Critiques pour l'événement L'éveil du Chameau
31 déc. 2016
6/10
93
Pièce sympathique avec l'extraordinaire Barbara Schultz mais qui dans l'ensemble manque un peu de rythme...

L'adaptation du texte en film -Ange et Gabrielle- désolée de le dire mais me paraissait plus réussie.
Reste le jeu des acteurs -surtout celui des femmes car Pascal Elbé ne m'a pas bluffée par sa prestation - et la mise en scène.
17 déc. 2016
9/10
99
Au théâtre, quand un Bourru rencontre une Pêchue, nous retrouvons les saveurs du duo désormais classique des comédies sentimentales : Lui ronchonne, elle séduit. Cette pièce de Murielle Magellan n’échappe pas aux règles du genre mais se déjoue adroitement des clichés et des rodomontades convenues. Des répliques ciselées et tendres, des situations chaleureuses et piquantes, nous racontent cette histoire avec pas mal d'humour et un bon peu d'émotion.

Il était vraiment impensable que la vie de Mickaël soit ainsi bousculée. Lui, le séducteur invétéré dont le corps vibre du prochain plaisir à venir et dont la tête est prise par les tonnes de travail en cours. Surtout par la belle Maryse, jeune quadra à la morale bien ancrée de petite bourgeoise comme il faut.

Et pourtant !... Tout ne glisse pas comme sur un toboggan un jour de pluie ! Rien ne va plus ! Les jeux sont défaits !... Même Fred, l'assistante de Mickaël, au béguin chagrin mais pas revanchard, n'en croit pas ses yeux.

Maryse débarque dans le salon de Mickaël et ça valse de partout ! Les virées du Singe en Hiver, à côté, c'est de la roupie de sansonnet ! Elle insiste, il résiste, elle revient, il... et... Bon, gardons la suite pour ceux qui la verront.

La mise en scène d’Anouche Setbon, centrée sur les jeux, apporte du peps et de la malice aux situations, sans effets ajoutés. Valérie Decobert, l'assistante et l'ex de Mickaël, est adorable dans son personnage d'ancienne amoureuse au désir d'enfant inassouvi, prête à redevenir une nouvelle fois amoureuse mais non tant pis, finalement plutôt complice. Pascal Elbé joue avec délicatesse une partition d'ours mal léché déstabilisé par son passé lourd d'oublis, ressurgissant avec force et tirant sur la corde affective comme un appel au bonheur. Barbara Schulz est une lumineuse Maryse, rayonnante d'énergie, jouant avec ardeur la pugnacité de la colère et avec finesse le lâcher-prise qui la conduit au plaisir.

Trois comédiens, trois beaux talents. Une harmonieuse joie de vivre règne sur le plateau et emporte l'adhésion du public.

Une comédie sentimentale charmante et drôle, jouant des surprises de l'amour dans un spectacle très sympathique.
13 déc. 2016
7,5/10
98
Un joli moment mais qui manque de rythme.

Barbara Schulz est absolument merveilleuse, une grande actrice trop peu mise en avant par ailleurs.
Pascal Elbé fidèle à son rôle de beau gosse, il serait intéressant de le voir dans un autre registre.

Valerie Decoubert drôle comme on la connait !
23 nov. 2016
6,5/10
97
Jolie pièce, jolie comédienne, jolis décors, jolie histoire.... voilà.
Un agréable moment mais pas extraordinaire. Comme un bon téléfilm.

Le + :
Pascal Elbé très convaincant, parfait dans ce rôle séduisant, désinvolte, égoïste, charmeur.
L'histoire plutôt sympa, légère mais pas mièvre, avec quelques bons mots qui font mouche.
Les sujets abordés ; la paternité, l'amour, le désir sont vus de manière assez moderne. En tout cas pas rétrograde.
Un joli décor assez bien travaillé.
Second rôle féminin bien joué. Comédienne Valérie Decobert à suivre...

Le - :
- La mise en scène, au secours ! Manque total de rythme.
On a parfois presque l'impression d'assister à une séance de travail, de recherche tellement certain temps sont longs. Beaucoup de silences, de pauses qu'on peut comprendre, qui peuvent apporter au discours mais à force ça casse vraiment le rythme.
On a envie que ça vive, que ça ait plus la pêche, plus d'échanges entre eux.
- Désolée mais autant j'adore Barbara Schulz autant elle m'a un peu agacée par ce côté ultra rigide, coincée, énervante. Est-il nécessaire d'en faire autant ? Posture, gestes, son de la voix, déplacements tout est irritant. On a bien compris qu'elle est toute coincée, le contraire d'Elbé, bien compris, pas la peine d'insister autant. Mais plus un problème de direction d'actrice que de jeu. Elle joue bien sinon.
19 nov. 2016
7,5/10
124
COMME CHIEN ET CHAT
Il y a des affiches auxquelles il est impossible de résister. Par exemple, celle de cet « Éveil du chameau », que se partagent, avec Valérie Decobert, Barbara Schulz et Pascal Elbé.

Barbara Schulz parce qu’elle est une comédienne adorable, mutine et, en même temps, qu’elle est dotée d’un tempérament scénique peu commun, tressé de force, de finesse, de courage et d’aplomb. Barbara Schulz, qui reste inoubliable dans ses interprétations, notamment de « Dommage qu’elle soit une putain » (mise en scène de l' « irremplaçé » Jérôme Savary), de « Pygmalion » (mise en scène de Nicolas Briançon) qui lui valut, en 2006, le Molière de la meilleure comédienne et aussi d' « Antigone « , mise en scène du même Nicolas Briançon.

Pascal Elbé parce que, depuis une vingtaine d’années, celui qui est aussi scénariste à ses heures, est un artiste dont le charme, la masculinité et la subtilité font merveille, essentiellement, devant et derrière la caméra.

Donc, voir réunis, sur un même plateau, ces deux interprètes là, qui savent aussi bien lire que jouer… On se dit qu’on a de grandes chances de se régaler… Et en effet…

De quoi s’agit-t-il ? D’un affrontement bien sûr !!

Alors qu’il est confortablement installé dans son bureau et qu’il y donne un coup de fil « coquin » à sa petite amie, Mickaël, responsable d’une ONG caritative, mais, par ailleurs, grand macho égoïste sous l’éternel (Pascal Elbé), voit entrer une bombe surexcitée prénommée Maryse (Barbara Schulz), qui lui demande, tout de go, et assez péremptoirement, d’obliger son fils (à lui) de réintégrer le domicile de sa fille (à elle). Cela, parce que le dit-fils a mis enceinte la dite-fille et que, quitter une compagne dans un moment comme celui-là, n’est ni concevable, ni acceptable ! Le hic est que Mickaël, qui n’a jamais reconnu ce fils, se fiche du problème comme d’une guigne. Fureur de Maryse, femme de devoir, légèrement hystérique…

Sous l’œil malicieux de l’assistante de Mickaël (Valérie Decobert), ce dernier et Maryse vont se livrer à de belles passes d’armes et opposer, avec force d’arguments aussi irrésistibles (pour le public) qu’irrecevables (pour chacun d’eux), leur vision respective du monde. Très « drôlement » manichéen ? En fait, plus que ça, parce que, sous les disputes de chien et chat, va surgir ce à quoi les deux combattants ne s’attendaient pas: l’irrationnel, autrement dit, l’inexplicable, l’irraisonnable, l’indicible, c’est-a-dire, le désir. Le désir fou, même… Et là, que faire, sinon y succomber ?… Dans la pièce, deux niveaux de narration vont alors se chevaucher…

L’intrigue semble un peu tirée par les cheveux ? A première vue, peut-être. Mais transposée sur scène, cette intrigue, portée par ces dialogues là (d’un bel allant), avec ces comédiens là (qui sont à leur affaire dans leur rôle respectif du cynique et de la psycho-rigide volcanique), c’est un vrai plaisir! Valérie Decobert est charmante. Barbara Schulz, désopilante, qui passe de l’état de tigresse agressive et donneuse de leçons, à celui de femme désarmée, parce que follement possédée. Pascal Elbé, le chameau de l’histoire, est, lui, impérial. Justesse, humour, charme : il sort le grand jeu pour nous faire succomber…

Ajouter que la (très efficace) mise en scène d’Anouche Setbon s’offre un luxe qui, aujourd’hui, en cette époque survoltée, a presque disparu des scènes de théâtre : des temps pour le silence. Ici, personne ne joue à la va vite. Cela ne ralentit pas le rythme (vif) de la pièce, mais leste ce qu’il s’y passe et s’y dit.

Pour le moment « L’Eveil du chameau » se joue à 19h. Mais,à partir de fin novembre, ce spectacle sera donné à 21h.
20 oct. 2016
7/10
20
Je suis venue voir l'Eveil du chameau, non pour son titre énigmatique mais parce que c'est Murielle Magellan qui a écrit le texte de la pièce. C'est moins profond que son dernier roman, les Indociles (que je vous recommande toujours), davantage dans la veine du scénario de Une famille à louer, donc enlevé, humoristique, ... et féministe.

A choisir, si c'est possible (car les places sont numérotées à l'Atelier), privilégiez un fauteuil à Jardin (sur la gauche de la salle en regardant la scène) pour avoir vue sur l'ensemble du décor, bien pensé par Oria Puppo.

Le pitch (l'accroche) nous est annoncé sur le papier comme l’histoire de deux êtres qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Alors, forcément, on s'attend à de la tension, de la confrontation et des répliques qui feront mouche. Ce sera ça ... avec un petit supplément parce la construction imaginée par Murielle Magellan apporte matière à réfléchir. Elle traite un sujet "convenu" avec anticonformisme, nous offrant non pas un éveil mais deux.

Celui de Mickaël (Pascal Elbé), qui est un homme libre, passionné, et égoïste comme peut l’être un enfant. Avec l'explication, qui n'est pas une excuse, qu'il a peut-être manqué de père.

Et celui de Maryse (Barbara Schulz), une femme mariée, rangée, intelligente, d’une grande droiture. Qui sera capable de changer radicalement de comportement.

La grande perdante sera Frédérique (Valérie Decobert), ex-compagne de Mickaël, dont l'amour s'est transformé en dévouement puisqu'elle est son attentive collaboratrice.

Le spectateur compte les points et vit avec les protagonistes l'éveil à la conscience et l'éveil aux sens. Il y a matière à remuer notre conscience sur ce qui est bien, ou mal, ou entre deux. On écoute le texte. On prend parti. On s'interroge sur ce qu'on ferait à la place de l'un, de l'autre, de la troisième. On finit par trouver des liens (conscients ou non ?) entre les duettistes dont le prénom commence par un M, comme Murielle ou Magellan et dont le son renvoie au verbe aimer.

Elle écrit avec beaucoup de justesse sur le désir, en particulier lorsqu'il est détaché du sentiment amoureux et c'est assez inhabituel au théâtre. Elle interroge aussi avec subtilité la complexité du lien parental et sa construction (ou reconstruction). Il faut dire qu'elle connait le sujet de l'intérieur. La puissance de son humour fait le reste en évitant le double piège du vaudeville ou de la leçon de morale.

Une réplique de Maryse à Mickaël, relevée au hasard pour en témoigner : j'imagine que ce doit pas être simple pour vous d'être comme vous êtes.

Une autre, qui a beaucoup fait rire les spectateurs, mais qui hors contexte perd sans doute de sa force : l'anti-cernes est un produit misogyne si on y pense.

C'est toujours Maryse qui l'affirme. Elle s'approche à plusieurs reprises du public pour lui confier ses états d'âme et donner quelques éclairages supplémentaires. On sent bien qu'elle est au centre de l'écriture et on se surprend à la trouver de plus en plus sympathique, au fur et à mesure que ses principes s'émoussent et que son comportement d'abord à la limite de l'hystérie, bascule dans la spontanéité.

Les comédiens sont excellents. Est-il nécessaire que je résume leur parcours, essentiellement cinématographique pour Pascal et Barbara (récompensée aussi par les Molières) ? Allez-y en couple. Je parie qu'il y aura débat à la sortie.
14 oct. 2016
7/10
29
Maryse, jolie femme, chemisier sage et jupe longue plissée, un peu stricte, déboule chez Mickaël pour lui annoncer que sa fille Claire est enceinte de son fils Simon, celui-ci, a très vite pris ses responsabilités, il s’est enfui à toutes jambes !

Maryse ne l’accepte pas, elle prend en « otage » Mickaël, pour qu’il renoue avec Simon et le place devant ses responsabilités.
Mais voilà, Mickaël, Casanova et Don Juan réunis, n’a rien d’un père de famille, encore moins un grand-père !
Il mène sa vie comme il veut, il assume son égoïsme envers Simon, sa compagne de l’époque souhaitait un enfant, pas lui. Au moins il est honnête et n’est même pas antipathique ! C’est bien ce qui trouble Maryse.

Barbara Schulz est convaincante dans son rôle de mère, qui s’occupe (trop ?) des affaires de cœur de sa grande fille, elle se posera des questions… Valérie Decobert est le joker, la femme trop soumise peut-être. Pascal Elbé n’a pas le beau rôle, mais il parvient à retourner la situation, après tout, il est efficace mais surtout dans l’humanitaire, s’occuper des autres bien loin, oui c’est mieux !

Voilà le non-conte de fées, amusant, émouvant parfois.
Un peu plus de projection de voix et de diction seraient bienvenus !
10 oct. 2016
6/10
20
Une impression mi-figue, mi-raisin en sortant de la pièce : du bon et du moins bon...

Les comédiens : un Pascal Elbé plutôt fade par rapport à ce qu'il peut donner, une Barbara Schulz impeccable et une Valérie Decobert anecdotique dans un second rôle qui ne sert à rien.

L'histoire : vu le pitch, on s'attend à autre chose que l'histoire qui nous est servie et donc on est déçu. Est ce que l'assistante fait vraiment avancer l'histoire ? Je n'en suis pas convaincue. Et la fin me laisse un peu sur ma faim...

Bref plutot déçue même si quelques passages sont sympathiques.
8 oct. 2016
2,5/10
32
Je suis bien d'accord avec cette longue critique d'une pièce qui n'en mérite pas tant !
Barbara Schulz est pétillante et sauve à elle seule la pièce et la soirée des spectateurs.
L'histoire ; une bluette sentimentale, un roman de gare qui avait déjà servi un assez mauvais film, mais quelle idée de récidiver au théâtre.

Le soir de la première, Pascal Elbé était très mauvais, il faut bien le dire même si j'en suis désolée pour lui. Toujours en retrait, mal dans sa peau, dans son personnage, dans la pièce, peut-être mal dirigé, sûrement même… ou bien un trac monstre… Je ne sais, mais quelle frustration !
5 oct. 2016
6/10
58
Un chameau qui n’éveille guère.

On aimait tout dans cette affiche, d’abord le Théâtre de l’Atelier, celui du quartier, et puis Pascal Elbé, un acteur solide et discret, genre « type bien », enfin Barbara Schulz une belle nature jamais décevante, la « girl next door » qu’on adore.

C’est donc difficile d’écrire ce billet, car la soirée a été décevante et il aurait été tellement plus facile d’écrire dans l’enthousiasme.

Certes, l’intrigue est mince : La rencontre /confrontation entre un séducteur bohême et charismatique, ayant toujours fuit l’engagement excepté ceux guidés par son propre plaisir et une femme mère de famille, épouse aimante, psycho rigide et obstinée qui vient lui apprendre que son fils (qu’il n’a pas reconnu) vient de plaquer sa fille enceinte, mais il y avait cependant matière à de beaux développements portés par de solides acteurs.

Le résultat est cruel.

Le texte de la pièce manque de direction : on part sur une intrigue basée sur la rencontre de deux personnages totalement opposés, grand classique romanesque : la pièce nous laisse entendre que l’intrigue portera sur leur rencontre et plus si affinité, et ce début est réjouissant : bons dialogues, monologue percutants et drôles puis cela s’enlise ; le fil conducteur se perd et se dédouble, le rythme s’avachit, la rencontre improbable devient, sans qu’on en comprenne les raisons ou ressorts, l’histoire de l’évolution de Michael vers la paternité et l’émotion, doublée de la découverte, esquissée à la va vite de la révélation à Maryse de sa propre sensualité …

Tout cela est balancé au fil de scène dialogues /confrontations ou monologue. Au milieu de ce duo surgit le personnage de l’ancienne amante devenue assistante, elle même avec ses propres tourments et frustrations …

Mais on ne peut pas suivre trois personnages et deux histoires en 1h15, et de fait aucun n’est bien servi, tout est saupoudré d’où cette sensation d’absence de fils directeurs, de succession de scènes sans logique sans structure, voir sans but, confirmée par une fin en queue de poisson où on est censé comprendre que le chameau est éveillé (à quoi, on en sait pas très bien ça reste flou).

Bien sur il y a de la drôlerie dans certains dialogues, des traits d’esprit par instant, de bons mots caustiques et dans l’air du temps, quelques scène enlevées mais cela ne suffit pas à ordonner le tout.

Au milieu de tout cela Pascal Elbé, sans surprise, séducteur et bourru, joue sa partition mais sans plus, on regrette qu’il n’explose pas plus sur scène alors qu’il sait être si intense, précis et fin à l’écran, peut être parce qu’il n’a pas un texte à la hauteur de son grand talent.
Celui de Valerie Decobert, cantonnée à jouer les utilités, est un peu gâchée dans un second rôle si peu incarné.

Seule Barbara Schulz domine un peu ce brouillon : impeccable et plus encore comme toujours : drôle, nuancée, émouvante. Elle sauve un peu la pièce.

Intrigues floues, manque de rythme et de liant, texte mince : il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans ce chameau.

Les trois acteurs souffrent du manque de propos du texte, à partir de là ; ils font au mieux mais ne peuvent pallier cet état de fait et on repart le cœur serré, en espérant que le Théâtre de l’Atelier, qui a déjà eu quelques déconvenues la saison passée, ne continue pas dans cette longue série avec ce chameau qui n’éveille guère.