Critiques pour l'événement Soyez vous-même
Sous le prisme d'un entretien d'embauche, Soyez vous-même montre à quel point il peut être dangereux de se connaître, que ce soit pour les autres ou pour soi-même.
Le décor minimaliste de la pièce est porté par deux comédiennes d'exception dont les énergies contraires (la folle ingénue prête à tout Fannie Outeiro et la patronne castratrice et sadique Eleonore Joncquez) offrent un spectacle à la fois jubilatoire, cynique et qui fait froid dans le dos sur ce qu'on est amené à être et à faire, tant dans le domaine professionnel que dans nos relations personnelles à l'autre.
Sur le même registre, j'ai préféré la bonne nouvelle de Bégaudeau (qui pourrait en être la suite d'ailleurs), plus rattaché à notre contexte social actuel mais Soyez vous-même reste un très bon moment de théâtre contemporain.
Le décor minimaliste de la pièce est porté par deux comédiennes d'exception dont les énergies contraires (la folle ingénue prête à tout Fannie Outeiro et la patronne castratrice et sadique Eleonore Joncquez) offrent un spectacle à la fois jubilatoire, cynique et qui fait froid dans le dos sur ce qu'on est amené à être et à faire, tant dans le domaine professionnel que dans nos relations personnelles à l'autre.
Sur le même registre, j'ai préféré la bonne nouvelle de Bégaudeau (qui pourrait en être la suite d'ailleurs), plus rattaché à notre contexte social actuel mais Soyez vous-même reste un très bon moment de théâtre contemporain.
Tout commence par une sorte d’incantation psalmodiée par une étrange bonne femme, toute de noir vêtue. Une sorte d’Olive de Popeye qui aurait soudainement perdu la vue. Bien que totalement aveugle, cette directrice d’une importante entreprise de javel reçoit des candidats en entretien de recrutement.
Très vite, on est dans l’ambiance, car cette dirigeante n’est pas à cours d’arguments lorsqu’il s’agit de vanter les mérites de sa société : « Il n’y a pas de vrai bonheur sans javel », « En plus d’être efficace, la javel est morale »… On a l’impression de se trouver face à un gourou plus qu’à un chef d’entreprise. Et il ne s’agit que de l’intermède. Car à côté de Madame la Directrice, une candidate est en scène, prête à tout (vraiment à tout) pour décrocher le job de ses rêves (« la javel c’est fait pour moi »).
Jusqu’où est-on prêt à aller, à se compromettre, à n’être précisément plus du tout soi-même pour être retenu, sélectionné, choisi, recruté, embauché ? La jeune postulante ira très loin, trop loin, jusqu’à un dénouement qu’on ne dévoilera pas mais qui pourrait (devrait) faire frémir plus d’un recruteur…
La mise en scène de Côme de Bellescize, bien plus épurée que celle de ses précédents spectacles (Amédée, Eugénie…) laisse le champ libre à l’interprétation remarquable des deux comédiennes. Avec tout le talent qu’on lui connait, Eléonore Joncquez campe cette directrice bien plus cabossée par la vie qu’elle n’ose l’avouer (« je me suis lavé les yeux à la javel par amour »). Face à elle, Fannie Outeiro dégage la même dose folle d’énergie, la même puissante audace.
Certaines scènes tellement réussies assurent à elles seules la promotion du spectacle. Eléonore Joncquez swinguant sur un air chantonné par Fannie Outeiro. Fannie Outeiro acceptant de se dévêtir et d’improviser, dans un élan de pudeur, « une danse de la chaise ». Fannie se lançant dans une scène de séduction et amenant Eléonore au paroxysme de l’excitation.
Elles nous font rire, et nous touchent au plus profond, parce qu’elles osent tout. Elles se dévoilent, semblent n’avoir aucune limite dans leur jeu. Pas de doute, sur la scène du Théâtre de Belleville, ces deux-là sont elles-mêmes et c’est tellement réjouissant !
Très vite, on est dans l’ambiance, car cette dirigeante n’est pas à cours d’arguments lorsqu’il s’agit de vanter les mérites de sa société : « Il n’y a pas de vrai bonheur sans javel », « En plus d’être efficace, la javel est morale »… On a l’impression de se trouver face à un gourou plus qu’à un chef d’entreprise. Et il ne s’agit que de l’intermède. Car à côté de Madame la Directrice, une candidate est en scène, prête à tout (vraiment à tout) pour décrocher le job de ses rêves (« la javel c’est fait pour moi »).
Jusqu’où est-on prêt à aller, à se compromettre, à n’être précisément plus du tout soi-même pour être retenu, sélectionné, choisi, recruté, embauché ? La jeune postulante ira très loin, trop loin, jusqu’à un dénouement qu’on ne dévoilera pas mais qui pourrait (devrait) faire frémir plus d’un recruteur…
La mise en scène de Côme de Bellescize, bien plus épurée que celle de ses précédents spectacles (Amédée, Eugénie…) laisse le champ libre à l’interprétation remarquable des deux comédiennes. Avec tout le talent qu’on lui connait, Eléonore Joncquez campe cette directrice bien plus cabossée par la vie qu’elle n’ose l’avouer (« je me suis lavé les yeux à la javel par amour »). Face à elle, Fannie Outeiro dégage la même dose folle d’énergie, la même puissante audace.
Certaines scènes tellement réussies assurent à elles seules la promotion du spectacle. Eléonore Joncquez swinguant sur un air chantonné par Fannie Outeiro. Fannie Outeiro acceptant de se dévêtir et d’improviser, dans un élan de pudeur, « une danse de la chaise ». Fannie se lançant dans une scène de séduction et amenant Eléonore au paroxysme de l’excitation.
Elles nous font rire, et nous touchent au plus profond, parce qu’elles osent tout. Elles se dévoilent, semblent n’avoir aucune limite dans leur jeu. Pas de doute, sur la scène du Théâtre de Belleville, ces deux-là sont elles-mêmes et c’est tellement réjouissant !
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