Ses critiques
5 critiques
6/10
« La peur détruit, la punition apaise »
C’est par ces mots que Fritz entend faire justice dans sa vie d’avocat. Pourquoi alors avoir infligé la peur comme punition à sa femme adultère ? Le mari mélange les mots, il mélange les rôles. L’amante du mercredi après-midi sera détruite par la peur et la punition. Un tourment quotidien qui creuse l’âme torturée mensonge après mensonge.
Aliocha Itovich (Fritz) et Hélène Degy (Irène, sa femme) s’abandonnent avec justesse à ce jeu infernal dont personne ne connait l’issue. Ophélie Marsaud incarne la Peur d’Irène. La femme qui la harcèle se révèle n’être qu’un sentiment coupable, une « sorcière de cauchemar ». Et si elle n’existait pas ? La mise en scène transmet bien cette présence incertaine jouant à cache-cache dans le décor mouvant.
Mais la représentation manque de tragique, elle charrie trop peu d’émotion. Les larmes d’Irène coulent mais le public ne pleure pas. J’aurais aimé pleurer devant Irène comme elle pleure devant nous. J’aurais aimé pleurer devant Irène bercé par les violons de In the mood for love (Yumeji’s theme).
C’est par ces mots que Fritz entend faire justice dans sa vie d’avocat. Pourquoi alors avoir infligé la peur comme punition à sa femme adultère ? Le mari mélange les mots, il mélange les rôles. L’amante du mercredi après-midi sera détruite par la peur et la punition. Un tourment quotidien qui creuse l’âme torturée mensonge après mensonge.
Aliocha Itovich (Fritz) et Hélène Degy (Irène, sa femme) s’abandonnent avec justesse à ce jeu infernal dont personne ne connait l’issue. Ophélie Marsaud incarne la Peur d’Irène. La femme qui la harcèle se révèle n’être qu’un sentiment coupable, une « sorcière de cauchemar ». Et si elle n’existait pas ? La mise en scène transmet bien cette présence incertaine jouant à cache-cache dans le décor mouvant.
Mais la représentation manque de tragique, elle charrie trop peu d’émotion. Les larmes d’Irène coulent mais le public ne pleure pas. J’aurais aimé pleurer devant Irène comme elle pleure devant nous. J’aurais aimé pleurer devant Irène bercé par les violons de In the mood for love (Yumeji’s theme).
3/10
Je dois bien avouer que c'est un dépiteux hasard qui me conduisit jusqu'à cette pièce moderne, à l'heure tardive ou les pièces classiques ferment rideau, mais soit !
Les avis étaient bons, la publicité était bonne... A tort !
On s'embarque dans une comédie fluviale décevante qui parvient davantage à nous embarrasser qu'à tirer quelques rires forcés des vingt personnes présentes dans la salle. Pourtant, on essaie d'y croire. On s'accroche. Mais l'amertume nous submerge, à contrecoeur.
On finit par se contenter de menus jeux de mots et de quelques accents picards... pour enfin regretter de n'être pas allé voir le dernier Woody Allen au cinéma.
Le théâtre est une mine d'or, d'esthétisme et d'émotion, mais parmi tant de pierres précieuses, il arrive de tomber sur un galet.
Les avis étaient bons, la publicité était bonne... A tort !
On s'embarque dans une comédie fluviale décevante qui parvient davantage à nous embarrasser qu'à tirer quelques rires forcés des vingt personnes présentes dans la salle. Pourtant, on essaie d'y croire. On s'accroche. Mais l'amertume nous submerge, à contrecoeur.
On finit par se contenter de menus jeux de mots et de quelques accents picards... pour enfin regretter de n'être pas allé voir le dernier Woody Allen au cinéma.
Le théâtre est une mine d'or, d'esthétisme et d'émotion, mais parmi tant de pierres précieuses, il arrive de tomber sur un galet.
8/10
Les hommes sont des bêtes !
Des bêtes, Angèle en a connu plusieurs. Il y a son ancien mari, Robineau, et il y a l’actuel, Ribadier. A les côtoyer, on s’en méfie : on prévoit, on anticipe, on scrute, on devient paranoïaque. Pauvre madame Ribadier ! Une dame droite, bien éduquée. Une dame passionnée et fidèle. Quel mauvais sort s’est donc ligué contre la sagesse de ses moeurs ?
Et, pourtant, si son mari est bête, il n’est pas infâme. C’est seulement un homme tombé ici-bas. Et un homme, ici-bas, tombe facilement amoureux… Comment, alors, réagit un homme lorsque « l’heure est propice et les instants sont courts » ? Il déploie toute son âme, toute son énergie et tout son corps à l’élaboration de stratégies et de systèmes. Construisant autant que systèmes qu’il ne faut pour suspendre au temps son vol et aux heures leur cours et goûter un instant aux douceurs de la chair. Il déploie le système Ribadier.
Le système Ribadier est fiable, inviolable. L’épouse est prise dans sa tourmente et se débat pour en sortir ; pour sortir de ce piège qui lui ravit son droit de savoir, son droit de femme. Il lui faut dénouer les ficelles qui la manipulent et percer le jeu de Ribadier où elle n’est plus qu’un pion.
Les heures sont comptées pour Angèle et Ribadier, mais pas par le public ; car le public a autre chose à faire… Il lui faut rire, il lui faut penser.
Des bêtes, Angèle en a connu plusieurs. Il y a son ancien mari, Robineau, et il y a l’actuel, Ribadier. A les côtoyer, on s’en méfie : on prévoit, on anticipe, on scrute, on devient paranoïaque. Pauvre madame Ribadier ! Une dame droite, bien éduquée. Une dame passionnée et fidèle. Quel mauvais sort s’est donc ligué contre la sagesse de ses moeurs ?
Et, pourtant, si son mari est bête, il n’est pas infâme. C’est seulement un homme tombé ici-bas. Et un homme, ici-bas, tombe facilement amoureux… Comment, alors, réagit un homme lorsque « l’heure est propice et les instants sont courts » ? Il déploie toute son âme, toute son énergie et tout son corps à l’élaboration de stratégies et de systèmes. Construisant autant que systèmes qu’il ne faut pour suspendre au temps son vol et aux heures leur cours et goûter un instant aux douceurs de la chair. Il déploie le système Ribadier.
Le système Ribadier est fiable, inviolable. L’épouse est prise dans sa tourmente et se débat pour en sortir ; pour sortir de ce piège qui lui ravit son droit de savoir, son droit de femme. Il lui faut dénouer les ficelles qui la manipulent et percer le jeu de Ribadier où elle n’est plus qu’un pion.
Les heures sont comptées pour Angèle et Ribadier, mais pas par le public ; car le public a autre chose à faire… Il lui faut rire, il lui faut penser.
7/10
J’ai assisté à l’adaptation théâtrale de la nouvelle "Le Journal d’un fou" de Nikolaï Gogol, au Guichet Montparnasse (14ème arrondissement de Paris).
Nous, spectateurs, sommes les témoins du dialogue intérieur d’un employé de ministère en Russie. Seul sur scène du début à la fin, Poprichtchine monologue, dévoilant des pensées de plus en plus délirantes. Très amoureux de la fille de son patron, il se rend compte que c’est peine perdu. Elle mérite mieux qu’un petit fonctionnaire ! Il s’imagine alors une autre vie. Il se découvre un autre homme, plus puissant, plus grand, jusqu’à se prendre pour le roi d’Espagne. En résumé, si l’amour fait perdre la tête, cette pièce de théâtre en est l’exemple.
A la fin perdu entre sa vie imaginaire et la dure réalité de l’hôpital psychiatrique dans lequel on le devine, Poprichtchine est pris au piège de sa propre création, de son propre esprit. Prisonnier de l’Hotel California, la fin de la pièce est l’aboutissement d’un lent processus d’isolement, de repli sur soi.
J’ai souffert. Oui, j’ai souffert pour le personnage agonisant sur sa paillasse de paria, incompris par les médecins, souhaitant juste des réponses aux incohérences qui mettent sa raison à mal. Poprichtchine ne demande qu’une main amie pour poser un pied à terre et reprendre ses esprits. Si Le journal d’un fou est un récit de démence, c’est une invitation à l’ouverture vers autrui, à l’écoute et la compréhension de l’autre.
Le théâtre contemporain m’a surpris, surpris par sa forme et sa singularité. On s’étonne, on est gêné. Le temps passe, on s’habitue. Le personnage vous prend et vous secoue. Il remue votre corps, il remue votre esprit.
C’est une expérience à tenter. Et quitte à voir une pièce folle, autant voir parler un fou.
Nous, spectateurs, sommes les témoins du dialogue intérieur d’un employé de ministère en Russie. Seul sur scène du début à la fin, Poprichtchine monologue, dévoilant des pensées de plus en plus délirantes. Très amoureux de la fille de son patron, il se rend compte que c’est peine perdu. Elle mérite mieux qu’un petit fonctionnaire ! Il s’imagine alors une autre vie. Il se découvre un autre homme, plus puissant, plus grand, jusqu’à se prendre pour le roi d’Espagne. En résumé, si l’amour fait perdre la tête, cette pièce de théâtre en est l’exemple.
A la fin perdu entre sa vie imaginaire et la dure réalité de l’hôpital psychiatrique dans lequel on le devine, Poprichtchine est pris au piège de sa propre création, de son propre esprit. Prisonnier de l’Hotel California, la fin de la pièce est l’aboutissement d’un lent processus d’isolement, de repli sur soi.
J’ai souffert. Oui, j’ai souffert pour le personnage agonisant sur sa paillasse de paria, incompris par les médecins, souhaitant juste des réponses aux incohérences qui mettent sa raison à mal. Poprichtchine ne demande qu’une main amie pour poser un pied à terre et reprendre ses esprits. Si Le journal d’un fou est un récit de démence, c’est une invitation à l’ouverture vers autrui, à l’écoute et la compréhension de l’autre.
Le théâtre contemporain m’a surpris, surpris par sa forme et sa singularité. On s’étonne, on est gêné. Le temps passe, on s’habitue. Le personnage vous prend et vous secoue. Il remue votre corps, il remue votre esprit.
C’est une expérience à tenter. Et quitte à voir une pièce folle, autant voir parler un fou.
9/10
Sans Filtre ou la "parole automatique".
Je me suis délecté de la nouvelle pièce de Laurent Baffie, auteur et metteur en scène de cette comédie, jouée au Théâtre Fontaine (9ème arrondissement de Paris).
On connait le personnage pour ses interventions télévisées sans retenue, parfois vulgaires et aux allusions sexuelles. Soyez sans crainte, Laurent Baffie sait rester authentique sur les planches. On a vu cela dans « Les Bonobos » et on le retrouve ici dans sa nouvelle pièce « Sans filtre ». Si les mots crus et l’humour porté sur le sexe peuvent étonner au premier abord, les spasmes de rire qui secoueront votre abdomen au point d’en briser les sièges de velours rouge sauront prendre le dessus. On s’y fait, et on n’a pas le choix ! Même le diaphragme enchainé d’un catho coincé du seizième serait secoué par les vannes continuelles qui ne ménagent ni les moeurs ni le politiquement correct. On ne compte plus les « Connard », « Putain » ou autre « Salope » lancés à gorge ouverte par les comédiens et en particulier Monsieur Baffie.
On sort de la pièce marqué à l’humour d’un large sourire, façonné par une heure et demie de fou-rires incessant. C’est bien simple, il ne se passe pas 15 secondes sans que vous ne rigoliez — pas sourire, rigoler ! Je suis peut-être de nature joviale, mais pas marseillais.
J’allais oublier, pour l’histoire… La scène se déroule dans un cabinet de médecins aux spécialités diverses et variées, du pédiatre au psychologue, de acuponcteur au chirurgien esthétique. Philippe, alias Laurent Baffie, entre et explique son problème : il ne contrôle plus ce qu’il dit au point d’exprimer tout ce qui lui passe par la tête, sans retenue, sans filtre. Il s’ensuit un ballet d’examens et d’hypothèses de chaque praticien, tentant de trouver la solution.
Sans Filtre est en quelque sorte une analyse des profils de médecins, jouant à la fois sur les stéréotypes des métiers et les classiques liaisons secrètes qui ont lieu dans le cabinet, enfin plus secrètes pour longtemps…
Je me suis délecté de la nouvelle pièce de Laurent Baffie, auteur et metteur en scène de cette comédie, jouée au Théâtre Fontaine (9ème arrondissement de Paris).
On connait le personnage pour ses interventions télévisées sans retenue, parfois vulgaires et aux allusions sexuelles. Soyez sans crainte, Laurent Baffie sait rester authentique sur les planches. On a vu cela dans « Les Bonobos » et on le retrouve ici dans sa nouvelle pièce « Sans filtre ». Si les mots crus et l’humour porté sur le sexe peuvent étonner au premier abord, les spasmes de rire qui secoueront votre abdomen au point d’en briser les sièges de velours rouge sauront prendre le dessus. On s’y fait, et on n’a pas le choix ! Même le diaphragme enchainé d’un catho coincé du seizième serait secoué par les vannes continuelles qui ne ménagent ni les moeurs ni le politiquement correct. On ne compte plus les « Connard », « Putain » ou autre « Salope » lancés à gorge ouverte par les comédiens et en particulier Monsieur Baffie.
On sort de la pièce marqué à l’humour d’un large sourire, façonné par une heure et demie de fou-rires incessant. C’est bien simple, il ne se passe pas 15 secondes sans que vous ne rigoliez — pas sourire, rigoler ! Je suis peut-être de nature joviale, mais pas marseillais.
J’allais oublier, pour l’histoire… La scène se déroule dans un cabinet de médecins aux spécialités diverses et variées, du pédiatre au psychologue, de acuponcteur au chirurgien esthétique. Philippe, alias Laurent Baffie, entre et explique son problème : il ne contrôle plus ce qu’il dit au point d’exprimer tout ce qui lui passe par la tête, sans retenue, sans filtre. Il s’ensuit un ballet d’examens et d’hypothèses de chaque praticien, tentant de trouver la solution.
Sans Filtre est en quelque sorte une analyse des profils de médecins, jouant à la fois sur les stéréotypes des métiers et les classiques liaisons secrètes qui ont lieu dans le cabinet, enfin plus secrètes pour longtemps…