- Théâtre contemporain
- Manufacture des Abbesses
- Paris 18ème
Occident
En occident, tous les jours se ressemblent. Elle, reste à la maison. Lui, sort au Palace, boit et rentre. Parce qu’au Palace, il y a les vrais Français. Mais il y a aussi Mohamed.
Oui mais Mohamed, il n’est pas comme les autres arabes, et surtout pas comme les Yougoslaves.
N’empêche qu’ils sont doués, les Yougoslaves, pas comme les Français. Mais est-ce que ça l’intéresse, Elle? Rien ne l’intéresse plus, et surtout pas Lui, depuis qu’il n’écrit plus, qu’il ne bande plus de la tête.
Seulement, Lui, est bien décidé cette fois à l’affronter, Elle, et à tenter de stopper leur chute dans le néant. Occident est un huis-clos à deux personnages anonymes et universels, un couple, Elle et Lui, s’articulant autour de huit scènes qui sont autant de rounds d’un match de boxe.
Sous la forme d’une farce rythmée, hilarante et trash, cette oeuvre est avant tout une mise en abîme d’un Occident en perte de repères et de sens, qui se referme sur lui-même.
C’est aussi une pièce très politique, l’homme sombre dans un extrémisme bête et un racisme ultra radicalisé et la femme tente de le confronter à ses propres contradictions. Une vision angoissante et funeste des zones sombres que chacun peut avoir chez soi, une perte de repère due à des rencontres corruptrices et des mauvaises circonstances.
La pièce pourrait être uniquement noire et violente mais cela serait sans compter sur la plume incisive et fine de Rémi de Vos. Son texte doux amer est extrêmement précis et efficace. Une écriture horriblement drôle.
Le metteur en scène Laurent Domingos en propose une version particulièrement intelligente et subtile. Insistant sur l’aspect combat de boxe il plante ses personnages au sein d’un véritable ring ménager ; des planches à repasser sorties de leur contexte devenant tables, chaises, ou même armes. L’introduction de séquences audios, extraites du pire de la télévision en matière de bêtise et/ou de politique est une excellente idée. Drôles par leur absurdité ou leur inhumanité elles renforcent parfaitement le propos de la pièce.
Aurelie Cuvelier-Favier et Virgile Daudet les deux comédiens tiennent cette partition avec beaucoup de justesse et de précision.
Une pièce très forte qui ne laissera pas indemne.
Une réussite !