- Théâtre contemporain
- Théâtre des Amandiers
- Nanterre
Contes et légendes
- Théâtre des Amandiers
- 7, avenue Pablo-Picasso
- 92000 Nanterre
Joël Pommerat revient.
Cette fois, c’est l’enfance, un des sujets de prédilection de l’auteur-metteur en scène, qui est au cœur de la pièce, dont les personnages sont âgés de neuf à quatorze ans.
Adolescents ou préadolescents, c’est au moment où ils vivent dans leurs corps, et donc aussi dans leurs esprits, des transformations radicales que nous les observons à travers une suite de courtes séquences situées dans un futur proche ; des petits contes à la fois concrets et fantastiques, parfois en relation les uns avec les autres.
Ce qui distingue avant tout ces histoires impliquant des adolescents, c’est la présence systématique, inhabituelle dans un tel contexte, de robots androïdes, répliques plus ou moins parfaites de jeunes êtres humains.
Cette présence artificielle fonctionne comme un élément révélateur, voire perturbateur, dans la mesure où selon les familles, les contextes, les situations dans lesquelles se trouvent ces machines sophistiquées, elles reproduisent ou questionnent les identités et valeurs de leurs propriétaires.
La critique de la rédaction : 6/10. Un peu déçu par Contes et Légendes, qui devait lancer en beauté ma rentrée théâtrale.
J'ai trouvé que cet enchaînement de petites scénettes était assez inégal.
Les thèmes de la masculinité, de la féminité et des robots sont bien traités et font nous poser des questions, amènent à la réflexion.
Seulement, il y a beaucoup trop de lenteurs, mais aussi de cris et de vulgarité, un peu lourds à la longue.
Le jeu des acteurs et la mise en lumière sont eux parfaits.
C'est la première pièce de Joël Pommerat qui me laisse autant sur ma faim.
L’adolescence, vaste sujet, finalement assez peu représenté au théâtre, période trouble, instable et complexe ou la peur de l’autre est souvent au cœur de la difficulté à se développer. Les pré-adolescents se perdent dans un flux d’informations et d’injonctions contradictoires qui rend confuse et difficile cette période de recherche et de construction de soi. Le monde d’aujourd’hui semble s’être encore durci. Les réseaux sociaux, la cruauté des relations, la violence des mots, des images et des messages qu’ils reçoivent de leurs pairs, de leurs parents, et de la société laissent les jeunes désœuvrés et rend leur apprentissage d’autant plus difficile et solitaire.
Le sujet du genre a émergé ces dernières années au sein de nos sociétés et, s’il n’est pas le seul thème de la pièce, il y est largement abordé en tant que questionnement sur la représentation et la définition de soi propre à cet âge. C’est évoqué tout en finesse et sans tabou et le choix des « comédien.e.s» est en soit un coup de génie. Comme toujours Pommerat nous questionne sans nous imposer sa vision et nous « montre à voir » sans nous prémâcher la réflexion.
L’histoire se situe dans un futur proche dans lequel des robots de compagnie assurent le rôle d’éducateur, de femme/homme à tout faire et/ou de compagnon. Prétexte qui permet de nous interroger sur les rapports, les positionnements et la répartition des rôles entre hommes/femmes ou enfants/parents.
La pièce est décomposée, un peu comme La réunification des deux Corées, en fragments scéniques, alternance de tableaux drôles, émouvants, absurdes ou extrêmement réalistes.
On retrouve comme toujours chez Pommerat une justesse dans l’interpretation, une précision dans l’analyse des situations et une exigence dans l’esthétisme.
La mise en scène est épurée et intime, la beauté de la pièce s’appuyant essentiellement sur le jeu hyper réaliste des comédiens.
Les comédiens, admirablement dirigés, donnent en effet à la pièce une réelle crédibilité. Le jeu des robots est étonnant et l’interprétation des « jeunes » particulièrement troublante (qui n’est pas allé vérifier leur âge sur internet en sortant de la pièce ?!). Tout est parfaitement étudié, le langage utilisé, les attitudes, la façon de parler…impressionnant !
On peut aussi noter la précision millimétrée des enchaînements, la toujours parfaite mise en lumières d’Eric Soyer et les très belles ambiances sonores.
Le spectacle oscille entre fiction et réalité, vrai et faux, tout cherche à nous troubler, à flouter notre perception, à semer le doute sur ce que nous voyons. Confusion, illusion, ambiguïté des signes et des sens. Les choses que nous croyons permanentes le sont-elles vraiment ? La place, les rôles, le genre de chacun sont-ils immuables ?
Le titre pourrait nous faire penser à une pièce se situant dans le passé, la présence des robots à un spectacle du futur mais finalement tout est terriblement ancré dans le présent, les problématiques, les questionnements comme le langage et les codes.
L’humanité, la délicatesse et l’intelligence du théâtre de Joël Pommerat sont à nouveau prouvées.
Les comédiens s'en sortent bien dans cette comédie avant-gardiste ou alterne la colère, la rage dans un langage cru alternat avec des moments de douceur. Faut aimer mais si on aime on aime !?!