Critiques pour l'événement Les Femmes Savantes avec Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri
Très bon Bacri mais surtout excellente Evelyne Buyle !
Par contre Agnès Jaoui est plutôt décevante, et on a du mal à comprendre la jeune Henriette qui semble gênée par les alexandrins.
Ceci dit un excellent spectacle, une très belle mise en scène.
Par contre Agnès Jaoui est plutôt décevante, et on a du mal à comprendre la jeune Henriette qui semble gênée par les alexandrins.
Ceci dit un excellent spectacle, une très belle mise en scène.
C'est dans un unique décor que tout se joue. Beau décor où les épaves sont des restes d'animaux, squelettes ou empaillés. C'est cette ironie qui plante une modernité.
Le ton de Bacri aussi insuffle cette modernité humaine d'un homme en retrait des agitations, cherchant la paix et plutôt laconique, son personnage ne se livre pas dans la rhétorique comme la plupart des personnages mais n'est jamais loin du doute par la bonté, à la limite de la lâcheté mais volontaire quand même pour sauver les vies (par affection et pur bon sens moderne -la modernité donne au désir toute sa volonté -)
Il y a donc ce lieu qui est un entrepôt de l'observation encyclopédique du monde. Ces femmes savantes voudraient faire entrer le monde dans un salon mais leur vive ambition n'est pas corrélée à un jugement sûr. La connaissance est si diffuse qu'élle est aussi une intimidation vertigineuse, c'est ce vertueux vertige qui finalement les ègare un peu soit dans l'amour (la fille aînée perd son amour dans une sorte de vanité d'espoir érudit) soit dans l'escroquerie (la mère croit au talent d'un empoudré pilleur de vers qui n'en veut qu'à ses biens).
Mais Molière n'accable pas ces vertueuses, la mère garde malgré cette errance une vraie grandeur de cœur et c'est au final cette grandeur d'âme qui transparaît et qui fait qu'il n'y a pas de ridicule pour la disgracier aux yeux du public. La fille, grande en taille, restera malgré les larmes, perchée dans son credo spirituel, chose louable.
Une belle troupe pour une pièce de Molière tout en genre plutôt féministe mais qui interroge aussi sur la vraie nature des gens (gens d'esprit ou pas gens d'esprit ?) sur le fameux bon sens populaire (le port de la culotte par l'homme est il une fatalité ?).
Finalement genre féminin ou masculin doivent s'apparier pour l'intelligence (ou se séparer intelligemment). Les rôles se redistribuent et la femme doit jouer son rôle au même titre que l'homme.
Une pièce qui s'achève entre femmes, en belles voix. La beauté n'est-ce pas féminin au fond ?
Le ton de Bacri aussi insuffle cette modernité humaine d'un homme en retrait des agitations, cherchant la paix et plutôt laconique, son personnage ne se livre pas dans la rhétorique comme la plupart des personnages mais n'est jamais loin du doute par la bonté, à la limite de la lâcheté mais volontaire quand même pour sauver les vies (par affection et pur bon sens moderne -la modernité donne au désir toute sa volonté -)
Il y a donc ce lieu qui est un entrepôt de l'observation encyclopédique du monde. Ces femmes savantes voudraient faire entrer le monde dans un salon mais leur vive ambition n'est pas corrélée à un jugement sûr. La connaissance est si diffuse qu'élle est aussi une intimidation vertigineuse, c'est ce vertueux vertige qui finalement les ègare un peu soit dans l'amour (la fille aînée perd son amour dans une sorte de vanité d'espoir érudit) soit dans l'escroquerie (la mère croit au talent d'un empoudré pilleur de vers qui n'en veut qu'à ses biens).
Mais Molière n'accable pas ces vertueuses, la mère garde malgré cette errance une vraie grandeur de cœur et c'est au final cette grandeur d'âme qui transparaît et qui fait qu'il n'y a pas de ridicule pour la disgracier aux yeux du public. La fille, grande en taille, restera malgré les larmes, perchée dans son credo spirituel, chose louable.
Une belle troupe pour une pièce de Molière tout en genre plutôt féministe mais qui interroge aussi sur la vraie nature des gens (gens d'esprit ou pas gens d'esprit ?) sur le fameux bon sens populaire (le port de la culotte par l'homme est il une fatalité ?).
Finalement genre féminin ou masculin doivent s'apparier pour l'intelligence (ou se séparer intelligemment). Les rôles se redistribuent et la femme doit jouer son rôle au même titre que l'homme.
Une pièce qui s'achève entre femmes, en belles voix. La beauté n'est-ce pas féminin au fond ?
Oui, Molière le fait dire sans ambages à son Clitandre :
« ….............. et je vous suis garant
Qu'un sot savant est sot plus qu'un sot ignorant. »
Voilà en quelques mots résumé le propos de cette comédie.
Et ce propos, comme il n'a pas vieilli, comme il est d'actualité !
Il n'est pour s'en convaincre que de constater la profusion de pseudo-experts de tout poil sur nos étranges lucarnes et dans nos bizarres transistors...
Et de ne pas oublier que l'an passé, le Louvre confiait son Hall Napoléon à un pseudo-conservateur, autrefois conseiller d'un président de la République élu en 1981, pour organiser une exposition aussi pédante qu'inutile. (Un indice au cas où : les initiales sont J et A.... Voilà, ça, c'est fait ! )
Pour ces femmes savantes, Catherine Hiegel, ex Doyenne du Français, signe une très jolie mise en scène classique, en costumes et en décor « d'époque ».
(Somptueux, le décor : un très bel appartement bourgeois du XVIIème (siècle, pas arrondissement...) qui se transforme petit à petit en cabinet de curiosités, avec un son lot d'objets incongrus. La scène du squelette d'autruche est d'ailleurs désopilante.)
On n'est pas surpris, on sait à quoi s'attendre, on n'est pas déçu : Mme l'ex-Doyenne a véritablement su mettre en valeur texte et comédiens. Les alexandrins coulent de source !
Que demander de plus, finalement...
J'ai eu l'impression qu'elle avait pris un malin plaisir à soigner les rôles masculins, un peu plus que celui de ces dames.
Jean-Pierre Bacri fait ce qu'il sait faire de mieux, à savoir du Bacri, (son entrée est désopilante...), déclenche l'hilarité du public qui, bien souvent, à en croire les réactions, est venu pour lui.
Son jeu, outre le texte, ses mimiques, tics, gestes entre les répliques, son jeu est phénoménal.
Agnès Jaoui est un peu en retrait, (la production ne fait que commencer), alors qu'Evelyne Buyle campe une cougar drôlissime.
Bien entendu, le piège pour cette pièce est de transformer ces femmes réellement avides de savoirs et finalement d'une certaine forme d'émancipation en « Précieuses ridicules ».
Mme Hiegel n'y tombe pas, et c'est tant mieux.
Mais celui qui m'a vraiment enthousiasmé est Philippe Duquesne, en Trissotin fardé de blanc et à la canne riche en ressources liquides et alcoolisées.
Duquesnes, qu'on adorait chez Deschamps-Makeieff en général et dans les Deschiens en particulier, (Canal plus historique...), montre la belle richesse de sa palette.
Il est en effet tour à tour pédant, hilarant, mais également fourbe, calculateur, manipulateur, inquiétant.
Une vraie réussite !
Le reste de la distribution est au top, avec notamment les anciens de la Comédie française (Catherine Farran, Benjamin Jungers, Baptiste Roussillon...).
Au final, ce fut une excellente soirée.
Un classique monté avec classe et classicisme.
La tradition a aussi du bon.
Molière peut dormir sur ses deux oreilles : il a encore de bien talentueux serviteurs.
« ….............. et je vous suis garant
Qu'un sot savant est sot plus qu'un sot ignorant. »
Voilà en quelques mots résumé le propos de cette comédie.
Et ce propos, comme il n'a pas vieilli, comme il est d'actualité !
Il n'est pour s'en convaincre que de constater la profusion de pseudo-experts de tout poil sur nos étranges lucarnes et dans nos bizarres transistors...
Et de ne pas oublier que l'an passé, le Louvre confiait son Hall Napoléon à un pseudo-conservateur, autrefois conseiller d'un président de la République élu en 1981, pour organiser une exposition aussi pédante qu'inutile. (Un indice au cas où : les initiales sont J et A.... Voilà, ça, c'est fait ! )
Pour ces femmes savantes, Catherine Hiegel, ex Doyenne du Français, signe une très jolie mise en scène classique, en costumes et en décor « d'époque ».
(Somptueux, le décor : un très bel appartement bourgeois du XVIIème (siècle, pas arrondissement...) qui se transforme petit à petit en cabinet de curiosités, avec un son lot d'objets incongrus. La scène du squelette d'autruche est d'ailleurs désopilante.)
On n'est pas surpris, on sait à quoi s'attendre, on n'est pas déçu : Mme l'ex-Doyenne a véritablement su mettre en valeur texte et comédiens. Les alexandrins coulent de source !
Que demander de plus, finalement...
J'ai eu l'impression qu'elle avait pris un malin plaisir à soigner les rôles masculins, un peu plus que celui de ces dames.
Jean-Pierre Bacri fait ce qu'il sait faire de mieux, à savoir du Bacri, (son entrée est désopilante...), déclenche l'hilarité du public qui, bien souvent, à en croire les réactions, est venu pour lui.
Son jeu, outre le texte, ses mimiques, tics, gestes entre les répliques, son jeu est phénoménal.
Agnès Jaoui est un peu en retrait, (la production ne fait que commencer), alors qu'Evelyne Buyle campe une cougar drôlissime.
Bien entendu, le piège pour cette pièce est de transformer ces femmes réellement avides de savoirs et finalement d'une certaine forme d'émancipation en « Précieuses ridicules ».
Mme Hiegel n'y tombe pas, et c'est tant mieux.
Mais celui qui m'a vraiment enthousiasmé est Philippe Duquesne, en Trissotin fardé de blanc et à la canne riche en ressources liquides et alcoolisées.
Duquesnes, qu'on adorait chez Deschamps-Makeieff en général et dans les Deschiens en particulier, (Canal plus historique...), montre la belle richesse de sa palette.
Il est en effet tour à tour pédant, hilarant, mais également fourbe, calculateur, manipulateur, inquiétant.
Une vraie réussite !
Le reste de la distribution est au top, avec notamment les anciens de la Comédie française (Catherine Farran, Benjamin Jungers, Baptiste Roussillon...).
Au final, ce fut une excellente soirée.
Un classique monté avec classe et classicisme.
La tradition a aussi du bon.
Molière peut dormir sur ses deux oreilles : il a encore de bien talentueux serviteurs.
Une pièce qui met d'abord en avant Molière sans complexe.
Les décors magnifiques, très travaillés, très précis.
Les costumes d'époque qui n'en font pas des tonnes.
Les lumières qui arrivent à magnifier, adoucir, dynamiser ou encore focaliser tour à tour. J'ai vraiment apprécié les différentes ambiances que l'éclairage électrique ou aux bougies ont su apporter. L'éclairage avait du coup une force scénique importante.
La mise en scène classique mais pleine de gaité, de succession de beaux tableaux. C'est simple, sans chichi, sans excès mais bien trouvé, bien mis en valeur.
Enfin, les comédiens qui ont su chacun avec sa forte personnalité s'emparer d'un texte pas facile à dire en alexandrins. Evelyne Buyle par exemple est épatante, Bacri a un texte qui semble écrit pour lui. Il est à l'aise et naturel. Eux deux avec la bonne ont conquis le public. Toute petite réserve sur Jaoui qui a moins de coffre et de diction pour ses longues tirades. Les autres personnages sont justes, bien interprétés.
Bref, Molière serait content ! Cette pièce lui rend un bel hommage.
Les décors magnifiques, très travaillés, très précis.
Les costumes d'époque qui n'en font pas des tonnes.
Les lumières qui arrivent à magnifier, adoucir, dynamiser ou encore focaliser tour à tour. J'ai vraiment apprécié les différentes ambiances que l'éclairage électrique ou aux bougies ont su apporter. L'éclairage avait du coup une force scénique importante.
La mise en scène classique mais pleine de gaité, de succession de beaux tableaux. C'est simple, sans chichi, sans excès mais bien trouvé, bien mis en valeur.
Enfin, les comédiens qui ont su chacun avec sa forte personnalité s'emparer d'un texte pas facile à dire en alexandrins. Evelyne Buyle par exemple est épatante, Bacri a un texte qui semble écrit pour lui. Il est à l'aise et naturel. Eux deux avec la bonne ont conquis le public. Toute petite réserve sur Jaoui qui a moins de coffre et de diction pour ses longues tirades. Les autres personnages sont justes, bien interprétés.
Bref, Molière serait content ! Cette pièce lui rend un bel hommage.
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