Critiques pour l'événement The Encounter, la rencontre
9 avr. 2018
9,5/10
12
On va aussi au théâtre pour voir des choses qu’on n’a jamais vues. Ou plutôt devrais-je dire, entendues. Je me souviens d’une capsule au Ciné 13 Théâtre durant laquelle le spectateur, les yeux bandés, écoutait une histoire jouée, bruitée par des comédiens. Je me souviens d’un concert de Amadou et Mariam à la Cité de la Musique dans le noir, avec diffusion de parfums et variations de températures.

Ici, Simon McBurney nous demande de mettre sur nos oreilles un casque, nous explique le dispositif, ce qui me fait dire que les écouteurs avec lesquels j’écoute ma musique dans le métro sont vraiment de mauvaise qualité, tellement avec ce système, on se sent immergé dans l’univers de l’artiste britannique, enveloppé. Plusieurs fois on en vient à enlever son casque pour écouter, alors qu’en fait on entend à peine la voix de Simon McBurney ou bien on se retourne, persuadé que quelqu’un vient d’ouvrir une porte derrière nous, souffle dans notre oreille droite, qu’un moustique nous tourne autour. On ne sait plus si c’est dans la salle, dans sa tête ou seulement l’enregistrement. Et là, où la 3D au cinéma, dans 95% des cas, n’est qu’un gadget, ici le dispositif est à 100% pertinent, parce qu’en plus, il ne s’agit pas d’une pièce radiophonique qu’on pourrait écouter tranquillement dans son fauteuil club avec un verre de whisky japonais en fermant les yeux (ça c’est mon rêve).

Il faut voir Simon McBurney progressivement prendre les corps et les voix du narrateur (lui-même) et du photographe Loren McIntyre, utiliser des bouteilles d’eau ou des bandes magnétiques de cassettes vhs pour les différents bruitages. Car c’est une réelle performance de deux heures à laquelle se livre ce McBurney, conteur hors pair, aidé par un travail lumière et son incroyable. Avec une histoire qui a un propos politique : l’Amazonie, une tribu, les Mayoruna… 1969… 2018, même combat ! Malheureusement toujours le même combat…
6 avr. 2018
9,5/10
22
Un grand merci à Simon McBurney et sa compagnie Complicité pour cette expérience incroyable et inédite au théâtre !

Rien n'est superflu, ni gadget, tout est parfaitement travaillé, maitrisé à la perfection et la technologie est (enfin !) au service de la narration.

Nous sommes transportés pendant deux heures au bout du monde à la rencontre de la tribu des Mayoruna, suspendus aux lèvres de notre héros.

C'est simplement prodigieux.
4 avr. 2018
10/10
16
Spectacle immersif uniquement grâce au son... quelle création !

En bref, Simon MCBURNEY raconte un conte écologique, tiré d'une vraie histoire : celle de l'explorateur Loren McIntyre, qui dans les années 50 part en Amazonie pour le National Geography, à la rencontre de tribus amazoniennes. Il est témoin du Commencement : un rite Mayoruna, au cours duquel des indigènes brûlent tous les objets matériels qu'ils ont construit (ils se donnent même de nouveaux noms). Le matériel fige l'homme dans le temps et le coupe de son environnement naturel. Sans objet, Barnacle est ainsi intemporel.

Ce qui est incroyable dans le spectacle : la technologie au théâtre. Le décalage entre la simplicité de ce qu'on voit sur scène (bouteille d'eau, froufrou, chips, livre et mannequin qui spatialise le son), et la complexité de tous les sons qu'en entend. Le spectateur a un casque audio, et Simon MCBURNEY, seul en scène, parle dans nos têtes, et crée des sons, et ça nous hypnotise. On perçoit uniquement les sons de l'histoire que raconte Simon MCBURNEY, mais on imagine tout un spectacle. Le son permet à chacun d'imaginer un spectacle visuel, d'être créatif et imaginatif, juste avec ce qu'on entend. Ce procédé n'est pas nouveau, mais il est quand même paradoxal au théâtre, art basé sur la représentation visuelle.

Les thèmes abordés sont intéressants : les sociétés matérielles de consommation, puis l'imaginaire, la création, le virtuel qui sont les bases du spectacle.

Des passages auxquels j'ai ri :
- le portable c'est juste une chose, c'est pas la réalité
- certains d'entre nous sont des amis
- soit je suis dans la merde, soit je vis une expérience incroyable

Je recommande vivement !