Ses critiques
1005 critiques
9,5/10
Sur les écrans colorés de ses nuits festivalières, il se fait son cinéma.
CINEMATIC.
C’est le titre de son dernier album en date, dans lequel Kyle Eastwood rend hommage au 7ème art en nous proposant ses versions de bandes originales.
Des B.O.F. composées notamment par papa Clint, fiston Kyle ou encore d’éminents maîtres incontestés du genre.
D’ailleurs, sur la scène, personne ne s’y trompe : les gros projecteurs sur pied, avec leur lentille de Fresnel sont là pour ceux qui n’auraient pas encore compris.
Après avoir installé lui même ses instruments, ses pédales d’effet, après avoir réglé sans l'aide de roadies pré-ampli et ampli, Mister Eastwood et ses quatre compères entrent dans le vif du sujet.
Un premier accord mineur 7+.
Voici la version kylesque de "Skyfall", la bof éponyme du film bondien, que chantait naguère Adèle.
Une version survitaminée, quasi hard-bop.
La couleur est annoncée.
Une walking-bass implacable, par moment très lyrique, confère à ce premier morceau une pulsation, un rythme, un groove infernaux. Les double-croches s’envolent dans le ciel bellifontain, Implacablement mais très subtilement.
Rapidement, tous les spectateurs constatent que la formidable et impressionnante technique de Kyle Eastwood est au service du quintet.
Tout au long du set, jamais il ne cherchera à tirer la couverture à lui.
En son façade, la contrebasse ne sera mise en avant que pendant les solos, jamais lorsque tous jouent ensemble.
Une réelle humilité se dégage de ce grand contrebassiste. Une vraie place est laissée à ses musiciens.
Oui, le patron s’est entouré d’un sacré carré d’as !
Sur ce premier titre, Quentin Collins, à la trompette et au bugle, Brandon Allen au saxophone, assurent eux aussi, que ce soit ensemble pour le thème très connu, ou individuellement lors de leur premier solo respectif.
Quelle cohérence, quelle pâte sonore, à eux deux !
Au piano, Andrew McCormack se charge, et de quelle façon, de la partie harmonique.
Le tempo d’enfer métronomique est assuré par la batteur Cris Higginbottom. On sent là aussi immédiatement une grande complicité avec le boss pour le groove basse-batterie. Là encore, le duo dégage beaucoup de cohérence.
Deux autres BOF suivent, « The Eiger sanction » (composée en 1975 par un certain John Williams), et « Taxi driver ».
Le public est aux anges !
Et puis voici un moment très attendu.
La chanteuse Camille Bertault rejoint le quintet. Elle est déjà présente sur l’album évoqué plus haut.
Version bossa nova très réussie, voici « Les moulins de mon cœur », de Michel Legrand.
Comme sur le disque.
Melle Bertault insuffle beaucoup de grâce au concert.
De sa voix claire de mezzo, elle nous chante avec beaucoup de délicatesse les célèbres paroles.
Et puis à son tour, elle prend un solo, dans un chase halluciné avec Mister Collins.
Ses vocalises cristallines, aériennes, éthérées ravissent non seulement le public mais également les musiciens qui apprécient en connaisseurs.
C’est beau, c’est intense, ce sera l’un des moments les plus forts de toute la soirée.
Le désormais sextet poursuit avec « Charade », composé par le grand Henry Mancini.
C’est l’occasion pour Kyle Eastwood de troquer sa contrebasse pour une basse noire Gibson 5 cordes.
Là encore, une technique phénoménale !
La main gauche court sur le manche, pour des lignes mélodiques sophistiquées. Un savant dosage entre la base rythmique à assurer et des contrepoints jazzistiques savamment construits.
Pas de slap (on n’est pas chez Marcus Miller), mais l’index et le majeur droits estwoodiens s’activent férocement sur les cinq cordes.
Kyle et Camille seront tous deux chaleureusement applaudis.
Retour à la contrebasse pour un « Bullit » endiablé et lui aussi « en-bopé ».
Le quintet terminera le set par un septième et dernier titre, universellement connu : « Pink Panther », la panthère rose, encore et toujours évidemment composé par Henry Mancini.
Le thème ultra-connu s’élève du saxo ténor, repris en chœur par bien des spectateurs. Brandon Allen s’en donne à cœur joie !
Une ovation finale, sous la pluie, s’élèvera pour saluer et remercier ces cinq enthousiasmants musiciens.
Toujours avec humilité, Kyle Eastwood remercie chaleureusement quant à lui le public, après avoir rappelé le nom de ses compères-complices.
Cette heure et demie, premier temps fort du festival Django-Reinhardt cuvée 2021 restera dans les esprits et dans les cœurs.
Nous avons assisté à un formidable moment musical, comme sait en procurer le jazz, quand il est joué avec talent, conviction et sincérité.
CINEMATIC.
C’est le titre de son dernier album en date, dans lequel Kyle Eastwood rend hommage au 7ème art en nous proposant ses versions de bandes originales.
Des B.O.F. composées notamment par papa Clint, fiston Kyle ou encore d’éminents maîtres incontestés du genre.
D’ailleurs, sur la scène, personne ne s’y trompe : les gros projecteurs sur pied, avec leur lentille de Fresnel sont là pour ceux qui n’auraient pas encore compris.
Après avoir installé lui même ses instruments, ses pédales d’effet, après avoir réglé sans l'aide de roadies pré-ampli et ampli, Mister Eastwood et ses quatre compères entrent dans le vif du sujet.
Un premier accord mineur 7+.
Voici la version kylesque de "Skyfall", la bof éponyme du film bondien, que chantait naguère Adèle.
Une version survitaminée, quasi hard-bop.
La couleur est annoncée.
Une walking-bass implacable, par moment très lyrique, confère à ce premier morceau une pulsation, un rythme, un groove infernaux. Les double-croches s’envolent dans le ciel bellifontain, Implacablement mais très subtilement.
Rapidement, tous les spectateurs constatent que la formidable et impressionnante technique de Kyle Eastwood est au service du quintet.
Tout au long du set, jamais il ne cherchera à tirer la couverture à lui.
En son façade, la contrebasse ne sera mise en avant que pendant les solos, jamais lorsque tous jouent ensemble.
Une réelle humilité se dégage de ce grand contrebassiste. Une vraie place est laissée à ses musiciens.
Oui, le patron s’est entouré d’un sacré carré d’as !
Sur ce premier titre, Quentin Collins, à la trompette et au bugle, Brandon Allen au saxophone, assurent eux aussi, que ce soit ensemble pour le thème très connu, ou individuellement lors de leur premier solo respectif.
Quelle cohérence, quelle pâte sonore, à eux deux !
Au piano, Andrew McCormack se charge, et de quelle façon, de la partie harmonique.
Le tempo d’enfer métronomique est assuré par la batteur Cris Higginbottom. On sent là aussi immédiatement une grande complicité avec le boss pour le groove basse-batterie. Là encore, le duo dégage beaucoup de cohérence.
Deux autres BOF suivent, « The Eiger sanction » (composée en 1975 par un certain John Williams), et « Taxi driver ».
Le public est aux anges !
Et puis voici un moment très attendu.
La chanteuse Camille Bertault rejoint le quintet. Elle est déjà présente sur l’album évoqué plus haut.
Version bossa nova très réussie, voici « Les moulins de mon cœur », de Michel Legrand.
Comme sur le disque.
Melle Bertault insuffle beaucoup de grâce au concert.
De sa voix claire de mezzo, elle nous chante avec beaucoup de délicatesse les célèbres paroles.
Et puis à son tour, elle prend un solo, dans un chase halluciné avec Mister Collins.
Ses vocalises cristallines, aériennes, éthérées ravissent non seulement le public mais également les musiciens qui apprécient en connaisseurs.
C’est beau, c’est intense, ce sera l’un des moments les plus forts de toute la soirée.
Le désormais sextet poursuit avec « Charade », composé par le grand Henry Mancini.
C’est l’occasion pour Kyle Eastwood de troquer sa contrebasse pour une basse noire Gibson 5 cordes.
Là encore, une technique phénoménale !
La main gauche court sur le manche, pour des lignes mélodiques sophistiquées. Un savant dosage entre la base rythmique à assurer et des contrepoints jazzistiques savamment construits.
Pas de slap (on n’est pas chez Marcus Miller), mais l’index et le majeur droits estwoodiens s’activent férocement sur les cinq cordes.
Kyle et Camille seront tous deux chaleureusement applaudis.
Retour à la contrebasse pour un « Bullit » endiablé et lui aussi « en-bopé ».
Le quintet terminera le set par un septième et dernier titre, universellement connu : « Pink Panther », la panthère rose, encore et toujours évidemment composé par Henry Mancini.
Le thème ultra-connu s’élève du saxo ténor, repris en chœur par bien des spectateurs. Brandon Allen s’en donne à cœur joie !
Une ovation finale, sous la pluie, s’élèvera pour saluer et remercier ces cinq enthousiasmants musiciens.
Toujours avec humilité, Kyle Eastwood remercie chaleureusement quant à lui le public, après avoir rappelé le nom de ses compères-complices.
Cette heure et demie, premier temps fort du festival Django-Reinhardt cuvée 2021 restera dans les esprits et dans les cœurs.
Nous avons assisté à un formidable moment musical, comme sait en procurer le jazz, quand il est joué avec talent, conviction et sincérité.
10/10
Seize mois.
Seize mois de confinement, dans sa maison de Pennsylvanie, en raison de la pandémie que l’on sait.
Seize mois à ne plus pouvoir jouer devant un public.
Ce week-end voyait donc le retour de Fred Hersch devant ses fans et admirateurs.
Le public français de la magnifique salle du Bal Blomet, ce club de jazz qui affichait complet depuis bien longtemps déjà pour ces deux soirées de retrouvailles.
Durant ces seize mois, Mister Hersch n’était pas resté inactif, loin s’en faut, puisque tous les soirs, à 19h00 heure locale, il diffusait sur son compte Facebook un titre inédit.
Il en profita pour enregistrer un nouvel album, « Songs from home », le bien nommé.
Un disque de « comfort food », précisait-il, cette cuisine de mamie qui réconforte et remonte le moral.
Le jeune sexagénaire a eu envie de jouer des morceaux qui l’ont accompagné tout au long de sa vie.
Il a adapté ces chansons pour en faire ce qui va constituer la majeure partie de sa set-list parisienne.
Quel bonheur de retrouver cet immense pianiste, que je considère (et je ne suis vraiment pas le seul) comme l’un des plus importants, si ce n’est le plus important de sa génération !
On se souvient qu’un certain Brad Meldhau prit naguère des cours auprès de lui…
Il arrive côté jardin, après avoir été présenté par le producteur Yvan Amar.
Le concert est en effet diffusé en direct sur France Musique.
Fred Hersch s’installe tranquillement, sans chichis superfétatoires, au clavier du Steinway & Sons.
Nous allons écouter treize titres, qu’il va choisir parmi son « Solo Repertoire 2021 », une centaine de compositions et de standards classées en trois catégories : Slow, Medium et Up.
Et les premières notes s’élèvent. Seule, la main droite commence.
Il ferme les yeux, derrière ses fines lunettes, comme à chaque fois.
Il joue en effet pratiquement en permanence « à l’aveugle », comme pour mieux être isolé dans sa musique et comme pour encore mieux ressentir ce qu’il joue.
Immédiatement, tout ce qui fait que ce musicien est unique nous frappe et nous enchante.
Hersch, c’est avant tout la délicatesse et la précision du toucher.
Une grâce et une émotion phénoménales émanent de la technique hors-norme de ce pianiste.
Ici, le but de la manœuvre n’est pas de jouer le plus de notes à la minute.
Bien au contraire.
Les notes jouées sont jouées seulement parce qu’elles sont nécessaires. Pas pour démontrer la virtuosité.
Ces notes sont au service d’un discours musical précis, passionnant, technique, peut-être parfois sévère, certes, mais accessible à tous.
Le swing est bien là, solide, charpenté, léger à la fois.
Et puis, pour moi, Fred Hersch est le Jean-Sébastien Bach du jazz.
Une fois le thème énoncé, généralement après une introduction faite d’accords annonçant habilement la grille de ce qui va suivre, le pianiste se lance dans une vertigineuse improvisation.
Ses impros sont des fugues et des contrepoints dont les volutes sonores s’entremêlent de façon onirique.
A tel point que je me demande presque à chaque fois comment va-t-il s’y prendre pour retomber « sur ses pattes », et retrouver le thème initial, afin de conclure le morceau.
Chaque titre est une aventure musicale unique, captivante et sensuelle. Une atmosphère faite de multiples couleurs procurant énormément d’émotions.
Parmi les chansons jouées ce soir, une composition personnelle « After you’ve gone » mettra en valeur le swing, le stride à la fois fin et puissant. (Le titre a été écrite en prévision du départ de Trump... )
Un doublé magnifique « Black is the color / Thème du film Spartacus, par Alex North) va illustrer parfaitement la qualité, la grâce et la précision et la construction du discours musical dont je parlais plus haut.
Bien entendu, il y aura pour l’un des trois « encore » le « tube » herschesque « Valentine ». Le titre est attendu par tous les aficionados présents ce soir.
Pour info, la partition est éditée, fait rarissime dans le monde du jazz, aux célèbres éditions « classiques » Peters.
Votre serviteur en possède un exemplaire dédicacé…. (On est fan ou on ne l’est pas...)
Une standing ovation va conclure le concert.
Les « bravo » fusent, les mains scandent longuement les applaudissements en rythme.
Fred Hersch en est presque étonné, et accueille tout ceci de façon fort humble, avant de remercier chaleureusement le public.
Nous, nous pourrons tous dire « Nous y étions !».
Seize mois...
Seize mois de confinement, dans sa maison de Pennsylvanie, en raison de la pandémie que l’on sait.
Seize mois à ne plus pouvoir jouer devant un public.
Ce week-end voyait donc le retour de Fred Hersch devant ses fans et admirateurs.
Le public français de la magnifique salle du Bal Blomet, ce club de jazz qui affichait complet depuis bien longtemps déjà pour ces deux soirées de retrouvailles.
Durant ces seize mois, Mister Hersch n’était pas resté inactif, loin s’en faut, puisque tous les soirs, à 19h00 heure locale, il diffusait sur son compte Facebook un titre inédit.
Il en profita pour enregistrer un nouvel album, « Songs from home », le bien nommé.
Un disque de « comfort food », précisait-il, cette cuisine de mamie qui réconforte et remonte le moral.
Le jeune sexagénaire a eu envie de jouer des morceaux qui l’ont accompagné tout au long de sa vie.
Il a adapté ces chansons pour en faire ce qui va constituer la majeure partie de sa set-list parisienne.
Quel bonheur de retrouver cet immense pianiste, que je considère (et je ne suis vraiment pas le seul) comme l’un des plus importants, si ce n’est le plus important de sa génération !
On se souvient qu’un certain Brad Meldhau prit naguère des cours auprès de lui…
Il arrive côté jardin, après avoir été présenté par le producteur Yvan Amar.
Le concert est en effet diffusé en direct sur France Musique.
Fred Hersch s’installe tranquillement, sans chichis superfétatoires, au clavier du Steinway & Sons.
Nous allons écouter treize titres, qu’il va choisir parmi son « Solo Repertoire 2021 », une centaine de compositions et de standards classées en trois catégories : Slow, Medium et Up.
Et les premières notes s’élèvent. Seule, la main droite commence.
Il ferme les yeux, derrière ses fines lunettes, comme à chaque fois.
Il joue en effet pratiquement en permanence « à l’aveugle », comme pour mieux être isolé dans sa musique et comme pour encore mieux ressentir ce qu’il joue.
Immédiatement, tout ce qui fait que ce musicien est unique nous frappe et nous enchante.
Hersch, c’est avant tout la délicatesse et la précision du toucher.
Une grâce et une émotion phénoménales émanent de la technique hors-norme de ce pianiste.
Ici, le but de la manœuvre n’est pas de jouer le plus de notes à la minute.
Bien au contraire.
Les notes jouées sont jouées seulement parce qu’elles sont nécessaires. Pas pour démontrer la virtuosité.
Ces notes sont au service d’un discours musical précis, passionnant, technique, peut-être parfois sévère, certes, mais accessible à tous.
Le swing est bien là, solide, charpenté, léger à la fois.
Et puis, pour moi, Fred Hersch est le Jean-Sébastien Bach du jazz.
Une fois le thème énoncé, généralement après une introduction faite d’accords annonçant habilement la grille de ce qui va suivre, le pianiste se lance dans une vertigineuse improvisation.
Ses impros sont des fugues et des contrepoints dont les volutes sonores s’entremêlent de façon onirique.
A tel point que je me demande presque à chaque fois comment va-t-il s’y prendre pour retomber « sur ses pattes », et retrouver le thème initial, afin de conclure le morceau.
Chaque titre est une aventure musicale unique, captivante et sensuelle. Une atmosphère faite de multiples couleurs procurant énormément d’émotions.
Parmi les chansons jouées ce soir, une composition personnelle « After you’ve gone » mettra en valeur le swing, le stride à la fois fin et puissant. (Le titre a été écrite en prévision du départ de Trump... )
Un doublé magnifique « Black is the color / Thème du film Spartacus, par Alex North) va illustrer parfaitement la qualité, la grâce et la précision et la construction du discours musical dont je parlais plus haut.
Bien entendu, il y aura pour l’un des trois « encore » le « tube » herschesque « Valentine ». Le titre est attendu par tous les aficionados présents ce soir.
Pour info, la partition est éditée, fait rarissime dans le monde du jazz, aux célèbres éditions « classiques » Peters.
Votre serviteur en possède un exemplaire dédicacé…. (On est fan ou on ne l’est pas...)
Une standing ovation va conclure le concert.
Les « bravo » fusent, les mains scandent longuement les applaudissements en rythme.
Fred Hersch en est presque étonné, et accueille tout ceci de façon fort humble, avant de remercier chaleureusement le public.
Nous, nous pourrons tous dire « Nous y étions !».
Seize mois...
9/10
La psychogénéalogie, ça vous parle ?
Moi, non. Du moins jusqu’à vendredi dernier.
C’est en effet ce concept et cette pratique clinique développés dans les années 1970 par Anne Ancelin Schützenberger qui constituent la toile de fond dramaturgique de la pièce de Stéphane Guérin.
Un concept qui, au passage, inspirera Isaac Asimov pour sa psycho-histoire, développée dans son cycle Fondation.
Et si, dans les familles, les schémas traumatiques se reproduisaient de génération en génération, comme si les liens plus ou moins invisibles des secrets et conflits familiaux passés impactaient d’une certaine façon fataliste enfants et descendants ?
Qui est-il donc ce Marcel Vasseur, qui apparaît devant nous en tenue dépenaillée, et qui de façon ponctuelle, viendra tout au long du spectacle nous dire ses vérités, nous dévoiler de plus en plus précisément le drame passé et en constater l’impact un tiers de siècle plus tard ?
Nous allons voyager dans le temps, et plus précisément, nous allons réaliser des allers-retours dans deux époques bien précises.
La nôtre, aujourd’hui, et une époque passée. Le temps de l’horreur, du malheur et de l’indignité humaine.
Tel est le principal grand défi qu’a eu à affronter Salomé Villiers : mettre en scène ces allers-retours, nous montrer ses comédiens évoluant dans deux époques différentes.
Melle Villiers a parfaitement surmonté cette gageure.
Nous ne sommes jamais perdus, et grâce à différents moyens que je ne vous dévoilerai évidemment pas, nous savons toujours où nous en sommes, et surtout à qui nous avons affaire sur le plateau.
Il y a un sacré fossé entre écrire sur le papier les didascalies « le temps présent », « le temps passé », et montrer cette cassure temporelle.
Ici, cette évolution est très réussie.
Tout comme le choix de la petite troupe de six comédiens que j’ai tous déjà vu sur un plateau. Qui m’ont tous déjà ravi dans différents spectacles.
Ils se connaissent, s’apprécient, ont déjà joué ensemble. Une vraie cohésion dramaturgique va régner tout au long de cette heure et demie.
Certes, ce spectacle est grave. Ce qui s’est passé, là-bas, en Haute-Autriche est épouvantable.
Ce que Stéphane Guérin nous raconte est souvent très sombre.
Mais tout au long de la pièce, il a su faire en sorte que ces moments douloureux alternent avec des passages franchement drôles.
Tout comme Melle Villiers a su alterner ces deux ambiances bien différentes.
Là encore, une grande réussite.
Quel bonheur de retrouver Hélène Degy, dans un double rôle Esther/Frieda !
Un double rôle que la comédienne aborde avec sa grâce, sa sensualité, sa distinction coutumières.
Elle est absolument parfaite à nous faire partager ce qui est arrivé naguère et arrive de nos jours à ces deux femmes.
Etienne Launay est Pierre. Le comédien est lui aussi épatant dans ce joli rôle qui demande beaucoup de fraîcheur et de délicatesse.
Marcel Vasseur, c’est Brice Hillairet, qui m’avait notamment enchanté en 2017 dans la pièce de Pierre Notte « Ma folle otarie ».
Le comédien va nous tenir en haleine tout au long de la pièce. Nous serons suspendus à ses lèvres, par ce qu’il nous dit, nous montre et comment il nous le dit et nous le montre. Là aussi, un vrai beau rôle !
Les trois autres comédiens ne sont pas en reste. Ce sont eux qui vont être chargés de nous faire rire.
Et notamment Raphaëline Goupilleau qui est par moments hilarante.
Ses ruptures, ses décalages sont épatants. Qu’est-ce qu’elle est drôle en Nelly ! La scène des crêpes est jubilatoire !
Pour autant, dans son autre rôle, celui de Marzella, elle est d’une gravité marquante, nous dévoilant ainsi l’étendue de sa palette.
Le fils de famille est interprété par Pierre Hélie, qui, en fils de famille gay plus ou moins névrosé va nous tirer bien des rires. Lui aussi excelle à mettre en mots les tirades percutantes de Stéphane Guérin.
Sa réponse à « Moi, c’est Pierre » est magnifique ! (L’éclat de rire dans la salle, c’était moi ! )
Large palette de jeu également pour Bernard Malaka, qui nous émeut et qui nous fait bien rire, perruque sur la tête en présentateur TV doté d’une voix qui n’est pas sans rappeler celle d'un producteur recevant naguère ses invités sur un divan.
C’est un bien beau moment de théâtre qu nous a été proposé au La Bruyère, et qui sera donné cet été à Avignon au théâtre Buffon.
Un moment auquel il faut assister.
La musique n'est pas seulement grande. Elle est bien belle !
Moi, non. Du moins jusqu’à vendredi dernier.
C’est en effet ce concept et cette pratique clinique développés dans les années 1970 par Anne Ancelin Schützenberger qui constituent la toile de fond dramaturgique de la pièce de Stéphane Guérin.
Un concept qui, au passage, inspirera Isaac Asimov pour sa psycho-histoire, développée dans son cycle Fondation.
Et si, dans les familles, les schémas traumatiques se reproduisaient de génération en génération, comme si les liens plus ou moins invisibles des secrets et conflits familiaux passés impactaient d’une certaine façon fataliste enfants et descendants ?
Qui est-il donc ce Marcel Vasseur, qui apparaît devant nous en tenue dépenaillée, et qui de façon ponctuelle, viendra tout au long du spectacle nous dire ses vérités, nous dévoiler de plus en plus précisément le drame passé et en constater l’impact un tiers de siècle plus tard ?
Nous allons voyager dans le temps, et plus précisément, nous allons réaliser des allers-retours dans deux époques bien précises.
La nôtre, aujourd’hui, et une époque passée. Le temps de l’horreur, du malheur et de l’indignité humaine.
Tel est le principal grand défi qu’a eu à affronter Salomé Villiers : mettre en scène ces allers-retours, nous montrer ses comédiens évoluant dans deux époques différentes.
Melle Villiers a parfaitement surmonté cette gageure.
Nous ne sommes jamais perdus, et grâce à différents moyens que je ne vous dévoilerai évidemment pas, nous savons toujours où nous en sommes, et surtout à qui nous avons affaire sur le plateau.
Il y a un sacré fossé entre écrire sur le papier les didascalies « le temps présent », « le temps passé », et montrer cette cassure temporelle.
Ici, cette évolution est très réussie.
Tout comme le choix de la petite troupe de six comédiens que j’ai tous déjà vu sur un plateau. Qui m’ont tous déjà ravi dans différents spectacles.
Ils se connaissent, s’apprécient, ont déjà joué ensemble. Une vraie cohésion dramaturgique va régner tout au long de cette heure et demie.
Certes, ce spectacle est grave. Ce qui s’est passé, là-bas, en Haute-Autriche est épouvantable.
Ce que Stéphane Guérin nous raconte est souvent très sombre.
Mais tout au long de la pièce, il a su faire en sorte que ces moments douloureux alternent avec des passages franchement drôles.
Tout comme Melle Villiers a su alterner ces deux ambiances bien différentes.
Là encore, une grande réussite.
Quel bonheur de retrouver Hélène Degy, dans un double rôle Esther/Frieda !
Un double rôle que la comédienne aborde avec sa grâce, sa sensualité, sa distinction coutumières.
Elle est absolument parfaite à nous faire partager ce qui est arrivé naguère et arrive de nos jours à ces deux femmes.
Etienne Launay est Pierre. Le comédien est lui aussi épatant dans ce joli rôle qui demande beaucoup de fraîcheur et de délicatesse.
Marcel Vasseur, c’est Brice Hillairet, qui m’avait notamment enchanté en 2017 dans la pièce de Pierre Notte « Ma folle otarie ».
Le comédien va nous tenir en haleine tout au long de la pièce. Nous serons suspendus à ses lèvres, par ce qu’il nous dit, nous montre et comment il nous le dit et nous le montre. Là aussi, un vrai beau rôle !
Les trois autres comédiens ne sont pas en reste. Ce sont eux qui vont être chargés de nous faire rire.
Et notamment Raphaëline Goupilleau qui est par moments hilarante.
Ses ruptures, ses décalages sont épatants. Qu’est-ce qu’elle est drôle en Nelly ! La scène des crêpes est jubilatoire !
Pour autant, dans son autre rôle, celui de Marzella, elle est d’une gravité marquante, nous dévoilant ainsi l’étendue de sa palette.
Le fils de famille est interprété par Pierre Hélie, qui, en fils de famille gay plus ou moins névrosé va nous tirer bien des rires. Lui aussi excelle à mettre en mots les tirades percutantes de Stéphane Guérin.
Sa réponse à « Moi, c’est Pierre » est magnifique ! (L’éclat de rire dans la salle, c’était moi ! )
Large palette de jeu également pour Bernard Malaka, qui nous émeut et qui nous fait bien rire, perruque sur la tête en présentateur TV doté d’une voix qui n’est pas sans rappeler celle d'un producteur recevant naguère ses invités sur un divan.
C’est un bien beau moment de théâtre qu nous a été proposé au La Bruyère, et qui sera donné cet été à Avignon au théâtre Buffon.
Un moment auquel il faut assister.
La musique n'est pas seulement grande. Elle est bien belle !
9,5/10
Chinon-Berlin, le nouvel axe du mal ?
Mais qu’est-ce qui a poussé Marina, cette libraire de la sous-préfecture de l’Indre-et-Loire à se rendre dans la capitale allemande ?
Pourquoi se retrouve-t-elle seule, ayant laissé son mari Lenny et sa belle-mère Esther en France, à louer une chambre au mystérieux Rüdiger dans l’immeuble du Corbusierhaus ?
Voilà la principale question que nous pose Marie NDiaye, avec cette pièce commandée pour l’occasion par le metteur en scène Stanislas Nordey.
Le patron du TNS a proposé pour sujet un seul mot au Prix-Goncourt 2009 : « Terrorisme ».
Marie NDiaye s’est alors emparée de ce terrible substantif en l’associant à l’une de ses fascinations existentielles: la disparition volontaire d’êtres humains.
Oui, durant une heure et quarante minutes, nous allons assister grâce à des indices de plus en plus évidents à une dramatique quête.
La recherche d’un fils disparu, suspecté de radicalisation.
Un fils qui a délaissé le confort bourgeois de cette librairie chinonaise pour aller rejoindre une terrible cause.
Ce faisant, l’auteure nous propose une impitoyable mais essentielle interrogation sur le rôle éducatif des parents.
Culpabilité, responsabilité, évidemment, face à une situation filiale dramatique.
Mais elle prolonge de façon vertigineuse ce questionnement en nous demandant à chacun d’entre-nous jusqu’où être parent.
Peut-on toujours être parent et aimer quoi qu’il arrive un enfant ?
Voici donc les principaux thèmes de ce passionnant et très intense moment de théâtre.
Un moment dramaturgique en noir et blanc, grâce à la très belle et très sobre scénographie d’Emmanuel Clolus.
Noir et blanc, comme les magnifiques photos très contrastées de Jérémie Bernaert, projetées en arrière-plan, et qui font de Berlin une ville anxiogène, déserte. Une ville propice à bien des choses, une ville où tout peut arriver…
Noir et blanc, comme les extraits d’un célèbre dessin animé évoquant un conte italien très connu, et qui met en scène de façon elliptique mais évidente le processus de radicalisation.
Nordey a utilisé un scalpel des plus tranchants pour monter sur un plateau ce texte paru en 2019.
Ici, pas de fioritures, on va à l’essentiel, dans une véritable chorégraphie scénique, basée sur des moments/miroirs et des alternances lointain/devant du plateau, avec des corps en lignes mouvantes qui semblent répondre aux sévères lignes architecturales berlinoises et à celles des étagères de livres.
Deux lieux austères. Deux endroits où des comédiens particulièrement inspirés nous racontent et nous montrent l’histoire.
Hélène Alexandridis est admirable dans le rôle de cette mère.
La comédienne porte dans cette introspection quasi psychanalytique les interrogations évoquées ci-dessus, et nous bouleverse lorsqu’elle crie sa rage finale de revendiquer son état de mère.
Une mère quoi qu’il arrive.
A l’opposée, Annie Mercier en belle-mère impitoyable, est comme à l’accoutumée impressionnante.
De sa voix grave, parfois caverneuse, son personnage accable père et mère, coupables à ses yeux de n’avoir pas su, de n’avoir pas pu empêcher son petit-fils de devenir un terroriste.
C’est elle, Melle Mercier, qui dans une tirade glaciale, va rendre également responsables les livres de la librairie familiale d’avoir perverti le gamin.
La comédienne fait alors froid dans le dos, dans ce rôle-miroir. Une sacrée performance !
Autre couple « symétrique », celui formé par Claude Duparfait (Rüdiger) et Laurent Sauvage (Lenny, le père du garçon).
Les deux comédiens sont eux aussi d’une profonde intensité à défendre le point de vue de leur personnage respectif.
Claude Duparfait sait faire pointer les traits d’humour néanmoins contenus dans ce drame.
Sa scène de traduction d’une fidélité discutable (je n’en dis pas plus...) est particulièrement réussie.
Irréprochables également les comédiennes du troisième duo/symétrique Dea Liane au visage filmé en très gros plan, dans le rôle de la compagne berlinoise et Sophie Mihran, la cliente prof bobo à Chinon.
Il faut absolument aller voir ce bouleversant et poignant spectacle !
Un spectacle qui démontre s’il en était encore besoin à quel point le théâtre peut s’emparer de nos questions de société contemporaines.
Hier soir, sous la coupole de l’Odéon, on aurait entendu voler un choucas !
Mais qu’est-ce qui a poussé Marina, cette libraire de la sous-préfecture de l’Indre-et-Loire à se rendre dans la capitale allemande ?
Pourquoi se retrouve-t-elle seule, ayant laissé son mari Lenny et sa belle-mère Esther en France, à louer une chambre au mystérieux Rüdiger dans l’immeuble du Corbusierhaus ?
Voilà la principale question que nous pose Marie NDiaye, avec cette pièce commandée pour l’occasion par le metteur en scène Stanislas Nordey.
Le patron du TNS a proposé pour sujet un seul mot au Prix-Goncourt 2009 : « Terrorisme ».
Marie NDiaye s’est alors emparée de ce terrible substantif en l’associant à l’une de ses fascinations existentielles: la disparition volontaire d’êtres humains.
Oui, durant une heure et quarante minutes, nous allons assister grâce à des indices de plus en plus évidents à une dramatique quête.
La recherche d’un fils disparu, suspecté de radicalisation.
Un fils qui a délaissé le confort bourgeois de cette librairie chinonaise pour aller rejoindre une terrible cause.
Ce faisant, l’auteure nous propose une impitoyable mais essentielle interrogation sur le rôle éducatif des parents.
Culpabilité, responsabilité, évidemment, face à une situation filiale dramatique.
Mais elle prolonge de façon vertigineuse ce questionnement en nous demandant à chacun d’entre-nous jusqu’où être parent.
Peut-on toujours être parent et aimer quoi qu’il arrive un enfant ?
Voici donc les principaux thèmes de ce passionnant et très intense moment de théâtre.
Un moment dramaturgique en noir et blanc, grâce à la très belle et très sobre scénographie d’Emmanuel Clolus.
Noir et blanc, comme les magnifiques photos très contrastées de Jérémie Bernaert, projetées en arrière-plan, et qui font de Berlin une ville anxiogène, déserte. Une ville propice à bien des choses, une ville où tout peut arriver…
Noir et blanc, comme les extraits d’un célèbre dessin animé évoquant un conte italien très connu, et qui met en scène de façon elliptique mais évidente le processus de radicalisation.
Nordey a utilisé un scalpel des plus tranchants pour monter sur un plateau ce texte paru en 2019.
Ici, pas de fioritures, on va à l’essentiel, dans une véritable chorégraphie scénique, basée sur des moments/miroirs et des alternances lointain/devant du plateau, avec des corps en lignes mouvantes qui semblent répondre aux sévères lignes architecturales berlinoises et à celles des étagères de livres.
Deux lieux austères. Deux endroits où des comédiens particulièrement inspirés nous racontent et nous montrent l’histoire.
Hélène Alexandridis est admirable dans le rôle de cette mère.
La comédienne porte dans cette introspection quasi psychanalytique les interrogations évoquées ci-dessus, et nous bouleverse lorsqu’elle crie sa rage finale de revendiquer son état de mère.
Une mère quoi qu’il arrive.
A l’opposée, Annie Mercier en belle-mère impitoyable, est comme à l’accoutumée impressionnante.
De sa voix grave, parfois caverneuse, son personnage accable père et mère, coupables à ses yeux de n’avoir pas su, de n’avoir pas pu empêcher son petit-fils de devenir un terroriste.
C’est elle, Melle Mercier, qui dans une tirade glaciale, va rendre également responsables les livres de la librairie familiale d’avoir perverti le gamin.
La comédienne fait alors froid dans le dos, dans ce rôle-miroir. Une sacrée performance !
Autre couple « symétrique », celui formé par Claude Duparfait (Rüdiger) et Laurent Sauvage (Lenny, le père du garçon).
Les deux comédiens sont eux aussi d’une profonde intensité à défendre le point de vue de leur personnage respectif.
Claude Duparfait sait faire pointer les traits d’humour néanmoins contenus dans ce drame.
Sa scène de traduction d’une fidélité discutable (je n’en dis pas plus...) est particulièrement réussie.
Irréprochables également les comédiennes du troisième duo/symétrique Dea Liane au visage filmé en très gros plan, dans le rôle de la compagne berlinoise et Sophie Mihran, la cliente prof bobo à Chinon.
Il faut absolument aller voir ce bouleversant et poignant spectacle !
Un spectacle qui démontre s’il en était encore besoin à quel point le théâtre peut s’emparer de nos questions de société contemporaines.
Hier soir, sous la coupole de l’Odéon, on aurait entendu voler un choucas !
8/10
Aux Niçois qui mal y pensent !
« […] Vous croyez savoir tout, mais vous ne savez rien. Vous ne savez pas le principal. Vous croyez savoir ! »
Dès la troisième réplique de sa pièce, Serge Valletti annonce la couleur. Nous voici prévenus, nous les spectateurs, qui sommes là, tels des voyeurs, à essayer de démêler ce qui va se passer devant nos yeux.
Le personnage de Gérard est un producteur qui a réuni dans une maison sur les hauteurs de Nice Armand et « La fille », deux comédiens qu’il va faire répéter.
Le but étant de proposer au public une pièce de théâtre « contemporain » au milieu d’un décor de film noir.
Le théâtre dans le théâtre… Une idée qui depuis Shakespeare a fait son chemin.
Certes. Mais ici, l’entreprise va se révéler pour le moins délicate.
Il faut d’abord pour Gérard se mettre en tête qu’il n’est pas au cinéma, et qu’entre les codes de ces deux media, il y a un monde.
Avant l'entrée en scène des protagonistes, d’ailleurs, une servante allumée côtoie un projo de ciné.
Le ton est donné.
Cette pièce est en quelque sorte une commande.
Serge Valletti l’a écrite en réponse à une idée du producteur de cinéma Faramarz Khalaj.
Celui-ci lui a demandé de « sortir de son cœur » une histoire vraie qui l’a bouleversé.
Nous allons découvrir les tenants et aboutissants de cette histoire-là, qui est bâtie non pas comme un puzzle, mais comme un faisceau d’indices, de moments cruciaux à remettre en ordre, de petites tranches de vie à réassembler.
Déjà, il nous faudra trouver un début à cette histoire.
Tâche ardue, d’autant que les personnages eux-mêmes ne semblent pas avoir la moindre idée de ce qui pourrait bien constituer ce début.
(D’ailleurs, un clin d’œil à l’inspecteur Columbo nous avertit que nous ne serons pas dans un « whodunit » à la Hitchcock. Ici, la fin, on la connaît très vite.
C’est le début qui est problématique, vous dis-je ! )
De cette déclaration d’amour au théâtre et au cinéma, le metteur en scène Hovnatan Avédikian en a tiré une réjouissante comédie noire.
Nous allons assister à une sorte de farce burlesque, tragico-comique, mettant en scène trois méridionaux souvent branquignolesques aux prises avec des codes qu’ils ne maîtrisent pas ou peu, et qui vont déclencher bien des rires.
Les trois comédiens vont s’en donner à cœur joie.
Dans une espèce de « Plus belle la vie » au surpuissant vitriol, ils nous entraînent dans un acide et enthousiasmant tourbillon.
Une sorte de « Moins belle la vie », finalement…
Une véritable salade niçoise de sentiments et d’émotions volontairement forcés, outrés, surjoués, démultipliés.
Une tornade volontaire de situations/lieux-communs concernant les rapports entre acteurs, entre metteur en scène et comédiens. Passions, colères, coucheries, jalousies, doutes, tout y passe...
La pièce comporte beaucoup d’entrées possibles.
Sans oublier un maelström de détournement de clichés du sud-est.
A cet égard, Joséphine Garreau est épatante en cagole à l’accent méridional à couper au couteau, une espèce de tante Zoé parfois niçoise, parfois corse….
(Une famille célèbre de l’île de beauté est en effet évoquée de façon drôlissime… Je n’en dis pas plus, on ne sait jamais…)
Sa tirade « beaudelairesque » décalée est fort réussie.
Nicolas Rappo est Armand, le comédien.
Lui aussi est impayable, notamment grimé en voisine (pour le moins étonnante) du lieu du drame.
Et puis, en ce soir de première, c’est le metteur en scène lui-même qui interprétait Gérard. (David Ayala, que j'avais tant apprécié dans "Macbeth (the notes)", reprendra ce rôle les jours qui suivent.)
Il faut noter que c'est d’ailleurs lui, Hovnatan Avédikian, qui a fait se rencontrer Valletti et Khalaj. Il est en quelque sorte à l’origine de tout ceci.
Il va nous proposer pour notre plus grand plaisir de grands moments d’hilarité. Son personnage souvent halluciné fait fonctionner à plein régime nos zygomatiques.
Ces trois-là s’amusent sur le plateau et s’entendent comme larrons en foire, c’est évident.
Ce faisant, ils nous embarquent aisément dans cette heure et demie de folie contrôlée de bout en bout.
Ah ! J’allais oublier…
Au sortir de ce réjouissant moment de théâtre, vous ne regarderez plus vous guirlandes de Noël du même œil !
« […] Vous croyez savoir tout, mais vous ne savez rien. Vous ne savez pas le principal. Vous croyez savoir ! »
Dès la troisième réplique de sa pièce, Serge Valletti annonce la couleur. Nous voici prévenus, nous les spectateurs, qui sommes là, tels des voyeurs, à essayer de démêler ce qui va se passer devant nos yeux.
Le personnage de Gérard est un producteur qui a réuni dans une maison sur les hauteurs de Nice Armand et « La fille », deux comédiens qu’il va faire répéter.
Le but étant de proposer au public une pièce de théâtre « contemporain » au milieu d’un décor de film noir.
Le théâtre dans le théâtre… Une idée qui depuis Shakespeare a fait son chemin.
Certes. Mais ici, l’entreprise va se révéler pour le moins délicate.
Il faut d’abord pour Gérard se mettre en tête qu’il n’est pas au cinéma, et qu’entre les codes de ces deux media, il y a un monde.
Avant l'entrée en scène des protagonistes, d’ailleurs, une servante allumée côtoie un projo de ciné.
Le ton est donné.
Cette pièce est en quelque sorte une commande.
Serge Valletti l’a écrite en réponse à une idée du producteur de cinéma Faramarz Khalaj.
Celui-ci lui a demandé de « sortir de son cœur » une histoire vraie qui l’a bouleversé.
Nous allons découvrir les tenants et aboutissants de cette histoire-là, qui est bâtie non pas comme un puzzle, mais comme un faisceau d’indices, de moments cruciaux à remettre en ordre, de petites tranches de vie à réassembler.
Déjà, il nous faudra trouver un début à cette histoire.
Tâche ardue, d’autant que les personnages eux-mêmes ne semblent pas avoir la moindre idée de ce qui pourrait bien constituer ce début.
(D’ailleurs, un clin d’œil à l’inspecteur Columbo nous avertit que nous ne serons pas dans un « whodunit » à la Hitchcock. Ici, la fin, on la connaît très vite.
C’est le début qui est problématique, vous dis-je ! )
De cette déclaration d’amour au théâtre et au cinéma, le metteur en scène Hovnatan Avédikian en a tiré une réjouissante comédie noire.
Nous allons assister à une sorte de farce burlesque, tragico-comique, mettant en scène trois méridionaux souvent branquignolesques aux prises avec des codes qu’ils ne maîtrisent pas ou peu, et qui vont déclencher bien des rires.
Les trois comédiens vont s’en donner à cœur joie.
Dans une espèce de « Plus belle la vie » au surpuissant vitriol, ils nous entraînent dans un acide et enthousiasmant tourbillon.
Une sorte de « Moins belle la vie », finalement…
Une véritable salade niçoise de sentiments et d’émotions volontairement forcés, outrés, surjoués, démultipliés.
Une tornade volontaire de situations/lieux-communs concernant les rapports entre acteurs, entre metteur en scène et comédiens. Passions, colères, coucheries, jalousies, doutes, tout y passe...
La pièce comporte beaucoup d’entrées possibles.
Sans oublier un maelström de détournement de clichés du sud-est.
A cet égard, Joséphine Garreau est épatante en cagole à l’accent méridional à couper au couteau, une espèce de tante Zoé parfois niçoise, parfois corse….
(Une famille célèbre de l’île de beauté est en effet évoquée de façon drôlissime… Je n’en dis pas plus, on ne sait jamais…)
Sa tirade « beaudelairesque » décalée est fort réussie.
Nicolas Rappo est Armand, le comédien.
Lui aussi est impayable, notamment grimé en voisine (pour le moins étonnante) du lieu du drame.
Et puis, en ce soir de première, c’est le metteur en scène lui-même qui interprétait Gérard. (David Ayala, que j'avais tant apprécié dans "Macbeth (the notes)", reprendra ce rôle les jours qui suivent.)
Il faut noter que c'est d’ailleurs lui, Hovnatan Avédikian, qui a fait se rencontrer Valletti et Khalaj. Il est en quelque sorte à l’origine de tout ceci.
Il va nous proposer pour notre plus grand plaisir de grands moments d’hilarité. Son personnage souvent halluciné fait fonctionner à plein régime nos zygomatiques.
Ces trois-là s’amusent sur le plateau et s’entendent comme larrons en foire, c’est évident.
Ce faisant, ils nous embarquent aisément dans cette heure et demie de folie contrôlée de bout en bout.
Ah ! J’allais oublier…
Au sortir de ce réjouissant moment de théâtre, vous ne regarderez plus vous guirlandes de Noël du même œil !