Criminel

Criminel
De Yann Reuzeau
Mis en scène par Yann Reuzeau
  • Manufacture des Abbesses
  • 7, rue Véron
  • 75018 Paris
  • Blanche (l.2)
Itinéraire
Billets de 15,00 à 35,00
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Que Boris tue son père, c’était presque inéluctable. Mais que Camille, sa sœur adorée, frôle la mort cette même nuit, cela restera difficilement compréhensible.

La justice a frappé, quinze ans ont passé, mais les hommes, eux, s’interrogent, se révoltent, se heurtent, encore et encore, sur ces quelques minutes qui ont tout changé.

Et que faire du reste, les crimes invisibles, les silences et promesses rompues qui pèsent parfois terriblement lourd ? 

 

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Un coup de poing que ce spectacle, touchant au corps et au cœur, charriant le trouble parmi nos valeurs et nos espérances. Un spectacle dru d’une forte densité ; un texte tout en tension à la qualité d’écriture précise et fournie ; une interprétation remarquable qui expose avec justesse et conviction la violence de quatre personnages en doute.

Un spectacle nous laissant groggy, livrés à nos réflexions sur la justice des humains, les méandres de la mémoire et de ses combats ravageurs avec l’oubli, les impossibles renoncements de la haine face au pardon.

Boris a tué son père, sa sœur Camille est retrouvée blessée à ses côtés. Qui a fait quoi ? Pourquoi ? De quelles douleurs cette fratrie si proche cherche-t-elle à se protéger dans le déni ? Et ce procès, combien de doutes a-t-il semé, de revanches et de soumissions au silence ? Et ensuite, que reste-t-il de la vie gâchée chez la sœur, le meilleur ami et l’ex amante, trois êtres qui ont compté pour Boris et réciproquement ? Leur sera-t-il possible d’enfouir le passé sans qu’il ne ressurgisse ? Pourront-ils renouer les liens passionnels d’autrefois ?

Quatre personnages en quête de vérité, confrontés au doute permanent sur ce qui s’est passé et à celui de leur pardon. Quatre êtres hésitant à entreprendre une résilience des peurs et des blessures anciennes, dissimulées pour survivre. Un tourbillon infernal : Oubli ou remord ? Culpabilité ou revanche ? Tenter de comprendre pour ne plus souffrir…

Yann Reuzeau écrit là une représentation ciselée et implacable de la réalité des sentiments de révolte ou de soumission devant la maltraitance de l’enfant et de la femme, de celui ou celle qui ne veut ou ne peut pas admettre les faits tant ce qu’ils transportent peuvent contenir d’insoutenable. Tant l’espoir est vain d’oublier ces souffrances, la peur de l’abandon qui les accompagne et la faiblesse de vaincre qui empêche. Un texte complexe dans une dramaturgie fluide et travaillée par de nombreux plans de récit qui s’enchevêtrent et se répondent. La scénographie très adroite de Goury accentue l’impression de spirale vertigineuse par laquelle les situations nous sont livrées, comme un manège où tournent sans arrêt le présent et le passé.

Les quatre comédiens Frédéric Andrau, Morgan Perez, Blanche Veisberg et Sophie Vonlanthen subjuguent par l’engagement vibrant de leurs jeux. Une sincérité d'une crédibilité époustouflante. Une sensibilité entière et convaincante. Un très beau travail d’interprétation.

Je recommande vivement ce temps de théâtre mémorable, riche et bouleversant, pour son intensité et pour la qualité de son interprétation.
7,5/10
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S'inspirant de différents faits divers et notamment de l'affaire Jacqueline Sauvage et de celle de Bertrand Cantat, Yann Reuzeau s'interroge sur la justice, sur la culpabilité, et sur l'impact sur l'entourage du coupable ou présumé coupable. Un thriller psychologique qui parle de crime, de justice mais aussi d'amour. Passionnant.

Boris a tué son père. Il a avoué. Rien ne laisse croire le contraire. Il vient de purger sa peine de 15 ans de prison. La fin de la sérénité pour Xavier et Camille. Car il reste une donnée inconnue sur ce qui s'est passé : pourquoi Camille a-t-elle frôlé la mort ce soir-là ? La sortie de prison de Boris va confronter son entourage à ses interrogations, ses doutes, ses fragilités, ses certitudes, ses mensonges, ses trahisons, ses arrangements avec la vérité.

Ils sont trois dans l'entourage de Boris à voir leur vie à nouveau bouleversée. Il y a Camille, sa sœur. Elle a été témoin de la violence du père vis-à-vis de son frère sans en avoir elle-même été victime. Mais contrairement à son frère elle n'a jamais voulu rompre la relation avec leur géniteur, n'a jamais voulu condamner cet homme, jusqu'à ce que Boris ne commette l'irréparable.Une délivrance ? 15 ans plus tard elle est une heureuse mère de famille. Elle est passée à autre chose. Xavier, son mari et ex-meilleur ami de Boris, ne comprend pas. Lui a besoin de savoir. Il craint que cette violence ne soit héréditaire et que sa fille ne soit marquée de cette malédiction. Quant à Marion l'ex-compagne de Boris, elle a des raisons de ne pas vouloir être à nouveau face à lui.

LE RAPPORT DES INDIVIDUS A LA JUSTICE

Ce qui intéresse Yann Reuzeau ce n'est pas tant la quête de la vérité sur le crime que l'impact de cette nuit fatale sur les vies des différents protagonistes, comprendre le pourquoi de leurs actes et de leurs paroles au moment des faits, lors du procès, dans les années qui ont suivi. Il essaie de comprendre comment cela a impacté leur vie, comment ils ont fait face ou pas pendant ces 15 années, comment ils vont se comporter lorsqu'ils seront à nouveau confrontés avec celui qui a payé, confrontés à ce passé qu'ils ont soit enterré soit ruminé jour après jour.

La scénographie adoptée par Goury est tout entière organisée sur une scène ronde autour de laquelle des modules de portions de mur sont déplacés pour représenter les différents lieux de l'action. Un dispositif qui cloisonne, enferme les individus, leur laisse peu d'espace pour échapper à leur confrontation avec eux-mêmes. Les changements de décor se font dans la pénombre. Un code lumière s'applique à certaines scènes, notamment les reconstitutions de la scène du crime.

La mise en scène, comme souvent chez Yann Reuzeau, est très cinématographique ou plutôt très proche de la construction des séries télé. La pièce est une succession de scènes courtes, souvent des duels, s'enchaînant rapidement, alternant mouvements dans le temps avec ses feedbacks dans un passé plus ou moins lointain et retours dans le présent, nous amenant parfois à une perte de repères temporels. Les changements de décors offrent des respirations dans une action soutenue. L'intrigue progresse, véritable thriller psychologique dans lequel les personnalités et motivations de chacun sont mis à jour progressivement. Les quatre comédiens sont justes dans leur partition. Ils nous captivent par leur cheminement, nous entraînent dans leurs retranchements. Jusqu'à la libération finale.

Un thriller psychologique construit comme un épisode de série télé : dynamique, prenant, passionnant. On est captivé par les destins de ces quatre personnages et leur rapport à la justice ou à l'injustice. Un nouveau succès pour le jeune dramaturge.
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Notes détaillées (pour les plus courageux)
Texte
Jeu des acteurs
Emotions
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor