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Noces de sang

Noces de sang
De Federico Garcia Lorca
  • En tournée dans toute la France
Itinéraire
Billets de 19,00 à 32,00
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Le jour de ses noces au beau milieu de la fête, la jeune mariée s'enfuit à cheval avec son ex-fiancé, poussés tous deux par un amour aussi violent que l'acharnement qu'ils ont mis à vouloir l'étouffer.

Le jeune marié se lance à la poursuite des amants... Federico Garcia Lorca transcende un fait divers de l'Andalousie de 1928 pour en faire un chef d'œuvre de poésie, de lyrisme oscillant entre réel et fantastique.

 

Quatre comédiens portent ce souffle d'amour et de liberté à travers le texte de Lorca, la musique, le chant et le tango. Comme un cœur à cœur qui se danse et tente d'emporter l'autre dans une intime fusion, les personnages de Lorca nous entraînent dans une danse intense de la vie.

 

Note rapide
8/10
pour 7 notes et 6 critiques
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Note de 1 à 3
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3 critiques
Note de 4 à 7
43%
3 critiques
Note de 8 à 10
57%
Toutes les critiques
18 avr. 2017
8,5/10
29
Je vais voir des spectacles où parfois le décor est si prégnant qu'on en oublie d'écouter le texte. Ici aucun risque puisque le décor est absent.

Noces de sang est d'une sobriété exemplaire parce qu'elle fonctionne. Du coup la suggestion des lieux et des espaces repose uniquement sur les épaules des comédiens. Ils sont prodigieux dans tous les registres, à commencer par le jeu, mais aussi la danse, le mime et la musique.

C'est une véritable chorégraphie qui est déployée. On s'attendrait à de classiques pas de flamenco, mais non c'est plus élaboré et le coaching de Patrice Meissirel (double champion de France tango scène et salon) est remarquable de justesse. Avec aussi des percussions corporelles qui font surgir des chevaux, le recours à des masques (imaginés et conçus par Erwan Zamor avec l’aide de la plasticienne Jenta Szejnok) pour symboliser la lune et la mort, faire en sorte que 4 comédiens seulement puissent interpréter les 16 personnages de la pièce.

Les costumes sont suspendus au-dessus de la scène pour permettre aux comédiens des changements de personnages à vue sans ralentir l'action.

Noces de sang s'inspire d'un fait divers survenu en 1928, dans un petit village andalou. Le jour de ses noces, au beau milieu de la fête, la tout juste jeune mariée s'enfuit à cheval avec son amant, poussés par un désir aussi violent que l'acharnement qu'ils ont mis à vouloir l'étouffer. Le jeune marié se lance à la poursuite des amants, guidé, sous l'écriture de Lorca, par la Lune et la Mort. Les deux hommes s'entretuent, laissant la jeune mariée seule, tâchée du sang des deux hommes.

La fin de la pièce glisse dans le fantastique avec la fuite des amants en un 
étrange ballet avec la mort, la lune et
 ceux qui les poursuivent.

Federico Garcia Lorca était un artiste complet, virtuose au piano mais aussi bon guitariste. Il peint, dessine, déclame, chante. Et bien sûr, il est poète. En 1931, il crée une forme de théâtre ambulant, La Barraca pour faire découvrir les pièces classiques au peuple, dans les villages les plus reculés des campagnes. Noces de sang, tragédie en 3 actes, a été pour lui dès 1933 un tournant dans son œuvre dramatique et triomphe à Buenos Aires, où l'auteur séjourne plusieurs mois. Il ne la verra jamais jouée en Espagne puisqu'il sera fusillé par des Franquistes, au début de la guerre civile.

La Compagnie La Grue Blanche a adapté et créé Noces de sang au Théâtre de Nesle en Avril 2016, avant de le jouer pour 30 nouvelles dates à la Folie Théâtre, du 9 Février au 16 Avril. La réussite tient à la conjugaison d'un théâtre musical, d'un théâtre d'objets, et d'un spectacle chorégraphique.
15 avr. 2017
9/10
44
Une très belle approche du caractère andalou par Lorca et dont la compagnie de la Grue Blanche a su tirer parti en jouant sur de nombreuses compétences : musique, chant, danse et tragédie se mélangent pour reproduire une ambiance que seul Lorca sait décrire dans ses romans.

Cette pièce, c'est un tourbillon de sentiments qui font rage sous un mutisme apparent ! Comment une jeune mariée peut elle s'enfuir le jour de ses noces avec son premier amour et faire en sorte que le sang ne coule pas... Ce n'est pas possible, tout le monde a quelque chose à perdre et tout le monde y perdra quelque chose.

Et puis il y a la mère du marié, ce personnage central, clé de voute de la cohésion familiale que Lorca met si bien en valeur et qui est interprétée magnifiquement. En fait, les quatre comédiens sont magnifiques, en plus d'être multi compétents et talentueux.

C'est une pièce que je recommande.
1 avr. 2017
9,5/10
23
Noces de sang, c’est l’histoire d’une mère que le sort a privé de son mari, de son fils ainé, qui vit pétrifiée à l’idée de perdre son second fils. C’est l’histoire d’une jeune femme, que son père veut marier pour gagner des terres et des bras. Une jeune femme qui n’a pas oublié son premier amour, mais il n’apportait pas de terres.
C’est une époque, quand des générations successives mères décharnées prévenaient leurs filles des brulures de l’amour. Et, génération après génération, elles se brulaient.
Noces de sang, c’est la vie, la vie c’est l’amour, la violence, la mort. Vida, pasion y muerte.

Noces de sang, c’est un fait divers qui a inspiré Federico Garcia Lorca, c’était au siècle dernier, j’ai connu ces femmes desséchées qui ne tenaient que par leur acidité. C’était hier dans nos contrées, c’est de nos jours, ici et là.
Noces de Sang, c’est un double combat, entre deux femmes, entre deux hommes, deux combats que personne ne gagnera, que tout le monde perdra, il n’y pas de gagnant, pas d’espoir, dans le texte de Garcia Lorca. Un peu d’humour ? parfois, quand on rit pour éviter de grincer.
On entre dans Noces de Sang par la compagnie La Grue Blanche,  par l’affiche, le dessin de Liliana Rago, il y a tout dans ce dessin, la sensualité, l’amour, l’ombre de de la mort qui se profile.
Un beau travail de troupe, 4 acteurs pour une douzaine de rôles, de beaux masques. Un décor épuré, juste quelques accessoires accrochés sur des fils de nylon, pour laisser le plus de place pour la danse.
En intégrant la danse, la musique, La Grue Blanche m’a emmené dans une version animale et sensuelle, une version brute, coup de poing de la pièce de Garcia Lorca.
J’ai été sensible au jeu d’Hélène Hardouin, mère meurtrie et vengeresse, femme ignorée, à sa voix qui s’élève quand elle se met à chanter, surtout, elle transmet tellement d’émotions dans ses intonations.
J’ai été ultra touché par le jeu de Maïko Vuillod, à l’initiative du projet, ce jeu tout en tension que j’avais adoré dans De Lorca au Tango deux semaines auparavant, elle joue, elle danse le tango, elle joue du violon, elle incarne cette fiancée envolée à peine mariée, veuve avant que la nuit de ses noces soit écoulée, elle incarne cette fiancée avec une puissance hypnotisante, elle lui apporte sa passion pour le tango, sa vie avec le violon, peut être le souvenir de… Le jeu de ses yeux est magique, son regard change d’émotion en un unique instant, guettez son regard qui se décompose de photo en photo lors de la séance traditionnelle, vous comprendrez.
Emotions. La pièce est dans l’émotion.
Emotions transmises par la mise en scène, qui fait de la pièce un coup de poing, on prend des émotions à la volée comme un boxeur qui baisse son attention prend une volée de crochets, à droite, à gauche, je suis sorti groggy, chamboulé, touché, chacune avait porté.
Emotions transmises par le tango. La pièce est brute, sauvage, animale, sensuelle. La pièce est une succession de tangos, elle revient aux sources de cette danse, tango, milonga, danses des bordels sur le Rio de La Plata, danse animale et sensuelle, le tango c’est le désir, le désir inassouvi, comme le sont les désirs de chacun des personnages de Noces de Sang, aucun n’obtient ce qu’il désire.
Avec deux grands moments. Deux superbes moments de tension, de force, de combat. Un tango dansé à trois, Maïko Vuillod entre Erwan Zamor son mari légitime, et Romain Sandère, son amour revenu, la femme prise dans l’étau du désir et du devoir. Le combat à mort du mari légitime et de l’amour revenu, la haine est si semblable à l’amour, tension à nouveau qui fige la salle, jusqu’à cet instant où un petit couteau fera son oeuvre.
Et pourtant le monde est grand, chacun y avait sa place.
La salle a remercié la troupe de ce qu’elle lui avait donné par de longs applaudissements nourris et mérités.
26 févr. 2017
7/10
61
Andalousie. Années 30.

Le soleil, la chape de plomb.

Le poids de la tradition, le poids de la religion.
La famille. L'honneur.
Tous ces concepts qui priment tout.

Le Novio, le fiancé, et sa mère, veuve d'un mari et d'un enfant tombés sous les coups d'une famille rivale, ces deux-là discutent âprement.
Lui est ravi : sa Novia, sa fiancée est belle et riche. Le mariage est proche.
Le mère, elle, voit d'un mauvais œil cette union : sa future belle-fille va lui prendre son fils et la laisser seule à la maison.

Tout est prêt pour que le drame éclate.

Le matin du mariage, la promise s'enfuit à cheval avec Leonardo. C'est lui qu'elle aime.
S'ensuit une longue traque.
Le faca-à-face sera inévitable.

La jeune compagnie La grue blanche a choisi de monter cette tragédie du grand écrivain andalou qu'est Fédérico Garcia-Lorca.
Et ce, avec une volonté affirmée de d'axer la pièce sur ce mélange de lyrisme et de fantastique propre à l'écrivain.

Ce parti-pris sied comme un gant à Garcia-Lorca qui connaissait et appréciait les poètes surréalistes de son époque.
Pour ce faire, les quatre comédiens et le metteur en scène ont choisi de mélanger les genres.
Le texte prime, bien entendu, mais on assiste également à un jeu de masques, des moments chantés, des moments musicaux à la clarinette et au violon, et du tango.

Oui, du tango.
Si Garcia-Lorca a puisé la plus grande partie de son inspiration dans la tradition folklorique du flamenco, c'est le tango qu'ont choisi les comédiens pour matérialiser la violence, la tragédie et surtout l'affrontement des deux rivaux.

Pourquoi pas.
Il faut oser, au théâtre, et l'on sent cette volonté de la part de la compagnie de tenter des choses, de se risquer sur des chemins ardus.

Hélène Hardouin, dans le rôle de la mère, illumine la pièce !
Et ce d'une lumière noire, la lumière du drame.

En petite veste sombre évoquant les dentelles d'une mantille, en jupe vaporeuse gris foncé, elle est bouleversante.

Sa rage, ses cris, sa colère et son désespoir sont impressionnants.
Elle est cette figure archétypale, elle incarne véritablement ce personnage de tragédie.
Elle nous assène cette fureur, cette violence, cette rancoeur trop longtemps enfouie.

Hélène Hardouin réussit brillamment, tout comme Cécile Brune, l'an passé au Français dans le rôle de Bernarda Alba, à matérialiser et faire vivre sur scène le personnage central de la dramaturgie de Garcia-Lorca : la Mère !
21 févr. 2017
7/10
29
Federico Garcia Lorca est un dramaturge et poète exigeant. Pour bien l’interpréter, il faut trouver le moyen de « donner corps», d’incarner son univers : c’est l'objectif visé par la compagnie de La Grue Blanche dans « Noces de sang ». A ce fait un parti pris intelligent a été développé: Sur une idée de Maiko Vuillod, Natalie Schaevers a travaillé sur une mise en scène incluant le tango argentin, les chants et la musique aux "Noces de Sang" de Lorca.

Inspiré d’un fait divers, l’intrigue est aussi sordide que simple à résumer : dans l’Espagne de l’entre deux guerres soucieuse des traditions, un jeune couple célèbre ses noces mais la jeune mariée s’enfuit avec son amant pendant la fête. Le fiancé humilié les retrouve et les deux hommes s'entretuent, versant leur sang orgueilleux sur la terre aride de leur aïeux.

Comme dans « La maison de Bernarda Alba », Lorca parle du peuple andalou, de leur fierté, de l’étouffement de cette société rétrograde, de cette Espagne conservatrice qui le fait souffrir. Les vieilles y sont des cerbères (belle prestation d’Hélène Hardouin), les hommes des êtres piégés et impulsifs : personne n’y est heureux. Les masques grimaçant façon comedia dell'arte sont là pour nous le rappeller tout comme les allégories de la Lune et la Mort que Lorca fait entrer dans la ronde tels des elfes du songe d'une nuit d'été. Seul le chant va libérer un peu leurs âmes du labeur et les quatre acteurs accordent leur timbre pour ne former plus qu’un.

Il y a également quelque chose de très charnel et de viscéral chez Lorca qui justifie le tango : c’est cette relation à la pulsion de mort/ pulsion de vie que j’ai retrouvé à travers le tango des deux rivaux, le fiancé et l’homme aimé. Il y avait ce quelque chose de la lutte et de la tension propre au tango qui donne corps au monde de Lorca et ce mélange des arts porte le texte avec finesse.

En définitive, je suis ressortie avec l’envie d’acheter le texte de la pièce et l’envie de revoir le très beau film « Ultimo Tango » (portrait d’un couple légendaire du tango agentin : Juan Carlos Copes et de Maria Nieves Rego). Du théâtre accessible qui crée des liens, jette des ponts entre les arts. C’est très bien !
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Notes détaillées (pour les plus courageux)
Texte
Jeu des acteurs
Rire
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor