- Théâtre contemporain
- Théâtre des Quartiers d'Ivry
- Ivry-sur-Seine
Berliner Mauer
"Sans alternative, gauche et droite sont des catégories vides de sens. C’est comme deux marchands de saucisses, chez l’un il y a un peu plus de ketchup ; chez l’autre, plus de moutarde. Le tout se ramène à deux manières différentes de refiler aux gens, les mêmes saucisses."
Heiner Müller
Pourquoi l’histoire du Mur de Berlin ?
Pour raconter la fin d’un monde et le début d’un autre, pour exprimer les appréhensions, les espoirs de notre époque.
Il fallait s’intéresser à ce qui, dans la mémoire collective, sonne le glas des idéologies : la chute de l’idéal soviétique, la montée du capitalisme, la victoire de l’individu.
Il fallait traiter d’un événement qu’ont connu de près nos parents. Et que nous avons presque connu nous-mêmes. Car nous sommes nés à ce moment-là, autour de ce moment-là et donc, dans ce monde-là.
Rejouer l’histoire du Mur de Berlin correspond au désir d’interroger artistiquement son héritage. Nous sommes nés entre 1986 et 1990, c’est-à-dire au moment de sa chute. Nous avons alors hérité d’un nouveau monde : suprématie américaine, déclin définitif du communisme en Europe, primat de l’individu, enjeux politico-économiques à l’échelle mondiale.
Nous voulions ré-assembler et ressaisir ce dont nous sommes les héritiers. Nous voulions capter les impressions que nous conservons d’un événement dont nous n’avons pas mémoire. Déceler les traces qui nous restent de ce 9 novembre 1989 : traces qui nous déterminent et sur lesquelles, en même temps, nous n’avons pas de prise.
De quoi avons-nous hérité ce jour-là ?
Le mur justement qui sera construit et détruit pendant le spectacle et qui sépare en deux la scène et le public répartis de par et d'autre dans un dispositif bifrontal. Une fois le mur construit chaque côté, Berlin Est et Berlin Ouest, ne voit pas ce qui se passe de l'autre côté, et peut juste parfois entendre. Bien évidement nous ne choisissons pas de quel côté nous nous trouvons, et il n'est pas question, comme à l'époque de la scission de la ville, de sortir et de changer de côté. Même pendant l'entracte le public ne se retrouve pas : A l'ouest on sort, on va au bar du théâtre, ... A l'Est distribution de gâteaux secs...
Nous étions à l'Est nous avons vu les membres de la Stasi, les tentatives de creuser sous le mur, ... Entendu le discours "Ich bin ein berliner" de Kennedy diffusé pas des hauts parleurs de l'autre côté du mur. Le spectacle se conclu par la chute du mur et la très belle image du concert de Rostropovitch et son violoncelle.
Nous avons beaucoup aimé.