- Théâtre contemporain
- Théâtre de Belleville
- Paris 11ème
Soyez vous-même

- Théâtre de Belleville
- 94, rue Faubourg du Temple
- 75011 Paris
- Goncourt (l.11)
Une comédie acide et déjantée où tous les moyens sont bons pour parvenir à être soi-même.
La compétence ne suffit pas ! Pour être engagé par l'étrange directrice de cette entreprise de javel, il faut se mettre à nu, retirer le masque de l'employé idéal et se dévoiler pleinement.
Très vite, l'enjeu professionnel s'étend à des questions existentielles, à la fois loufoques et inquiétantes.
La critique de la rédaction : 6/10. Avis mitigé sur cette pièce.
Bizarroïde, intéressante, elle fait réfléchir sur le monde du travail, sur qui nous sommes. Elle interroge sur l'image propre, lisse que nous voulons renvoyer de nous au risque de nous renier nous-mêmes.
Le costume de Madame ou Monsieur Parfait et cette carapace qui sont de rigueur en entreprise font perdre de la saveur aux relations humaines.
Les qualités de cette pièce qui sont son originalité et son absurdité deviennent à mon sens peu à peu leurs défauts. J'ai trouvé que le texte et la mise en scène allaient dans la surenchère, alors que le message serait passé sans en faire des tonnes, en criant un peu moins.
J'ai beaucoup aimé le jeu et la gestuelle de la candidate alors que la Directrice de la Communication m'a plutôt agacé.
Une pièce qui sort du lot dans le bon puis dans le mauvais sens du terme.
Elle recrute pour le poste de commerciale.
La jeune femme qui se présente, jolie blonde pulpeuse, rieuse, sûre d’elle.
Nous assistons à un étrange entretien d’embauche, la jeune femme fait ce qu’elle peut, (elle a pris un coach pour l’entretien et se sent prête). Mais voilà, hélas pour elle, la Directrice lui demandera de se mettre à nu, de dévoiler son âme, son intériorité, « soyez vous-même » !
Elle n’a rien à faire des diplômes ou de la compétence, elle veut « casser » cette jeune impertinente qui aime la vie et pense être à la hauteur. Questions personnelles, intimes, tout va y passer, jusqu’aux hobbies de la jeune femme (elle aime chanter et danser) ce qui va donner lieu à une scène pour le moins délirante !
Les entretiens d’embauche, qui n’en a pas eu, et parfois, les questions pouvaient sembler incohérentes et bien maintenant après avoir vu la pièce, on est rassurés...
J’ai adoré la mise en scène et la composition magistrale des deux comédiennes.
De cet auteur, j’avais eu un coup de cœur pour « Eugénie », et je ne suis pas déçue par sa nouvelle pièce !
Le texte nous livre des propos saccageurs qui ne peuvent que nous surprendre de leur criante véracité dans cette description des ravages du pouvoir, de ses abus et de ses dégâts, à l'occasion d'un entretien d'embauche pour un poste dans la communication d'une entreprise de javel.
La soumission à un entretien d’embauche, telle qu'elle est montrée ainsi, interroge sur notre rapport au travail, sur la proximité dangereuse de l’espace privé et de l’espace public, sur la confusion entre compétence et performance, entre expertise et créativité, entre conscience professionnelle et engagement personnel.
Rêve ou cauchemar ? Jeu de rôles ou représentation de la vie ? Fable ou pamphlet ? Nous ne sommes pas dupes, il y a de tout cela dans ce réalisme prenant, gênant et troublant où nous pouvons croiser des bribes de nos souvenirs, de nos fantasmes et de nos peurs.
Nous résistons en vain à voir ce qu’il y a de vrai chez cette jeune femme, dans son attente indécente à se livrer tout entière pour son engagement à ce poste. Soumise de la décision, renonçant à sa dignité, elle semble progressivement s’oublier elle-même, sous le joug de la pression cynique et sadique de la directrice. La postulante devenue martyre ira jusqu’à abstraire sa propre personnalité : Plus de sentiment de compétence, plus d’estime de soi, plus d’image de soi. Tout cela est brisé, rompu aux désirs de cette tortionnaire qui ne se voit même plus dans son rôle satanique.
La mise en scène de l’auteur et la direction de jeux rendent crédibles cette incroyable entretien d’embauche, renforçant le réalisme des situations, laissant venir les rires dans les actions ou les répliques qui dépassent le possible entendement. Fin, adroit et bien ficelé, voici du bel ouvrage.
Les comédiennes Éléonore Joncquez et Fannie Outeiro resplendissent. Elles nous cueillent dès le début et ne nous lâchent plus. Elles portent toutes les deux ce texte infernal et déjanté avec une intensité et une sincérité remarquables.
Une pièce étonnante et prenante. Une des belles surprises de la saison.
Le décor minimaliste de la pièce est porté par deux comédiennes d'exception dont les énergies contraires (la folle ingénue prête à tout Fannie Outeiro et la patronne castratrice et sadique Eleonore Joncquez) offrent un spectacle à la fois jubilatoire, cynique et qui fait froid dans le dos sur ce qu'on est amené à être et à faire, tant dans le domaine professionnel que dans nos relations personnelles à l'autre.
Sur le même registre, j'ai préféré la bonne nouvelle de Bégaudeau (qui pourrait en être la suite d'ailleurs), plus rattaché à notre contexte social actuel mais Soyez vous-même reste un très bon moment de théâtre contemporain.
Jusqu’à quel point sommes-nous prêts à aller pour décrocher le métier de nos rêves ? La jeune ingénue pleine de détermination qui postule pour un poste dans la communication n’est pas au bout de ses surprises. Il s’agit ici de pousser l’autre dans ses retranchements. De briser le rituel inévitable d’embellissement lorsqu’on doit faire bonne impression. La directrice se livre ici à une entreprise maïeutique aussi vivifiante que traumatisante. Parvenir à son moi intime à travers une succession de tests humiliants, éprouvants, absurdes (mais finalement pas tant que cela).
L’entreprise de de Bellescize joue la carte des métaphores : le poste à pourvoir est dans la javel, il va falloir se mettre à nu dans tous les sens du terme… Le message est bulldozer mais efficace. L’écriture, acérée et cash, se fait plaisir et ne tergiverse pas vraiment. Deux boules d’énergie s’apprivoisent sur le plateau exigu et se déchaînent. Fannie Outeiro se démarque en ingénue fraiche et volontaire qui va progressivement lâcher prise tandis qu’Éléonore Joncquez. L’interaction entre les deux femmes se veut complice car elles se révèlent jumelles de l’extrême. Si l’envie se fait se sentir d’assister à un coaching éprouvant mais fructueux, vous savez ce qu’il vous reste à faire !