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Yves Poey
Yves Poey
Mini-Molière du Critique
120 ans
62 espions
espionner Ne plus espionner
Des critiques de théâtre, des interviews webradio, des coups de coeur, des coups de gueule.
Son blog : http://delacouraujardin.over-blog.com/
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Ses critiques

1005 critiques
Marilyn, ma grand mère et moi

Marilyn, ma grand mère et moi

9,5/10
2
Marylin et Marie-Thérèse, mêmes combats !

De Hollywood à Colmar, de la Californie à l’Alsace, pou pou pidou !

Avant toute chose, il me faut une nouvelle fois le mentionner : Céline Milliat-Baumgartner est une autrice reconnue.

On se souvient voici quelques années de son magnifique, intense et bouleversant texte Les bijoux de pacotille, mis en scène par Pauline Bureau au Rond-Point, et dans lequel elle nous invitait à rencontrer des fantômes. Des proches disparus tragiquement.
Elle nous rappelait par là-même l’incroyable capacité de notre cerveau à produire des souvenirs.

Avec ce nouveau spectacle, elle va également nous proposer d’aller à la rencontre de deux femmes illustres : Marylin Monroe et sa grand-mère Marie-Thérèse.

Les deux femmes sont nées le même jour, ce qui constituera un sacré point commun.
Il y en aura bien d’autres.


Mademoiselle Milliat-Baumgartner établit un judicieux parallèle entre le destin de l’immense icône que l’on connaît et sa mamie, femme passionnée, par bien des aspects marginale, avide de liberté, n’hésitant pas à payer le prix fort, très fort, pour assumer cette liberté.


Ce faisant, en évoquant ces deux figures féminines, elle nous parle de la place des femmes, celle qu’on leur assigne, et surtout celle qu’elles doivent prendre elles-mêmes, bien souvent au prix de dures batailles.

Elle va nous dire également le désir d’enfant, la difficulté d’être femme et mère, sans oublier le rapport du corps à la féminité, ce corps qui séduit, qui se vêt d’habits de lumière en tous genres, ce corps qui en enfante ou non un autre, ce corps qui vieillit. Aussi.

J’ai retrouvé pour mon plus grand plaisir cette écriture, précise, ciselée, au service de la narration d’une histoire, une écriture faite de formules drôles ou émouvantes, une écriture qui puise dans le réel le particulier pour déboucher sur l’universalité.

C’est Valérie Lesort qui cette fois-ci met en scène la comédienne.

Je n’aurai pas l’outrecuidance de rappeler aux fidèles lecteurs de ce site tout le bien que je pense du travail de celle qui petite, voulait fabriquer des monstres et qui, devenue plus grande, en fit en grande partie son métier.

Un cabaret. Peut-être sous un chapiteau.
Nous voici devant un cercle de jeu, délimité par une circonférence lumineuse, une sorte de piste dans lequel le personnage évoluera principalement.
Au lointain, une armoire normande. L’un de ces vénérables meubles qui regorgent de trésors plus ou moins oubliés.

A jardin, un piano droit, avec au sol différentes pédales d’effets.

Le domaine de Manuel Peskine (qu’ici, on connaît bien également) ou de Raphaël Bancou.

Plusieurs tableaux vont se succéder, avec une grande fluidité et une grande précision.

Cette heure de spectacle sera placée sous le signe de la délicatesse et de la grâce, avec des parti-pris dramaturgiques très intelligents et très maîtrisés.

La scénographie va comporter bien des surprises. Le contenu de cette fameuse armoire en sera le grand responsable.

Valérie Lesort est parvenue à faire en sorte que plusieurs objets à priori inanimés, qui comme chacun sait ont une âme, pourront être dotés d’une certaine forme de vie.
Tout ceci va conférer une vraie poésie au propos.

Les objets auront d’ailleurs une grande importance, tout au long du spectacle.

Parce que les choses matérielles permettent de faire le lien avec les souvenirs.

Et puis, bien entendu, la comédienne. Qui ne va pas ménager ses efforts et son énergie.

Principalement vêtue d’une très belle petite robe blanche, elle va incarner tour tour les deux femmes.

Elle est pieds nus, se perchant pendant un grand moment sur leur pointe, comme pour suggérer des talons aiguilles. Le dénuement et la féminité.

Elle nous raconte.
Tour à tour espiègle, grave, innocente, bouleversante, elle établit les points communs, nous rappelle la destinée de la star et la vie de sa grand-mère, nous dit la difficulté commune aux deux personnages d’exister en tant que femmes et surtout en tant qu'êtres à part entière.

Elle ne va pas faire que jouer la comédie.

Elle va également nous ravir en chantant et en dansant, grâce à la jolie chorégraphie de Yohann Tété.
Les interactions avec le musicien sont particulièrement réussies. Le duo fonctionne la perfection.

Manuel Peskine a composé des pièces musicales éthérées, avec réverbération, insufflant à l’entreprise artistique là aussi une forme de poésie et peut-être de nostalgie.

Le musicien nous prouvera également qu’il a d’autres cordes son arc. Je n’en dis pas plus.

Vous avez jusqu’au 5 mars pour assister à ce très beau spectacle, original et totalement maîtrisé.
L’un de ceux dont on se souvient longtemps, et pour lequel on regrette de n’avoir pu y assister bien avant…
Vous savez ce qu’il vous reste faire !

Somewhere over the rainbow
Way up high
And the dreams that you dream of
Once in a lullaby, oh...
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Là, aux Bouffes du Nord

Là, aux Bouffes du Nord

9,5/10
6
Au début était le blanc !

Le règne de l’immaculé, le lieu où tout était à faire, à réaliser, à écrire.

Un espace vide et vierge.

Là.

Et puis, ils apparurent. De façon assez saugrenue et inhabituelle sur un plateau, il faut bien l’avouer.

Plus qu’une entrée en scène, ce furent plutôt deux naissances, deux accouchements.

Deux nativités issues du rien.

Là.

Homo Sapiens, de l’ordre des primates, de la famille des hominidæ.

Un homme, une femme, lui en costume noir, elle en robe de la même couleur.
Comme un négatif de ce lieu fait du plus grand des contrastes.

Deux êtres humains malhabiles, qui vont vouloir apprendre à exister dans cette étrange caverne monochrome, aux ombres certes douces, mais bien réelles.

Lui va nous démontrer d’emblée sa gaucherie : devant un micro sur pied, il va tenter de nous expliquer ce qu’il va faire, de présenter ce qui va suivre...

Mais un troisième être vivant va débarquer sans prévenir, qui va contrecarrer l’entreprise de l’homme.

Corvus albus, de l’ordre des passeriformes et de la famille des corvidæ.

Un corbeau pie, répondant au patronyme de Gus, et dont le ramage semble déjà en cours d’adaptation au milieu ambiant : lui est déjà à la fois noir et blanc.

Il y a là quelque chose qui relève des grands comiques du cinéma muet, Chaplin en tête, dans cette première séquence : un être totalement inadapté au milieu ambiant doit se débrouiller comme il peut avec ses moyens.

Cette séquence d’ouverture annonce d’emblée la couleur, et engendre immédiatement rires et admiration. (Admiration qui succède aussitôt la stupéfaction passée : il faut le voir pour le croire… Et je n’en dis pas plus...)

Elle aussi aura bien du mal à s’exprimer et à exister : les relations avec l’homme ne vont pas aller de soi, et pourtant il va bien falloir s’adapter pour arriver au vivre ensemble.

Camille Decourtye et Blaï Mateau Trias, avec la dramaturge Barbara Métais-Castanier ont écrit un spectacle à nul autre pareil, l’un de ces objets théâtraux étonnants et atypiques qui ne peuvent qu’interpeller les spectateurs. Pour mieux les ravir !

Durant une heure et dix minutes, grâce à un savant mélange de poésie, de burlesque, de mime, d’arts du cirque et notamment celui du clown, de danse, de chant lyrique, mais également grâce à une véritable création graphique et picturale, les deux artistes vont fasciner, oui je dis bien fasciner tout le public.

Et si nous assistions à un spectacle total ?

Melle Decourtye et el señor Trias ne vont ménager ni leur peine ni leur énergie.

Durant ces soixante dix minutes, ils vont nous livrer une véritable prestation circassienne.

Ces deux-là sont rompus à ces disciplines exigeantes, formés qu’ils sont notamment au CNAC, le Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne.

Si le texte, les mots seront volontairement réduits à leur strict minimum, les corps, en revanche vont produire un véritable langage.

Des corps qui se poussent, s’attirent, s’étreignent, des corps qui se portent, se supportent, des corps qui s’élèvent et qui doivent retomber sur terre.

Un exemple de ces mots en portion congrue ?

Lui interviewe Elle, et le tout se termine par un tableau qui fera en sorte que les corps reprennent l’avantage, pour exulter à qui mieux-mieux.

Là encore, je n’en dis pas plus. C’est drôlissime et nos zygomatiques sont mis à très rude épreuve.

(Il faut d’ailleurs rendre hommage appuyé à la marque de micros Shure, pour la solidité à toute épreuve de son modèle SM58, soumis à bien des avanies !)

Ce spectacle repose également sur une magnifique création sonore et musicale, que l’on doit à Fanny Thollot.
Des sons étranges s’échappent des enceintes Lacoustics des Bouffes du Nord, mais également une magnifique pièce pour cordes, qui permettra à Camille Decourtye de nous révéler son grand talent de chanteuse lyrique.

Il faut souligner de plus les très jolies et délicates lumières d’Adèle Grépinet, qui met en valeur subtilement tout ce blanc, permettant de lui donner d’imperceptibles colorations, et créant des ombres plus ou moins soulignées selon les différents tableaux.

Et puis, je l’écrivais un peu plus haut, c’est également un spectacle graphique.
Grâce à la scénographie très réussie de Lluc Castells, à base de tentures recouvertes de blanc de Meudon, les deux artistes vont pouvoir créer leur propre alphabet, leur propre écriture.

C’est très beau.

Et la fin…

Les deux humains ont pris conscience de leur état, devenant eux aussi noirs et blancs.

Ayant délivré leur message ici et surtout là, ils n’auront plus comme but ultime que de réintégrer la matrice originelle.

L’idée est épatante et le moyen d’y parvenir est on ne peut plus judicieux et inventif.

Une véritable ovation et de très nombreux « bravo » ô combien mérités accueillent Camille, Blaï Mateu et Gus revenus saluer.

Ce fascinant spectacle est de ceux qu’il ne faut pas manquer !

Là !
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Berlin Berlin, de Patrick Haudecoeur

Berlin Berlin, de Patrick Haudecoeur

9,5/10
9
Stasi dans le métro.

Et même partout ailleurs, en fait...

Il est des signes qui ne trompent pas : les écriteaux quadrilingues dans le hall du théâtre Fontaine ne laissent planer aucun doute : au-delà de ce check-point Charlie, nous nous retrouverons à Berlin-Est.

Et plus précisément à l’automne 1989, dans l’appartement de Werner Hofmann, cadre du parti et membre de la Staatssicherheit, la Stasi, cette terrible police politique qui faisait régner la terreur dans toute l’Allemagne de l’Est.

Si le doute subsistait encore, « L’internationale », par les chœeurs de lArmée rouge qui s’élève des hauts parleurs vient le dissiper rapidement.

Il faut beaucoup de talent pour écrire une comédie hilarante se déroulant dans une époque aussi sombre, un temps ayant provoqué la mort de beaucoup d’opposants au régime.

Ernst Lubitsch, en 1942, avec son filmTo be or not to be, ou bien Mel Brooks, en 1968 avec son célèbre « The producers » avaient pleinement réussi la gageure.

C’est également le cas ici : Patrick Haudecœur et Gérald Sibleyras réussissent à nous faire rire aux larmes (je suis bon client, certes, mais là, j’ai vraiment pleuré de rire...) en situant cette pièce dans une Allemagne de triste mémoire, celle de l’autre côté du Rideau de fer.

Les deux auteurs ont eu l’excellente idée de nous proposer un excellent vaudeville : au fond, il y a du Feydeau dans cette entreprise artistique-là.

Un Feydeau qui nous montrerait tout plein de züschlagende Türen, et qui nous ferait réfléchir à cette tragique période de l’histoire moderne.

On ne change pas une équipe qui gagne : les deux auteurs mettent leurs savoir-faire et savoir-écrire au service d’une heure et demi hilarante, avec des concepts pourtant dramatiques : la torture, la déportation en Sibérie, la privation de liberté. Et la mort.

Beaucoup de talent, vous dis-je pour parvenir relever ce défi paradoxal.

Emma et Ludwig veulent passer à l’Ouest coûte que coûte.

Elle réussit à se faire embaucher comme aide-soignante de la mère de Herr Hofmann, et ce pour une raison bien précise : dans cet appartement, se trouve un passage secret permettant de passer sous le mur.

Seulement voilà…

Les choses ne vont pas se dérouler comme prévu. Mais alors pas du tout !

Ne voilà-t’il pas que l’austère officier tombe amoureux fou d’Emma, et que des espions de toutes sortes rôdent.

Un autre gage de succès : José Paul est aux manettes.

Une nouvelle fois, le metteur en scène va insuffler au spectacle un rythme intense et très soutenu, et faire en sorte qu’une énergie folle se dégage de tout ceci.

José Paul est l’un de ceux qui savent faire en sorte de créer un véritable ballet, quasiment chorégraphié, avec ce sentiment pour le public que les choses ne pourraient pas être autrement.

Tout a l’air facile, évident. Les scènes se succèdent avec parfois des moments quasi surréalistes et je me répète, hilarants !

Et puis, bien entendu, une fine, très fine équipe de huit comédiens va faire fonctionner nos zygomatiques à plein régime.

Une équipe emmenée par le co-auteur lui-même.

Son personnage de Ludwig est purement et simplement grandiose.

Patrick Haudecœur est cet homme en couple avec Emma. Un type gauche, couard, ballotté par les circonstances, et qui va se trouver pris dans une spirale infernale, devant même passer pour… Eh ! Oh ! Ne comptez pas sur moi pour spoiler !

Il va nous gratifier d’une scène absolument désopilante, dans laquelle une célèbre œuvre musicale classique va subir bien des avanies.

A pleurer de rire, donc. Vraiment !

Il y a du Bouzin dans son personnage !

L’autre source de fou-rires, c’est bien entendu Maxime d’Aboville qui lui, incarne de son côté une sorte de Bois d’Enghien empêtré avec sa supposée maîtresse et son épouse.

On connaît l’immense palette de jeu du comédien.

Ici, sa vis comica, ses ruptures, ses mimiques (Ah ! Cette langue qui sort…), ses envolées dans les aigus, ses double-takes réjouissants, tout ceci est jubilatoire.

Encore et toujours.

Ces deux-là ne ménagent ni leur peine ni leur énergie pour nous tirer quantité de fou-rires.

Emma, c’est Anne Charrier, qui interprète ce personnage avec une vraie grâce et un réel engagement.

Il en faut pour exister « dramaturgiquement » auprès des deux comédiens ci-dessus.

Elle nous fait croire totalement à cette femme éprise de liberté, ne ménageant pas ses efforts pour passer à l’Ouest.

Là également, une très belle composition.

Le reste de la petite troupe est à l’avenant.

Loïc Legendre est un fourbe infirmier qui aura bien mérité des pigeons berlinois.

Le comédien, dans des tirades pince-sans-rire est lui aussi excellent.

Marie Lanechas fait froid dans le dos elle aussi en cadre de la Stasi. Sa scène avec plusieurs robes est excellente. (Et quelle belle voix-off… Là encore, je n’en dis pas plus…)

Ghillem Pellegrin est un général-crooner dépressif et drôle à souhait, Claude Guyonnet et Gino Lazzarini sont d’épatants soldats.

Ah ! Mais qu’il est bon de rire !

Un rire intense, sain et intelligent. Un rire qui nous rappelle néanmoins et à bon escient une époque et que l'on espère bien ne plus connaître...

C’est ce qui vous attend en allant assister à ce drôlissime spectacle, dont la réussite est totale, tant sur le forme que sur le fond !

Alors ? Alors ?

Kalinka, kalinka, kalinka moïa!
v sadou iagoda malinka, malinka moïa !
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Le Montespan

Le Montespan

9,5/10
4
Dans la forêt lointaine, on entend le cocu !

Cocu ! Cocu !

Oui, mais pas n’importe lequel, de cocu ! Celui de sa solaire majesté !

Dans son roman publié en 2008, Jean Teulé nous racontait en détail et par le menu la stupéfiante et peu banale histoire de Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin, ci-devant Marquis de Montespan.

Si le commun des mortels connaît bien son épouse, la fameuse Marquise du même nom, la célèbre favorite de Louis le Quatorzième, peu de gens connaissaient l’existence de l’auto-proclamé « cocu du roi ».

Un destin pathétique au sens premier du terme, qui commençait pourtant par une réelle histoire d’amour, concrétisée par un mariage heureux, ce qui, en ce dernier tiers du XVIIème siècle n’était pas chose courante au sein de la noblesse française.

Sous sa plume, Jean Teulé rappelait toutes les avanies subies par ce royal cornard, qui fit orner son carrosse de gigantesques bois de cerfs, et alla même jusqu’à fréquenter des prostituées « poivrées » afin de tenter de refiler une ou plusieurs maladies vénériennes au roi-soleil.

On mesure ainsi le ressentiment et la rancœur de cet homme, alors que tout autour de lui, on l’exhortait se montrer honorer par ce royal cocufiage !

Petite parenthèse : Molière s’inspirera de ce Monsieur de Montespan pour bâtir sa pièce Amphitryon. C’est vous dire si les déboires du Marquis marquèrent les esprits de l’époque !

Salomé Villiers a donc eu l’excellente idée d’adapter ce roman pour le théâtre.

(On se souvient de sa formidable adaptation en 2016 du Jeu de l’amour et du hasard, qui marqua les esprits, que ce soit à Paris ou à Avignon.)

Elle a parfaitement su garder la substantifique moelle de cette histoire-là, tout en écrivant de savoureux dialogues, ainsi que de judicieuses trouvailles narratives et dramaturgiques.

Elle est parvenue également à illustrer pour les planches le propos de la pièce : il s’agira d’une comédie dramatique.

Certes, nous allons rire, mais sans jamais oublier que le héros a passé la majeure partie de sa vie en étant malheureux.

C’est Etienne Launay, bien connu lui aussi des fidèles lecteurs de ce site, qui s’est chargé de la mise en scène.

Il a opté pour un théâtre de tréteaux, vif et énergique. Et comme il a bien fait !

Des comédiens ambulants ont installé leurs planches, leur estrade, ont tendu un grand calicot au lointain, évoquant les fastes baroques et architecturaux de Versailles.

Emmanuel Charles s’est chargé de scénographier tout ceci, avec un vrai sens artistique et un goût sûr ! Des projections video viendront par moment agrémenter le tout.

Pas d’autres décors, pas de gros meubles. Un petit tabouret.

Ici, c’est le talent des artistes sur scène qui va compter.

Sans oublier le rythme toujours soutenu de l’entreprise artistique.

Trois artistes, qui vont interpréter à eux seuls tous les personnages du roman. C’était un vrai défi, qua Mademoiselle Villiers a su relever haut la main. Le parti-pris va fonctionner la perfection.

Pardaillan, c’est Simon Larvaron.

Le comédien, qui fut notamment un magnifique et circassien Dom Juan sous la houlette de Jean-Philippe Daguerre, parvient avec une irréprochable justesse à incarner cet homme brisé.

De sa belle voix de baryton-basse, il nous fait parfaitement comprendre le déchirement qui est sien.

Il nous fait rire également, à imaginer tous les moyens destinés à se venger de son royal rival.

Une épatante composition !

Salomé Villiers se charge des différents rôles féminins, à commencer par le plus important, à savoir celui de la marquise, pour qui apparemment tout va très bien. Tout au moins, dans les débuts.

L’enjeu était de nous faire comprendre sans jamais voir Louis XIV comment son personnage glisse du statut d’épouse fidèle et aimante celui de maîtresse en titre.

Les spectateurs sont totalement convaincus, et ce, dès les premières minutes !

Elle poursuivra avec une descente eux enfers parfaitement négociée ! (Ah ! Ce contre-jour !… Non, vous n’en saurez pas plus !)

Et puis, voici Michaël Hirsch !

L’humoriste, qui m’avait ravi avec ses précédents spectacles, campe ici tous les autres personnages !

Et il y en a : le narrateur, un capitaine des gardes, plusieurs soldats, Monsieur de Lauzun, un surréaliste et jeune roi d’Espagne, M. Larivière, un procureur, j’en passe et non des moindres.

C’est lui qui va déclencher les fou-rires du public, par sa faconde, sa vis comica avérée, ses gestuelles, ses mimiques et grimaces, sans oublier ses différents accents, nombreux et irrésistibles.

Qu’est-ce qu’il est drôle !

Tel un Frégoli, il passe et repasse en coulisse à vitesse grand V ses différents costumes et revient devant nous en un éclair.

Sa composition du beau-père est magnifique : on pense immédiatement au grand Louis de Funès !

Je n’aurai garde d’oublier de mentionner le travail de Virginie H. qui a conçu tous les beaux costumes de la pièce.

Une véritable ovation on ne peut plus méritée retentit dans la salle du mythique Théâtre de la Huchette, une fois les lumières rallumées pour les saluts.

Il faut assister à ce spectacle. C’est une vraie réussite, tant sur la forme que sur le fond !

Incontournable !
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