- En tournée
- En tournée dans toute la France
Maligne

- Noémie Caillault
- En tournée dans toute la France
Quand on a 27 ans et qu'on apprend qu'on a une boule de 6 cm dans le sein gauche, forcément on a peur, et puis on se bagarre, et on en pleure, et on en rit...
La vie, quoi !
Ce spectacle n'est pas un spectacle de "cancéreuse". C'est le récit d'une étrange cohabitation : cohabitation de la vie incarnée, exultant, enthousiaste et de la mort qui se tapit. Noémie raconte tout cela, seule en scène, avec ses mots, sa sincérité, sa fragilité. Et ses éclats de rire.
Maligne a été récompensée du Triomphe AuBalcon de la ptite larme (2016).
La critique de la rédaction : 7.8/10. Une pièce difficile, émouvante mais aussi fraîche, optimiste et pleine d'humour.
Seule en scène, Noémie nous emporte avec son récit dès les premières secondes. Nous nous prenons d'empathie pour cette jeune femme qui apprend devant nous qu’elle est atteinte d'un cancer du sein.
Elle raconte très bien son histoire, avec entrain, toujours les mots justes, sans jamais nous ennuyer ou faire retomber l'intensité. Elle alterne les situations dramatiques et les traits d'humour bienvenus, c'est pour nous un vrai ascenseur émotionnel !
Notre héroïne reste positive malgré toutes les épreuves, le circuit épuisant des consultations, de la chimiothérapie. C’est une véritable performance de parler de ce sujet sans instaurer une ambiance plombante ni tomber dans le pathos.
La mise en scène et en lumières, simples et jolies, animent le récit. Très original et réussi de faire parler, grâce à des voix enregistrées, les médecins et la mère du rôle principal dont chaque intervention est à mourir de rire !
Maligne nous a touchés, nous sommes sortis de La Pépinière un peu bousculés.
Débordante de vie. Après trois ans de combat contre cette maladie qui continue de faire peur. Cette maladie dont on se demande trop souvent – façon Stromae : « qui sera sa prochaine victime »? Aujourd’hui, nul ne peut affirmer qu’il n’est pas touché par le cancer. De près ou de loin, il résonne en nous. Comme dit Noémie, « il est devenu universel ».
Face à l’universalité de ce mal du siècle, chacun réagit différemment. Noémie a choisi la scène comme ring de combat. Façon « stand-up », elle retrace les trois années qui viennent de s’écouler. Trois années de chimio, de peurs, de doutes, de bénéfices et d’effets secondaires, de phrases à la con… Elle raconte son parcours de combattante, ses échecs et ses victoires sur la maladie. Elle nous présente les nombreux protagonistes qui l’accompagnent dans cette bataille : les médecins pas toujours psychologues, les amis pas toujours bienveillants, les parents aux réactions souvent déconcertantes, les amoureux plus ou moins courageux…
Entendre parler de cette saleté de maladie pendant une heure trente : l’idée peut faire peur, j’en conviens. Mais Noémie l’aborde de telle sorte que l’on ne se sent à aucun moment dans la position du « spectateur-voyeur ». On est ému mais jamais mal à l’aise, on rit souvent, et surtout on s’attache à cette formidable comédienne qui est en train de naître sous nos yeux. Car le plus incroyable dans ce spectacle, c’est peut-être « la Noémie interprète ». Tellement jeune dans le métier qu’elle compte encore les jours de scène à son actif, à la manière des nouvelles mamans donnant l’âge de leur bébé. On a du mal à la croire, tellement elle est juste dans son jeu. Elle a appris très vite : sans doute l’un des « bénéfices secondaires » de sa maladie !
C'est une pièce subtile entre émotion et humour.
Loin d'être déprimante, c'est plutôt une pièce d'amour à la vie.
A voir sans hésiter.
Noémie a 27 ans et l’insouciance de sa jeunesse avec encore toute la vie devant elle. Pourtant, un banal examen sème le doute et la terrible nouvelle tombe, comme un couperet : elle a un cancer du sein et n’a pas d’autre choix que d’y faire face. Il va falloir se battre, parfois même avec l’énergie du désespoir quand le moral s’évapore dans les épreuves, et c’est ce combat que nous raconte Noémie Caillault, sans pathos, mais avec une justesse scénique inouïe qui, loin d’inspirer notre compassion ou pire notre pitié, qui force notre admiration face à un courage pudique incroyable qui nous rappelle la fragilité permanente de l’existence humaine.
Sur scène, six sièges. Et puis Noémie. Elle est jeune, elle fait du sport, pas d’excès… Elle ne peut donc rien avoir de grave. Et pourtant… Elle nous exprime sa révolte sans se laisser gagner par la tristesse. En s’appuyant sur des voix off, elle nous plonge dans son intimité depuis les examens de précaution jusqu’à sa victoire sur un avenir qui se construit chaque jour et dans lequel il ne faut pas se projeter trop loin pour ne pas profiter pleinement de l’instant présent. Il y a sa mère qui a « la diplomatie d’un dictateur et la délicatesse d’un ours », le corps médical, les amis… Et au milieu de tout ce monde, il y a Noémie, seule face à sa maladie, son combat intime, celui qu’elle doit mener pour rester vivante. Elle apprend à « faire rien, ce qui est bien différent de ne rien faire » mais ne se laisse pas abattre, découvre et apprivoise le mal qui grandit en elle, cette tempête médicale qu’elle doit affronter avant de revenir calmement au port, sans larguer son humour en haute mer, avec une lucidité touchante doublée d’une brise de légèreté comme lorsqu’elle affirme que « trop de maquillage fait de toi une pute, ou un clown ou une pute qui fait le clown ». Alors, il faut continuer d’être soi-même, d’avancer, de positiver, sans rien oublier.
Les épreuves, les doutes, les victoires, les défaites, les maladresses de l’entourage… rien n’est minimisé et tout est mis en lumière grâce à un texte d’une beauté et d’une force que nous nous devons de saluer. Cependant, nous ne passons pas la représentation à pleurer sur la maladie. Non, au contraire, bien que des moments émouvants s’installent en nous jusqu’à nous arracher quelques larmes, ce sont des paroles ou des gestes drôles qui font s’accroître la tendresse. Pour Noémie qui aime que « tout fonctionne normalement », la tumeur se révèlera être maligne mais elle touche au cœur au fur et à mesure qu’elle grandit en son sein avec une pudeur mise en valeur par des touches d’humour et de légèreté. Nous n’en oublions pas pour autant le sujet grave abordé sur le plateau mais l’hymne à la vie s’impose de lui-même.
C’est son histoire que Noémie Caillault écrit et interprète sur scène. Elle a des choses à partager avec nous et la salle ne s’y trompe pas. Nous sommes suspendus à ses lèvres mais jamais ne ressentons l’envie ou le besoin de nous apitoyer sur son sort. Au contraire, Noémie est une battante et elle veut nous prouver qu’il faut toujours garder l’envie de croquer la vie à pleines dents, même dans les épreuves les plus destructrices. L’humanité de son propos nous émeut. Alors on rit, on pleure mais surtout on en ressort en se sentant plus vivants que jamais ! Maligne s’impose dans le paysage théâtral comme la nécessité d’un témoignage urgent d’espoir qu’il faut absolument découvrir et méditer en s’emparant du message qu’il délivre, tout en faisant un doigt d’honneur à la maladie qui ne gagnera pas.
Mais aussi, je lis rarement les dossiers de presse avant, histoire de ne pas être influencée et ... j'ignorais la dimension autobiographique de la pièce. Ce n'est qu'au moment des saluts que j'ai réalisé l'ampleur de ce que la comédienne a réellement enduré, preuve qu'elle est parvenue à faire ce qu'elle annonce : Ce spectacle n’est pas un "spectacle de cancéreuse". C’est le récit d’une étrange cohabitation : cohabitation de la vie incarnée, exultante, enthousiaste et de la mort qui se tapit. Noémie raconte tout cela, seule en scène, avec ses mots, sa sincérité, sa fragilité. Et ses éclats de rire.
Noémie est Maligne à plus d'un titre. Pétillante d'humour, d'une énergie incroyable, doublée d'une spontanéité insensée et d'une humilité exemplaire. Cette avalanche de compliments n'a rien à voir avec sa maladie mais avec son tempérament et son talent. Quand on a l'occasion de discuter avec elle, ses qualités s'imposent avec évidence. J'ai rencontré une grande comédienne, Molière ou pas.
Le décor est d'une simplicité toute fonctionnelle : des chaises de styles très différents devant un rideau noir, libérant ainsi un espace scénique que Noémie occupe largement. On comprendra que chaque siège est le symbole d'un lieu ou d'un personnage du récit. L'aventure commence en décembre 2011. Elle danse et nous prévient qu'elle aime que tout fonctionne normalement.
Mais la vie en décide autrement et le mot cancer est vite lancé. Une palpation de routine révèle une petite boule qu'une échographie devrait classer sans suite. Elle n'a que 27 ans. A cet âge on n'inflige pas des rayons pour rien, même pour une petite radio. On va quand même en faire une et puis ... tout s'enchaine. La jeune femme ironise, tout en prenant les choses courageusement, devant combattre ne premier lieu la crédulité des copines, persuadées de son hypocondrie. Ce n'est pas non plus auprès de sa mère qu'elle sera chouchoutée. Celle qui a développé une diplomatie de dictateur et qui lui parle avec la délicatesse d'un ours considère la situation avec une mauvaise foi qui ne fut sans doute pas drôle à supporter.
Le public en tout cas est autorisé à rire. La description d'une séance de mammographie (très juste) est hilarante. Noémie a vécu tout ce dont elle parle ... inutile d'inventer quand la réalité est si "surréaliste" et pourtant si vraie. On pourrait penser que le spectacle est plombant. Pas du tout.
La mise en scène est alerte. Une vidéo fait revivre en images le moment où il est préférable de couper se cheveux. Là encore le sourire de Noémie éclate comme à la veille d'une bonne blague. Le foulard glissera. La perruque grattera. Elle se préférera chauve et tant pis si on murmure autour d'elle des phrases "à la con".
Noémie a recours à des images très visuelles pour nous faire comprendre la suite des effets secondaires, qu'elle compare à un enchainement de métamorphoses à la Brachetti, artiste considéré virtuose en la matière. Et pour nous faire "bisquer" des bénéfices secondaires comme les taxis gratuits et le passe-file...
On entend des voix ... Jeanne Arenes, Romane Bohringer, François Morel, Olivier Saladin et Dominique Valladié interprètent médecin, radiologue, ou la mère ... en donnant la réplique à ce qui n'est plus un monologue.
La comédienne pousse l'humour jusqu'à décerner des étoiles aux établissements hospitaliers. Elle pointe que le nom donné à l'Hopital Georges Pompidou (décédé d'une forme de cancer hématologique très rare) n'est peut-être pas très heureux, mais elle lui donne 5* pour les beignets au chocolat de la cafétéria. Elle raconte avec émotion avoir été une des dernières patientes de l'Hotel Dieu.
Son metteur en scène, Morgan Perez, en parle avec justesse : Quand j’ai rencontré Noémie, la femme comme l’actrice, j’ai tout de suite été touché et séduit par son humour, sa dérision, sa pudeur, sa sensibilité face à son histoire qui transpirent dans le texte. J’ai voulu une mise en scène au texte qui s'attache à restituer avec simplicité la chronique de sa maladie, la brutalité de son annonce comme la longueur de son vécu et invitant le spectateur à être traversé par cette jeune femme.
Antoine Coutrot, Emmanuel de Dietrich et Caroline Verdu-Sap, qui codirigent le théâtre depuis huit ans ont un regard particulier sur les conditions de création du spectacle. Ils connaissent bien Noémie ... puisque c'est un membre de l'équipe (son nom est encore dans la fiche technique). Ils ont une façon touchante de présenter cette histoire si particulière :
Au commencement était une jeune tourangelle passionnée de théâtre qui quitta son emploi de chargée de clientèle au Crédit Agricole des Pays de la Loire pour "monter faire du théâtre à Paris" ; en l’occurrence, il s’agira des cours de Jean-Laurent Cochet à la Pépinière. Barmaid au café du coin de la rue pour financer son aventure parisienne, elle y fait preuve derrière son zinc d’une telle faconde et d’une telle passion que lorsqu’un poste se libère à la caisse du théâtre, nous le lui proposons avec un enthousiasme qui n’a d’égal que celui avec lequel elle accepte... Et six mois après, patatras : un cancer du sein... Et comme Noémie est d’un naturel partageur, nous tous à la Pépinière (ouvreurs, techniciens, et bien sûr toutes les équipes artistiques qui se succèdent au fil des ans) suivrons au quotidien, et dans le désordre : les examens médicaux, le sentiment d’injustice, la peur, la colère, l’incrédulité, mais aussi les "bénéfices secondaires" comme elle les appelle, les anecdotes, les détails plus ou moins scabreux, les crises de fou rire... Tant et si bien que nous lui suggérons d’en faire "quelque chose", de mobiliser le formidable appétit de vivre qui est le sien pour partager avec le public cette fichue, satanée et détestable aventure, mais aussi cette authentique expérience de vie qu’est un cancer.
Voilà. Vous savez tout. J'insiste sur la qualité de l'écriture, du jeu et du rire, jamais complaisant, interprété par une comédienne avant tout. Je n'ai qu'un mot à vous dire : allez-y. Et qu'une question à Noémie : à quand le prochain spectacle ?