- Théâtre contemporain
- Comédie Bastille
- Paris 11ème
Célimène et le Cardinal

- Didier Brice
- Gaelle Billaut-Danno
- Comédie Bastille
- 5, rue Nicolas-Appert
- 75011 Paris
- Richard-Lenoir (l.5)
Célimène et Alceste se retrouvent après 20 ans d'éloignement.
Chacun a fait sa vie de son côté. Alceste est devenu un puissant cardinal, Célimène a épousé un bourgeois, est mère de quatre enfants, et semble mener une vie heureuse.
Célimène et le Cardinal se veut une suite du Misanthrope de Molière, écrite en alexandrins par un auteur contemporain.
La critique de la rédaction : Une pièce qui sublime le théâtre. En un jour, en un lieu, en une intrigue, c’est un classique… écrit en 1992.
Tout en alexandrins, le texte de Célimène et le Cardinal sonne comme une douce poésie très agréable à écouter. Elle fait un bien fou aux oreilles. Nous nous prenons au jeu et attendons sans cesse l’issue des phrases pour découvrir les rimes.
Dans cette histoire toute simple, suite du Misanthrope, les dialogues entre la malicieuse Célimène et l’énigmatique Cardinal sont beaux, intelligents, souvent drôles. Ils discutent de nombreux thèmes, de la religion surtout, opposent vice et vertu en alliant légèreté et traits d’esprit. Les grands préceptes de l’Eglise paraissent aujourd’hui désuets et c’est bien cela qui rend la pièce percutante.
Car derrière les propos bien formulés se cache une critique virulente du 17ème siècle, du temps de Molière, qui nous fait constater à quel point notre rapport au monde et à la religion ont changé ! A chaque époque ses problèmes.
Nous sommes surpris car la pièce nous emmène là où nous ne pensions pas aller. Même les derniers mots sont d’une beauté inespérée.
Belle sonorité et grand intérêt des propos, un zeste de malice et une actrice au top, le bémol ?
Un peu trop classique, il manque de la fantaisie dans la mise en scène.
Brièvement, cette pièce met en scène deux anciens amants, qui se retrouvent après 20 ans d'absence. L'un est cardinal, lorsque l'autre est une femme mariée, mère de 4 enfants et femme moderne.
L'intrigue n'est pas le point central de la pièce qui sous couvert de romance, aborde des sujets de société au 17è (la place de l'Eglise, la rédemption, la place des femmes dans la société, le sexe). Sauf peut être la place de la femme dans la société, ces sujets ne sont plus vraiment d'actualité. Mais cette pièce historique souligne bien l'évolution des mœurs.
Cette pièce est excellente en plusieurs points : le texte est magnifique. Les répliques, en vers, sont cinglantes, le vocabulaire est magnifique, le rythme des phrases est dynamique. Qu'il est agréable d'entendre des jolis mots ! Les décors sont beaux, c'est un vrai spectacle. Le jeu des acteurs est simple et ils arrivent à paraître authentique alors que l'époque a considérablement changé. J'ai parfois trouvé que le Cardinal prononce les vers de manière un peu surnaturelle (en prononçant toutes les syllabes par exemple ce qui donne des mots hachés), mais dans l'ensemble les comédiens nous transportent.
Bravo à l'auteur ainsi qu'aux interprètes.
Je recommande, j'avais peur du fait que la pièce soit en alexandrins mais c'est contemporain avec deux comédiens remarquables !
J'ai passé un très bon moment !
Je suis sortie profondément émue de cette pièce au texte admirable et intelligent, servi par deux acteurs de grand talent. Gaëlle Billaut-Danno campe une Célimène attachante, espiègle, futée. Pierre Azéma, un Alceste agaçant car pétri de trop de principes, mais touchant aussi, par sa maladresse (parfois cruelle) envers celle qui compte plus que tout pour lui.
Une oeuvre très belle et intelligente.
Les acteurs sont excellents. Pierre Azéma, quel bel Alceste ! Et Gaëlle Billaut-Danno est une Célimène dont on se sent très proche car c'est elle qui incarne les idées de progrès, la modernité, la tolérance et l'ouverture d'esprit. Et c'est peut-être ce qui m'a le plus dérangé dans la pièce. Moi qui ai adoré le Misanthrope sans doute parce que je me sentais proche d'Alceste et si éloignée de Célimène, voilà que dans cette pièce les rôles sont inversés. L'intransigeance et l'intolérance d'Alceste me semblent moins justifiées, trop proches de la religion et moins empreintes de rationalité. Célimène n'est plus superficielle ni inconséquente mais bien réaliste, fine et réfléchie.
En dehors de ce parti pris, les rythme est bon. On sent la progression dans la pièce, où veut en venir Alceste, comment Célimène se défend. L'intelligence est de son côté. Les répliques sont percutantes, le jeu des acteurs leur correspond parfaitement. Quelques clins d'oeil à des répliques d'autres pièces : "va, je ne te hais point", "cachez ces dessins que je ne saurais voir" (jeu de mots amusant).
Les sujets abordés sont intéressants : la place de la femme, l'importance de la religion, la menace d'excommunication sur l'honneur d'une famille, le mariage, l'amour et l'argent.
Personnellement, je n'aurais pas imaginé la suite du Misanthrope ainsi, mais je dois avouer que celle-ci est bien écrite.