Débris

Débris
  • Théâtre de la Reine Blanche
  • 2bis, Passage Ruelle
  • 75018 Paris
  • La Chapelle (l.2)
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Une sœur et un frère fantasment le récit de leur enfance en mêlant cauchemar et réalité, humour noir et jeu de rôles.

«Débris» est le nom que Michael, le frère, a donné au bébé qu’il a trouvé quand ils étaient adolescents et grâce à qui il découvre l’amour qu’on peut donner à un enfant.

C’est aussi avec les débris de leur passé que ces deux enfants-devenus-adultes recomposent une histoire aux multiples facettes.

 

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31 janv. 2022
9/10
5
Faites des mômes, tiens !…

Bienvenue dans la chambre de Michelle et Michaël. Un endroit où souvent, on peut jouer à « on dirait qu’on serait un tel, on dirait qu’on jouerait ça"… Souvent, mais pas toujours...

Michelle et Michaël. Deux frère et sœur.

Qui se plantent devant nous. Pour dire, pour raconter…
Même s’ils ne sont pas d’accord sur le contenu de leur histoire, sur le comment la raconter, même s’ils se chamaillent, même s’ils se donnent quelques coups plus ou moins discrets.

Il était une pas si belle fois que ça…

Une histoire d’enfance.
D’enfances. Réelles et/ou fantasmées. A nous de faire le tri.

Dans cette pièce écrite en 2003 et créée à Londres au Théatre 503, Dennis Kelly nous invite à réfléchir sur la maternité, la filiation au sein d’un environnement social où la misère et la violence sont le lot quotidien des habitants en général, et des enfants en particulier.

De son écriture au scalpel trempé dans le plus corrosif des vitriols, l’auteur britannique va nous asséner un véritable coup de poing dramaturgique.

Il nous embarque en effet dans des enfances fantasmées, mêlant réalité la plus sordide et l’imaginaire le plus exacerbé.

Michelle et Michaël vont nous dire leur vision de leur enfance, une image idyllique confrontée et mise en abyme avec ce qu’ils ont vécu, ces traumas générés par la situation sociale ambiante.

Nous sont posées des questions fondamentales, grâce à une plume acide trempée dotée d’un humour à la fois féroce et noir : faire des enfants, d’accord, mais pourquoi, comment ?

Pourquoi naître, que faire d’une enfance dans un environnement dramatique ?


Au fond, ce bébé que va trouver Michaël dans une poubelle, et qu’il va prénommer Débris, c’est bien le symbole de cette enfance-là, de cette filiation non désirée.

A nous de démêler ce que nous allons voir et entendre.

Une chambre d’enfants, donc.

Un plateau entouré d’un tas d’objets, de jouets plus ou moins brisés.

Julien Kosselek et Viktoria Kozlova, comme à leur habitude, se sont emparés de ce texte à bras le corps.
(On se souvient ici des deux précédentes et formidables réussites de la compagnie Estrarre, un Macbeth « féminin » très réussi, et puissant Un dragon d’or de l’auteur allemand Roland Schimmelpfenning.

Ici, tout l’enjeu consistait à traduire sur scène cette écriture acérée !

Durant une heure et cinq minutes, j’ai eu l’épatant sentiment de me retrouver dans l’un des films de Danny Boyle, un autre britannique.

Oui, il y a du Trainspotting dans cette mise en scène.

Quelque chose de viscéral, une impression à la fois drôle et oppressante, fulgurante et délicate en même temps.

Les deux comédiens sont parfaitement parvenus à transposer le texte (écrit, par définition) pour en faire une sorte de fresque orale tragi-comique, à la fois fortement ancrée dans le réel et dans un fantasmatique univers.

Les deux sont totalement convaincants à imbriquer ces deux mondes.

Il y a quelque chose de l’urgence, du nécessaire à nous raconter tout ci.

On retrouve évidemment ici tout le travail mené par Julien Kosselek en matière de positionnement face aux spectateurs, sans filtre et dans détour.

Dire un texte, exprimer une parole, et ce, sans concession.

A cet égard, leur façon de jouer dans les deux premières scènes la mort fantasmée des deux géniteurs, cette façon est à la fois très subtile, très rentre-dedans et très drôle, il faut bien le dire également…

Je vous laisse bien entendu découvrir par vous-mêmes de quoi il retourne, mais ce que nous recevons pose d’emblée l’exacerbation des passions qui va régner dans le spectacle.

Une sacrée énergie va régner tout au long de ces soixante-cinq minutes.

Les deux comédien et comédienne ne ménagent vraiment pas leur peine.

Ils incarnent à eux deux tous les personnages plus hallucinés les uns que les autres : le père, la mère, «Onclhenry » ou encore Mister Smart-and-Smile.

Des projections de souvenirs d’enfance, un peu comme une séance de diapositives renforce le côté « fantasme » de tout ceci.

Dans ces moments, la poésie n’est jamais absente.

Les deux s’occupent également du côté technique de la dramaturgie : ils ont installé à cour une petite régie, pour lancer les images, les lumières ou bien encore les innombrables tubes anglais des années 80/90.

La musique tient en effet un grand rôle dans ce spectacle.

Ayana Fuentes Uno a composé pour le versant musical plus « noir » de l’entreprise artistique, des nappes de cordes synthétiques formant des pièces graves et sombres.

Ainsi donc, ce spectacle est de ceux qui interpellent vraiment.

On sort de la Reine blanche avec le sentiment d’avoir été confronté à une terrible réalité sociale grâce à une appropriation très aboutie et une mise en scène totalement réussies d’un texte très fort.

C’est un passionnant moment de théâtre, l’un de ceux qui vous secouent et dont on ne ressort pas indemnes.
26 janv. 2022
9,5/10
3
... Une succulente et ardente croisée des chemins avec l’univers de Dennis Kelly qui vaut un détour incontestable et nécessaire, pour le temps de ce temps, afin de ne pas s’engluer dans la pensée correcte et le bien-léché convenable. Avis aux amateurs dont je suis, de cet opus du théâtre « in yer face » : courez-y ! ...
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Texte
Jeu des acteurs
Emotions
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor