Fidelio

Fidelio
  • Opéra Comique, salle Favart
  • 1 Place Boieldieu
  • 75002 Paris
  • Grands Boulevards (l.8, l.9)
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Fidelio, c’est le pseudonyme masculin qu’adopte la courageuse Leonore afin d’entreprendre une démarche périlleuse : infiltrer, sous le costume d’un gardien, une prison où règne l’arbitraire.

Pour en libérer un détenu qui n’est autre que son époux. Le livret de Fidelio est tiré d'un opéra-comique de Bouilly et Gaveaux, énorme succès parisien de 1798. Inspiré d’un épisode de la Terreur, cet enfant de la Révolution française enthousiasma plusieurs compositeurs. Beethoven en fit une ode à la justice et son testament philosophique.

Moteur du drame, l’amour conjugal (dont Beethoven était privé) s’imposait aussi, au terme d’un siècle galant et à l’aube d’une société édifiée sur le mariage. Beethoven peaufina son opéra pendant dix ans, jusqu’au triomphe de 1814. Comme Mozart, il avait transcendé la forme et le langage du singspiel. Mais surtout, il assignait à l’art lyrique sa véritable mission : publique. Rare à Paris, Fidélio trouve à l’Opéra Comique une salle semblable à celles que connut Beethoven. Avec Siobhan Stagg et Michael Spyres, Raphaël Pichon et Cyril Teste préparent un spectacle brûlant d’intensité musicale et d’actualité politique.

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28 sept. 2021
8,5/10
4
Fidelio, c’est le nom que s’est choisi Léonore pour se faire passer pour un homme afin de pénétrer dans une prison très sécurisée où son mari Don Florestan est retenu arbitrairement car il s’est opposé au gouverneur Pizzaro . Son amour la guide pour prendre tous les risques possibles afin de libérer un innocent qu’elle aime de toutes ses forces. Fidelio c’est surtout un symbole : le combat contre l’injustice.

Pour l’unique opéra composé par Beethoven, on va en voir de toutes les couleurs avec un duo de choc : Raphaël Pichon à la direction musicale et Cyril Teste à la mise en scène. Pourquoi ? Parce que chaque couleur sur scène a un sens. Ainsi le gris lisse et froid symbolise parfaitement l’univers carcéral digne des séries télé américaines (décors très réussis de Valérie Grall), le noir est l’uniforme des gardiens, le violet c’est la tenue des prisonnier et le rouge… est fatal.

Pour cette première, nous avons eu à faire à un dispositif inédit, puisque Siobhan Stagg qui interprète Fidelio était souffrante et ne pouvait pas chanter ce soir là mais elle assurera avec brio le rôle scéniquement pendant que Katherine Broderick a rejoint la production en urgence pour chanter avec talent le rôle de Fidelio depuis la fosse. Pourquoi Siobhan Stagg est elle restée sur scène ? Simplement parce que s’approprier toutes les subtilités de la mise en scène prévue par Cyril Teste eu été trop complexe en moins de 24 heures. Oui car Cyril Teste, qui avait déjà sévit avec Hamlet dans la salle Favart, continue à utiliser un subtile mélange de vidéo live sur scène projeté sur des écrans de la scène et de jeu de mise en scène conférant ainsi un aspect cinématographique très agréable à l’ensemble.

Sept écrans font face au public, ils ne seront pas statiques, ils vont se mouvoir sur scène et nous permettre de visualiser ce qu’il peut se passer dans un autre endroit de la prison (la scène d’introduction est très impressionnante) ou de capter des émotions intenses comme ce gros plan sur les yeux de Siobhan Stagg : magnifique !

Raphaël Pichon dirige tout en fermeté et sensibilité l’orchestre Pygmalion avec le talent qu’on lui connait. La voix de ténor de Michael Spyres est toujours aussi belle. Il faut dire qu’en habitué des lieux, il est parfaitement à l’aise sur le plateau. Le directeur de la prison est interprété par un très bon Albert Dohmen et son jeu est tout en subtilité. L’ignoble gouverneur est joué par la basse Gabor Bretz, il est excellent dans son rôle. Reste Fidelio qui est à la fois joué par Siobhan Stagg et chanté par Katherine Broderick, le défi que représentait ce dispositif a été relevé avec talent par les deux jeunes femmes. Nous sommes sous le charme ! Et il y a un clin d’œil tendresse quand les plus jeunes de la Maitrise Populaire de l’Opera Comique font leur apparition sur scène.

Le pari était risqué mais il est transformé avec succès !
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24 sept. 2021
9,5/10
12
Violet is the new black…

Violet…
La couleur des combinaisons de la prison de haute sécurité dans laquelle est emprisonné tout à fait arbitrairement Don Florestan.

Noire…
La couleur de l’uniforme du gardien Fidelio, qui n’est autre que Leonore, l’épouse déguisée qui est arrivée à la case prison, sans passer par la case départ, mais bien pour délivrer son mari.

Raphaël Pichon à la baguette et Cyril Teste à la mise en scène nous proposent une admirable version de ce seul opéra de Ludwig van Beethoven.
Une version qui à coup sûr fera date !

Fidelio, c’est l’histoire d’une initiation, d’un combat d’une femme qui par amour va prendre tous les risques et surtout affronter une société masculine.

Fidelio, c’est une histoire de prison, certes, mais c’est avant tout un manifeste contre l’arbitraire, contre l’injustice et contre l’absolutisme. Une histoire de résistance pour la liberté.

Beethoven s’est emparé de ces thèmes : au fond, il sait bien qu’en commençant à devenir sourd à 27 ans, ses vies sociale et affective se réduisent comme une peau de chagrin.
En 1803, il découvre une pièce créée six auparavant à Paris : « Léonore ou l’amour conjugal ».
Subjugué, il va s’approprier le sujet pour en tirer cette œuvre lyrique, qui connaîtra de son vivant bien des remaniements.

Cyril Teste poursuit pour notre plus grand bonheur son travail consistant à mêler judicieusement et subtilement arts de la scène, cinéma et vidéo.
C’est un habitué du lieu : on se souvient de son très réussi Hamlet, l’opéra composé par Ambroise Thomas, monté en 2018.

Nous sommes donc dans le gymnase d’un QHS.
Des références visuelles nous sautent aux yeux : la série Prison break, ou bien L’évadé d’Alcatraz, de Don Siegel ou encore Les évadés, de Frank Darabont.

Un univers glacial, aux lumières crues et aux teintes froides au possible.
Le décor de Valérie Grall est très réussi.

Une nouvelle fois, les images filmées seront mélangées à la dramaturgie-plateau.
Dans un format très large, sept écrans nous font face dès le début du spectacle.
Un vrai langage cinématographique composé d’images enregistrées et de prises de vue en direct par un cadreur vient compléter, préciser, interagir avec les chanteurs.

Ce sera notamment le cas lors de l’ouverture.
Nous voyons les mauvais traitements subits par Florestan.
Idem pendant les récitatifs : de très gros plans sur les yeux magnifiques de Siobhan Stagg, ou sur le visage d’Albert Dohmen nous en disent beaucoup.

Dans une espèce de ballet, ces écrans évolueront eux aussi, dans une sorte de chorégraphie numérique et visuelle.
Les images décomposées en autant de morceaux contribuent alors à donner une impression de froideur et de chaos.

Ces projections ne relèvent pas du gadget à la mode. Elles ont toute leur place et apportent beaucoup au spectacle.


Une distribution de très grande qualité, et surtout d’une très grande cohérence va ravir le public.

La soprano australienne Siobhan Stagg va recevoir une ovation immédiatement après son grand air du premier acte.
Aussi à l’aise dans de délicats pianissimi que dans de déchirants et impressionnants forte, elle a conquis hier soir à la salle entière en un rien de temps.

Et puis, elle incarne avec passion et justesse cette femme qui risque tout pour sauver son mari.
On croit tout de suite à son personnage, d’autant que les gros plans évoqués un peu plus haut renforcent parfaitement la dualité force et fragilité.
Mademoiselle Stagg est une très grande Leonore/Fidelio.

(Grâce à une formidable idée de Cyril Teste, la soprano nous démontrera également combien les images filmées peuvent avoir du poids pour dénoncer les injustices. Je n’en dirai pas plus.)

Le ténor Michael Spyres est lui aussi irréprochable.
Ce grand habitué de la salle Favart est un Florestan très émouvant. On a vraiment mal pour son personnage.
Il n’apparaît qu’au second acte, mais sa présence et surtout sa voix captivante au timbre à la fois intense et équilibré ravissent une nouvelle fois la salle entière.

J’ai beaucoup aimé également la prestation d’Albert Dohmen, dans le rôle de Rocco, le directeur-adjoint de la prison.
La baryton lui aussi est on ne peut plus crédible ans un rôle qui connaît une subtile progression psychologique.

Les trios entre ces trois-là sont magnifiques, une merveilleuse pâte sonore m’a procuré bien des frissons !
Le reste de la petite troupe est à l'avenant, avec notamment la soprano Mari Eriksmoen interprétant la brûlante Marcelline, la fille de Rocco, et la basse Gabor Bretz en glacial et sadique Pizzaro, directeur de cet univers carcéral.

A noter la très belle participation des « petits » de la Maîtrise populaire de l’Opéra Comique.

Raphaël Pichon mène à son habitude le chœur et l’orchestre Pygmalion alternant délicatesse et fougue. On sent une réelle connaissance de l’œuvre.
Le travail tout en dentelles durant ces deux heures le prouve.

Une fois le rideau final relevé, c’est un véritable triomphe qui accueille tous les chanteurs.
De longues minutes d’applaudissements s’égrènent, régulièrement ponctuées de sonores « Bravo !!! ».
Quoi de plus normal et logique, après cette passionnante soirée !
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Notes détaillées (pour les plus courageux)
Musique
Talent des artistes
Emotions
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor