les Choristes, une autre très saturée du thème du film Pirates des Caraïbes...
On sent chez Pierre Delage et Amandine Toldo une solide formation musicale. Amplifiés et légèrement "réverbérés", les deux artistes maîtrisent l'art de la comédie musicale !
Les petits et les grands sont fortement sollicités, et tous réserveront un tonnerre d'applaudissements aux comédiens lors des saluts.
On l'aura compris, j'ai passé soixante-quinze minutes exquises et réjouissantes au Théâtre de la Tour Eiffel.
Ce spectacle jeune public fait partie de ceux qu'il ne faut pas laisser aux seuls petits spectateurs.
Alors évidemment, si vous-même n'avez pas de progéniture, soit vous y allez tout seul, soit vous empruntez vos neveux jumeaux, un petit voisin, ou encore la fille de votre boulangère, et allez donc applaudir Ducobu et ses petits camarades !
Croyez moi, vous ne le regretterez pas !
9,5/10
Homme libre, toujours tu chériras ta mère !
Même si ça n'est pas toujours facile...
L'amour maternel...
L'amour d'une mère abandonnée par son mari à la naissance de son fils, qui reporte sur lui tout son amour, un immense amour exclusif, possessif.
Une mère qui place en son rejeton les espoirs les plus grandioses.
Voilà ce qui attend le petit Roman Kacew, dès sa venue au monde en général, et sur cette terre lituanienne de Vilnius en particulier.
« Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais », nous dit Romain Gary, dans ce roman autobiographique, publié en 1960.
Ce sont des extraits de ce roman qu'a choisi de nous lire avec passion Stéphane Freiss, pour cette reprise au Poche-Montparnasse.
Parce que ce chef-d'œuvre de la littérature française l'a marqué à jamais, parce que son identification avec l'écrivain-narrateur est on ne peut plus forte.
Et de fait, rarement ai-je pu observer une telle appropriation d'un texte par un comédien.
C'est bien simple, devant nous, Stéphane Freiss va devenir Roman Gary. C'en sera même parfois troublant.
C'est du fond de la salle, qu'il va surgir, M. Freiss.
Masqué, Covid 19 oblige, dans son manteau trois-quarts, comme s'il sortait du métro, un peu à la bourre, le roman dans l'édition de la NRF sous le bras.
Il rejoint le plateau, sur lequel sont disposés deux fauteuils rouges.
Dans une séquence-introduction très drôle, très spirituelle, liée en partie à l'actualité sanitaire, il va nous expliquer ce qui va suivre.
Il semble regretter de ne pouvoir lire l'intégralité du roman, car « choisir, c'est trahir »...
Paraphrasant « un grand artiste belge disparu voici deux ans », je le cite, il nous assène un définitif « on a tous en nous quelque chose de Romain Gary » !
Son chien le rejoint alors sur scène...
Et puis il commence à dire Gary, texte à la main, même s'il n'en aura pas besoin.
Il commence à être l'écrivain.
Va alors débuter un véritable moment de grâce.
Devant nous, le jeune Roman et surtout sa mère apparaissent.
Une maman exclusivement vouée à son fils, qui le couve, le protège, reportant sur lui tout l'amour qu'elle ne peut donner à autrui, une mère magnifique, formidable et ô combien haute en couleurs.
Paradoxalement, bien que le comédien reste assis pendant pratiquement tout le spectacle, les deux personnages vont prendre vie !
La puissance de la lecture, de l'interprétation et de l'identification du comédien parviennent à modeler devant nous les héros du roman.
Et puis ses accents épatants.
L'accent russe à couper au couteau de la maman, l'accent niçois d'un conducteur d'autocar ou d'un charcutier du marché de la Buffa, celui de Mariette, ou encore celui d'un professeur de violon au désespoir...
Et puis, cette identification du comédien fait également place à la nôtre.
Dans la salle, je suis persuadé que la mère de Gary a les traits de chaque maman de chaque spectateur. C'était mon cas.
Telle est la puissance de cette heure et quart que de plonger le public dans ses propres souvenirs, dans sa propre relation à la mère, à travers les mots à haute voix.
Stéphane Freiss nous restitue l'humour omniprésent contenu dans les pages du roman.
Nous allons bien rire de la réaction du prof de violon, du passage consacré à Chaliapine, à celui des pseudonymes envisagés par l'adolescent ambitionnant d'accéder à la célébrité.
La fin du livre, la fin du spectacle arrivent. Trop tôt.
Les larmes sont au bord des yeux du comédien. Nous, dans la salle, nous n'en menons pas large.
Beaucoup d'émotion s'empare alors des spectateurs.
Au bout du compte, Stéphane Freiss nous donne une leçon. Et quelle leçon !
Un comédien fait sien, et nous fait sentir nôtre le roman de Romain Gary.
Ne manquez surtout pas cette deuxième occasion de venir l'applaudir au Poche-Montparnasse dans ce magistral moment de théâtre.
Même si ça n'est pas toujours facile...
L'amour maternel...
L'amour d'une mère abandonnée par son mari à la naissance de son fils, qui reporte sur lui tout son amour, un immense amour exclusif, possessif.
Une mère qui place en son rejeton les espoirs les plus grandioses.
Voilà ce qui attend le petit Roman Kacew, dès sa venue au monde en général, et sur cette terre lituanienne de Vilnius en particulier.
« Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais », nous dit Romain Gary, dans ce roman autobiographique, publié en 1960.
Ce sont des extraits de ce roman qu'a choisi de nous lire avec passion Stéphane Freiss, pour cette reprise au Poche-Montparnasse.
Parce que ce chef-d'œuvre de la littérature française l'a marqué à jamais, parce que son identification avec l'écrivain-narrateur est on ne peut plus forte.
Et de fait, rarement ai-je pu observer une telle appropriation d'un texte par un comédien.
C'est bien simple, devant nous, Stéphane Freiss va devenir Roman Gary. C'en sera même parfois troublant.
C'est du fond de la salle, qu'il va surgir, M. Freiss.
Masqué, Covid 19 oblige, dans son manteau trois-quarts, comme s'il sortait du métro, un peu à la bourre, le roman dans l'édition de la NRF sous le bras.
Il rejoint le plateau, sur lequel sont disposés deux fauteuils rouges.
Dans une séquence-introduction très drôle, très spirituelle, liée en partie à l'actualité sanitaire, il va nous expliquer ce qui va suivre.
Il semble regretter de ne pouvoir lire l'intégralité du roman, car « choisir, c'est trahir »...
Paraphrasant « un grand artiste belge disparu voici deux ans », je le cite, il nous assène un définitif « on a tous en nous quelque chose de Romain Gary » !
Son chien le rejoint alors sur scène...
Et puis il commence à dire Gary, texte à la main, même s'il n'en aura pas besoin.
Il commence à être l'écrivain.
Va alors débuter un véritable moment de grâce.
Devant nous, le jeune Roman et surtout sa mère apparaissent.
Une maman exclusivement vouée à son fils, qui le couve, le protège, reportant sur lui tout l'amour qu'elle ne peut donner à autrui, une mère magnifique, formidable et ô combien haute en couleurs.
Paradoxalement, bien que le comédien reste assis pendant pratiquement tout le spectacle, les deux personnages vont prendre vie !
La puissance de la lecture, de l'interprétation et de l'identification du comédien parviennent à modeler devant nous les héros du roman.
Et puis ses accents épatants.
L'accent russe à couper au couteau de la maman, l'accent niçois d'un conducteur d'autocar ou d'un charcutier du marché de la Buffa, celui de Mariette, ou encore celui d'un professeur de violon au désespoir...
Et puis, cette identification du comédien fait également place à la nôtre.
Dans la salle, je suis persuadé que la mère de Gary a les traits de chaque maman de chaque spectateur. C'était mon cas.
Telle est la puissance de cette heure et quart que de plonger le public dans ses propres souvenirs, dans sa propre relation à la mère, à travers les mots à haute voix.
Stéphane Freiss nous restitue l'humour omniprésent contenu dans les pages du roman.
Nous allons bien rire de la réaction du prof de violon, du passage consacré à Chaliapine, à celui des pseudonymes envisagés par l'adolescent ambitionnant d'accéder à la célébrité.
La fin du livre, la fin du spectacle arrivent. Trop tôt.
Les larmes sont au bord des yeux du comédien. Nous, dans la salle, nous n'en menons pas large.
Beaucoup d'émotion s'empare alors des spectateurs.
Au bout du compte, Stéphane Freiss nous donne une leçon. Et quelle leçon !
Un comédien fait sien, et nous fait sentir nôtre le roman de Romain Gary.
Ne manquez surtout pas cette deuxième occasion de venir l'applaudir au Poche-Montparnasse dans ce magistral moment de théâtre.
8,5/10
Les loups sont entrés dans Paris !
Non seulement dans Paris, mais également sur le plateau de la Scène Parisienne.
C'est en effet la meute d'Akela, le chef du clan, qui nous attend sur la scène.
Sur la scène, et dans le public qui s'installe, également, pour le bonheur et la joie des jeunes spectateurs.
Dame, caresser un loup, ça n'est pas tous les jours permis....
Joy Belmont a eu la très bonne idée d'adapter et de mettre en scène le chef-d'œuvre de Rudyard Kipling.
Nous allons donc retrouver pour notre plus grand plaisir les personnages immortalisés notamment par les studios Disney, dans l'un de leurs plus grands dessins animés, sorti au cinéma en 1967.
Le plus grand défi pour l'adaptation d'une telle histoire pour le spectacle vivant, c'est évidemment la problématique de la représentation des animaux.
Pour résoudre ce problème, Melle Belmont s'est adjoint les services, les remarquables services même de Géraldine Maamar-Dine, qui a conçu de très beaux costumes.
A base de combinaisons de fourrure, avec de grosses têtes portées par les comédiens, Baloo, Bagheera, Shere Khan ou encore Tabaqui le chacal sont devant nous.
Seul Quentin Bossis, en Mowgli, ne sera pas transformé en bête sauvage.
Bien entendu, ces costumes ne suffisent pas. Encore faut-il que ceux qui les portent leur donnent vie.
Ici, c'est pleinement le cas.
La petite troupe va se dépenser sans compter.
Une belle énergie, un vrai bonheur de jouer et de faire participer le public se dégage de l'entreprise.
Pas de temps morts, pas de moments où la tension se relâche.
Toutes les issues de la salle sont mobilisées, et le quatrième mur vole en éclats de bois d'okoumé ou de teck.
Le jeune public ne s'y trompe pas. Les enfants participent pleinement, (les grands aussi d'ailleurs, puisque nous faisons tous partie de « l'assemblée du peuple libre »...).
Les jeunes têtes brunes ou blondes suivent sans problème l'action, et tous chantent en chœur.
En effet, la célèbre chanson « Il en faut peu pour être heureux » est de la partie, réorchestrée pour l'occasion. (Je défie d'ailleurs quiconque à la sortie du spectacle de ne pas fredonner ce tube !)
Des scènes sont particulièrement réussies, comme la grande scène du serpent Kaa (un coup de chapeau à Mademoiselle Chloé David qui nous démontre non seulement son talent de comédienne mais également celui de danseuse !), les scènes chorégraphiées, ou encore celle où Mowgli, en allant chercher la fleur rouge, rencontre pour la première fois un autre être humain, en l'occurence une toute jeune fille.
C'est la chacal Tabaqui, l'âme damnée de Shere Khan qui assure tout particulièrement le côté humoristique.
Les facéties, le bagout, la veulerie et la couardise du personnage ravissent tout le public.
La bataille finale, entre Mowgli et le fourbe tigre est également très forte émotionnellement parlant, éclairée très joliment grâce aux projecteurs de lumière noire.
Ce livre de la jungle est de plus un spectacle formellement très beau.
On croit vraiment à la jungle certes stylisée, aux lianes-balançoires et aux régimes de bananes (Ah ça ! Les spectacles actuels de la Scène parisienne comporteraient-ils tous des fruits jaunes et allongés de la famille des Musaceae ?).
Nous sommes vraiment plongés dans la forêt vierge, limitrophe du village des hommes.
Du roman initiatique de Mister Kipling, les grands thèmes sont tous présents, et chaque petit spectateur peut prendre ce qu'il a à en tirer : l'acceptation de la différence et de l'Autre, l'apprentissage de la condition humaine, l'obéissance et par conséquent la désobéissance.
Alors évidemment, en une heure et dix minutes, il a fallu faire des choix.
Joy Belmont a assumé le fait de ne pas évoquer le colonel Hathi et ses éléphants, ou encore les personnages de Mor, Mang ou le buffle Rama.
Les seuls six comédiens ont déjà suffisamment assez à faire avec tous leurs multiples rôles.
Réussir un spectacle pour les enfants n'est pas une mince affaire. Je connais au moins un grand nom du spectacle qui s'y est cassé les dents, notamment sur ce même sujet.
Ici, l'entreprise artistique fonctionne pleinement.
Melle Belmont et sa petite troupe ont totalement réussi la gageure d'adapter ce roman pour la scène.
Au final, j'ai passé un très bon moment à suivre l'intrigue et les péripéties de cette histoire universellement connue.
Tout comme les jeunes, voire très jeunes spectateurs, qui eux non plus n'ont pas boudé leur plaisir et qui vibrent à l'unisson. Le tonnerre d'applaudissements au salut était à ce sujet très révélateur.
M. Kipling, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles. Votre œuvre est entre de très bonnes mains !
Non seulement dans Paris, mais également sur le plateau de la Scène Parisienne.
C'est en effet la meute d'Akela, le chef du clan, qui nous attend sur la scène.
Sur la scène, et dans le public qui s'installe, également, pour le bonheur et la joie des jeunes spectateurs.
Dame, caresser un loup, ça n'est pas tous les jours permis....
Joy Belmont a eu la très bonne idée d'adapter et de mettre en scène le chef-d'œuvre de Rudyard Kipling.
Nous allons donc retrouver pour notre plus grand plaisir les personnages immortalisés notamment par les studios Disney, dans l'un de leurs plus grands dessins animés, sorti au cinéma en 1967.
Le plus grand défi pour l'adaptation d'une telle histoire pour le spectacle vivant, c'est évidemment la problématique de la représentation des animaux.
Pour résoudre ce problème, Melle Belmont s'est adjoint les services, les remarquables services même de Géraldine Maamar-Dine, qui a conçu de très beaux costumes.
A base de combinaisons de fourrure, avec de grosses têtes portées par les comédiens, Baloo, Bagheera, Shere Khan ou encore Tabaqui le chacal sont devant nous.
Seul Quentin Bossis, en Mowgli, ne sera pas transformé en bête sauvage.
Bien entendu, ces costumes ne suffisent pas. Encore faut-il que ceux qui les portent leur donnent vie.
Ici, c'est pleinement le cas.
La petite troupe va se dépenser sans compter.
Une belle énergie, un vrai bonheur de jouer et de faire participer le public se dégage de l'entreprise.
Pas de temps morts, pas de moments où la tension se relâche.
Toutes les issues de la salle sont mobilisées, et le quatrième mur vole en éclats de bois d'okoumé ou de teck.
Le jeune public ne s'y trompe pas. Les enfants participent pleinement, (les grands aussi d'ailleurs, puisque nous faisons tous partie de « l'assemblée du peuple libre »...).
Les jeunes têtes brunes ou blondes suivent sans problème l'action, et tous chantent en chœur.
En effet, la célèbre chanson « Il en faut peu pour être heureux » est de la partie, réorchestrée pour l'occasion. (Je défie d'ailleurs quiconque à la sortie du spectacle de ne pas fredonner ce tube !)
Des scènes sont particulièrement réussies, comme la grande scène du serpent Kaa (un coup de chapeau à Mademoiselle Chloé David qui nous démontre non seulement son talent de comédienne mais également celui de danseuse !), les scènes chorégraphiées, ou encore celle où Mowgli, en allant chercher la fleur rouge, rencontre pour la première fois un autre être humain, en l'occurence une toute jeune fille.
C'est la chacal Tabaqui, l'âme damnée de Shere Khan qui assure tout particulièrement le côté humoristique.
Les facéties, le bagout, la veulerie et la couardise du personnage ravissent tout le public.
La bataille finale, entre Mowgli et le fourbe tigre est également très forte émotionnellement parlant, éclairée très joliment grâce aux projecteurs de lumière noire.
Ce livre de la jungle est de plus un spectacle formellement très beau.
On croit vraiment à la jungle certes stylisée, aux lianes-balançoires et aux régimes de bananes (Ah ça ! Les spectacles actuels de la Scène parisienne comporteraient-ils tous des fruits jaunes et allongés de la famille des Musaceae ?).
Nous sommes vraiment plongés dans la forêt vierge, limitrophe du village des hommes.
Du roman initiatique de Mister Kipling, les grands thèmes sont tous présents, et chaque petit spectateur peut prendre ce qu'il a à en tirer : l'acceptation de la différence et de l'Autre, l'apprentissage de la condition humaine, l'obéissance et par conséquent la désobéissance.
Alors évidemment, en une heure et dix minutes, il a fallu faire des choix.
Joy Belmont a assumé le fait de ne pas évoquer le colonel Hathi et ses éléphants, ou encore les personnages de Mor, Mang ou le buffle Rama.
Les seuls six comédiens ont déjà suffisamment assez à faire avec tous leurs multiples rôles.
Réussir un spectacle pour les enfants n'est pas une mince affaire. Je connais au moins un grand nom du spectacle qui s'y est cassé les dents, notamment sur ce même sujet.
Ici, l'entreprise artistique fonctionne pleinement.
Melle Belmont et sa petite troupe ont totalement réussi la gageure d'adapter ce roman pour la scène.
Au final, j'ai passé un très bon moment à suivre l'intrigue et les péripéties de cette histoire universellement connue.
Tout comme les jeunes, voire très jeunes spectateurs, qui eux non plus n'ont pas boudé leur plaisir et qui vibrent à l'unisson. Le tonnerre d'applaudissements au salut était à ce sujet très révélateur.
M. Kipling, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles. Votre œuvre est entre de très bonnes mains !