Critiques pour l'événement L'Avare
Bienvenue en Suiiiiiiiisse.
On va r’mettre l’église au milieu du villaaaaaaaage !
Ou Harpagon chez les Helvètes.
« Bon d’accord, on a l’impression d’avoir Christian Clavier en face de soi, mais on a besoin de légèreté en ce moment... », me confiait une spectatrice, hier soir, à la sortie du spectacle.
Totalement d’accord avec elle. Seulement voilà, va-t-on chez Molière pour trouver de la légèreté ?
Pour sa première incursion dans le répertoire du grand Jean-Baptiste, la metteure en scène helvète nous propose donc un Harpagon qui a tout des derniers personnages interprétés par Christian Clavier : les mimiques, les tics, les tocs, la démarche furieuse, sans oublier le costume pantalon clair , veste et gilet sombres de la même couleur…
Qui a eu cette idée : elle ou le comédien Laurent Stocker ? Nous ne le saurons probablement jamais
Bon. Va pour Clavier, donc.
Melle Baur a choisi de traiter cette comédie par le prisme du comique de situation.
Ici, ce qui semble importer le plus, ce sont les à-côtés du texte, c’est rire avec ce qui n’est ni écrit, ni dit, c'est rire avec des petits moments autres que ceux voulus par l'auteur.
Une illustration de mon propos : le personnage de Mariane (l’épatante Anna Cervinka) qui se retrouve complètement ivre à la fin de la pièce. Oui, le public rit.
Autre exemple : le toujours formidable Nicolas Lormeau, qui incarne les rôles de Maître Simon, mais surtout celui de Dame Claude et celui du Commissaire.
Ce qu’il fait est hilarant. Perché sur son escabeau, notamment, c’est lui qui attire toute l’attention, alors que nous sommes censés suivre surtout l’action principale. Oui, nous rions.
Un autre ? Une pelle ensanglantée que brandit notre avare tout à coup. C’est sans doute drôle.
Mais pourquoi ? A-t-il tué quelqu’un en coulisse, a-t-il assommé un voleur ? Pourquoi cette ellipse ?
Certes, Lilo Baur est une experte en matière de déclenchement de rires, mais était-il bien nécessaire d’en rajouter, alors que Molière se suffit largement à lui-même ?
J’ai trouvé que le texte, avec les fameuses tirades que l’on sait, passait un peu au second plan, après une multitude de petites scènes certes drôles, au devant ou au lointain du plateau, monopolisant l’attention et les rires.
C’est son choix.
Comme celui de changer quelques passages du texte original. Pourquoi pas, après tout, les grands auteurs sont fait pour être bousculés…
Seulement, j’ai trouvé que son Harpagon manquait d’épaisseur.
Il ne sert évidemment à rien de comparer, mais le personnage que nous montrait très dernièrement Michel Boujenah dans la mise en scène de Daniel Benoin au Théâtre des Variétés était autrement plus consistant, avec une fine analyse du conflit de générations (c’est avant tout le propos de la pièce, outre la dénonciation du défaut du héros), avec de plus une très belle fin qui nous faisait véritablement comprendre comment cet homme-là devenait l’archétype, le mythe de « l’avaricieux », comment le nom propre Harpagon devenait un nom commun.
Ici, le parti-pris de départ d’en faire un banquier suisse des années 50 était une riche idée, (c’est en tout cas ce qu’indique le dossier de presse…) mais curieusement, cette idée ne trouve pas d’aboutissements ou d’autres rebonds sur notre contemporanéité.
On reste aussi sur notre faim de ce point de vue là…
Deux personnages semblent avoir eu l’heur d’être vraiment travaillés finement : le Maître Jacques épatant de Serge Bagdassarian, et la troublante Frosine de Françoise Gillard.
Bien entendu, tous les comédiens français sont irréprochables, et font ce que leur a demandé de faire Lilo Baur.
La scénographie est dépouillée, avec une alternance bien connue de champs-contrechamps jardin/salon.
Une piscine, un green de golf avec sa voiturette électrique, de jolies guirlandes qui descendent à la fin du spectacle, sans trop qu’on sache finalement pourquoi…
Fallait-il traiter ce chef d’œuvre sur le mode de la farce burlesque et pocharde, fallait-il appliquer les mêmes recettes que la précédente mise en scène, réussie celle-ci, à savoir La puce à l'oreille, quitte à vider cet Avare de sa saveur et de son propos ?
Je ne le pense pas.
On va r’mettre l’église au milieu du villaaaaaaaage !
Ou Harpagon chez les Helvètes.
« Bon d’accord, on a l’impression d’avoir Christian Clavier en face de soi, mais on a besoin de légèreté en ce moment... », me confiait une spectatrice, hier soir, à la sortie du spectacle.
Totalement d’accord avec elle. Seulement voilà, va-t-on chez Molière pour trouver de la légèreté ?
Pour sa première incursion dans le répertoire du grand Jean-Baptiste, la metteure en scène helvète nous propose donc un Harpagon qui a tout des derniers personnages interprétés par Christian Clavier : les mimiques, les tics, les tocs, la démarche furieuse, sans oublier le costume pantalon clair , veste et gilet sombres de la même couleur…
Qui a eu cette idée : elle ou le comédien Laurent Stocker ? Nous ne le saurons probablement jamais
Bon. Va pour Clavier, donc.
Melle Baur a choisi de traiter cette comédie par le prisme du comique de situation.
Ici, ce qui semble importer le plus, ce sont les à-côtés du texte, c’est rire avec ce qui n’est ni écrit, ni dit, c'est rire avec des petits moments autres que ceux voulus par l'auteur.
Une illustration de mon propos : le personnage de Mariane (l’épatante Anna Cervinka) qui se retrouve complètement ivre à la fin de la pièce. Oui, le public rit.
Autre exemple : le toujours formidable Nicolas Lormeau, qui incarne les rôles de Maître Simon, mais surtout celui de Dame Claude et celui du Commissaire.
Ce qu’il fait est hilarant. Perché sur son escabeau, notamment, c’est lui qui attire toute l’attention, alors que nous sommes censés suivre surtout l’action principale. Oui, nous rions.
Un autre ? Une pelle ensanglantée que brandit notre avare tout à coup. C’est sans doute drôle.
Mais pourquoi ? A-t-il tué quelqu’un en coulisse, a-t-il assommé un voleur ? Pourquoi cette ellipse ?
Certes, Lilo Baur est une experte en matière de déclenchement de rires, mais était-il bien nécessaire d’en rajouter, alors que Molière se suffit largement à lui-même ?
J’ai trouvé que le texte, avec les fameuses tirades que l’on sait, passait un peu au second plan, après une multitude de petites scènes certes drôles, au devant ou au lointain du plateau, monopolisant l’attention et les rires.
C’est son choix.
Comme celui de changer quelques passages du texte original. Pourquoi pas, après tout, les grands auteurs sont fait pour être bousculés…
Seulement, j’ai trouvé que son Harpagon manquait d’épaisseur.
Il ne sert évidemment à rien de comparer, mais le personnage que nous montrait très dernièrement Michel Boujenah dans la mise en scène de Daniel Benoin au Théâtre des Variétés était autrement plus consistant, avec une fine analyse du conflit de générations (c’est avant tout le propos de la pièce, outre la dénonciation du défaut du héros), avec de plus une très belle fin qui nous faisait véritablement comprendre comment cet homme-là devenait l’archétype, le mythe de « l’avaricieux », comment le nom propre Harpagon devenait un nom commun.
Ici, le parti-pris de départ d’en faire un banquier suisse des années 50 était une riche idée, (c’est en tout cas ce qu’indique le dossier de presse…) mais curieusement, cette idée ne trouve pas d’aboutissements ou d’autres rebonds sur notre contemporanéité.
On reste aussi sur notre faim de ce point de vue là…
Deux personnages semblent avoir eu l’heur d’être vraiment travaillés finement : le Maître Jacques épatant de Serge Bagdassarian, et la troublante Frosine de Françoise Gillard.
Bien entendu, tous les comédiens français sont irréprochables, et font ce que leur a demandé de faire Lilo Baur.
La scénographie est dépouillée, avec une alternance bien connue de champs-contrechamps jardin/salon.
Une piscine, un green de golf avec sa voiturette électrique, de jolies guirlandes qui descendent à la fin du spectacle, sans trop qu’on sache finalement pourquoi…
Fallait-il traiter ce chef d’œuvre sur le mode de la farce burlesque et pocharde, fallait-il appliquer les mêmes recettes que la précédente mise en scène, réussie celle-ci, à savoir La puce à l'oreille, quitte à vider cet Avare de sa saveur et de son propos ?
Je ne le pense pas.
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