- Théâtre contemporain
- Théâtre national de la Colline
- Paris 20ème
Dormir Cent Ans

Mis en scène par Pauline Bureau
8/10
- Théâtre national de la Colline
- 15, rue Malte-Brun
- 75020 Paris
- Gambetta (l.3)
Itinéraire
Billets de 18,00 à 35,00 €
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Aurore a 12 ans. Elle sent que quelque chose change en elle. Jour après jour, elle se prend en photo pour saisir ce qui se transforme. Théo a 13 ans.
Tous les après-midi, il sort de l'école, rentre à la maison et attend seul que son père arrive. Mais, il n'est pas vraiment seul. Il est avec le roi grenouille, le héros de sa BD préférée qu'il est le seul à voir. Aurore se demande ce que cela fait d'embrasser avec la langue. Théo aimerait bien savoir s'il est beau. Elle joue du piano. Il parcourt la ville en skate.
Certaines nuits, ils rêvent. Et dans leurs rêves, ils se rencontrent.
Toutes les critiques
Je l’avais pressenti après Mon Coeur, ça s’était confirmé après Les Bijoux de Pacotille : j’adore le travail de Pauline Bureau. Simples et distinguées, les mises en scène de ces deux spectacles m’avaient touchée au-delà de ce que je pourrais écrire et j’avais alors placé Pauline Bureau quelque part dans mon Panthéon personnel. Seulement voilà, son adaptation de La Bohème de Puccini m’avait laissée de côté. Préférant accuser une musique qui ne m’émouvait pas, j’ai donné une nouvelle chance à Pauline Bureau dans ce conte pour enfant qu’elle a écrit et mis en scène. Une nouvelle fois, à côté.
Je lis rarement la bible avant de découvrir un spectacle. Je ne savais donc pas ce que j’allais voir, d’autant que le titre n’est pas évocateur. J’ai pensé à La belle au bois dormant, mais je n’y étais pas du tout. On suit l’évolution de deux enfants, Aurore et Théodore (ça rime !), respectivement 12 et 13 ans, dans leur vie quotidienne, la relation qu’ils ont avec leur parents mais également avec leurs réactions face à ces sentiments nouveaux qui apparaissent avec l’adolescence : la peur de grandir, le désir, la recherche de soi.
Comme c’est conceptuel, tout ça ! J’ai du mal à croire qu’un enfant se pose les questions qui sont soulevées dans ce spectacle. Moi, enfant, je crains que ça ne m’aurait pas parlé. C’est la vision d’un adulte que l’on observe, et je la comprends bien mieux aujourd’hui que je ne l’aurais comprise alors. Quand l’un des personnages écrit « Il y a une femme qui grandit en moi, je l’attends, elle prend son temps », je me tourne vers les filles assises à côté de moi et j’essaie de traduire leur visage. On se situe quelque part entre incompréhension et désintérêt. Et ennui, aussi, un peu.
Et puis, je suis un peu embêtée par les quelques clichés qui essaiment le spectacle. Le jeune garçon joue aux jeux vidéos à côté de son ami imaginaire tout droit sorti d’une bande-dessinée pendant que la jeune fille se prend en photo sous tous les angles pour essayer de comprendre ce qui change, chez elle. Alors oui, j’entends bien que cela fait en réalité l’objet d’une critique dans le spectacle, mais je n’ai pas été convaincue par la manière dont elle était amenée. Tout d’un coup, alors qu’ils se promènent dans leurs rêves, le garçon désire apprendre à pleurer et la fille apprendre à se défendre. Parce que leurs parents les ont cantonné à des stéréotypes et que ce n’est pas ce qu’ils sentent en eux. L’idée est bonne, mais le propos tombe un peu comme un cheveu sur la soupe.
En réalité, au-delà de cette partition qui ne m’a pas convaincue, le spectacle est d’une beauté froide inhabituelle chez Pauline Bureau. Il manque cruellement d’âme et ressemble bien plus à une succession de « trucs » scénographiques qu’à un ensemble pensé comme tel. Les vidéos projetées sur le décor, les plumes qui recouvrent progressivement la scène, les mouvements simultanés de certains personnages censés provoquer le rire sont finalement assez attendus et conventionnels.
Par contre, je dois reconnaître que les comédiens défendent leurs personnages avec ferveur. Si j’ai été un peu gênée par Murielle Martinelli, j’ai été bluffée par Camille Bernon qui incarne un Théodore plus vrai que nature et, par son interprétation, pose la vraie question du genre. Jusqu’au bout j’ai cru que deux acteurs différents interprétaient Théodore et la mère d’Aurore, alors que tout reposait sur les épaules de la comédienne. Une véritable transformation.
Je lis rarement la bible avant de découvrir un spectacle. Je ne savais donc pas ce que j’allais voir, d’autant que le titre n’est pas évocateur. J’ai pensé à La belle au bois dormant, mais je n’y étais pas du tout. On suit l’évolution de deux enfants, Aurore et Théodore (ça rime !), respectivement 12 et 13 ans, dans leur vie quotidienne, la relation qu’ils ont avec leur parents mais également avec leurs réactions face à ces sentiments nouveaux qui apparaissent avec l’adolescence : la peur de grandir, le désir, la recherche de soi.
Comme c’est conceptuel, tout ça ! J’ai du mal à croire qu’un enfant se pose les questions qui sont soulevées dans ce spectacle. Moi, enfant, je crains que ça ne m’aurait pas parlé. C’est la vision d’un adulte que l’on observe, et je la comprends bien mieux aujourd’hui que je ne l’aurais comprise alors. Quand l’un des personnages écrit « Il y a une femme qui grandit en moi, je l’attends, elle prend son temps », je me tourne vers les filles assises à côté de moi et j’essaie de traduire leur visage. On se situe quelque part entre incompréhension et désintérêt. Et ennui, aussi, un peu.
Et puis, je suis un peu embêtée par les quelques clichés qui essaiment le spectacle. Le jeune garçon joue aux jeux vidéos à côté de son ami imaginaire tout droit sorti d’une bande-dessinée pendant que la jeune fille se prend en photo sous tous les angles pour essayer de comprendre ce qui change, chez elle. Alors oui, j’entends bien que cela fait en réalité l’objet d’une critique dans le spectacle, mais je n’ai pas été convaincue par la manière dont elle était amenée. Tout d’un coup, alors qu’ils se promènent dans leurs rêves, le garçon désire apprendre à pleurer et la fille apprendre à se défendre. Parce que leurs parents les ont cantonné à des stéréotypes et que ce n’est pas ce qu’ils sentent en eux. L’idée est bonne, mais le propos tombe un peu comme un cheveu sur la soupe.
En réalité, au-delà de cette partition qui ne m’a pas convaincue, le spectacle est d’une beauté froide inhabituelle chez Pauline Bureau. Il manque cruellement d’âme et ressemble bien plus à une succession de « trucs » scénographiques qu’à un ensemble pensé comme tel. Les vidéos projetées sur le décor, les plumes qui recouvrent progressivement la scène, les mouvements simultanés de certains personnages censés provoquer le rire sont finalement assez attendus et conventionnels.
Par contre, je dois reconnaître que les comédiens défendent leurs personnages avec ferveur. Si j’ai été un peu gênée par Murielle Martinelli, j’ai été bluffée par Camille Bernon qui incarne un Théodore plus vrai que nature et, par son interprétation, pose la vraie question du genre. Jusqu’au bout j’ai cru que deux acteurs différents interprétaient Théodore et la mère d’Aurore, alors que tout reposait sur les épaules de la comédienne. Une véritable transformation.
Dormir cent ans, ça ne vous rappelle rien ?
Bon sang, mais c'est bien sûr !
La belle au bois dormant, le monde du conte, une princesse qui à 14 ans se pique au rouet, perd son sang et attend un siècle que le Prince charmant la réveille d'un fougueux baiser !
Bettelheim a écrit des choses essentielles sur ce conte, métaphore du passage de l'enfance à l'âge adulte.
Dans un magnifique spectacle qu'elle a écrit et mis en scène, Pauline Bureau, dont j'avais adoré la saison passée la pièce « Les bijoux de pacotille » au Rond-Point, et l'adaptation de « La bohême » de Puccini à l'Opéra Comique, Pauline Bureau nous propose un récit initiatique, un sorte de mise en abyme du rituel de passage de l'enfance à l'adolescence.
Le temps des changements, le temps des bouleversements en tous genres.
Aurore et Téhodore sont ces deux pré-ados.
Elle, elle les sent bien arriver, les bouleversements. Les transformations de son corps, ses parents qui ne la font plus garder par une baby-sitter, sa mère qui rit bêtement à sa demande d'achat d'un soutien-gorge...
« Je ne sais pas qui je suis, et ça me fait peur ! », nous révèle-t-elle...
Lui, il a encore à ses côtés le personnage imaginaire qui a baigné son enfance, un certain roi-crapaud.
En même temps, et c'est l'une des grandes réussites du spectacle, nous allons voir les parents eux-aussi confrontés à leurs propres bouleversements. On ne voit pas ses enfants devenir adolescents sans être un peu (!...) bouleversé...
Ce spectacle, à bien des égards, va relever d'une certaine lenteur, et va faire part de bien des inquiétudes.
A l'image de ce peuvent ressentir ou montrer les ados : de la langueur mais aussi une certaine appréhension du futur incertain, faisant suite à la situation finalement rassurante du monde de l'enfance.
Cette quête de tous les personnages, cette lenteur, cette inquiétude font de cette heure de théâtre un passionnant moment dramaturgique.
Mais il n'y a pas que cela. Il y a le fond, mais la forme est là, également.
Comme pour « la Bohême », de subtiles projections vidéo de photos, de créations graphiques, fixes ou animées viennent donner un cadre étonnant et très beau à cette parabole.
Des mondes réels, des mondes fantasmés, des mondes imaginaires nous sont dévoilés.
Avec un moment onirique, celui d'un rêve qui servira de résolution (au sens donné par Vladimir Propp, dans son ouvrage « La morphologie du conte . Et ce dans uns scène bouleversante, mémorable. J'avais la chair de poule et les larmes aux yeux.
Beaucoup de moyens techniques au service d'un très beau propos.
Quatre formidables comédiens se partagent tous les rôles de la pièce.
Alban Guyon est un roi-crapaud épatant, très rock n'roll ! Il est très drôle. Sa dernière apparition est splendide.
Muriel Martinelli incarne une Aurore toute en fragilité, toute en expectative. En adolescente qui se cherche, qui se questionne, elle est tout à fait crédible et d'une vraie justesse.
Camille Bernon, l'inoubliable interprète de « Change me », d'après Ovide et Benserrade, l'an passé à la Tempête, incarne Théodore. Elle confère à son personnage une vraie dualité, une force, une puissance associées elles aussi à une fragilité certaine.
La comédienne joue également la mère d'Aurore, dans une composition haute en couleurs !
Elle est une nouvelle fois excellente !
Quant à Lionel Codino, il était hier le père de Théo. Un père d'ado plus vrai, ce ne serait pas possible... Sa dernière scène est également bouleversante.
C'est bien simple, cette heure passe trop vite !
C'est un spectacle qui vous transporte, vous embarque, vous ravit, vous étonne, vous fait rêver, vous émeut.
Vous avez des enfants, des pré-ados, des ados, des élèves, comme ceux du Collège Marie-Curie, des Lilas, qui faisaient hier en sorte qu'on entendait les mouches voler ?
Vous n'avez rien de tout cela sous la main ? Qu'à cela ne tienne.
Venez toutes affaires cessantes dormir cent ans, à la Colline.
Ce spectacle, qu'il serait dommage de laisser au seul jeune public, est in-con-tour-na-ble !
Bon sang, mais c'est bien sûr !
La belle au bois dormant, le monde du conte, une princesse qui à 14 ans se pique au rouet, perd son sang et attend un siècle que le Prince charmant la réveille d'un fougueux baiser !
Bettelheim a écrit des choses essentielles sur ce conte, métaphore du passage de l'enfance à l'âge adulte.
Dans un magnifique spectacle qu'elle a écrit et mis en scène, Pauline Bureau, dont j'avais adoré la saison passée la pièce « Les bijoux de pacotille » au Rond-Point, et l'adaptation de « La bohême » de Puccini à l'Opéra Comique, Pauline Bureau nous propose un récit initiatique, un sorte de mise en abyme du rituel de passage de l'enfance à l'adolescence.
Le temps des changements, le temps des bouleversements en tous genres.
Aurore et Téhodore sont ces deux pré-ados.
Elle, elle les sent bien arriver, les bouleversements. Les transformations de son corps, ses parents qui ne la font plus garder par une baby-sitter, sa mère qui rit bêtement à sa demande d'achat d'un soutien-gorge...
« Je ne sais pas qui je suis, et ça me fait peur ! », nous révèle-t-elle...
Lui, il a encore à ses côtés le personnage imaginaire qui a baigné son enfance, un certain roi-crapaud.
En même temps, et c'est l'une des grandes réussites du spectacle, nous allons voir les parents eux-aussi confrontés à leurs propres bouleversements. On ne voit pas ses enfants devenir adolescents sans être un peu (!...) bouleversé...
Ce spectacle, à bien des égards, va relever d'une certaine lenteur, et va faire part de bien des inquiétudes.
A l'image de ce peuvent ressentir ou montrer les ados : de la langueur mais aussi une certaine appréhension du futur incertain, faisant suite à la situation finalement rassurante du monde de l'enfance.
Cette quête de tous les personnages, cette lenteur, cette inquiétude font de cette heure de théâtre un passionnant moment dramaturgique.
Mais il n'y a pas que cela. Il y a le fond, mais la forme est là, également.
Comme pour « la Bohême », de subtiles projections vidéo de photos, de créations graphiques, fixes ou animées viennent donner un cadre étonnant et très beau à cette parabole.
Des mondes réels, des mondes fantasmés, des mondes imaginaires nous sont dévoilés.
Avec un moment onirique, celui d'un rêve qui servira de résolution (au sens donné par Vladimir Propp, dans son ouvrage « La morphologie du conte . Et ce dans uns scène bouleversante, mémorable. J'avais la chair de poule et les larmes aux yeux.
Beaucoup de moyens techniques au service d'un très beau propos.
Quatre formidables comédiens se partagent tous les rôles de la pièce.
Alban Guyon est un roi-crapaud épatant, très rock n'roll ! Il est très drôle. Sa dernière apparition est splendide.
Muriel Martinelli incarne une Aurore toute en fragilité, toute en expectative. En adolescente qui se cherche, qui se questionne, elle est tout à fait crédible et d'une vraie justesse.
Camille Bernon, l'inoubliable interprète de « Change me », d'après Ovide et Benserrade, l'an passé à la Tempête, incarne Théodore. Elle confère à son personnage une vraie dualité, une force, une puissance associées elles aussi à une fragilité certaine.
La comédienne joue également la mère d'Aurore, dans une composition haute en couleurs !
Elle est une nouvelle fois excellente !
Quant à Lionel Codino, il était hier le père de Théo. Un père d'ado plus vrai, ce ne serait pas possible... Sa dernière scène est également bouleversante.
C'est bien simple, cette heure passe trop vite !
C'est un spectacle qui vous transporte, vous embarque, vous ravit, vous étonne, vous fait rêver, vous émeut.
Vous avez des enfants, des pré-ados, des ados, des élèves, comme ceux du Collège Marie-Curie, des Lilas, qui faisaient hier en sorte qu'on entendait les mouches voler ?
Vous n'avez rien de tout cela sous la main ? Qu'à cela ne tienne.
Venez toutes affaires cessantes dormir cent ans, à la Colline.
Ce spectacle, qu'il serait dommage de laisser au seul jeune public, est in-con-tour-na-ble !
Il y a des livres dits de littérature jeunesse qui sont tout à fait susceptibles d'apporter un plaisir de lecture à des adultes.
Il y a aussi des spectacles qui sont dans cette veine. Dormir cent ans est tout simplement superbe, intelligent, d'une maitrise que je n'ai pas peur de qualifier d'exceptionnelle.
C'est un spectacle que je verrais volontiers plusieurs fois et qu'il serait dommage de restreindre à un public d'enfants.
Pauline Bureau, dont j'avais vu à la Tempête il y a deux ans la Meilleure part des hommes signe là un travail extrêmement abouti.
Aurore à 12 ans. Elle sent que quelque chose change en elle. Jour après jour, elle se prend en photo pour saisir ce qui se transforme. Théo à 13 ans. Tous les après-midi, il sort de l’école, rentre à la maison et attend seul que son père arrive. Mais, il n’est pas vraiment seul. Il est avec le roi grenouille, le héros de sa BD préférée qu’il est le seul à voir. Aurore se demande ce que cela fait d’embrasser avec la langue. Théo aimerait bien savoir s’il est beau. Elle joue du piano. Il parcourt la ville en skate. Certaines nuits, ils rêvent. Et dans leurs rêves, ils se rencontrent.
Vous croyez savoir l'essentiel mais il vous manque la dimension magique. Une petite fille perdue en forêt compte ses pas, s'installe au piano et chante sa peur du silence. Plus tard elle rencontrera un tigre avec qui elle va apprendre à se battre, à rugir, bref à faire tout ce que les tigres apprennent à leur fille.
Un garçon exprime lui aussi ses doutes : être tout seul quand les autres sont ensemble, ça me fait honte. Il semble passif mais cet état n'empêche pas que des choses arrivent malgré tout. Et c'est sous un saule qu'il va grandir.
Vous verrez un réfrigérateur dont la porte symbolise le passage dans un monde imaginaire, fait de rêve et de cauchemar, dans lequel les personnages évolueront avant de faire le chemin inverse pour revenir dans la réalité ... mais transformés.
Pauline Bureau traduit avec beaucoup de justesse le mal de vivre des ados et comment une histoire d'amour peut commencer entre deux êtres qui se rencontrent sans être un remake à l'identique de la Belle au bois dormant (qui est son histoire préférée).
Toutes les musiques et les chansons sont des créations originales de Vincent Hulot, sauf Because the night que Patti Smith chantait en 1978, qui s'accorde parfaitement avec le coté rock qui imprègne le spectacle.
Trois videoprojecteurs sont employés pour sculpter l'espace et le résultat est enchanteur.
Pour réaliser les scènes avec le tigre Yves Kuperberg s'est inspiré d'un jouet de son fils. Il a dessiné les images qui sont projetées en guise de décor. Il en résulte un monde qui se trouve à la croisée entre une bande dessinée, un album et un espace en trois dimensions. L'espace est extrêmement délimité et pourtant il autorise toutes les projections personnelles auxquelles le spectateur peut se livrer en fonction de ses connaissances. On pourra par exemple penser à l'album d'Anthony Browne, Dans la forêt profonde. D'autres songeront à Alice au pays des merveilles. Et ce ne sont pas les livres où il est question de grenouilles qui manquent.
Dormir cent ans est un spectacle radicalement différent de ce qu'on a vu jusqu'à présent. Il y aura un avant. Il y aura un après. Une chose est certaine : il ne laissera personne indifférent.
Il y a aussi des spectacles qui sont dans cette veine. Dormir cent ans est tout simplement superbe, intelligent, d'une maitrise que je n'ai pas peur de qualifier d'exceptionnelle.
C'est un spectacle que je verrais volontiers plusieurs fois et qu'il serait dommage de restreindre à un public d'enfants.
Pauline Bureau, dont j'avais vu à la Tempête il y a deux ans la Meilleure part des hommes signe là un travail extrêmement abouti.
Aurore à 12 ans. Elle sent que quelque chose change en elle. Jour après jour, elle se prend en photo pour saisir ce qui se transforme. Théo à 13 ans. Tous les après-midi, il sort de l’école, rentre à la maison et attend seul que son père arrive. Mais, il n’est pas vraiment seul. Il est avec le roi grenouille, le héros de sa BD préférée qu’il est le seul à voir. Aurore se demande ce que cela fait d’embrasser avec la langue. Théo aimerait bien savoir s’il est beau. Elle joue du piano. Il parcourt la ville en skate. Certaines nuits, ils rêvent. Et dans leurs rêves, ils se rencontrent.
Vous croyez savoir l'essentiel mais il vous manque la dimension magique. Une petite fille perdue en forêt compte ses pas, s'installe au piano et chante sa peur du silence. Plus tard elle rencontrera un tigre avec qui elle va apprendre à se battre, à rugir, bref à faire tout ce que les tigres apprennent à leur fille.
Un garçon exprime lui aussi ses doutes : être tout seul quand les autres sont ensemble, ça me fait honte. Il semble passif mais cet état n'empêche pas que des choses arrivent malgré tout. Et c'est sous un saule qu'il va grandir.
Vous verrez un réfrigérateur dont la porte symbolise le passage dans un monde imaginaire, fait de rêve et de cauchemar, dans lequel les personnages évolueront avant de faire le chemin inverse pour revenir dans la réalité ... mais transformés.
Pauline Bureau traduit avec beaucoup de justesse le mal de vivre des ados et comment une histoire d'amour peut commencer entre deux êtres qui se rencontrent sans être un remake à l'identique de la Belle au bois dormant (qui est son histoire préférée).
Toutes les musiques et les chansons sont des créations originales de Vincent Hulot, sauf Because the night que Patti Smith chantait en 1978, qui s'accorde parfaitement avec le coté rock qui imprègne le spectacle.
Trois videoprojecteurs sont employés pour sculpter l'espace et le résultat est enchanteur.
Pour réaliser les scènes avec le tigre Yves Kuperberg s'est inspiré d'un jouet de son fils. Il a dessiné les images qui sont projetées en guise de décor. Il en résulte un monde qui se trouve à la croisée entre une bande dessinée, un album et un espace en trois dimensions. L'espace est extrêmement délimité et pourtant il autorise toutes les projections personnelles auxquelles le spectateur peut se livrer en fonction de ses connaissances. On pourra par exemple penser à l'album d'Anthony Browne, Dans la forêt profonde. D'autres songeront à Alice au pays des merveilles. Et ce ne sont pas les livres où il est question de grenouilles qui manquent.
Dormir cent ans est un spectacle radicalement différent de ce qu'on a vu jusqu'à présent. Il y aura un avant. Il y aura un après. Une chose est certaine : il ne laissera personne indifférent.
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