- Théâtre contemporain
- Théâtre national de la Colline
- Paris 20ème
Liliom

- Yoann Blanc
- Anna Cervinka
- Romain Dierckx
- Christophe Grégoire
- Christophe Montenez
- Céline Ohrel
- Marie-Christine Orry
- Marie-Ève Perron
- François Prodhomme
- Théâtre national de la Colline
- 15, rue Malte-Brun
- 75020 Paris
- Gambetta (l.3)
“Mais... ça t’est déjà arrivé qu’on te frappe et que tu ne sentes rien ?”
“Je voulais écrire ma pièce avec le mode de pensée d’un pauvre gars qui travaille sur un manège de bois, à la périphérie de la ville”. C’est ainsi que Molnár, dramaturge hongrois qui connut un grand succès entre les deux guerres, parle de Liliom – sa pièce la plus célèbre, dont Fritz Lang fit un film en 1934. Pour Galin Stoev, le monde marginal de la foire est avant tout celui d’une misère sociale, affective, culturelle : à ses anti-héros, Molnár n’a donné qu’un langage rudimentaire qui les enferme.
Quand l’amour naît entre Liliom le forain et Julie la petite bonne, leur relation est violente. Le jour où elle lui annonce sa grossesse, Liliom participe à un braquage qui aboutit à son suicide. La pièce bascule alors...dans l’au-delà : un Ciel aux airs de commissariat où les anges sont des détectives. Liliom pourra redescendre un jour sur terre pour faire “quelque chose de beau”. Mais aura-t-il les moyens de ce rachat ? Galin Stoev, qui a monté Corneille et Marivaux à la Comédie-Française, et à La Colline Danse Delhi de Viripaev, veut raconter la profondeur des personnages de Molnár, et le chemin qu’ils font maladroitement vers leurs émotions, vers leurs sentiments, vers eux-mêmes.
L’avis de la rédaction : Dans ce beau décor de foire établi sur la grande scène du théâtre de la Colline, s’agitent des comédiens déguisés dans toute sorte de costumes. Ils courent d’un bout à l’autre de la salle sans qu’on n’y comprenne rien. Un bordel excentrique. Puis la pièce commence.
Le ton est donné, la pièce sera conceptuelle, l’humour sera barré et il faudra lire entre les lignes car dans le théâtre public, véritable laboratoire pour le théâtre, il faut lire entre les lignes.
Malheureusement, il a parfois été difficile de trouver un sens à ce qu’il se passait sur les planches de la Colline…
Nous avons donc assisté à l’histoire de Liliom, forain, sale type égoïste et violent qui méprise et bat sa femme. Le niveau social très bas des personnages ne permettait pas qu’il y ait des dialogues intéressants, mais cette pauvreté de texte était compensée par une mise en scène complétement barrée et des situations incongrues rigolotes. Nous avons notamment beaucoup ri lorsque Liliom a du se confronter à un véritable interrogatoire face au "jury de l'au-delà" après s'être suicidé.
Au final, nous n’avons pas passé un moment désagréable même si ce n’était vraiment pas la pièce de l’année.
L’ambiance s’avère tendue dans cet univers forain et populaire dans lequel les protagonistes, faute de pouvoir mettre des mots sur leurs émotions, sortent les poings et les revolvers. Au risque de se voir refuser la transcendance divine.
Le metteur en scène bulgare propose une vision noire, presque intériorisée et loin du clinquant attendu de conte halluciné. Une très bonne surprise à admirer à la Colline.
Les personnages sont beaux dans leur misère de petites gens de la banlieue pauvre de Budapest. On rit de bon cœur, mais jaune, par des décalages, ou des situations criantes de vérité... Ces personnages n'ont pas eu de chance et la roue ne tournera pas... J'aime j'aime j'aime ces héros impossibles à fendre le cœur... Courrez-y !!!
Magistral Christophe Grégoire et Sublime Marie-Christine Orry.