Trois comédiens / chanteurs sur les planches, entre textes / sketches improbables et chansons a cappella ou bien piano / guitare et nous sommes transportés ailleurs… Un monde de non-sens, ou l’absurde devient évident, jamais très loin de Roland Dubillard. On y rencontre Verlaine et des bouts d’arc-en-ciel, un monde de rythme et de mélodie ponctue leurs soliloques. Des chansons d'Eddy Cochran, Nougaro, Gershwin…

Un univers élégant, décalé et absurde, le tout est joué par d’excellents comédiens avec infiniment de charisme (une rareté). La mise en scène et l’éclairage sont à la hauteur de la partition. Un vrai moment de plaisir, une délicatesse dans laquelle il faut se fondre !

Que voilà une noce bien troussée !
La troupe de JP Tribout, les 11 comédiens réunis pour ce « mariage » sont tous excellents autour d’un Figaro pétillant à souhait. La veuve de Beaumarchais y explose en rythme, les thèmes chers au siècle des lumières (liberté, nouvelle classe, féminisme…) colorent subtilement les dialogues et surtout un rire imparable s’insinue tant l’auteur à démonter les rouages de l’âme humaine et ces improbables cheminements. Ni farce, ni pensum, plutôt un propos « à effet de loupe » ou la montée de l’individualisme transparaît...
L’ensemble se joue dans un décor minimaliste, mais avec une joie jubilatoire, un tempo qui tout au long de la pièce nous emmène sur les rives du plaisir théâtral.

Un régal de « Mot », d’esprit et un jeu, une mise en scène imaginative, sobre et efficace au service des joutes verbales des personnages.

Le thème, la mise en place du système Law et de sa monnaie de papier et actions. Sous la Régence après la mort de Louis XIV, la France est ruinée. Une pièce historique haletante sur les coulisses du pouvoir et de la finance. Calculs, manipulations, intrigues et trahisons au cœur d’une cour libertine et cupide.

Les comédiens sont parfaits (Deutsch en mathématicien John Law, Métayer en fermier général et Guillon en futur Cardinal Dubois), le Roi, sa maîtresse tous tiennent à la perfection leur personnage, le propos est rythmé, la causticité et le cynisme de l’écriture merveilleusement interprétés... On y rit, on s’amuse des manipulations et libertinages de cour, on frémit à la modernité et au parallèle que la pièce induit, l’esprit du « Système » est brillant et la pièce est jubilatoire.

Un Laurent Deutsch excellent !

Du monument que fût le texte de Steinbeck relatant la grande dépression des années 30 aux États-Unis... Il reste... un monument ! Un peu froid, distancié et sans charge émotionnelle.

Dix comédiens, « très professionnels et mécaniques » nous retracent le parcours de ces chômeurs itinérants en quête de rêve et de liberté… Mais la violence du propos est lointaine, l’exclusion, le racisme, la déflagration des années 1930 sont absentes du jeu, même la poésie et l’émotion de la situation sont absentes, ni amitiés, ni humanité… très lointaine l’incarnation de ces hommes. Le décor pourtant habile et le jeu de lumières sont les seules traces de sensibilité de cet opus…

On ne s’ennuie pas, mais on reste placide.
Bien fait, bien joué… mais sans âme.