- En tournée
- En tournée dans toute la France
Le Professeur Rollin se rebiffe

- François Rollin
- En tournée dans toute la France
Le Professeur Rollin déteste les pitchs, parce qu'il se méfie, et des anglicismes et des raccourcis. Sa dernière conférence ne peut donc être pitchée, sous peine de poursuites. C'est pourquoi.
Note d'intention : Fidèle à sa mission sacrée, le Professeur Rollin répond consciencieusement aux questions qu'on lui pose, et plus consciencieusement encore à celles qu'on ne lui pose pas. Mais les temps changent : ceux qui s'interrogeaient il y a dix ans sur l'accord du participe ou la cuisson du gibier d'eau questionnent désormais le Professeur sur la mondialisation, la question d'identité, la fin du romantisme, les flux migratoires, la bien-pensance ou les logiques de profit.
Ces questions lourdes éclipseront-elles le débat de fond sur le goût - ou l'absence de goût - du paprika ? Cela dépendra des jours, probablement...
La critique de la rédaction : 6.5/10. Ce professeur reçoit des tonnes de courriers de lecteurs lui posant des questions sur divers sujets : le jardinage, le racisme, la chasse à la perdrix, l'amour, la sexualité...
"Je préférerais que mon fils ne soit pas homosexuel, suis-je homophobe ?"
Il prend son métier très au sérieux et répond, argumentation à l'appui, même aux questions les plus farfelues !
François Rollin est drôle. Son humour décalé, absurde est d'une finesse sans pareil. Sa façon de penser tordue nous plait bien. Il dégage en revanche moins de sympathie et de bonne humeur que la génération d'humoristes pour qui il co-écrit (Vincent Dedienne, l’excellent Arnaud Tsamère). Nous avons affaire à un homme qui n'a pas vraiment l'allure du showman mais plutôt celle d'un notable d'une petite bourgade !
Certains passages sont à mourir de rire, comme quand il théorise sur l'échelle de l'injustice. D'autres thèmes, comme la chasse, la mort de Louis XVI, les chants militaires nous donnent l'impression d'écouter non pas un humoriste mais l’un de nos oncles versaillais qui aurait bouffé un clown -avec tout le respect que nous avons pour nos oncles versaillais-. Parfois cela manque un peu de simplicité et on a envie qu'il sorte de son personnage pour donner un brin de folie à son spectacle.
Professeur Rollin, nous avons écrit un article sur le fait que nous n'aimons pas la vulgarité au théâtre, sommes-nous atteints de la maladie de la bien-pensance ?
Son discours sur la bien pensance est intéressant. Il nous donne ses idées sans avoir peur de se prendre un retour de flamme médiatique. Même si nous ne pouvons qu'être d'accord avec lui sur le fond (trop de journalistes justiciers en herbe qui nous dictent quoi penser, nécessité d’accepter que d'autres pensent différemment, des sujets de société comme l'immigration sont tabous à en devenir risibles) il en parle parfois un peu comme au café du commerce.
Nous avons passé un bon moment, grâce à d'excellents passages. Cependant, nous nous attendions à rire davantage.
Dans un décor composé d'un bureau et de deux malles, nous sommes alors accueillis au théâtre pour la conférence du Professeur Rollin qui, tout au long de la représentation, prendra le temps de répondre oralement à des courriers qui lui sont adressés : des questions portant tantôt sur des thématiques des plus banales, tantôt sur des sujets de société, auxquels le Professeur Rollin répondra avec beaucoup d'ingéniosité et de finesse.
Dans ce nouveau spectacle, François Rollin nous fait part de quelques-unes de ses réflexions sur des absurdités et nos comportements dans la société actuelle : il aborde notamment des questions touchant aux thématiques de la tolérance, de l'identité, de la mondialisation et de la standardisation des attitudes qui efface les différences, ou encore l'intérêt des gens pour les mauvaises nouvelles, et bien d'autres...et cela avec un humour absurde et décalé parfaitement maîtrisé.
Voici ici un spectacle brillant, intelligemment et astucieusement écrit et mis en scène, et générateur de joie. Un délicieux moment de rire à L'Européen. Ne manquez pas cette conférence menée par un comédien qui vous surprendra par son originalité !
J'ai découvert un comédien qui sous ses airs sérieux fait rire de bon cœur. Il dit 2 ou 3 vérités en passant, j'aime beaucoup ce genre d'humour.
J'ai vraiment passé un agréable moment à l'Européen lors de la 1ère (le 10 novembre 2016).
Dès le moment où le bouffon sort de son rôle pour devenir tribun, il perd tous ces droits. Il n'est plus protégé et son public non plus. Le rire n'est plus innocent. Il y a opinion, il y a débat, il s'expose à la contradiction, à la critique de fond.
On joue sur les deux tableaux, assis entre deux chaises, c'est inconfortable. Pire, c'est ... déloyal. L'artiste, François Rollin, est un comédien hors pair, il défend un texte riche, intelligent, d'une écriture magistrale, originale, poétique, dans une langue délicieuse, jubilatoire, ludique. Le public écoute, jouit, profite, rit, se laisse faire avec délectation, volupté. Mais quand le bouffon devient tribun, quand il quitte son habit de lumière pour reprendre sa mise d'homme ordinaire et exprimer sa pensée ... ordinaire, nous, le public, gens également ordinaires, nous n'avons pas l'occasion de lui répondre, nous n'avons pas la possibilité d'exprimer, nous aussi, notre opinion.
Le débat est lancé et nous n'avons pas le droit de débattre. Y 'a comme un défaut, une ambiguïté, un malaise.
Ne faut-il pas qu'on l'aime pour lui pardonner ce tout léger, léger... abus ?
Une injustice de niveau 1,5 sur l'échelle de Rollin, mais une injustice quand même.
Et pourtant, on l'aime, inconditionnellement, on l'adore, il est GÉNIAL.
Comme à son habitude et pendant une heure trente notre Professeur national va répondre à des questions existentielles (ou non) tirées du courrier des habitants de Seine-et-Marne. Amour, bêtise, racisme, homosexualité, tous les thèmes sont abordés avec justesse, précision, dérision, et bien évidemment humour.
L’écriture est fine, pleine de second degré et jamais méchante. Un bel exercice d’absurdité et de poésie aussi. Mais de l’absurde qui fait mouche, qui porte à réflexion.
Un spectacle drôle mais en baisse de régime par rapport aux spectacles précédents. Résultat : un beau 7 sur l’échelle de Rollin.
A jardin se trouve un bureau encombré d’une multitude de verres à moitiés remplis (douze verres de téquila selon ses dires), d’une pile de livres et d’une lampe allumée. Côté cour se trouve la brouette avec le courrier. Au centre, en fond de scène, une deuxième brouette pour y déposer les questions auxquelles il a répondu. Au cours de la représentation, il abordera divers sujets comme les ouvrages majeurs sur la perdrix ou plus sérieusement le racisme, l’homosexualité, les quantités, la peinture, la musique, l’identité, la différence, les injustices...
Ce seul en scène est un formidable moment d’humour où François Rollin manie les mots et les idées avec délice, parfois à la limite de l’absurde mais cela fonctionne à merveille. En fil rouge, il nous expose l’anecdote de la biche de Cologne en mars 1957 qui s’est baladée sur un terrain vague. Il va y revenir fréquemment, jusqu’à l’apparition de sa photo en fond de scène, entre deux questions loufoques comme « Professeur Rollin, quel est votre prénom ? » où l’on apprend que Rollin est son patronyme et Professeur son prénom (il n’aurait pas voulu s’appeler John Clafouti) comme un enfant répondrait Maman à la question Comment s’appelle ta maman ? ou « A quelle époque faut-il tailler les rosiers ? » qui se voit attribuer la réponse « au XVIIème siècle ». « Le divorce est-il un péché ? » : lorsqu’il répond que pour le bien-être des enfants, il faudrait que les parents divorcent un par un, cela montre toute l’étendue d’une écriture fine et réfléchie. C’est savoureux d’intelligence avec tant d’humour, de légèreté et d’absurde. Il faut le voir le Professeur fredonner des chants militaires ou le voir défiler sur une musique que de la garde républicaine.
Lorsqu’il envisage de faire l’échelle de Rollin des injustices, nous passons un délicieux moment, à rire des exemples pris. C’est ainsi que s’appeler John Clafouti pourrait définir le niveau 8, juste au-dessus du vigile de l’aéroport qui jette le tube de dentifrice au contrôle car la contenance est supérieure à 125 mL. Les questions absurdes se poursuivent dans un rythme effréné : « J’ai lu dans le journal que tous les trompettistes aiment la pizza sauf certains, est-ce vrai ? » mais aussi des interrogations plus profondes auxquelles nous n’avons pas forcément de réponses convenues. C’est le cas par exemple de « Pourquoi l’amour ça prend tant de place ? » où Rollin nous interpelle sur le grand amour contraint par la mythologie des héros de la littérature du dix-neuvième siècle, une inévitable chimère derrière laquelle nous courons.
Et si nous pouvons rire de tout car nous ne rions pas tous des mêmes choses et avec le même rire, nul doute que la représentation du Professeur Rollin se rebiffe restera un moment sensible, absurde et loufoque où nous prenons plaisir à suivre l’humour décalé d’un homme savant sachant manier la langue française avec doigté et délectation comme un indéniable expert langagier qui mène les mots à la baguette telle l’orchestration millimétrée d’une marche militaire au défilé du 14 juillet.