Son balcon
SAISON 2025-2026
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« Un chapeau de paille d’Italie » d’Eugène Labiche dans une adaptation de la Compagnie l’éternel été, mis en scène par Emmanuel Besnault et Benoit Gruel sur la scène du théâtre rouge du Lucernaire est un rêve éveillé dans la douceur d’un conte d’enfants.
Si vous avez un doute sur ce que représente un rajeunissement d’une œuvre théâtrale, courez voir celle présentée au Lucernaire, vous n’en croirez pas vos yeux et vos oreilles.
Eugène Labiche a écrit cette comédie en 1851 et a moult reprises été représentée dans le monde entier sous diverses adaptations.
Ce soir c’est une version écourtée pour ne retenir que l’essentiel du propos qui vous est présentée. Mais quelle belle saveur en ont tiré les adaptateurs. On se régale de l’élégance du jeu de cette jeunesse qui dans un rythme effréné nous séduit par tant d’ingéniosité.
La mise en scène très ludique et rythmée d’Emmanuel Besnault et Benoit Gruel est un petit bijou à déguster sans modération.
Le propos est bien connu : Ferdinand, rentier, jeune parisien de son état est sur le point d’épouser Hélène Nonancourt, fille d’un pépiniériste de Charentonneau (interprété dans la pièce par Madame pour une question de parité), qui pour un parti pris de mise en scène n’apparaîtra jamais sur scène, laissant planer ainsi un rêve, omniprésent pendant cette « récréation ».
Mais le ton est donné avec ces répliques :
« Je lui demande la main de sa fille
- Qui êtes-vous ?
- J’ai vingt-deux francs de rente
- Sortez !
- Par jour !
- Asseyez-vous donc ! »
Pas moins de huit fiacres sont nécessaires pour transporter tous les invités de la noce et le malheur a voulu que celui du Ferdinand qui faisait une promenade matinale dans le bois de Vincennes avant d’être lié à vie avec sa promise, a subi de son cheval, en mal de petit déjeuner, la dégustation d’un chapeau de paille d’une jeune femme contant fleurette à son amant, militaire de surcroit et loin d’être commode.
Afin que cette jeune femme ne perde pas la face vis-à-vis de son mari, orageux sur les bords, Ferdinand par tous les moyens se doit de trouver un chapeau de paille qui ressemble en tous points à celui dégusté avec appétit par le cheval.
S’ensuit alors de rebondissements en rebondissements des quiproquos à foison qui emportent le public dans des rires libérateurs d’une tension pour le moins absurde qui s’apparenterait bien à un rêve.
En effet, tout commence par la découverte de chérubins, en phase de réveil éclairée par Benjamin Migneco, emmaillotés et allongés sur des matelas et couettes bien moelleuses sujettes aux jeux les plus enfantins allant de la bataille de polochons au combat de peluches (dont les spectateurs en feront les frais…) ; très nombreuses sur l’espace scénique qui ressemble à un immense lit, dans une scénographie d’Emmanuel Besnault et Benoit Gruel, foyer de toutes les rencontres les plus folles et les plus oniriques, prolongées par une douce musique de Benjamin Migneco, propice à un éveil qui s’annonce très mouvementé. En premier lieu une ronde qui donne le tempo à cette folle journée qui pointe le bout de son nez avec au fur et à mesure l’apparition des protagonistes de la noce, endimanchés du plus bel effet par Magdaléna Calloc’h.
Avant que tout ne glisse dans un trouble rocambolesque, nous pouvons donc nous poser la question : sommes-nous dans un rêve en forme de cartoon qui devient réalité ? Ou bien vivons-nous réellement les turpitudes de Ferdinand à l’approche de son mariage qui prend des allures de cauchemar ?
Pour mener à bien une telle entreprise, il fallait des comédiens chevronnés, tant à l’aise dans la comédie que dans l’acrobatie en passant par la folie du chant : Guillaume Collignon, Victor Duez, Sarah Fuentes, Mélanie Le Duc et Emmanuel Besnault ont relevé haut la main le défi et démontré que l’esprit de troupe peut soulever les montagnes et relever tous les défis, notamment celui d’Eugène Labiche !
Seul l’Amour triomphera, mais dans quelle condition ? A vous de le découvrir.
Une version du Chapeau de paille d’Italie qui décoiffe mais qui fait du bien aux zygomatiques !
Si vous avez un doute sur ce que représente un rajeunissement d’une œuvre théâtrale, courez voir celle présentée au Lucernaire, vous n’en croirez pas vos yeux et vos oreilles.
Eugène Labiche a écrit cette comédie en 1851 et a moult reprises été représentée dans le monde entier sous diverses adaptations.
Ce soir c’est une version écourtée pour ne retenir que l’essentiel du propos qui vous est présentée. Mais quelle belle saveur en ont tiré les adaptateurs. On se régale de l’élégance du jeu de cette jeunesse qui dans un rythme effréné nous séduit par tant d’ingéniosité.
La mise en scène très ludique et rythmée d’Emmanuel Besnault et Benoit Gruel est un petit bijou à déguster sans modération.
Le propos est bien connu : Ferdinand, rentier, jeune parisien de son état est sur le point d’épouser Hélène Nonancourt, fille d’un pépiniériste de Charentonneau (interprété dans la pièce par Madame pour une question de parité), qui pour un parti pris de mise en scène n’apparaîtra jamais sur scène, laissant planer ainsi un rêve, omniprésent pendant cette « récréation ».
Mais le ton est donné avec ces répliques :
« Je lui demande la main de sa fille
- Qui êtes-vous ?
- J’ai vingt-deux francs de rente
- Sortez !
- Par jour !
- Asseyez-vous donc ! »
Pas moins de huit fiacres sont nécessaires pour transporter tous les invités de la noce et le malheur a voulu que celui du Ferdinand qui faisait une promenade matinale dans le bois de Vincennes avant d’être lié à vie avec sa promise, a subi de son cheval, en mal de petit déjeuner, la dégustation d’un chapeau de paille d’une jeune femme contant fleurette à son amant, militaire de surcroit et loin d’être commode.
Afin que cette jeune femme ne perde pas la face vis-à-vis de son mari, orageux sur les bords, Ferdinand par tous les moyens se doit de trouver un chapeau de paille qui ressemble en tous points à celui dégusté avec appétit par le cheval.
S’ensuit alors de rebondissements en rebondissements des quiproquos à foison qui emportent le public dans des rires libérateurs d’une tension pour le moins absurde qui s’apparenterait bien à un rêve.
En effet, tout commence par la découverte de chérubins, en phase de réveil éclairée par Benjamin Migneco, emmaillotés et allongés sur des matelas et couettes bien moelleuses sujettes aux jeux les plus enfantins allant de la bataille de polochons au combat de peluches (dont les spectateurs en feront les frais…) ; très nombreuses sur l’espace scénique qui ressemble à un immense lit, dans une scénographie d’Emmanuel Besnault et Benoit Gruel, foyer de toutes les rencontres les plus folles et les plus oniriques, prolongées par une douce musique de Benjamin Migneco, propice à un éveil qui s’annonce très mouvementé. En premier lieu une ronde qui donne le tempo à cette folle journée qui pointe le bout de son nez avec au fur et à mesure l’apparition des protagonistes de la noce, endimanchés du plus bel effet par Magdaléna Calloc’h.
Avant que tout ne glisse dans un trouble rocambolesque, nous pouvons donc nous poser la question : sommes-nous dans un rêve en forme de cartoon qui devient réalité ? Ou bien vivons-nous réellement les turpitudes de Ferdinand à l’approche de son mariage qui prend des allures de cauchemar ?
Pour mener à bien une telle entreprise, il fallait des comédiens chevronnés, tant à l’aise dans la comédie que dans l’acrobatie en passant par la folie du chant : Guillaume Collignon, Victor Duez, Sarah Fuentes, Mélanie Le Duc et Emmanuel Besnault ont relevé haut la main le défi et démontré que l’esprit de troupe peut soulever les montagnes et relever tous les défis, notamment celui d’Eugène Labiche !
Seul l’Amour triomphera, mais dans quelle condition ? A vous de le découvrir.
Une version du Chapeau de paille d’Italie qui décoiffe mais qui fait du bien aux zygomatiques !

« Le voyage de Molière » de Pierre-Olivier Scotto et Jean-Philippe Daguerre qui en assure aussi la mise en scène, sur la scène du théâtre La gare du Midi de Biarritz, organisée par Les Amis du théâtre de la côte basque est une plongée dans l’univers du maître incontestable de la Comédie dont on a fêté les 400 ans en 2022.
L’action se situe dans la genèse de la vie de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, le 15 novembre 1656 (il a 34 ans), et de sa troupe considérée comme la meilleure troupe de campagne : L’illustre Théâtre !
Une fable qui nous transporte du 21e au 17e siècle avec comme fil conducteur un certain Léo qui aspire à devenir comédien sur les traces de son illustre mentor en la personne de l’immense Molière.
Tout commence par une banale audition dans laquelle sa surexcitation lui fera perdre ses moyens, à en perdre connaissance, pour le transposer dans son rêve dans une autre époque. En cela, il est tout à fait préparé puisqu’il porte un pourpoint et un jean, costumes pouvant satisfaire toutes les situations, tous les rôles.
Quoi de mieux pour affronter le décor fort bien équilibré d’Antoine Milian, permettant une fluidité des scènes pour un voyage onirique réjouissant, agrémenté par les costumes de Corine Rossi et les lumières de Moïse Hill.
Dans un rêve qui mêle le « réel » et « l’irréel », nous naviguons entre deux atmosphères qui se combinent judicieusement. La force de ce quatre mains entre Pierre-Olivier Scotto et Jean-Philippe Daguerre est de faire dialoguer subtilement le XXIe et XVIIe siècle. Dans un phrasé, un vocabulaire qui nécessairement déclencheront les rires par leur juxtaposition.
Ils ont d’ailleurs finement dans cette comédie, tricoté, inséré des scènes réelles tirées des pièces de Molière à une vie de troupe purement imaginative, comme celle par exemple du Bourgeois Gentilhomme où Monsieur Jourdain prend un cours de françois. Transposé ici dans un cours d’anglois où le « u » se prononce « you » pour entonner en cœur la chanson des Beatles « Hey Jude » !
Une vie de troupe avec ses hauts et ses bas comme l’épreuve qui les attend à Béziers avec la peste qui sévit et qui risque de les ruiner. Fort heureusement, la troupe a plus d’un stratagème dans ses manches et l’évêque de Béziers dans une scène hilarante succombera à la gent féminine et leur permettra de jouer leur deuxième grande comédie « Le dépit amoureux » bien avant le premier succès de Molière avec « Les précieuses ridicules interprétées en 1659 ». Un évêque qui ne manque pas de mordant en la personne de Teddy Melis qui a emporté dans sa folie le public, également dans son rôle tout en rondeur de Gros René aux côtés de sa muse la Marquise Duparc interprété joliment par Mathilde Hennekinne.
Des scènes où la fantaisie des auteurs sera reine !
Un Léo qui dans un songe, un rêve éveillé, retrouve son amoureuse Emma dans les traits d’Armande Béjart, l’espiègle mystérieuse Charlotte Ruby, fille de la dévorante Madeleine Béjart sous les traits aimants de Charlotte Matzneff. Un conflit intergénérationnel qui ne manque pas de sincérité, de piquant, de saveur, interprété dans une fougue tout en nuances colorées par Geoffrey Palisse qui dans un certain sens a bien du mal à se faire comprendre avec son vocabulaire d’un autre temps, agrémenté d’un violoncelle à la particularité dissonante frisant l’harmonieux.
Il débarque dans une troupe où la joie de vivre bat son plein et balaie d’un revers de manches les tracas pour ne se concentrer que sur l’Art du théâtre au service de leur public.
Du théâtre dans le théâtre dans une ambiance, une mise en scène rondement menée, captivant le public jusqu’au salut. Jean-Philippe Daguerre connaît toutes les ficelles de ses ruses pour amener là où il faut chaque comédien dans le jeu qui le met en valeur et qui répond à l’intrigue : il aime ses comédiens et ils lui rendent bien : une belle troupe qui a de belles années devant elle, à l’image de L’illustre théâtre !
Comme dirait Molière : C’est une étrange entreprise que de vouloir faire rire les honnêtes gens » eh bien Jean-Philippe Daguerre par un sourire, un silence, une pause, un geste, un son, un phrasé (si important dans un alexandrin), il accomplit avec tendresse et émotion ce miracle !
Un hommage que Molière, interprété tout en retenu, en sagesse par le maître des lieux, Thibault Pinson, ne serait renier et de son bras droit Charles Dufresne en la personne généreuse, toujours prête à aider, de Grégoire Bourbier, sans oublier la friponne Toinette interprétée par Violette Erhart.
Un voyage qui laisse en nos cœurs une place à la générosité, à la bienveillance, à l’amour de son prochain dans une présence théâtrale nécessaire à notre développement.
Le théâtre est immortel…Molière aussi !
« Le voyage de Molière » sur la scène du théâtre La gare du Midi de Biarritz, un évènement Les amis du théâtre de la côte basque, une coproduction Le grenier de Babouchka & Atelier théâtre Actuel.
Vu le 110124
L’action se situe dans la genèse de la vie de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, le 15 novembre 1656 (il a 34 ans), et de sa troupe considérée comme la meilleure troupe de campagne : L’illustre Théâtre !
Une fable qui nous transporte du 21e au 17e siècle avec comme fil conducteur un certain Léo qui aspire à devenir comédien sur les traces de son illustre mentor en la personne de l’immense Molière.
Tout commence par une banale audition dans laquelle sa surexcitation lui fera perdre ses moyens, à en perdre connaissance, pour le transposer dans son rêve dans une autre époque. En cela, il est tout à fait préparé puisqu’il porte un pourpoint et un jean, costumes pouvant satisfaire toutes les situations, tous les rôles.
Quoi de mieux pour affronter le décor fort bien équilibré d’Antoine Milian, permettant une fluidité des scènes pour un voyage onirique réjouissant, agrémenté par les costumes de Corine Rossi et les lumières de Moïse Hill.
Dans un rêve qui mêle le « réel » et « l’irréel », nous naviguons entre deux atmosphères qui se combinent judicieusement. La force de ce quatre mains entre Pierre-Olivier Scotto et Jean-Philippe Daguerre est de faire dialoguer subtilement le XXIe et XVIIe siècle. Dans un phrasé, un vocabulaire qui nécessairement déclencheront les rires par leur juxtaposition.
Ils ont d’ailleurs finement dans cette comédie, tricoté, inséré des scènes réelles tirées des pièces de Molière à une vie de troupe purement imaginative, comme celle par exemple du Bourgeois Gentilhomme où Monsieur Jourdain prend un cours de françois. Transposé ici dans un cours d’anglois où le « u » se prononce « you » pour entonner en cœur la chanson des Beatles « Hey Jude » !
Une vie de troupe avec ses hauts et ses bas comme l’épreuve qui les attend à Béziers avec la peste qui sévit et qui risque de les ruiner. Fort heureusement, la troupe a plus d’un stratagème dans ses manches et l’évêque de Béziers dans une scène hilarante succombera à la gent féminine et leur permettra de jouer leur deuxième grande comédie « Le dépit amoureux » bien avant le premier succès de Molière avec « Les précieuses ridicules interprétées en 1659 ». Un évêque qui ne manque pas de mordant en la personne de Teddy Melis qui a emporté dans sa folie le public, également dans son rôle tout en rondeur de Gros René aux côtés de sa muse la Marquise Duparc interprété joliment par Mathilde Hennekinne.
Des scènes où la fantaisie des auteurs sera reine !
Un Léo qui dans un songe, un rêve éveillé, retrouve son amoureuse Emma dans les traits d’Armande Béjart, l’espiègle mystérieuse Charlotte Ruby, fille de la dévorante Madeleine Béjart sous les traits aimants de Charlotte Matzneff. Un conflit intergénérationnel qui ne manque pas de sincérité, de piquant, de saveur, interprété dans une fougue tout en nuances colorées par Geoffrey Palisse qui dans un certain sens a bien du mal à se faire comprendre avec son vocabulaire d’un autre temps, agrémenté d’un violoncelle à la particularité dissonante frisant l’harmonieux.
Il débarque dans une troupe où la joie de vivre bat son plein et balaie d’un revers de manches les tracas pour ne se concentrer que sur l’Art du théâtre au service de leur public.
Du théâtre dans le théâtre dans une ambiance, une mise en scène rondement menée, captivant le public jusqu’au salut. Jean-Philippe Daguerre connaît toutes les ficelles de ses ruses pour amener là où il faut chaque comédien dans le jeu qui le met en valeur et qui répond à l’intrigue : il aime ses comédiens et ils lui rendent bien : une belle troupe qui a de belles années devant elle, à l’image de L’illustre théâtre !
Comme dirait Molière : C’est une étrange entreprise que de vouloir faire rire les honnêtes gens » eh bien Jean-Philippe Daguerre par un sourire, un silence, une pause, un geste, un son, un phrasé (si important dans un alexandrin), il accomplit avec tendresse et émotion ce miracle !
Un hommage que Molière, interprété tout en retenu, en sagesse par le maître des lieux, Thibault Pinson, ne serait renier et de son bras droit Charles Dufresne en la personne généreuse, toujours prête à aider, de Grégoire Bourbier, sans oublier la friponne Toinette interprétée par Violette Erhart.
Un voyage qui laisse en nos cœurs une place à la générosité, à la bienveillance, à l’amour de son prochain dans une présence théâtrale nécessaire à notre développement.
Le théâtre est immortel…Molière aussi !
« Le voyage de Molière » sur la scène du théâtre La gare du Midi de Biarritz, un évènement Les amis du théâtre de la côte basque, une coproduction Le grenier de Babouchka & Atelier théâtre Actuel.
Vu le 110124

« Panique en coulisses » de Michael Frayn dans une adaptation de Stéphane Laporte et une mise en scène de Jean-Luc Moreau sur la scène du Théâtre des Variétés est un concentré de rires dans une volte-face du décor extrêmement réjouissante.
Cette pièce créée en 1982 sous le titre de « Noises Off » en Angleterre et la même année en France sous le titre « En sourdines les sardines » mise en scène par Robert Dhéry, interprétée par l’essence des Branquignols, n’a pas fini de faire rire la planète.
Une pièce représentée depuis 40 ans dans plus de 70 pays pour un cumul aujourd’hui de 14 millions de spectateurs !
J’étais présent à la création de cette pièce au Théâtre des Bouffes Parisiens avec déjà à l’affiche un certain Jean-Luc Moreau qui sévissait sur scène à quatre pattes à la recherche de lentilles…en compagnie entre autres de Colette Brosset, Jacques Legras et Jacques Rosny.
Un souvenir ému qui m’a replongé lors de cette représentation dans le délice des rires à profusion avec cette jeune troupe au cœur vaillant remplie d’énergie à revendre, défendant un texte bec et ongles, se jetant dans la fosse aux lions sans retenues pour le plus grand plaisir des spectateurs, dans une mise en scène des plus périlleuses mais des plus réussies. Rien n’est laissé au hasard, tout est calculé à la seconde près, une machine huilée à la perfection. Les spectateurs ne peuvent pas se rendre compte du travail que cela représente mais comme me l’a fait remarquer Jean-Luc Moreau lors de notre échange : « C’est tant mieux », il a forcément raison, c’est cela la magie du théâtre !
A l’ouverture du rideau nous assistons aux derniers réglages d’une comédie avant sa première programmée dans quelques heures…il fait nuit, les comédiens sont fatigués…
Vous devez bien vous douter que rien ne va, le metteur en scène se désespère, des sardines pointent le bout de leurs nez, voyagent, avant de se faire aplatir pour devenir des soles meunières. Les portes claquent à la vitesse de l’éclair, les entrées et les sorties des comédies se télescopent dans le but d’éviter un contrôle fiscal, bref c’est l’hôtel des courants d’air !
C’est avant tout une comédie de situation en trois actes dont le deuxième voit son décor faire 180 degrés pour nous faire découvrir sa coulisse… : qui n’a pas un jour souhaité voir ce qui se passe de l’autre côté.
Eh bien vous allez être servis, les petites bassesses des comédiens et les histoires de cœur vont venir fleurir ce tourbillon de rires auquel vous allez assister, parsemé d’entrées et de sorties toutes plus rocambolesques les unes que les autres : bref c’est la panique !
Un décor à la hauteur de l’entreprise de Catherine Bluwal, éclairé par Jacques Rouveyrollis sans oublier la profusion d’accessoires de Françoise Henry qui font tourner la tête des comédiens.
L’adaptation de Stéphane Laporte est fidèle à celle gravée dans ma mémoire (je garde en mémoire ses subtiles adaptations de « Tempête en juin et Suite française »). Elle ne s’encombre pas de chemins de traverse, elle va droit au but pour nous faire rire dans la complicité de la mise en scène de Jean-Luc Moreau : un duo exceptionnel gratifié, pour la mise en scène, de la patte d’Anne Poirier-Busson.
Une mayonnaise qui ne retombe pas grâce aux indéniables talents de cette jeunesse composée de Marine Dusehu, Nicolas Carpentier, Sébastien Almar, Elie Addams, Chanaël Meïmoun, Benjamin Gomez, Marion Lahmer, Quentin Laclotte Parmentier et Chick Ortega. Ils jettent à notre figure la jouissance qu’ils ont de nous faire rire dans un marathon endiablé à en perdre leur souffle.
Une pièce qui ne vieillit pas et qui sera vous emporter dans des rires aux multiples facettes !
Cette pièce créée en 1982 sous le titre de « Noises Off » en Angleterre et la même année en France sous le titre « En sourdines les sardines » mise en scène par Robert Dhéry, interprétée par l’essence des Branquignols, n’a pas fini de faire rire la planète.
Une pièce représentée depuis 40 ans dans plus de 70 pays pour un cumul aujourd’hui de 14 millions de spectateurs !
J’étais présent à la création de cette pièce au Théâtre des Bouffes Parisiens avec déjà à l’affiche un certain Jean-Luc Moreau qui sévissait sur scène à quatre pattes à la recherche de lentilles…en compagnie entre autres de Colette Brosset, Jacques Legras et Jacques Rosny.
Un souvenir ému qui m’a replongé lors de cette représentation dans le délice des rires à profusion avec cette jeune troupe au cœur vaillant remplie d’énergie à revendre, défendant un texte bec et ongles, se jetant dans la fosse aux lions sans retenues pour le plus grand plaisir des spectateurs, dans une mise en scène des plus périlleuses mais des plus réussies. Rien n’est laissé au hasard, tout est calculé à la seconde près, une machine huilée à la perfection. Les spectateurs ne peuvent pas se rendre compte du travail que cela représente mais comme me l’a fait remarquer Jean-Luc Moreau lors de notre échange : « C’est tant mieux », il a forcément raison, c’est cela la magie du théâtre !
A l’ouverture du rideau nous assistons aux derniers réglages d’une comédie avant sa première programmée dans quelques heures…il fait nuit, les comédiens sont fatigués…
Vous devez bien vous douter que rien ne va, le metteur en scène se désespère, des sardines pointent le bout de leurs nez, voyagent, avant de se faire aplatir pour devenir des soles meunières. Les portes claquent à la vitesse de l’éclair, les entrées et les sorties des comédies se télescopent dans le but d’éviter un contrôle fiscal, bref c’est l’hôtel des courants d’air !
C’est avant tout une comédie de situation en trois actes dont le deuxième voit son décor faire 180 degrés pour nous faire découvrir sa coulisse… : qui n’a pas un jour souhaité voir ce qui se passe de l’autre côté.
Eh bien vous allez être servis, les petites bassesses des comédiens et les histoires de cœur vont venir fleurir ce tourbillon de rires auquel vous allez assister, parsemé d’entrées et de sorties toutes plus rocambolesques les unes que les autres : bref c’est la panique !
Un décor à la hauteur de l’entreprise de Catherine Bluwal, éclairé par Jacques Rouveyrollis sans oublier la profusion d’accessoires de Françoise Henry qui font tourner la tête des comédiens.
L’adaptation de Stéphane Laporte est fidèle à celle gravée dans ma mémoire (je garde en mémoire ses subtiles adaptations de « Tempête en juin et Suite française »). Elle ne s’encombre pas de chemins de traverse, elle va droit au but pour nous faire rire dans la complicité de la mise en scène de Jean-Luc Moreau : un duo exceptionnel gratifié, pour la mise en scène, de la patte d’Anne Poirier-Busson.
Une mayonnaise qui ne retombe pas grâce aux indéniables talents de cette jeunesse composée de Marine Dusehu, Nicolas Carpentier, Sébastien Almar, Elie Addams, Chanaël Meïmoun, Benjamin Gomez, Marion Lahmer, Quentin Laclotte Parmentier et Chick Ortega. Ils jettent à notre figure la jouissance qu’ils ont de nous faire rire dans un marathon endiablé à en perdre leur souffle.
Une pièce qui ne vieillit pas et qui sera vous emporter dans des rires aux multiples facettes !

« L’effet miroir » de Léonore Confino dans une mise en scène de Julien Boisselier sur la scène du Théâtre de l’Œuvre est une fable mordante sur le comportement humain, sa valeur intrinsèque.
Léonore Confino est une auteure qui aime jouer avec les mots, les rencontres.
Je me remémore de ses précédentes pièces « Building et Smoke ring » cet esprit incisif avec sa plume délicieusement acide, vivante et mordante.
Sur le fil du rasoir, elle trouve les mots justes qui vont droit au but pour décrire avec précision nos travers, des mots qui collent avec finesse aux lèvres des comédiens.
Si vous associez cette performance créatrice à la sensibilité de Julien Boisselier qui se libère dans sa mise en scène, vous obtenez un effet miroir audacieux aux reflets malicieux.
A l’ouverture du rideau vous êtes accueillis par une ambiance sonore vingt mille lieues sous les mers de Pierre Tirmont, complétée par cette voix d’enfant qui vous raconte l’histoire d’un petit bigorneau qui a perdu sa coquille…nous découvrons la fable innocente que son auteur Théophile (en manque d’inspiration depuis trop longtemps : le syndrome de la page blanche, du jogging élimé, depuis son succès avec sa « Chambre des amants »), a écrite en retrouvant l’inspiration grâce à l’acquisition d’un miroir du XVIIe. Un miroir aux effets surprenants si l’on ne prend pas garde à mesurer la vision de son intériorité.
De la fiction à la réalité, le jeu préféré de Léonore Confino, il n’y a qu’un pas à franchir dans les reflets de ce miroir qui vous propose une toute autre réalité de votre vie. Chacun y perçoit ce qu’il veut bien y voir. Un défouloir, une mise en abyme qui pourrait bien vous détruire si vous n’êtes pas capables de mesurer l’effet de vos propos. Ne dit-on pas qu’il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler ?
Un effet miroir à regarder en connaissance de cause, sans vouloir rejeter naïvement sur l’autre son inconscient.
Théophile avec son épouse Irène, qui contrairement à lui avec sa profession de contrôleuse de gestion a les pieds sur terre, son frère William et sa belle-sœur Jeanne, évoluent au milieu de petites créatures marines inoffensives comme un oursin qui joue avec une sèche, ou bien encore un poulpe, une crevette, une étoile de mer et autres céphalopodes.
Un conte sous l’innocent titre « L’éveil du plancton » qui va déclencher bien malgré lui un règlement de comptes à O.K. Corral exceptionnellement violent.
L’interprétation qu’ils vont en faire lors d’un symbolique repas de famille va déclencher une tornade de reproches où malheureusement la poésie n’aura plus sa place.
Théophile quant à lui, il ne dit jamais rien pour faire plaisir…alors comprenez ce que vous voulez…
Dans ces conditions L’effet miroir prend tout son sens : la réalité extérieure est le reflet de notre état intérieur.
Dans un décor de Jean Haas, éclairé par Jean-Pascal Pracht : François Vincentelli, le poète à la chevelure décoiffante, Caroline Anglade, la mère de famille à l’amour inconditionnel, Eric Laugérias, le frère bien sous tous rapports et Jeanne Arènes, la belle-sœur au look de la famille Addams sont quatre comédiens, habillés par Sandrine Bernard, qui dans leurs jeux nous captivent de bout en bout, de rebondissement en rebondissement, laissant dans nos pensées des images philosophiques qui méritent approfondissement, servis par une mise en scène de Julien Boisselier, assisté de Clotilde Daniault, très astucieuse, au tempo bien contrôlé, enrichissant les scènes de l’auteure qui se croisent à profusion.
Une fable, un conte, une comédie qu’il faut voir pour se réconcilier avec la Vie !
Léonore Confino est une auteure qui aime jouer avec les mots, les rencontres.
Je me remémore de ses précédentes pièces « Building et Smoke ring » cet esprit incisif avec sa plume délicieusement acide, vivante et mordante.
Sur le fil du rasoir, elle trouve les mots justes qui vont droit au but pour décrire avec précision nos travers, des mots qui collent avec finesse aux lèvres des comédiens.
Si vous associez cette performance créatrice à la sensibilité de Julien Boisselier qui se libère dans sa mise en scène, vous obtenez un effet miroir audacieux aux reflets malicieux.
A l’ouverture du rideau vous êtes accueillis par une ambiance sonore vingt mille lieues sous les mers de Pierre Tirmont, complétée par cette voix d’enfant qui vous raconte l’histoire d’un petit bigorneau qui a perdu sa coquille…nous découvrons la fable innocente que son auteur Théophile (en manque d’inspiration depuis trop longtemps : le syndrome de la page blanche, du jogging élimé, depuis son succès avec sa « Chambre des amants »), a écrite en retrouvant l’inspiration grâce à l’acquisition d’un miroir du XVIIe. Un miroir aux effets surprenants si l’on ne prend pas garde à mesurer la vision de son intériorité.
De la fiction à la réalité, le jeu préféré de Léonore Confino, il n’y a qu’un pas à franchir dans les reflets de ce miroir qui vous propose une toute autre réalité de votre vie. Chacun y perçoit ce qu’il veut bien y voir. Un défouloir, une mise en abyme qui pourrait bien vous détruire si vous n’êtes pas capables de mesurer l’effet de vos propos. Ne dit-on pas qu’il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler ?
Un effet miroir à regarder en connaissance de cause, sans vouloir rejeter naïvement sur l’autre son inconscient.
Théophile avec son épouse Irène, qui contrairement à lui avec sa profession de contrôleuse de gestion a les pieds sur terre, son frère William et sa belle-sœur Jeanne, évoluent au milieu de petites créatures marines inoffensives comme un oursin qui joue avec une sèche, ou bien encore un poulpe, une crevette, une étoile de mer et autres céphalopodes.
Un conte sous l’innocent titre « L’éveil du plancton » qui va déclencher bien malgré lui un règlement de comptes à O.K. Corral exceptionnellement violent.
L’interprétation qu’ils vont en faire lors d’un symbolique repas de famille va déclencher une tornade de reproches où malheureusement la poésie n’aura plus sa place.
Théophile quant à lui, il ne dit jamais rien pour faire plaisir…alors comprenez ce que vous voulez…
Dans ces conditions L’effet miroir prend tout son sens : la réalité extérieure est le reflet de notre état intérieur.
Dans un décor de Jean Haas, éclairé par Jean-Pascal Pracht : François Vincentelli, le poète à la chevelure décoiffante, Caroline Anglade, la mère de famille à l’amour inconditionnel, Eric Laugérias, le frère bien sous tous rapports et Jeanne Arènes, la belle-sœur au look de la famille Addams sont quatre comédiens, habillés par Sandrine Bernard, qui dans leurs jeux nous captivent de bout en bout, de rebondissement en rebondissement, laissant dans nos pensées des images philosophiques qui méritent approfondissement, servis par une mise en scène de Julien Boisselier, assisté de Clotilde Daniault, très astucieuse, au tempo bien contrôlé, enrichissant les scènes de l’auteure qui se croisent à profusion.
Une fable, un conte, une comédie qu’il faut voir pour se réconcilier avec la Vie !

« Un mois à la campagne » d’Ivan Tourgueniev, dans une traduction de Michel Vinaver et une mise en scène de Clément Hervieu-Léger sur la scène du Théâtre Michel Portal de Bayonne dans le cadre de la programmation de la Scène nationale du Sud-Aquitain est une histoire d’amour aux multiples tiroirs sur fond d’une âme russe aux subtiles émotions.
Comme dans « Une des dernières soirées du Carnaval » de Carlo Goldoni, Clément Hervieu-Léger s’est emparé de ce texte brillamment adapté en 2018 par Michel Vinaver pour y apporter sa sensibilité à fleur de peau de metteur en scène dans cette ronde de personnages en quête d’amour dans une lutte des classes sans merci et lucide, prolongée par une vision d’une aristocratie en perte d’éclat.
Un texte écrit au XIXe siècle qui encore aujourd’hui fait les beaux jours de l’actualité.
Que l’on soit jeune ou à l’arrière saison de sa vie, cupidon ne cesse de jeter ses flèches qui atteignent plus ou moins ses cibles avec plus ou moins de bonheur.
Dans une scénographie d’Aurélie Maestre, des praticables aux couleurs chaudes, aux lignes géométriques épurées, mis en valeur par les lumières d’Alban Sauvé, s’emboîtent dans la douceur des rencontres enfiévrées, tels des solos, des pas de deux, qui s’enchaînent au rythme indolent des chassés-croisés amoureux pendant ce mois à la campagne dans un jeu de chamboule tout où les têtes ont bien du mal à rester sur leurs épaules.
Sur un air d’opéra en fond sonore, que l’on doit à Jean-Luc Ristord (mais aussi les tic-tac de la pendule qui résonneront plus tard pour nous signifier le temps qui passe dans ce mois à la campagne), Natalia, la femme du riche propriétaire Arkadi, un mari plus intéressé par la gestion de son patrimoine que de conter fleurette à sa femme, telle une comtesse aux pieds nus s’ennuie en écoutant la lecture de son amant platonique Rakitine, pendant que sa belle-mère joue aux cartes avec la gouvernante.
D’une vivacité étrange l’on comprendra que Natalia fait fi de la lecture pour ne penser qu’à la troublante présence du jeune précepteur au charme indéniable, dont il ne mesure pas la capacité à faire tourner les têtes, Alexeï, engagé récemment pour éduquer son fils Kolia.
Le filet de voix de son amant ne suffit plus à Natalia pour rester vivante, éveillée aux charmes de la campagne insouciante. Tout en étant consciente que l’on fait souffrir celui qu’on aime, elle a besoin de sentir des papillons dans son ventre et dans ses yeux pour exister, vivre dans cette petite aristocratie entretenue par son mari dont ses pensées et ses actes ne peuvent que la pousser vers un danger à l’issue incertaine.
Un précepteur venu de Moscou qui fait tourner également la tête de l’orpheline Véra placée sous la protection de Natalia, une délicate fleur qui ne demande qu’à éclore et qui pourrait bien être une rivale…et qui dit rivale…
Un petit monde aristocratique, dont la comptine « Aux marches du palais » viendra donner un petit souffle d’insouciance, encadré par un médecin, un Talleyrand de province, conscient de ces différences de classe, qui pourrait bien en manipulant cette « cour » bouleverser l’ordre des choses, avec au lointain un cerf-volant annonciateur, sur une brise légère, d’un renouveau.
Un théâtre russe qui a marqué notre époque, un théâtre où les thèmes de la vie sont décrits avec lucidité, pragmatisme, dont on ne se lasse pas d’écouter ses répliques qui font mouche à chaque fois, et dont l’humour et la musicalité, excellemment mis en valeur par Michel Vinaver, viennent souligner la dramaturgie.
Une dramaturgie dont Clément Hervieu-Léger connaît toutes les ficelles et qu’il retranscrit habilement dans la fluidité de sa mise en scène, soulignant l’essentiel, au service d’une troupe, celle de La Compagnie des Petits Champs, qui triomphe pour notre plus grand bonheur dans chacune de ses créations.
Une distribution de plus bel effet, habillée par Caroline de Vivaise, où chaque personnage dans un raffinement de justesse de jeu est mis en lumière par des comédiens qui habitent leurs rôles modestement pour mettre en valeur leurs arguments : Louis Berthélémy, Clémence Boué, Jean-Noël Brouté, Stéphane Facco, Isabelle Gardien, Juliette Léger, Guillaume Ravoire, Mireille Roussel, Daniel San Pedro et Nathan Goldsztejn, nous ont émus, attendris, passionnés, subjugués par leurs charismes, tenus en haleine jusqu’à la dernière note, dernière réplique.
Une très belle soirée qu’il nous a été proposé de vivre dans la douceur d’une atmosphère rafraîchissante d’une campagne aux reflets amoureux.
Comme dans « Une des dernières soirées du Carnaval » de Carlo Goldoni, Clément Hervieu-Léger s’est emparé de ce texte brillamment adapté en 2018 par Michel Vinaver pour y apporter sa sensibilité à fleur de peau de metteur en scène dans cette ronde de personnages en quête d’amour dans une lutte des classes sans merci et lucide, prolongée par une vision d’une aristocratie en perte d’éclat.
Un texte écrit au XIXe siècle qui encore aujourd’hui fait les beaux jours de l’actualité.
Que l’on soit jeune ou à l’arrière saison de sa vie, cupidon ne cesse de jeter ses flèches qui atteignent plus ou moins ses cibles avec plus ou moins de bonheur.
Dans une scénographie d’Aurélie Maestre, des praticables aux couleurs chaudes, aux lignes géométriques épurées, mis en valeur par les lumières d’Alban Sauvé, s’emboîtent dans la douceur des rencontres enfiévrées, tels des solos, des pas de deux, qui s’enchaînent au rythme indolent des chassés-croisés amoureux pendant ce mois à la campagne dans un jeu de chamboule tout où les têtes ont bien du mal à rester sur leurs épaules.
Sur un air d’opéra en fond sonore, que l’on doit à Jean-Luc Ristord (mais aussi les tic-tac de la pendule qui résonneront plus tard pour nous signifier le temps qui passe dans ce mois à la campagne), Natalia, la femme du riche propriétaire Arkadi, un mari plus intéressé par la gestion de son patrimoine que de conter fleurette à sa femme, telle une comtesse aux pieds nus s’ennuie en écoutant la lecture de son amant platonique Rakitine, pendant que sa belle-mère joue aux cartes avec la gouvernante.
D’une vivacité étrange l’on comprendra que Natalia fait fi de la lecture pour ne penser qu’à la troublante présence du jeune précepteur au charme indéniable, dont il ne mesure pas la capacité à faire tourner les têtes, Alexeï, engagé récemment pour éduquer son fils Kolia.
Le filet de voix de son amant ne suffit plus à Natalia pour rester vivante, éveillée aux charmes de la campagne insouciante. Tout en étant consciente que l’on fait souffrir celui qu’on aime, elle a besoin de sentir des papillons dans son ventre et dans ses yeux pour exister, vivre dans cette petite aristocratie entretenue par son mari dont ses pensées et ses actes ne peuvent que la pousser vers un danger à l’issue incertaine.
Un précepteur venu de Moscou qui fait tourner également la tête de l’orpheline Véra placée sous la protection de Natalia, une délicate fleur qui ne demande qu’à éclore et qui pourrait bien être une rivale…et qui dit rivale…
Un petit monde aristocratique, dont la comptine « Aux marches du palais » viendra donner un petit souffle d’insouciance, encadré par un médecin, un Talleyrand de province, conscient de ces différences de classe, qui pourrait bien en manipulant cette « cour » bouleverser l’ordre des choses, avec au lointain un cerf-volant annonciateur, sur une brise légère, d’un renouveau.
Un théâtre russe qui a marqué notre époque, un théâtre où les thèmes de la vie sont décrits avec lucidité, pragmatisme, dont on ne se lasse pas d’écouter ses répliques qui font mouche à chaque fois, et dont l’humour et la musicalité, excellemment mis en valeur par Michel Vinaver, viennent souligner la dramaturgie.
Une dramaturgie dont Clément Hervieu-Léger connaît toutes les ficelles et qu’il retranscrit habilement dans la fluidité de sa mise en scène, soulignant l’essentiel, au service d’une troupe, celle de La Compagnie des Petits Champs, qui triomphe pour notre plus grand bonheur dans chacune de ses créations.
Une distribution de plus bel effet, habillée par Caroline de Vivaise, où chaque personnage dans un raffinement de justesse de jeu est mis en lumière par des comédiens qui habitent leurs rôles modestement pour mettre en valeur leurs arguments : Louis Berthélémy, Clémence Boué, Jean-Noël Brouté, Stéphane Facco, Isabelle Gardien, Juliette Léger, Guillaume Ravoire, Mireille Roussel, Daniel San Pedro et Nathan Goldsztejn, nous ont émus, attendris, passionnés, subjugués par leurs charismes, tenus en haleine jusqu’à la dernière note, dernière réplique.
Une très belle soirée qu’il nous a été proposé de vivre dans la douceur d’une atmosphère rafraîchissante d’une campagne aux reflets amoureux.