Kelly Rivière née de père français, de mère Irlandaise et de grand-père disparu, nous raconte son histoire ou plutôt celle de son double, Kelly Ruisseau. Elle cherche à retrouver son grand-père Irlandais Peter O’Farrel disparu dans les années 70.

L’enquête se change vite en quête d’elle-même. Pendant 1h20, Kelly Rivière va transformer sa propre histoire pour nous offrir un récit universel, drôle et émouvant.

Les personnages de la famille sont certes excentriques mais terriblement attachants; une mère Irlandaise passionnée par la vie des dictateurs, un frère paumé et dragueur follement drôle, une grand-mère tout droit sortie d’un dessin animé, les scènes à Londres sont un pur bijou de stand up à la Eddie Izzard. On retrouve toute une série de personnages secondaires tous aussi truculents et délicieux les uns que les autres.

C’est la grande force du spectacle de Kelly Rivière que de passer d’un personnage à un autre sans jamais nous perdre. Elle est aussi capable de nous faire vivre une soirée dans un pub irlandais, soirée qu’on a une furieuse envie de rejoindre pour chanter et danser avec elle.
Kelly Rivière est une artiste complète qui utilise tous ses talents (et elle en a) pour nous emporter dans son tourbillon familial avec beaucoup d’émotions.

Cette histoire c’est aussi l’histoire d’un pays merveilleux où des lutins sortis de nulle part vous bombardent de questions sans vous connaître, un pays ou une tasse de thé est l’alpha et l’oméga de toutes discussions et de toutes solutions. Kelly sait restituer à merveille cette gentillesse et cette fantaisie Irlandaise qui fait partie de son ADN. On dirait bien que Kelly Ruisseau / Rivière a fini par trouver d’où elle venait.

Une magnifique leçon de théâtre ou le manque sert de moteur à la création.

4 tomes, 42 livres et des milliers de pages, voilà la gageure quand on veut adapter les Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand !

Hervé Briaux est un grand professionnel, il s’en sort à merveille, rompu à l’exercice après avoir adapté Tertullien et Montaigne, il maîtrise parfaitement son sujet.

Mais adapter ne suffit pas, il faut aussi faire vivre ce texte, faire corps avec lui.

En une heure Hervé Briaux réussit à nous faire voir toutes les facettes de ce personnage si complexe qu’était Chateaubriand ; égoïste, odieux, visionnaire, drole, hyper sensible, nostalgique, désespéré mais un désespéré exalté qui ne cessera d’avoir un féroce appétit de vivre. Hervé Briaux se met dans la peau de cette mémoire vive, il devient Chateaubriand, un Chateaubriand qui semble lui parler même si parfois il nous perd un peu.

On pourra aussi regretter le manque d’émotion, ce qui est paradoxale pour un écrivain considéré comme un des pionniers du romantismes, sauf quand Hervé Briaux évoque dans la bouche de Chateaubriand la mort des amis disparus et qu’il reprend (à son compte ?) ce proverbe Indien cité par Chateaubriand « La mort en nous touchant ne nous détruit pas, elle nous rend seulement invisibles ».

En adaptant les Mémoires d’outre-tombe sur les conseil de son ami Philippe Tesson, Hervé Briaux nous confirme que la mort ne nous détruit pas et que le théâtre a le pouvoir de rendre visible l’invisible.

Sur fond de satire politique, "le prix de l'ascension" nous offre un drame à l'aune du pouvoir.

Est-ce que l'amitié existe en politique ? L'amour peut-il résister au pouvoir ? C'est les questions que semblent nous poser les deux auteurs et acteurs Antoine Demor et Victor Rossi qui nous servent ici une comédie dramatique parfaitement exécutée avec le politique comme champ du risible et le pouvoir comme trame de la tragédie.

Julien Poncet, le metteur en scène, transforme le plateau en ring où Brice et Laurent, deux amis de l'ENA issus de milieux différents, vont devenir ami, s'aimer, s'affronter et se déchirer comme deux lions en cage qui se battent pour devenir roi.

Les textes sont ciselés, drôles, souvent percutant et la mise en scène rythmée avec quelques grands moments comme le débat ou bien les discours politiques.
On ne s'ennuie pas même si parfois on peut friser les clichés. On pense forcément à Jacques Chirac dans le parcours politique de Laurent et on aime particulièrement la transformation de Brice qui d'humble serviteur de l'Etat, son passage à la cour des comptes est particulièrement drôle, se transforme au fil du temps en redoutable politique, prêt à tout pour réussir, même au pire...

On en frémit encore !

Combien de couple se ont dit au moment du confinement, ça va être dur ?
C'est la question que se posent nos deux héros de la vie quotidienne.

Un simple canapé, des jogging, des chaussons et du PQ, tous les attributs du confinement sont sur scène.
Le couple, il et elle, nous annonce la couleur dès l'entrée.
Ils se détestent et ne savent pas ce qu'ils font encore ensemble à part pour leur fils Alfie, pardon Alfred, qu'on ne verra pas.
Le couple prend le public à témoin mais se fout bien des retours car il a autre chose à faire, se balancer leur haine réciproque à la figure.
Mais la haine et l'amour sont souvent les deux faces d'une même pièce.
On passe un bon moment, la langue de Dennis Kelly est toujours aussi piquante même si ici on aurait attendu de la part de l'auteur quelque chose de plus acerbe.
Les 2 acteurs manient avec brio cette langue même si on les sent parfois un peu à distance de ce texte notamment sur les passages liés au Covid qu'on a l'impression d'avoir déjà entendu mille fois et qui casse un peu le rythme de la pièce.
Les meilleurs moments sont ceux liés à l'histoire de ce couple avec des acteurs qui montent en puissance de jeu plus on avance dans l'histoire.

On aurait aimé sentir plus de haine dans ce couple pour mieux mettre en exergue une fin touchante dans laquelle nous entraînent les deux acteurs.