- Classique
- Théâtre Nanterre-Amandiers
- Nanterre
Idiot parce que nous aurions du nous aimer
- Théâtre Nanterre-Amandiers
- 92000 Nanterre
Le roman de Dostoïevski, qui met en scène l’errance et les erreurs d’un jeune homme a priori privilégié, occupe l’esprit de Vincent Macaigne.
Déjà en 2009, avec son équipe, il donne vie au prince Mychkine, aux amours condamnées de ce personnage hors norme, naïf, inadapté à la sauvagerie d’une société « aux valeurs floues… installée et aristocratique, aux prises avec des changements idéologiques qu’elle ne maîtrise pas », écrit-il alors. C’est toujours ainsi qu’aujourd’hui, dans la rage et la douleur, dans l’ironie et la fureur, il retrouve le prince et son univers. On n’a jamais fini d’explorer le monde dostoïevskien. Et puisque la reconstitution historique s’avère inutile, le théâtre étant là pour faire vivre spectacle et spectateurs dans un même temps, un même présent, on peut se fier à Vincent Macaigne pour tout simplement nous plonger au cœur du désordre et de la passion, dans l’énormité de la folie humaine. Chez lui, qu’il s’agisse de violence, de complicité, de beauté, de rires ou de larmes, le summum est une loi.
Vincent Macaigne renoue avec l’ironie et la fureur du monde dostoïevskien.
La transposition de l'Idiot de Dostoievski est intéressante (on n'assiste qu'à une partie du roman : anniversaire et retour de l'idiot des années plus tard) : la description d'un monde qui bascule-dans le roman du dramaturge russe- fait ici écho à notre société qui semble sombrer. En cela, Macaigne fait mouche. Il a aussi le mérite de faire venir au théâtre un public nouveau, rajeuni. Mais ses excès, ses débordements, ses exagérations en tout genre (dans la rue avant le spectacle, à l'entracte dans le foyer, dans la salle, les comédiens mêlés au public, musique trop forte, acteurs hurlant, mousse, surenchère et étirement des scènes "chocs"...) donnent parfois à ses choix des allures de postures qui polluent un peu la colère et le cri qu'on aurait préféré plus "bruts".