- Théâtre contemporain
- Ateliers Berthier Théâtre de l'Odéon
- Paris 17ème
Fraternité, conte fantastique

- Ateliers Berthier Théâtre de l'Odéon
- 32, boulevard Berthier
- 75017 Paris
- Porte de Clichy ( l.13, RER C)
“Frères humains, qui après nous vivez...”, chantait Villon.
Ce temps commun de la fraternité humaine rythme les projets de Caroline Guiela Nguyen. Dans Saigon, elle en remontait le cours, vers le passé colonial du pays de ses origines.
Dans Fraternité, conte fantastique, elle en sonde l’avenir, avec un récit qui s’étend sur tout le prochain siècle et résonnera en plusieurs langues. Une catastrophe inexplicable a effacé une partie de l’humanité, contraignant ceux qui sont restés à se confronter à l’énigme de cette disparition.
Le temps est hors de ses gonds. Ensemble, les humains font corps pour rendre un sens à l’Histoire – témoignant pour les absents, consolant les présents, préparant la mémoire du prochain siècle. Quel sera l’héritage qu’ils laisseront ?
Rassemblant comme à son habitude professionnels et amateurs venus de différents horizons, Caroline Guiela Nguyen a commencé son enquête en recueillant les traces que l’avenir inscrit d’ores et déjà dans notre présent, afin d’inventer théâtralement un “centre de la mémoire et des larmes”, “lieu empathique” chargé de “penser pour l’homme et par l’homme”. Une image l’a guidée dans ce nouveau travail au long cours : les étoiles de notre ciel sont peut-être déjà éteintes, mais les constellations qu’elles forment “restent lumineuses pour nos rétines d’humains”.
Il n’y a pas très longtemps, dans une galaxie proche.
La nôtre.
Caroline Guiela Nguyen nous embarque dans une sorte de long, très long space-opéra onirique, métaphysique, se voulant à la fois technologique et poétique, qui n’est pas sans rappeler la série « The leftlovers ».
A quels sacrifices seriez-vos prêts à consentir, pour retrouver des être aimés depuis longtemps disparus, à quoi seriez-vous prêts à renoncer pour les revoir, ne serait-ce que quelques secondes ?…
Voici ce que j’ai compris du propos de Melle Guiela Nguyen, dont j’avais adoré ici-même aux Ateliers Berthiers la formidable pièce Saïgon.
Non, je ne suis pas certain d’avoir tout compris cette fois-ci ce que j’ai vu : le message clair du début de la pièce vient s’étioler, dès lors que le temps passe.
L’idée qui consiste à associer les battements des cœurs humains au aux vibrations et mouvements de l’univers, cette idée-là est merveilleuse.
Le cœur de l’homme serait en corrélation avec celui du cosmos. Plus de battements humains, et tout s’arrête.
Certes.
Mais voilà, les bons sentiments parfois un peu naïfs, quelques incohérences et un côté quand même un peu mainstream et politiquement correct viennent brouiller le propos de départ pourtant passionnant.
Ce dont je suis certain, en tout cas, c’est de la magnifique et époustouflante scénographie : ce que nous voyons relève d’une grande beauté et d’une grande recherche formelle.
Plateau représentant plusieurs pièces, espace scénique à la fois gigantesque et resserré, éclairages subtils et délicats, camaïeux de teintes pastels, très belles projections d’images de l’univers, avec nébuleuses, supernovas, ou encore d’images techniques de synthèse représentant des données graphiques et médicales.
C’est vraiment très réussi et très beau.
Sur la scène, nous retrouvons, comme dans Saïgon, une petite troupe mélangeant amateurs et professionnels.
Ne tournons pas autour du pot. Ici, on voit très vite qui est qui.
Que veut nous montrer l’auteure ? Que sur le plateau, c’est l’humanité dans toutes ses différences qui est représentée ?
Peut-être...
Melle Guiela Nguyen est arrivée devant eux avec un scénario.
Elle a laissé ses comédiens imaginer et écrire leur texte.
Et nous de nous rendre compte assez vite que comédien et auteur de théâtre, ce sont souvent deux métiers différents.
Je crois que la pièce gagnerait réellement à bénéficier d’une vraie écriture.
C’est en tout cas un spectacle qui ne manque ni d’ambition ni de beaux moments.