Critiques pour l'événement Tristesses
17 mai 2018
6/10
164
Un thriller au théâtre, on est pris au jeu mais l'histoire est très sombre, avec quelques longueurs sur la fin!

En bref, Anne-Cécile Vandalem a écrit et mis en scène une manipulation politique : un parti politique nationaliste au Danemark qui, pour se financer, corrompt un Pasteur de la petite ile de Tristesses, pour maquiller une faillite des abattoirs de l'ile, unique source de revenu des habitants. Les abattoirs ferment, l'ile reçoit alors des subventions de l'UE qui vont directement financer le parti politique. La fermeture des abattoirs entraîne un exode rural des habitants de Tristesses sur le continent. Lorsque la pièce démarre, il ne reste que 8 habitants sur l'ile, dont l'une s'est suicidée : pendue au drapeau du Danemark.

Ce qui est intéressant :
- on réalise que les habitants sont manipulés par des partis politiques agissant pour des intérêts privés. L'un des personnages s'en rend compte d'ailleurs et dit à propos de la dirigeante du parti "elle est trop forte pour moi, elle me met des images en tête et puis j'adhère"
- Anne-Cécile Vandalem définit la tristesses comme quelqu'un/quelque chose qui a du pouvoir sur nous "la pression d'un corps sur un autre, pour qui cette pression ne convient pas". Dans la pièce justement, chaque personnage exerce une pression sur un autre qui est pris au piège : Peterson sur sa femme et sur tous les habitants du village (il impose sa loi avec violence et non autorité), le Pasteur sur les enfants, Martha sur l'ensemble du village
- le décalage entre leur vie qui est sombre et leur conversation, surtout dans les moments les plus sombres de la pièce, lorsque la mort rode partout : sandwitch au beurre ou sandwitch au fromage ?
- le décalage tout court : l'histoire se passe au Danemark, pays ou s'après les statistiques, la population est la plus heureuse du monde

Superbe mise en scène :
- les caméras sont invisibles, et permettent de filmer en off les rapports entre les comédiens, dans leur maison
- les deux chanteuses, Ida et Helen ont des voix superbes, c'est poignant
- les musiciens sur scène : batteur, guitariste électrique et pianiste sont incroyable, ca ajoute une intensité quasiment insupportable par moment sur scène, un stress permanent

Sur le fond de la pièce :
- c'est une pièce qui fait trop peur pour dire que j'ai réellement aimé ; ma sensibilité a été inhibée par l'angoisse permanent
- je n'ai pas trop compris pourquoi les habitants refusaient de voter pour le projet de studio cinéma de l'ile
- je n'ai pas trop compris le parallèle entre l'histoire (la pression des uns sur les autres), et l'écho politique défendu par l'auteur (la montée du nationalisme)
- la fin est un peu longue : au moment du massacre final
- la violence est traitée avec de l'humour : Peterson fait rire avec ses injections qui sont très violentes envers sa femme et envers le pasteur, je n'ai pas aimé ce point de vue

Bon spectacle !
5 mai 2018
6/10
75
Une soirée décevante à l'Odéon ...

Pourtant tous les ingrédients d'une belle réussite étaient sur le plateau :
Décor digne d'un roman d'Henning Mankell
Comédiens plus vrais que nature
Ambiance glauque, lourde et angoissante
Suspense
Caméra qui s'invite à l'intérieur ...

Ça commence en fanfare, les comédiens sont bluffants, l'angoisse nous prend à la gorge et ...
Et ... tout dérape !
La caméra est beaucoup trop présente, les acteurs commencent à geindre et à crier, l'ensemble devient démonstratif, le propos perd de sa force, tourne même à la caricature, le tout s'étire en longueur.

Quelle tristesse !

Je suis d'accord avec vous sur le côté décevant de la pièce, je trouve qu'il y a trop d'angoisse, et que cela inhibe les émotions! L'enterrement et le massacre final sont très longs également. Je suis étonnée par les autres critiques qui sont excellentes : je n'ai pas tout compris!

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Jeudi 17 mai 2018