Critiques pour l'événement Signé Dumas
Voilà une pièce qui nous plonge dans les coulisses de l’écriture!
Dans le château de Port-Marly , Alexandre Dumas est au firmament de sa gloire… mais lorsque le rideau s’ouvre, ce n’est pas lui qui planche sur Le Vicomte de Bragelonne, mais Auguste Maquet, son collaborateur, son nègre.
Alors que dehors la monarchie de Louis-Philippe s’effondre, Maquet revendique ses droits. Sans lui, sans ses recherches préalables, sans sa remise en forme des idées, sans sa plume, Dumas n’est plus Dumas.
Xavier Lemaire et Davy Sardou sont particulièrement bien distribués dans leur rôle, et leur confrontation ne manque pas d’intérêt.
Et en prime, on en sort envie de se replonger dans la reine Margot et autres mousquetaires !
Dans le château de Port-Marly , Alexandre Dumas est au firmament de sa gloire… mais lorsque le rideau s’ouvre, ce n’est pas lui qui planche sur Le Vicomte de Bragelonne, mais Auguste Maquet, son collaborateur, son nègre.
Alors que dehors la monarchie de Louis-Philippe s’effondre, Maquet revendique ses droits. Sans lui, sans ses recherches préalables, sans sa remise en forme des idées, sans sa plume, Dumas n’est plus Dumas.
Xavier Lemaire et Davy Sardou sont particulièrement bien distribués dans leur rôle, et leur confrontation ne manque pas d’intérêt.
Et en prime, on en sort envie de se replonger dans la reine Margot et autres mousquetaires !
Alexandre Dumas père a accompagné toute mon enfance.
Une époque où les enfants lisaient encore beaucoup … car les tentations -autres- existaient peu.
Grâce à l’obligeance d’un ami de mes parents qui possédait la collection complète des romans historiques (et populaires) d’Alexandre Dumas, j’ai passé, des moments merveilleux, plongée dans la lecture de ces livres que j’avais tant de peine à lâcher. Tant ils étaient captivants, bien écrits, et leurs personnages, qu’on suivait de tome en tome, bien trempés.
Je n’ai pas oublié Dumas et j’avais vaguement entendu parler de son nègre.
Mais je ne connaissais pas Auguste Maquet…
J’ai voulu en savoir plus, je ne le regrette pas !
Je ne sais pas si la pièce « signé Dumas » est tout à fait fidèle à la réalité.
Et si les rapports entretenus entre ces deux hommes reflètent bien leur quotidien et leur mode de collaboration.
Mais la pièce est plutôt bien faite, le texte de bonne facture, le prétexte d’une journée historique assez habile, le questionnement sur la part respective apportée par chacun des deux protagonistes, soulevée avec raison avec la problématique: qui est le véritable auteur ? celui qui a les idées, un nom et la renommée ou, celui qui écrit, rend cohérentes les histoires et met en forme. Comment et pourquoi accepter d’être dans l’ombre ?
J’ai été particulièrement convaincue par le jeu de Davy Sardou, un comédien que je n’avais jamais vu sur scène et qui incarne avec sobriété et pertinence, un Auguste Maquet écartelé entre la dépendance dans lequel l’enferme et l’entretient Dumas et son envie de de reconnaissance des apports, apparemment certains et consistants, qu’il donne aux ouvrages de Dumas.
Dumas, Xavier Lemaire, lui est un peu caricatural et en fait un peu trop, dans son personnage arrivé, adulé par ses lecteurs et qui au faîte de sa gloire, se ment à lui-même et se révèle assez odieux vis-à-vis de son collaborateur fidèle, avec tout le mépris qu'il exprime pour ce petit professeur qui n'appartient pas au monde de bourgeois aisé et qui a réussi dont il se prévaut.
Soirée agréable, et qui donne envie de reprendre ses lectures d’enfance...
Une époque où les enfants lisaient encore beaucoup … car les tentations -autres- existaient peu.
Grâce à l’obligeance d’un ami de mes parents qui possédait la collection complète des romans historiques (et populaires) d’Alexandre Dumas, j’ai passé, des moments merveilleux, plongée dans la lecture de ces livres que j’avais tant de peine à lâcher. Tant ils étaient captivants, bien écrits, et leurs personnages, qu’on suivait de tome en tome, bien trempés.
Je n’ai pas oublié Dumas et j’avais vaguement entendu parler de son nègre.
Mais je ne connaissais pas Auguste Maquet…
J’ai voulu en savoir plus, je ne le regrette pas !
Je ne sais pas si la pièce « signé Dumas » est tout à fait fidèle à la réalité.
Et si les rapports entretenus entre ces deux hommes reflètent bien leur quotidien et leur mode de collaboration.
Mais la pièce est plutôt bien faite, le texte de bonne facture, le prétexte d’une journée historique assez habile, le questionnement sur la part respective apportée par chacun des deux protagonistes, soulevée avec raison avec la problématique: qui est le véritable auteur ? celui qui a les idées, un nom et la renommée ou, celui qui écrit, rend cohérentes les histoires et met en forme. Comment et pourquoi accepter d’être dans l’ombre ?
J’ai été particulièrement convaincue par le jeu de Davy Sardou, un comédien que je n’avais jamais vu sur scène et qui incarne avec sobriété et pertinence, un Auguste Maquet écartelé entre la dépendance dans lequel l’enferme et l’entretient Dumas et son envie de de reconnaissance des apports, apparemment certains et consistants, qu’il donne aux ouvrages de Dumas.
Dumas, Xavier Lemaire, lui est un peu caricatural et en fait un peu trop, dans son personnage arrivé, adulé par ses lecteurs et qui au faîte de sa gloire, se ment à lui-même et se révèle assez odieux vis-à-vis de son collaborateur fidèle, avec tout le mépris qu'il exprime pour ce petit professeur qui n'appartient pas au monde de bourgeois aisé et qui a réussi dont il se prévaut.
Soirée agréable, et qui donne envie de reprendre ses lectures d’enfance...
Au sortir de la pièce, je trouvais d'abord que Dumas est vraiment maltraité et secundo que l'argument est un peu faible pour la durée de la pièce.
Cherchant à en savoir plus (sur internet), j'apprends qu'un certain Charles Jacquot (1812-1880) a écrit, en 1845, un pamphlet qualifié d'ordurier "où il dénonce le fait que l’œuvre de Dumas était écrite par d’autres et contribue ainsi à faire connaître l’acception figurée du mot « nègre »." et que Dumas porta plainte : résultat Jacquot fut condamné à 6 mois de prison et à une amende. Soit.
Or, en 2002, pour contrer la panthéonisation d’Alexandre Dumas, le pamphlet raciste de Jacquot a été réédité." et.... justement..... en 2003 :
" Il a inspiré une pièce de théâtre de Cyril Gély et Eric Rouquette créée en 2003 au théâtre Marigny."
Je comprends mieux ma gêne.
Sinon, bien jouée et bonne mise en scène, qui me donne envie d'aller visiter le château d'If !
Cherchant à en savoir plus (sur internet), j'apprends qu'un certain Charles Jacquot (1812-1880) a écrit, en 1845, un pamphlet qualifié d'ordurier "où il dénonce le fait que l’œuvre de Dumas était écrite par d’autres et contribue ainsi à faire connaître l’acception figurée du mot « nègre »." et que Dumas porta plainte : résultat Jacquot fut condamné à 6 mois de prison et à une amende. Soit.
Or, en 2002, pour contrer la panthéonisation d’Alexandre Dumas, le pamphlet raciste de Jacquot a été réédité." et.... justement..... en 2003 :
" Il a inspiré une pièce de théâtre de Cyril Gély et Eric Rouquette créée en 2003 au théâtre Marigny."
Je comprends mieux ma gêne.
Sinon, bien jouée et bonne mise en scène, qui me donne envie d'aller visiter le château d'If !
Une pièce qui présente un sujet original et qui pose la question de la propriété intellectuelle dans le cas certainement le plus célèbre de la littérature.
Tout d'abord, il faut souligner la prestation impeccable des comédiens : Xavier Lemaire est un Alexandre Dumas plus vrai que nature qui en impose par son immense stature ; Davy Sardou parait bien frêle en comparaison mais se révèle un "adversaire" redoutable.
Pas une minute d'ennui dans ce dialogue, j'ai été intéressé du début à la fin. Le seul bémol pour moi d'un parti pris trop en faveur d'Auguste Maquet qui est quasiment présenté comme le seul véritable auteur, ce que la plupart des historiens de la littérature réfutent. Un Dumas avec des arguments un peu plus percutants aurait encore augmenté l'intérêt de cette pièce somme toute réussie.
Tout d'abord, il faut souligner la prestation impeccable des comédiens : Xavier Lemaire est un Alexandre Dumas plus vrai que nature qui en impose par son immense stature ; Davy Sardou parait bien frêle en comparaison mais se révèle un "adversaire" redoutable.
Pas une minute d'ennui dans ce dialogue, j'ai été intéressé du début à la fin. Le seul bémol pour moi d'un parti pris trop en faveur d'Auguste Maquet qui est quasiment présenté comme le seul véritable auteur, ce que la plupart des historiens de la littérature réfutent. Un Dumas avec des arguments un peu plus percutants aurait encore augmenté l'intérêt de cette pièce somme toute réussie.
En février 1848, le jour de l’abdication de Louis-Philippe, prenant pour prétexte un différend politique, Alexandre Dumas et Auguste Maquet, son « nègre » littéraire, s’affrontent pour la première fois à propos de la part de leurs mérites respectifs dans le succès des romans...
Une pièce très agréable à regarder : un Alexandre Dumas plus vrai que nature, ébouriffant et ébouriffé, et un Maquet très juste, pâle et grave. La mise en scène est sobre et réaliste, un bureau, une bibliothèque remplie de livres de... Dumas, une fenêtre entrouverte de laquelle les personnages disent apercevoir le château que Dumas avait fait construire à Port-Marly, le « château de Monte-Cristo », construit à sa « démesure. »
La pièce, dans sa volonté de rentre hommage à Maquet, est néanmoins trop à charge contre Dumas : ce dernier n’avait pas que de brèves fulgurances concernant l’intrigue de ses romans, c’était aussi un travailleur acharné, Maquet n’était ni son esclave, ni la plume de toutes ses œuvres, leur collaboration était plus équilibrée que ce qu’affirme cette pièce.
Le texte aurait pu insister davantage sur les enjeux de la paternité auctoriale, il y avait vraiment la possibilité d'approfondir la réflexion littéraire plutôt que de proposer une vague réflexion politique ponctuée de quelques longueurs.
Une pièce très agréable à regarder : un Alexandre Dumas plus vrai que nature, ébouriffant et ébouriffé, et un Maquet très juste, pâle et grave. La mise en scène est sobre et réaliste, un bureau, une bibliothèque remplie de livres de... Dumas, une fenêtre entrouverte de laquelle les personnages disent apercevoir le château que Dumas avait fait construire à Port-Marly, le « château de Monte-Cristo », construit à sa « démesure. »
La pièce, dans sa volonté de rentre hommage à Maquet, est néanmoins trop à charge contre Dumas : ce dernier n’avait pas que de brèves fulgurances concernant l’intrigue de ses romans, c’était aussi un travailleur acharné, Maquet n’était ni son esclave, ni la plume de toutes ses œuvres, leur collaboration était plus équilibrée que ce qu’affirme cette pièce.
Le texte aurait pu insister davantage sur les enjeux de la paternité auctoriale, il y avait vraiment la possibilité d'approfondir la réflexion littéraire plutôt que de proposer une vague réflexion politique ponctuée de quelques longueurs.
1848 : Louis-Philippe abdique après une révolte à Paris. Dumas, retiré dans sa propriété en construction de Port-Marly, souhaite s‘adresser à l’assemblée pour se déclarer en faveur de la régence. Sous la dictée, son associé et écrivain fantôme Auguste Maquet s’arrête et refuse de finir le courrier, pressentant lui l’avènement de la République. Ce désaccord met le feu aux poudres et déclenche une vive algarade entre les deux hommes.
Dans le rôle de Dumas, Xavier Lemaire exagère, déborde d’assurance tel un bourgeois débonnaire et caractériel qui méprise ses gens. Toute la première scène place ce décalage de tempérament entre lui et son fidèle associé Auguste Maquet (Davy Sardou), homme austère vissé à sa table d’écriture. Celui-ci reste d’abord insensible aux frasques de l’ « artiste » et assiste à son petit numéro jusqu’au moment où le chargé des postes débarque dans le salon pour annoncer l’abdication.
Pressentant le manque de jugement de Dumas et le péril que se déclarer en faveur de la régence ferait courir à leur collaboration, Maquet refus d’écrire. Ce comportement séditieux étonne et amuse d’abord Dumas avant de le consterner et de l’indigner. C’est seulement à ce moment de la pièce, lorsque Maquet rappelle qu’il est autant auteur de l’œuvre de Dumas que Dumas lui-même que la pièce devient réellement intéressante. Un nouveau rapport de force s’établit et le collaborateur fidèle et docile devient alors un homme de vengeance et un ennemi potentiel. Sans l’avouer, Dumas le comprend et perd peu à peu de sa superbe pour ne plus paraître si grand. Ces différents degrés d’interprétation et ces nuances de jeu sont à la mesure du conflit qui opposent les deux hommes dans cette lutte de reconnaissance.
Deux petits bémols tout de même, la mise en scène un peu statique de Tristan Petitgirard vient souligner des moments de longueurs dans la pièce. Les deux acteurs semblent parfois tourner en rond dans un décor fermé et lourd. De même, une langue un peu plus raffinée dans la bouche d’un écrivain aurait été plus que bienvenue.
"Signé Dumas" met en lumière cette association d’écrivain assez méconnue et les auteurs Cyril Gély et Eric Rouquette rendent à Auguste Maquet un peu de ce que la postérité lui a refusé. Une pièce sur fond de fiction historique originale !
Dans le rôle de Dumas, Xavier Lemaire exagère, déborde d’assurance tel un bourgeois débonnaire et caractériel qui méprise ses gens. Toute la première scène place ce décalage de tempérament entre lui et son fidèle associé Auguste Maquet (Davy Sardou), homme austère vissé à sa table d’écriture. Celui-ci reste d’abord insensible aux frasques de l’ « artiste » et assiste à son petit numéro jusqu’au moment où le chargé des postes débarque dans le salon pour annoncer l’abdication.
Pressentant le manque de jugement de Dumas et le péril que se déclarer en faveur de la régence ferait courir à leur collaboration, Maquet refus d’écrire. Ce comportement séditieux étonne et amuse d’abord Dumas avant de le consterner et de l’indigner. C’est seulement à ce moment de la pièce, lorsque Maquet rappelle qu’il est autant auteur de l’œuvre de Dumas que Dumas lui-même que la pièce devient réellement intéressante. Un nouveau rapport de force s’établit et le collaborateur fidèle et docile devient alors un homme de vengeance et un ennemi potentiel. Sans l’avouer, Dumas le comprend et perd peu à peu de sa superbe pour ne plus paraître si grand. Ces différents degrés d’interprétation et ces nuances de jeu sont à la mesure du conflit qui opposent les deux hommes dans cette lutte de reconnaissance.
Deux petits bémols tout de même, la mise en scène un peu statique de Tristan Petitgirard vient souligner des moments de longueurs dans la pièce. Les deux acteurs semblent parfois tourner en rond dans un décor fermé et lourd. De même, une langue un peu plus raffinée dans la bouche d’un écrivain aurait été plus que bienvenue.
"Signé Dumas" met en lumière cette association d’écrivain assez méconnue et les auteurs Cyril Gély et Eric Rouquette rendent à Auguste Maquet un peu de ce que la postérité lui a refusé. Une pièce sur fond de fiction historique originale !
Xavier LEMAIRE « est » Alexandre DUMAS père, du moins tel que nous nous l’imaginons. Tonitruance, ego démesuré, suffisance, morgue ; X. LEMAIRE écrase la scène de toute sa stature et pourrait monopoliser totalement la pièce s’il n’y avait en face de lui Davy SARDOU, interprétant Auguste MAQUET, tout en contenance, en effacement, en sacrifice au début puis se dressant dans un superbe sursaut de rébellion, de peur héroïque mais aussi de froid calcul, en s’opposant à son bourreau tyrannique. Chapeau l’artiste.
Nous n’avions pas encore vu ce comédien mais il est de tout premier ordre. Bien que la pièce soit très conventionnelle la qualité du texte plein de références est excellente et la mise en scène parfaite. Si on ajoute des décors dont le style nous transporte avec justesse en 1850, nous avons là tous les ingrédients d’un spectacle de grande qualité qui mérite amplement les 7 nominations aux Molières à la date de sa création en 2004.
Excellente soirée en vérité !
Nous n’avions pas encore vu ce comédien mais il est de tout premier ordre. Bien que la pièce soit très conventionnelle la qualité du texte plein de références est excellente et la mise en scène parfaite. Si on ajoute des décors dont le style nous transporte avec justesse en 1850, nous avons là tous les ingrédients d’un spectacle de grande qualité qui mérite amplement les 7 nominations aux Molières à la date de sa création en 2004.
Excellente soirée en vérité !
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