Critiques pour l'événement Le malade imaginaire, Stratz
28 févr. 2022
9,5/10
8
Faire rire de son propre malheur !

Molière dans le rôle d'Argan, c'était finalement un vrai malade, conscient de son état, qui incarnait un hypocondriaque.

Ainsi, comme toujours chez cet immense auteur, la farce déguise la tragédie.
Derrière le burlesque se cache la cruauté, la méchanceté, la maladie ....

Il n'empêche.
C'est le rire qui l'emporte salle Richelieu, tout au long du spectacle.

La mise en scène de Claude Stratz, créée en 2001, n'a pas pris une ride.
Sans modernisation inutile, mais avec un sens du comique époustouflant !

Et une bande de comédiens à leur meilleur.

Guillaume Gallienne en tête, incroyable et toujours juste.
Planté dans son fauteuil de malade qui ressemble à un trône - dans tous les sens du terme ! - il est capricieux et tyrannique, récriminant sans cesse en agitant ses chaussons. Un régal !

A ses côtés, Julie Sicard est une Toinette formidable, piquante et dégourdie.

Quand à Christian Hecq, il est et restera un M. Purgon inoubliable.

Autour d'eux, une savoureuse brochette de comédiens.
Mention spéciale à Clément Bresson, méconnaissable dans le rôle d'un Thomas Diafoirus dégénéré, totalement réjouissif.

L'anthologique scène du poumon, entre Argan et Toinette, n'est pas seulement une parfaite illustration du pouvoir de l'imposture comme ressort comique au théâtre.

Elle est aussi le constat de la peur et de la vénération dont nous sommes capables face à la parole scientifique.

Constat d'une stupéfiante actualité !