- Classique
- Espace Cardin
- Paris 8ème
Phèdre, Brigitte Jaques-Wajeman

- Espace Cardin
- 1, avenue Gabriel
- 75008 Paris
Après une exceptionnelle traversée du théâtre de Corneille, Brigitte Jaques-Wajeman met en scène Phèdre, la plus célèbre, la plus mystérieuse tragédie de Racine.
Dans Phèdre, Racine explore l’événement absolu qu’est le surgissement de l’amour. L’amour, monstre naissant, monstre dévorateur ! L’exploration des fantasmes, où l’amour, la haine, la mort ont le même visage, est ici poussée jusqu’aux limites de l’innommable.
Le désir est perçu, par ceux qui l’éprouvent, comme une force étrangère qui subvertit les sujets, les rend méconnaissables à eux-mêmes. Un premier, un unique regard, et, tel un alien, il s’introduit dans les corps, s’en empare et les déchire, comme le monstre qui tuera Hippolyte.
Racine ose montrer la jouissance dans laquelle les corps sont emportés, et qui bouleverse les protagonistes, parce qu’elle est interdite. Un combat inexorable se joue au coeur de la tragédie entre l’ombre et la lumière. Dans ce monde où l’expression des passions est à la fois empêchée et exaltée, l’aveu est d’autant plus terrible à dire.
C’est dans une langue renversante de beauté que Racine écrit cette sublime tragédie du désir.
Bravo encore. Le public ne s'y est pas trompé qui a fait une ovation. Merci à tous et donnez nous encore des classiques comme cela.
Phèdre, pièce de Jean Racine (1677), éponyme de celle éprise d'Hippolyte, le fils de son mari, affiche un amour immoral, et donc impossible. Coupable de ce désir, non réciproque, la malheureuse n'est "ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente" comme l'auteur l'a précisé dans son introduction.
Comment exprimer cette dissonance ? Il fallait pour cela faire confiance à la magnifique Raphaèle Bouchard, à l'allure athlétique, se contorsionnant dans tous les sens. Les yeux perçants, le charisme tranchant et la posture fière, elle parvient à se montrer tant maître de son corps qu’assujettie à ses passions, comme si la douleur enfouie en son profond intérieur s'exprimait dans ses gestes. Elle adopte énergiquement des positions improbables. Il y a quelque chose de très animal et de redoutable. Ce jeu expressif fonctionne à merveille, lui donnant un cachet mystique. Une tragédie respectée de bout en bout par ses divins vers en alexandrins. Elle est sublimée par un décor tout en sable, de la peinture à la chaux au sol noir. Est-ce le désert ? Est-ce des cendres ? Est-ce un temple ? Impossible de le déterminer. Ce ne sont pas les deux formes géométriques qui donnent plus d'indice sur le lieu.
C'est abstrait et harmonieux. Les robes brillent de leur satin et les costumes sont sobres et somptueux : bleu nuit, vert empire, doré ou encore blanc. Cette pièce a l'immense mérite de prouver, qu'avec une telle mise en scène, nous ne pouvons être las des classiques. Un grand merci !
Bref une mise en scène ratée – deux heures d’ennui – dirigée par Brigitte Jacques-Wajeman qui a semble-t-il perdu le feu sacré et qui nous livre une Phèdre bien surgelée…
Phèdre seconde épouse de Thésée roi d’Athènes, brule d’amour enflammé pour Hyppolyte fils de celui-ci et d’une amazone.
La rumeur de la mort de Thésée arrive au palais, Phèdre va en faire l’annonce à Hyppolyte et habitée par sa passion dévorante, elle lui avoue son amour. Hyppolyte est horrifié…
La mise en scène Brigitte Jaques-Wajemen est percutante et donne une grande importance à la gestuelle, les corps souffrent, se contorsionnent, se joignent aux alexandrins pour nous transpercer et nous bouleverser.
La violence, le désir, la folie, l’érotisme, la jalousie de Phèdre nous font frémir.
L’amour, la haine s’entremêlent, nous sommes emportés dans cette tragédie avec force et puissance.
Un décor sobre, un grand mur aux couleurs ocre et chaudes de l’amour sur un sol de cendre, mur qui par un jeu de lumière semble vivre et change de tons au long de cette tragédie pour nous conduire à la froideur de la mort.
Les costumes sont magnifiques, des drapés légers et soyeux bleu sombre pour Phèdre, blanc pour Aricie …
Phèdre : Raphaèle Bouchard nous bouleverse par sa sensualité à fleur de peau et la profondeur de son jeu,
Thésée : Bertrand Suarez-Pazos envahit la scène par sa présence et son charisme, quel régal.
Tous sont talentueux, nous ébranlent et nous atteignent au plus profond de nous-même.
Très grand moment de théâtre.