Critiques pour l'événement Patrick et ses fantômes
11 mai 2018
8/10
69
Si « Patrick et ses fantômes » était un air, incontestablement, pour moi, il résonnerait aux notes mélodieuses du Casta Diva de Bellini interprété par Maria Callas. Entre force et douceur.
Quel délicieux moment passé au Casino de Paris. Plus tout à fait du théâtre, pas encore réellement un concert, ce spectacle ne cesse de voguer d’un genre à l’autre.

Premier mouvement : ouverture du rideau et entrée en scène de Patrick Poivre d’Arvor. En un claquement de doigt, nous traversons l’Atlantique. Direction le Canada. Nous retrouvons le plus célèbre des journalistes français dans le salon d’une villa, en train de réaliser les derniers préparatifs à La Flûte Enchantée qu’il doit mettre en scène. D’une touche pressée sur une télécommande, la musique surgit des haut-parleurs de la chaîne hifi. Envoûté, PPDA s’endort, c’est à ce moment-là que surgit Papageno … L’histoire débute.

Deuxième mouvement : Suite à un cadeau laissé par l’oiseleur, Patrick Poivre d’Arvor découvre qu’il peut faire venir à lui les plus grands compositeurs que la Terre ait connue. Autant le dire tout de suite, pour celles et ceux pouvant être rebutés par la présence du journaliste sur scène, il n’est pas, contrairement à ce que l’affiche peut laisser supposer, le personnage principal du spectacle. Très vite, il apparaît plus comme étant un lien entre l’histoire, les comédiens et l’orchestre. Oui car il y a des comédiens … et un orchestre ! Ainsi, il partage la scène avec ce beau monde, sans jamais chercher, comme son statut pourrait l'exiger, à attirer les lumières vers lui. Au contraire, il semble heureux de mettre en avant les comédiens et l'orchestre.

Troisième mouvement : Entrée en scène des comédiens. C’est là que réside l’intérêt de ce spectacle, car sans offenser notre star nationale, dont l’amour et la connaissance de la grande musique sont éclatants sur scène, son jeu de comédien n’est pas sa qualité première. Quatre comédiens se succèdent au fil de l’histoire pour interpréter quatre grands noms de la musique classique : Bach, Mozart, Beethoven et Satie. Ils jouent magnifiquement ces compositeurs et valsent de l’humour à l’émotion. Le spectateur va, avec eux et Patrick Poivre d’Arvor, traverser quelques siècles de l’histoire musicale mondiale.

Quatrième mouvement : L’orchestre. Il donne une touche de puissance à ce spectacle, illustrant les propos des comédiens des plus beaux airs du répertoire classique. Et entendons-nous bien, pas des petits bouts de partition entrecoupés de longs blablas. Non, des airs entiers que l’on a le temps d’apprécier avec un bonheur non dissimulé dès que les premières notes commencent à emplir l’obscurité du lieu. Dans le cas présent, il faut noter que cet orchestre n’est pas un faire-valoir destiné à rendre les comédiens et Patrick Poivre d’Arvor encore plus brillants, mais bel et bien à leur côté un personnage important du spectacle.

Au final, « Patrick et ses fantômes » est un spectacle original et plaisant, à aller voir, et surtout écouter, sans hésiter.
20 avr. 2018
8/10
61
PPDA occupe la moitié de l'affiche, le reste étant partagé entre 4 compositeurs, un chef, quelques notes et du texte.
Sur scène en revanche, il est loin d'être le chef d'orchestre : comme aux Mathurins dans Garde Alternée, ses déplacements et son jeu d'acteur sont très rigides, trop manièrés et empruntés.

Cependant son manque de naturel, ne cache pas ses connaissances et son envie de nous faire partager ses goûts pour la musique classique (plaisir qu'il montre régulièrement par ses mises en scène).
En cela, c'est réussi car les acteurs québecois -de qualité-, le chef et l'ensemble de son orchestre -également de talent- qui l'accompagnent, sont au rendez-vous pour 2 heures de spectacles.

J'ai trouvé l'idée du scénario très originale : 4 grands compositeurs se retrouvent au XXIè siècle pour écouter, comparer et discuter sur leurs oeuvres ou celles d'autres compositeurs de leur époque.

Donc au final, beaucoup de plaisir dans ce spectacle, j'aurais juste aimé une affiche à la dimension de ce que j'allais trouvé sur scène et un peu moins de texte dans la seconde partie.