Critiques pour l'événement Par la mer
6 juin 2023
8/10
3
Il est difficile de détailler l’histoire sans en gâcher l’effet de surprise.

Trois femmes se rencontrent. Chacune a son histoire mais tout est relié à une femme centrale, Lounia.

Lounia est une algérienne qui a émigré en France et a tout fait pour élever sa famille. C’est le moyen de vivre trois vies qui tournent autour de cette femme. Chacune est à un tournant de sa vie. La solidarité se mettra en place.

L’auteure nous propose une histoire entremêlée, pleine de sentiments. Ces trois femmes construiront un lien fort de solidarité et auront cette nécessité d’être ensemble.

L’interprétation est très juste.

La mise en scène est intéressante autour de la maison centrale dans l’histoire.

Une pièce intéressante qui surprend et qui touche.
2 juin 2023
9/10
4
Poétique, Émouvant, Poignant.

Anaïs Allais Benbouali nous offre un magnifique texte, profond, tendre et d’une grande humanité.

« Si trois sources d’eau qu’on appelle aussi trois sœurs, se retrouvent au même endroit au même moment, il y a grand risque de débordement. La première sœur, c'est l'eau qui vient du nord, après un lâcher de barrage. La deuxième vient du ciel, c’est l’eau qui tombe sur la terre.La troisième c'est et la marée haute qui arrive de l’océan. Peu à peu la mer gagne du terrain.El bhar fi kouli makan. »
Dans la pénombre, la voix de Lounia nous parvient du fond de l’océan. Lounia vivait dans une petite maison à la toiture percée, face à la mer, loin de tout où il fait bon de se ressourcer en compagnie du bruit des vagues.
"Il est grand temps de trouver des raccourcis, de conjurer des solitudes, de réunir des vies minuscules.... Tout ce qui va suivre vient d'arriver depuis longtemps."

L’histoire de trois femmes va nous être contée, toutes trois sont à un carrefour de leur existence. Houda trentenaire, vient de perdre sa mère, Lounia, dont elle n'a pas suffisamment profité. Max plus âgée, a abandonné son boulot, est en litige avec sa fille et a grand besoin de se retrouver. Assia a traversé la méditerranée pour fuir sa famille et son Pays et a de grand projet d'avenir.

Max vient d’acquérir auprès d’Houda la maison de Lounia lorsque surgit Assia. Étrangement, une femme de son pays lui a donné cette adresse et lui a conseillé de s’y rendre en cas de besoin. Fortement contrariée, Max demande à Houda de venir les rejoindre.
Toutes trois se retrouvent dans cette maison en bordure de la mer par une nuit orageuse, la pluie diluvienne transperce le toit, les vagues déferlent sur la plage, la mer peuplée des âmes errantes s’agite, Lounia n’est jamais bien loin…..

Chacune se dévoile, toutes trois sont solitaires et indépendantes mais une solidarité se crée entre elles et les aide à poursuivre leur chemin et aller de l’avant. Oublier les mauvais souvenirs et construire le futur.

Houda ferra-t-elle son deuil?
Max retrouvera-t-elle une certaine sérénité ?
Assia réalisera-t-elle ses rêves?
Lounia du fond de l'océan veille sur cette maison et ses habitants, elle nous parle de sa vie, de son exil. C'est beau, profond et plein de poésie.

La scénographie de Lise Abbadie est d’une très belle esthétique, le fond du plateau bleu outremer nous plonge dans les profondeurs de l’océan. Pour recueillir l'eau des infiltrations, des bocaux de verre dans lesquels se reflète un jeu de lumière sont posés de-ci de-là. Des ombres ornées de magnifiques têtes de poissons hantent les lieux...C'est magiques, nous passons du rêve à la réalité.

La création sonore, les variations lumineuses, les vidéos, intensifient les émotions.

La mise en scène d’Anaïs Allais Benbouali est magnifiquement orchestrée, les scénettes s’enchainent avec aisance et dynamisme.

Louise Belmas nous émeut elle incarne Houla avec délicatesse et sensibilité. Face à la mer, elle rend hommage à sa mère, c’est bouleversant.

« Tu avais écrit au crayon de bois/ Gardez un œil sur les étoiles/..Là maintenant, je ne sais plus ce que je fou là/ On m’a dit que tu serais toujours là avec moi / mais je ne te vois pas , je ne t’entends pas…. »

La voix profonde de Gaëlle Clérivet "Max", envahie l’espace, sa souffrance profonde transparait cachée sous un tempérament bourrue mais plein de générosité.

Asmaa Samlali Assia joue avec grand talent et justesse son propre rôle, arrivée à 17ans en France, Anaïs Allais Benbouali s’est inspirée de son histoire pour écrire ce magnifique récit. Nous sommes sédduits par sa force et son dynamisme.

La magnifique voix de Majida Ghomari nous chavire, ses mots nous viennent droit au cœur et donne vie à Lounia.

Allez vite écouter l'histoire de ces femmes.

Émouvant et beau moment de théâtre.