Critiques pour l'événement Traviata, vous méritez un avenir meilleur
« Traviata, Vous méritez un avenir meilleur » fait l’ouverture, jusqu’au 30 septembre, de la saison des Bouffes du Nord dans une formidable adaptation de l’opéra de Verdi entre chant et théâtre.
Cette Traviata est un projet élaboré à trois par Judith Chemla qui en est à l’origine, Benjamin Lazar qui l’a mis en scène, et Florent Hubert qui a adapté la musique, préservant la trame narrative de l’opéra de Verdi ainsi que les grands airs, pour aboutir à un superbe moment qui met en valeur des comédiens, chanteurs et musiciens de talent.
Les trois acolytes se sont notamment attachés à construire un spectacle qui relève tant du théâtre que de l’opéra, loin des mélodies chantonnées par certains comédiens et des jeux d’acteurs parfois caricaturaux des chanteurs d’opéra. Ici les comédiens chantent, les chanteurs jouent la comédie le tout dans le même temps, donnant ainsi une grande finesse à des airs parfois trop bien connus.
Les comédiens et les musiciens, tous formidables, se mêlent dans une distinction brouillée des rôles : les musiciens chantent, les chanteurs font de la musique et tout le monde joue la comédie. Car si la Traviata rassemble d’habitude orchestre symphonique et chœurs en plus des chanteurs principaux, ils sont ici huit musiciens et cinq chanteurs-acteurs chacun occupant le plateau et le récit de manière totale.
Benjamin Lazar a élaboré une mise en scène dépouillée qui s’organise autour de quelques objets, fleurs, chaises et tréteaux, réagencés au fil des actes. Ce dépouillement c’est l’envers cette petite société mondaine dans laquelle évolue Violetta et qui risque à tout moment de se fracasser sur la réalité du manque d’argent, de la maladie et de l’absence de sentiment. C’est aussi l’illustration de la vie de Violetta qui n’a rien au monde au début du spectacle que les paillettes et la fête. Le dépouillement c’est enfin le cœur du récit qui met en scène le dépouillement de l’héroïne de son amour, de son honneur puis de sa vie.
Le spectacle joue également avec et autour du temps. Il replace ainsi Violetta dans son époque à travers l’évocation de certains de ses nombreux amants dont Franz Liszt et Théophile Gautier mais aussi Alexandre Dumas lui-même. Cette époque, c’est celle d’Alphonsine Plessis, célèbre courtisane parisienne des années 1840, rebaptisée par elle-même Marguerite Duplessis et devenue Marguerite Gautier sous la plume d’Alexandre Dumas, celle également de la création de l’opéra original et du roman de Dumas La Dame aux camélias.
Mais plutôt que de verser dans une représentation trop historique à travers notamment des fêtes où le champagne coulerait à flots, Benjamin Lazar fait le choix d’une transposition moderne dans une prise de drogue effrénée. Ce faisant, il brouille les pistes temporelles, comme si Violetta et ses proches étaient les fantômes du Paris de 1840 revenus dans notre siècle chercher « un avenir meilleur » qu’ils ne trouveront pas.
Cette Traviata joue également sur la frontière entre récit et imaginaire : un pied dans la fiction, en se saisissant de l’opéra de Verdi, lui-même adapté du roman de Dumas, et l’autre dans l’Histoire lorsqu’est projeté sur les murs des Bouffes du Nord, en lieu et place des surtitres, une liste d’effets personnels (jupons, robes, nappes…) issue de la vente aux enchères des bien de Marie Duplessis après sa mort.
Enfin, Judith Chemla étincelle en Violetta, à la fois tout en retenue et en explosion. L’ancienne pensionnaire de la Comédie Française est en effet tout à la fois une grande actrice et une très belle soprano qui fait entrer le spectateur dans l’intimité de Violetta. Elle en fait non pas une « femme perdue » (la signification de traviata en italien) mais une femme sacrifiée tout à la fois par l’injustice d’une société qui l’a faite courtisane, par le père d’Alfredo qui la conduit à sacrifier son bonheur pour l’honneur de son fils et enfin par son amant même qui l’humilie publiquement.
Cette Traviata est un projet élaboré à trois par Judith Chemla qui en est à l’origine, Benjamin Lazar qui l’a mis en scène, et Florent Hubert qui a adapté la musique, préservant la trame narrative de l’opéra de Verdi ainsi que les grands airs, pour aboutir à un superbe moment qui met en valeur des comédiens, chanteurs et musiciens de talent.
Les trois acolytes se sont notamment attachés à construire un spectacle qui relève tant du théâtre que de l’opéra, loin des mélodies chantonnées par certains comédiens et des jeux d’acteurs parfois caricaturaux des chanteurs d’opéra. Ici les comédiens chantent, les chanteurs jouent la comédie le tout dans le même temps, donnant ainsi une grande finesse à des airs parfois trop bien connus.
Les comédiens et les musiciens, tous formidables, se mêlent dans une distinction brouillée des rôles : les musiciens chantent, les chanteurs font de la musique et tout le monde joue la comédie. Car si la Traviata rassemble d’habitude orchestre symphonique et chœurs en plus des chanteurs principaux, ils sont ici huit musiciens et cinq chanteurs-acteurs chacun occupant le plateau et le récit de manière totale.
Benjamin Lazar a élaboré une mise en scène dépouillée qui s’organise autour de quelques objets, fleurs, chaises et tréteaux, réagencés au fil des actes. Ce dépouillement c’est l’envers cette petite société mondaine dans laquelle évolue Violetta et qui risque à tout moment de se fracasser sur la réalité du manque d’argent, de la maladie et de l’absence de sentiment. C’est aussi l’illustration de la vie de Violetta qui n’a rien au monde au début du spectacle que les paillettes et la fête. Le dépouillement c’est enfin le cœur du récit qui met en scène le dépouillement de l’héroïne de son amour, de son honneur puis de sa vie.
Le spectacle joue également avec et autour du temps. Il replace ainsi Violetta dans son époque à travers l’évocation de certains de ses nombreux amants dont Franz Liszt et Théophile Gautier mais aussi Alexandre Dumas lui-même. Cette époque, c’est celle d’Alphonsine Plessis, célèbre courtisane parisienne des années 1840, rebaptisée par elle-même Marguerite Duplessis et devenue Marguerite Gautier sous la plume d’Alexandre Dumas, celle également de la création de l’opéra original et du roman de Dumas La Dame aux camélias.
Mais plutôt que de verser dans une représentation trop historique à travers notamment des fêtes où le champagne coulerait à flots, Benjamin Lazar fait le choix d’une transposition moderne dans une prise de drogue effrénée. Ce faisant, il brouille les pistes temporelles, comme si Violetta et ses proches étaient les fantômes du Paris de 1840 revenus dans notre siècle chercher « un avenir meilleur » qu’ils ne trouveront pas.
Cette Traviata joue également sur la frontière entre récit et imaginaire : un pied dans la fiction, en se saisissant de l’opéra de Verdi, lui-même adapté du roman de Dumas, et l’autre dans l’Histoire lorsqu’est projeté sur les murs des Bouffes du Nord, en lieu et place des surtitres, une liste d’effets personnels (jupons, robes, nappes…) issue de la vente aux enchères des bien de Marie Duplessis après sa mort.
Enfin, Judith Chemla étincelle en Violetta, à la fois tout en retenue et en explosion. L’ancienne pensionnaire de la Comédie Française est en effet tout à la fois une grande actrice et une très belle soprano qui fait entrer le spectateur dans l’intimité de Violetta. Elle en fait non pas une « femme perdue » (la signification de traviata en italien) mais une femme sacrifiée tout à la fois par l’injustice d’une société qui l’a faite courtisane, par le père d’Alfredo qui la conduit à sacrifier son bonheur pour l’honneur de son fils et enfin par son amant même qui l’humilie publiquement.
Judith CHEMLA est une actrice stratosphérique.
Quelle voix quelle émotion.
Comme Le disait Le journal Le Monde : elle est d'une fragilité incassable.
Quelle voix quelle émotion.
Comme Le disait Le journal Le Monde : elle est d'une fragilité incassable.
Voici une superbe adaptation de l’opéra « La traviata » de Giuseppe Verdi, créé en 1853 et dont le livret de Francesco Maria Piave est inspiré de « La dame aux camélias » d’Alexandre Dumas. Mêlant chant, théâtre et musique, ce spectacle est imposant de force dramatique, d’expressivité de jeux et d’inventivité de mise en scène.
Le maillage entre les répliques jouées, les parties chantées et les musiques interprétées en jouant, nous surprend tout de go et crée un climat particulier où l’étrange se confond au drame, l’allégresse au lyrisme et la tragédie au burlesque. Nous sommes devant un spectacle vivant qui donne de la noblesse, de la légèreté et de l’intensité à l'opéra originel dont il est tiré, le servant magnifiquement.
Judith Chemla est tout simplement brillante. La qualité vocale de sa voix chantée, son jeu puissant et sincère, subjuguent. La distribution ne peut qu’être bonne autour d’elle et c’est le cas !... Musiciens-chanteurs-comédiens nous ravissent et maitrisent leur affaire avec brio.
Les arrangements musicaux de Florent Hubert et Paul Escobar sont savants et adroits. Ils permettent l'agilité des jeux tout en respectant les lignes musicales d'ensemble, les harmonies des accompagnements et les airs de « La traviata ». Du bel ouvrage.
La mise en scène de Benjamin Lazar ose le mélange des genres, des styles de jeu. Nous passons par toute une palette de sensations et d'émotions. Le spectacle se déroule dans un décor modulable et stylisé, à l’onirisme feutré et poétique qui préserve des instants réalistes forts et remarquables. La scène finale est splendide, nous en restons cois.
Nous sortons émus et ébaudis par ce que nous avons ressenti, ravis et touchés par la beauté du spectacle. Un délice de théâtre musical, novateur et très bien joué.
Le maillage entre les répliques jouées, les parties chantées et les musiques interprétées en jouant, nous surprend tout de go et crée un climat particulier où l’étrange se confond au drame, l’allégresse au lyrisme et la tragédie au burlesque. Nous sommes devant un spectacle vivant qui donne de la noblesse, de la légèreté et de l’intensité à l'opéra originel dont il est tiré, le servant magnifiquement.
Judith Chemla est tout simplement brillante. La qualité vocale de sa voix chantée, son jeu puissant et sincère, subjuguent. La distribution ne peut qu’être bonne autour d’elle et c’est le cas !... Musiciens-chanteurs-comédiens nous ravissent et maitrisent leur affaire avec brio.
Les arrangements musicaux de Florent Hubert et Paul Escobar sont savants et adroits. Ils permettent l'agilité des jeux tout en respectant les lignes musicales d'ensemble, les harmonies des accompagnements et les airs de « La traviata ». Du bel ouvrage.
La mise en scène de Benjamin Lazar ose le mélange des genres, des styles de jeu. Nous passons par toute une palette de sensations et d'émotions. Le spectacle se déroule dans un décor modulable et stylisé, à l’onirisme feutré et poétique qui préserve des instants réalistes forts et remarquables. La scène finale est splendide, nous en restons cois.
Nous sortons émus et ébaudis par ce que nous avons ressenti, ravis et touchés par la beauté du spectacle. Un délice de théâtre musical, novateur et très bien joué.
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