Critiques pour l'événement Phèdre, Brigitte Jaques-Wajeman
31 janv. 2020
9/10
8
Phèdre et Thésée sont magnifiques, bouleversants. Dommage que les autres comédiens soient un peu (Hyppolyte) ou très (tous les autres) en dessous.
18 janv. 2020
10/10
12
Tout est parfait, comme d’habitude avec Mme Wajeman. Les acteurs ont pris de la bouteille depuis Surena et sont encore meilleurs. Quel bonheur d'écouter la langue de Racine sans le moindre effort! Quelle musique!
Bravo encore. Le public ne s'y est pas trompé qui a fait une ovation. Merci à tous et donnez nous encore des classiques comme cela.
Alors ?
Phèdre, pièce de Jean Racine (1677), éponyme de celle éprise d'Hippolyte, le fils de son mari, affiche un amour immoral, et donc impossible. Coupable de ce désir, non réciproque, la malheureuse n'est "ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente" comme l'auteur l'a précisé dans son introduction.

Comment exprimer cette dissonance ? Il fallait pour cela faire confiance à la magnifique Raphaèle Bouchard, à l'allure athlétique, se contorsionnant dans tous les sens. Les yeux perçants, le charisme tranchant et la posture fière, elle parvient à se montrer tant maître de son corps qu’assujettie à ses passions, comme si la douleur enfouie en son profond intérieur s'exprimait dans ses gestes. Elle adopte énergiquement des positions improbables. Il y a quelque chose de très animal et de redoutable. Ce jeu expressif fonctionne à merveille, lui donnant un cachet mystique. Une tragédie respectée de bout en bout par ses divins vers en alexandrins. Elle est sublimée par un décor tout en sable, de la peinture à la chaux au sol noir. Est-ce le désert ? Est-ce des cendres ? Est-ce un temple ? Impossible de le déterminer. Ce ne sont pas les deux formes géométriques qui donnent plus d'indice sur le lieu.

C'est abstrait et harmonieux. Les robes brillent de leur satin et les costumes sont sobres et somptueux : bleu nuit, vert empire, doré ou encore blanc. Cette pièce a l'immense mérite de prouver, qu'avec une telle mise en scène, nous ne pouvons être las des classiques. Un grand merci !
11 janv. 2020
9/10
7
Phèdre fut une des dernières pièces de Racine créée en 1677 avant qu’il ne se consacre au service de Louis XIV et à la religion. Il s’inspira de la mythologie grecque.
Phèdre seconde épouse de Thésée roi d’Athènes, brule d’amour enflammé pour Hyppolyte fils de celui-ci et d’une amazone.
La rumeur de la mort de Thésée arrive au palais, Phèdre va en faire l’annonce à Hyppolyte et habitée par sa passion dévorante, elle lui avoue son amour. Hyppolyte est horrifié…

La mise en scène Brigitte Jaques-Wajemen est percutante et donne une grande importance à la gestuelle, les corps souffrent, se contorsionnent, se joignent aux alexandrins pour nous transpercer et nous bouleverser.
La violence, le désir, la folie, l’érotisme, la jalousie de Phèdre nous font frémir.
L’amour, la haine s’entremêlent, nous sommes emportés dans cette tragédie avec force et puissance.

Un décor sobre, un grand mur aux couleurs ocre et chaudes de l’amour sur un sol de cendre, mur qui par un jeu de lumière semble vivre et change de tons au long de cette tragédie pour nous conduire à la froideur de la mort.
Les costumes sont magnifiques, des drapés légers et soyeux bleu sombre pour Phèdre, blanc pour Aricie …
Phèdre : Raphaèle Bouchard nous bouleverse par sa sensualité à fleur de peau et la profondeur de son jeu,
Thésée : Bertrand Suarez-Pazos envahit la scène par sa présence et son charisme, quel régal.
Tous sont talentueux, nous ébranlent et nous atteignent au plus profond de nous-même.
Très grand moment de théâtre.