Critiques pour l'événement La Reine de Beauté de Leenane
Pièce noire sur la relation mère-fille entre amour et haine.
Formidable Marie-Christine Barrault. Si belle et bienveillante qui se transforme en vieille sorcière méchante. C'est définitivement une grande comédienne.
Très bons acteurs qui l'entourent d'une totale crédibilité qui parviennent à nous faire croire qu'il fait -20 degrés en plein Avignon de juillet.
Histoire dérangeante, brutale, noire, comme une lame de rasoir. Mais qui sait aussi nous faire rire, nous émouvoir et chercher au fond de chacun cette part inavouable (pour la plupart) de méchanceté.
Réflexion sur la vieillesse, la solitude, la famille, la folie.
Un texte intelligent, qui ne cherche pas la facilité tout en étant très accessible.
Des mots bruts, crus, sans détours, avec les fautes de tournure de ploucs irlandais.
Un choc qui nous embarque dans un monde qu'on a plaisir à quitter et qui pourtant nous parle....
Formidable Marie-Christine Barrault. Si belle et bienveillante qui se transforme en vieille sorcière méchante. C'est définitivement une grande comédienne.
Très bons acteurs qui l'entourent d'une totale crédibilité qui parviennent à nous faire croire qu'il fait -20 degrés en plein Avignon de juillet.
Histoire dérangeante, brutale, noire, comme une lame de rasoir. Mais qui sait aussi nous faire rire, nous émouvoir et chercher au fond de chacun cette part inavouable (pour la plupart) de méchanceté.
Réflexion sur la vieillesse, la solitude, la famille, la folie.
Un texte intelligent, qui ne cherche pas la facilité tout en étant très accessible.
Des mots bruts, crus, sans détours, avec les fautes de tournure de ploucs irlandais.
Un choc qui nous embarque dans un monde qu'on a plaisir à quitter et qui pourtant nous parle....
Le décor est bien planté mais rien que la voix de l'actrice principale rebute. On est vite agacé par ce surjeu quasi permanent. La relation mère-fille manque de profondeur, même si l'actrice qui joue la mère fait le job. Le sujet était pourtant plein de potentiel. J'aurais peut être aimé voir plus le coté satyrique sachant que les passages "drôles" m'ont fait à peine sourire.
Heureusement que les acteurs masculins relèvent le niveau, en particulier un Gregori Baquet tout en candeur et d'une grande justesse.
Heureusement que les acteurs masculins relèvent le niveau, en particulier un Gregori Baquet tout en candeur et d'une grande justesse.
La pièce qui s'annonce comme satyrique n'est pas, à mon goût, assez acide.
Les comédiennes se donnent Le change sans une réelle émotion ressentie. Maureen joue même de manière trop linéaire durant toute la pièce.
Les rôles masculins candides amènent plus de nuances et tendresses à leurs personnages.
Le texte ou la mise en scène me laisse perplexe quand à l'humour recherché ? Car le seul effet humoristique recherché semblait être les difficultés d'élocutions de nos chers frangins. D'ailleurs nous pourrions plutôt appeler la pièce la reine de beauté de Livarot, tellement elle fut francisée (extrait de tournez manège à la tv).
Le sujet est porteur de beaucoup de potentiel noir et arrive par moment à les exploiter.
Les comédiennes se donnent Le change sans une réelle émotion ressentie. Maureen joue même de manière trop linéaire durant toute la pièce.
Les rôles masculins candides amènent plus de nuances et tendresses à leurs personnages.
Le texte ou la mise en scène me laisse perplexe quand à l'humour recherché ? Car le seul effet humoristique recherché semblait être les difficultés d'élocutions de nos chers frangins. D'ailleurs nous pourrions plutôt appeler la pièce la reine de beauté de Livarot, tellement elle fut francisée (extrait de tournez manège à la tv).
Le sujet est porteur de beaucoup de potentiel noir et arrive par moment à les exploiter.
Là-bas dans le Connemara..! Ce n’est pourtant pas sur du Sardou mais sur du rock (enfin je pense, pour ce que je m’y connais !) que vous êtes accueilli au Lucernaire pour assister à un règlement familial entre une mère qui ne veut pas laisser partir sa fille et une fille qui met l’échec de sa vie sur le dos de sa mère. Dans cette tragi-comédie sur fond de misère sociale irlandaise écrite par Martin McDonald’s il y a 20 ans les apparences sont trompeuses et la violence omniprésente. Tour à tour dérangeante et surprenante, LA REINE DE BEAUTÉ DE LEENANE ne vous laissera pas indifférent…
UNE ATMOSPHÈRE DÉTESTABLE
A 40 ans Maureen (Sophie PAREL) vit encore avec Mag, son acariâtre de mère (Catherine SALVIAT). La vie ne lui ayant pas fait de cadeau elle rêve d’amour et d’eau fraîche et d’un ailleurs loin de sa mère. Toutes deux entretiennent une relation dysfonctionnelle ancrée dans un quotidien de violence verbale, psychologique et physique. De fait le spectateur se retrouve témoin (ou voyeur !) d’un drame qui déroule sous ses yeux. La pièce étant suffisamment cynique, elle en devient assez addictive. Car l’histoire déroute, interroge et surprend. On a du mal à démêler le vrai du faux, à prendre parti pour un personnage plutôt que pour un autre. L’arrivée de Pat Dooley (Grégori BACQUET), source d’espoir pour Maureen et de solitude pour Mag, va mettre le feu aux poudres et lancer mère-fille sur une trajectoire de laquelle elles ne reviendront pas indemnes…
La lourdeur du propos est compensée par quelques notes d’humour (noir, forcément). Si je suis resté assez hermétique à ces tentatives, n’en demeure pas moins que beaucoup y ont trouvé écho. Peut-être une manière pour ces certains d’exhorter le côté sombre de la pièce par le rire. Pour autant on ne peut pas considérer la pièce comme une comédie. A mon sens elle peine d’ailleurs à trouver un juste équilibre entre comédie (dramatique ou satirique selon l’interprétation de chacun), et volonté de retranscrire une certaine misère irlandaise (représentée notamment par le décor miteux, la pauvreté du langage des protagonistes ou leurs fantasmes de jours meilleurs en dehors de leur île). Pour autant je m’attendais à y voir encore plus d’Irlande, encore plus de références à cette époque où aucun espoir n’était permis…
UN QUATUOR À LA HAUTEUR
À mes yeux c’est Arnaud DUPONT dans le rôle de Ray, frère de Pat Dooley, qui tire son épingle du jeu. Son naturel et la candeur qu’il apporte au personnage m’ont beaucoup séduit. Dans le rôle de Pat, Gregori BACQUET maîtrise parfaitement son sujet et apporte une sensibilité qui convient parfaitement au personnage. Dommage qu’il soit sous-exploité puisqu’il n’est présent que dans deux scènes (dont un monologue), la pièce se concentrant principalement sur les égarements de la mère et de la fille. Pour incarner la marâtre Catherine SALVIAT fait presque un sans faute mais sa version reste finalement trop proche du cliché de la Tatie Danielle à mon goût (oui, malheureusement on est bien obligé de faire le rapprochement). J’aurais aimé y voir un peu plus de nuances et de finesse. Pour lui donner la réplique Sophie PAREL nous propose une interprétation pêchue mais assez déroutante. Si au début j’ai eu du mal avec son jeu nonchalant (à l’image de son personnage) j’ai été rapidement conquis par sa profondeur, notamment sur la scène finale. PAREL assure également une mise en scène sobre et sans artifice.
Amis de la poésie et de bons sentiments cette pièce ne fera probablement pas votre bonheur. Amateurs d’un théâtre alternatif cette pièce, qui a le mérite de sortir des sentiers battus, sera une belle découverte. La production n’ayant pas beaucoup de moyen pour en faire la promo c’est aux blogueurs de théâtre et aux spectateurs de se mobiliser. Charge à chacun d’entre vous d’apporter sa pierre à l’édifice.
UNE ATMOSPHÈRE DÉTESTABLE
A 40 ans Maureen (Sophie PAREL) vit encore avec Mag, son acariâtre de mère (Catherine SALVIAT). La vie ne lui ayant pas fait de cadeau elle rêve d’amour et d’eau fraîche et d’un ailleurs loin de sa mère. Toutes deux entretiennent une relation dysfonctionnelle ancrée dans un quotidien de violence verbale, psychologique et physique. De fait le spectateur se retrouve témoin (ou voyeur !) d’un drame qui déroule sous ses yeux. La pièce étant suffisamment cynique, elle en devient assez addictive. Car l’histoire déroute, interroge et surprend. On a du mal à démêler le vrai du faux, à prendre parti pour un personnage plutôt que pour un autre. L’arrivée de Pat Dooley (Grégori BACQUET), source d’espoir pour Maureen et de solitude pour Mag, va mettre le feu aux poudres et lancer mère-fille sur une trajectoire de laquelle elles ne reviendront pas indemnes…
La lourdeur du propos est compensée par quelques notes d’humour (noir, forcément). Si je suis resté assez hermétique à ces tentatives, n’en demeure pas moins que beaucoup y ont trouvé écho. Peut-être une manière pour ces certains d’exhorter le côté sombre de la pièce par le rire. Pour autant on ne peut pas considérer la pièce comme une comédie. A mon sens elle peine d’ailleurs à trouver un juste équilibre entre comédie (dramatique ou satirique selon l’interprétation de chacun), et volonté de retranscrire une certaine misère irlandaise (représentée notamment par le décor miteux, la pauvreté du langage des protagonistes ou leurs fantasmes de jours meilleurs en dehors de leur île). Pour autant je m’attendais à y voir encore plus d’Irlande, encore plus de références à cette époque où aucun espoir n’était permis…
UN QUATUOR À LA HAUTEUR
À mes yeux c’est Arnaud DUPONT dans le rôle de Ray, frère de Pat Dooley, qui tire son épingle du jeu. Son naturel et la candeur qu’il apporte au personnage m’ont beaucoup séduit. Dans le rôle de Pat, Gregori BACQUET maîtrise parfaitement son sujet et apporte une sensibilité qui convient parfaitement au personnage. Dommage qu’il soit sous-exploité puisqu’il n’est présent que dans deux scènes (dont un monologue), la pièce se concentrant principalement sur les égarements de la mère et de la fille. Pour incarner la marâtre Catherine SALVIAT fait presque un sans faute mais sa version reste finalement trop proche du cliché de la Tatie Danielle à mon goût (oui, malheureusement on est bien obligé de faire le rapprochement). J’aurais aimé y voir un peu plus de nuances et de finesse. Pour lui donner la réplique Sophie PAREL nous propose une interprétation pêchue mais assez déroutante. Si au début j’ai eu du mal avec son jeu nonchalant (à l’image de son personnage) j’ai été rapidement conquis par sa profondeur, notamment sur la scène finale. PAREL assure également une mise en scène sobre et sans artifice.
Amis de la poésie et de bons sentiments cette pièce ne fera probablement pas votre bonheur. Amateurs d’un théâtre alternatif cette pièce, qui a le mérite de sortir des sentiers battus, sera une belle découverte. La production n’ayant pas beaucoup de moyen pour en faire la promo c’est aux blogueurs de théâtre et aux spectateurs de se mobiliser. Charge à chacun d’entre vous d’apporter sa pierre à l’édifice.
Ils nous ont fait plonger dans la crasse humaine, ils nous ont scotchés comme des mouches sur un papier gluant avant de nous délivrer complètement sonnés à la fin de la dernière scène.
Chapeau bas les comédiens. Gregori Baquet comme toujours excellent.
Ses trois compagnons de scène interprétant avec une totale authenticité leurs personnages.
Mention spéciale pour les deux comédiennes.
Chapeau bas les comédiens. Gregori Baquet comme toujours excellent.
Ses trois compagnons de scène interprétant avec une totale authenticité leurs personnages.
Mention spéciale pour les deux comédiennes.
J'en ressors avec un sentiment mitigé...
Tout n'est pas à jetter, au contraire. Erreur de ma part certainement, je me suis laissé influencer par les critiques nombreuses et unanimes. Elles avaient créé chez moi une attente et une excitation qui ont semble-t-il fait pschitt...
Le sujet est bon et le texte fonctionne, parvenant à nous faire sourire malgré la noirceur du tableau.
Les décors et effets sont simples et très bien utilisés, on est en Irlande.
L'atmoshpère est donc bien installée et tout y est pour se laisser emmener.
Malheureusement ça n'a pas été le cas, j'ai eu du mal à y croire. J'ai trouvé les deux rôles féminins légèrement caricaturaux, un peu "en force". Je n'ai pas été assez touché par ce conflit entre Mag et Maureen.
Les deux rôles masculins ont réussi à m'emmener avec eux. Plus subtils et plus justes, c'est eux qui m'ont touchés.
Tout n'est pas mauvais donc, et on passe un bon moment mais il m'a manqué le principal, le nerf de cette pièce, cette haine vicérale de la part de Maureen pour Mag construite sur 30 ou 40 ans (et pas seulement datant d'hier), cette peur de l'abandon de la part de Mag pour laquelle on devrait ressentir plus d'affection (et pas seulement de la haine, pourquoi est-elle si tyrannique et infecte ?), ... toutes ces nuances entre les deux comédiennes principales m'ont manqué.
Très frustrant car encore une fois il y avait tout pour en faire un bijou
Tout n'est pas à jetter, au contraire. Erreur de ma part certainement, je me suis laissé influencer par les critiques nombreuses et unanimes. Elles avaient créé chez moi une attente et une excitation qui ont semble-t-il fait pschitt...
Le sujet est bon et le texte fonctionne, parvenant à nous faire sourire malgré la noirceur du tableau.
Les décors et effets sont simples et très bien utilisés, on est en Irlande.
L'atmoshpère est donc bien installée et tout y est pour se laisser emmener.
Malheureusement ça n'a pas été le cas, j'ai eu du mal à y croire. J'ai trouvé les deux rôles féminins légèrement caricaturaux, un peu "en force". Je n'ai pas été assez touché par ce conflit entre Mag et Maureen.
Les deux rôles masculins ont réussi à m'emmener avec eux. Plus subtils et plus justes, c'est eux qui m'ont touchés.
Tout n'est pas mauvais donc, et on passe un bon moment mais il m'a manqué le principal, le nerf de cette pièce, cette haine vicérale de la part de Maureen pour Mag construite sur 30 ou 40 ans (et pas seulement datant d'hier), cette peur de l'abandon de la part de Mag pour laquelle on devrait ressentir plus d'affection (et pas seulement de la haine, pourquoi est-elle si tyrannique et infecte ?), ... toutes ces nuances entre les deux comédiennes principales m'ont manqué.
Très frustrant car encore une fois il y avait tout pour en faire un bijou
Bingo ! Cette histoire, un genre de Tom à la Ferme pinterien, décrit une relation mère-fille invivable, constamment conflictuelle et surtout malsaine, qui se verra chamboulée par l’arrivée de Pat’, un voisin.
L’histoire est délicieusement délirante, les acteurs sont excellents, leurs compositions, exemplaires – Catherine Salviat est une mère-monstre, infâme, abjecte et grincheuse ; Sophie Parel une quadragénaire provocatrice qu’on imaginerait bien mâchant un chewing-gum la bouche ouverte ; Grégori Baquet a un visage qu’on ne lui connaissait pas, le regard vite et benêt, la voix monocorde et légèrement bougonne ; et Arnaud Dupont suit cet exemple en composant un demeuré fini, à la personnalité ambiguë.
A ne pas manquer !
L’histoire est délicieusement délirante, les acteurs sont excellents, leurs compositions, exemplaires – Catherine Salviat est une mère-monstre, infâme, abjecte et grincheuse ; Sophie Parel une quadragénaire provocatrice qu’on imaginerait bien mâchant un chewing-gum la bouche ouverte ; Grégori Baquet a un visage qu’on ne lui connaissait pas, le regard vite et benêt, la voix monocorde et légèrement bougonne ; et Arnaud Dupont suit cet exemple en composant un demeuré fini, à la personnalité ambiguë.
A ne pas manquer !
La Reine de Beauté de Leenane est le premier volet de la Trilogie de Leenane commencée par Martin McDonagh en 1996. Le dramaturge et cinéaste irlandais y décrit avec réalisme la misère d'une population qui semble abandonnée du monde, tuant dans l’œuf tout espoir de bonheur. Ceux qui restent ne rêvent que de partir. Ceux qui partent pour Londres ne connaissent que désillusion et mépris de la part des anglais. .
Dans cette comédie noire il est question d'amour et de haine, des affres de l'émigration, d'espoir et de désespoir, de verts pâturages qui ne sont qu'enfermement dans la solitude, de perspectives sans avenir autre que la folie ou l'exil. Rapidement on sait que la fin sera à la fois terrible et inéluctable. Mais l'humour reste présent malgré le cynisme.
Sophie Parel a pris le pari de porter à nouveau à la scène ce drame parce qu'il "nous interroge sur notre tentative à exister". Quelle est la part du libre-arbitre par opposition à l'environnement familial, social et au poids de l'éducation. Sommes-nous libres ? Pouvons-nous toujours et totalement devenir les acteurs de nos vies ? Elle empoigne à pleines mains le rôle de Maureen, lui donne toute l’ambiguïté d'une femme tiraillée entre son devoir et ses besoins, incarnant avec force ses espoirs et ses doutes, ses maladresses, sa solitude, la folie qui la gagne au point qu'elle ne finira par ne plus faire la différence entre ses fantasmes et la réalité. Elle attire notre compassion pour cette pauvre fille qui aurait droit au bonheur.
Catherine Salviat, de la Comédie Française, est une mère tyrannique que l'on aime détester, une Tatie Danielle de la lande irlandaise. Avec justesse elle donne à voir tout l'amour d'une mère pour sa fille et la difficulté de l'expression de cet amour égoïste et exclusif. On sent les freins qu'elle se met pour ne pas montrer le moindre signe de compassion envers sa fille, préférant l'enfermer dans l'humiliation, le contrôle au travers des ses ordres et de ses pleurnicheries. Manipulatrice, sa perversité ne vise qu'à empêcher celle qu'elle voudrait garder enfant de s'envoler vers un bonheur dont on ne saura pas si elle l'a elle-même connu un jour.
Dans ses tentatives de contrôle elle est aidée bien malgré lui par le jeune Ray Dooley, sorte de gamin attardé qui est hypnotisé pas le moindre écran télévisé et par la candeur manipulatrice de Mag. Arnaud Dupont, déjà excellent dans Le Cercle des Illusionnistes est bluffant dans le rôle de ce pauvre gamin qui se laisse convaincre par les belles paroles de Mag et sera involontairement responsable des malheurs de Maureen.
Grégori Baquet est le quatrième pilier de ce magnifique quatuor. Avec la sensibilité qu'on lui connaît il est Pato Dooley, celui qui pourrait, tel un chevalier de conte de fées, emporter Maureen sur les douces pentes de l'amour et du bonheur et lui offrir la voie de l'Amérique, celle d'un avenir possible. Attentif, sensible, maladroit, hésitant, il tente d'instaurer la paix entre les deux femmes mais ne sera qu'un élément déterminant pour attiser le combat qu'elles se livrent depuis si longtemps. Parce que nous ne sommes pas dans un conte de fées, le destin que lui a choisi l'auteur prendra une route différente de celui de la Reine de Beauté.
La scénographie ancre la pièce entre rêve et réalité. L'action se passe exclusivement dans la cuisine de Maureen et Mag, entre porridge et évier, entre fauteuil roulant et table baccale. Au fond des projections de paysages et de ciels. Tantôt bleus, tantôt gris, clairs ou couverts de nuages noirs, ils reflètent le rythme de la dramaturgie du récit mais aussi les rêves d'évasion des protagonistes.
Dans cette comédie noire il est question d'amour et de haine, des affres de l'émigration, d'espoir et de désespoir, de verts pâturages qui ne sont qu'enfermement dans la solitude, de perspectives sans avenir autre que la folie ou l'exil. Rapidement on sait que la fin sera à la fois terrible et inéluctable. Mais l'humour reste présent malgré le cynisme.
Sophie Parel a pris le pari de porter à nouveau à la scène ce drame parce qu'il "nous interroge sur notre tentative à exister". Quelle est la part du libre-arbitre par opposition à l'environnement familial, social et au poids de l'éducation. Sommes-nous libres ? Pouvons-nous toujours et totalement devenir les acteurs de nos vies ? Elle empoigne à pleines mains le rôle de Maureen, lui donne toute l’ambiguïté d'une femme tiraillée entre son devoir et ses besoins, incarnant avec force ses espoirs et ses doutes, ses maladresses, sa solitude, la folie qui la gagne au point qu'elle ne finira par ne plus faire la différence entre ses fantasmes et la réalité. Elle attire notre compassion pour cette pauvre fille qui aurait droit au bonheur.
Catherine Salviat, de la Comédie Française, est une mère tyrannique que l'on aime détester, une Tatie Danielle de la lande irlandaise. Avec justesse elle donne à voir tout l'amour d'une mère pour sa fille et la difficulté de l'expression de cet amour égoïste et exclusif. On sent les freins qu'elle se met pour ne pas montrer le moindre signe de compassion envers sa fille, préférant l'enfermer dans l'humiliation, le contrôle au travers des ses ordres et de ses pleurnicheries. Manipulatrice, sa perversité ne vise qu'à empêcher celle qu'elle voudrait garder enfant de s'envoler vers un bonheur dont on ne saura pas si elle l'a elle-même connu un jour.
Dans ses tentatives de contrôle elle est aidée bien malgré lui par le jeune Ray Dooley, sorte de gamin attardé qui est hypnotisé pas le moindre écran télévisé et par la candeur manipulatrice de Mag. Arnaud Dupont, déjà excellent dans Le Cercle des Illusionnistes est bluffant dans le rôle de ce pauvre gamin qui se laisse convaincre par les belles paroles de Mag et sera involontairement responsable des malheurs de Maureen.
Grégori Baquet est le quatrième pilier de ce magnifique quatuor. Avec la sensibilité qu'on lui connaît il est Pato Dooley, celui qui pourrait, tel un chevalier de conte de fées, emporter Maureen sur les douces pentes de l'amour et du bonheur et lui offrir la voie de l'Amérique, celle d'un avenir possible. Attentif, sensible, maladroit, hésitant, il tente d'instaurer la paix entre les deux femmes mais ne sera qu'un élément déterminant pour attiser le combat qu'elles se livrent depuis si longtemps. Parce que nous ne sommes pas dans un conte de fées, le destin que lui a choisi l'auteur prendra une route différente de celui de la Reine de Beauté.
La scénographie ancre la pièce entre rêve et réalité. L'action se passe exclusivement dans la cuisine de Maureen et Mag, entre porridge et évier, entre fauteuil roulant et table baccale. Au fond des projections de paysages et de ciels. Tantôt bleus, tantôt gris, clairs ou couverts de nuages noirs, ils reflètent le rythme de la dramaturgie du récit mais aussi les rêves d'évasion des protagonistes.
La pièce avait fait grande impression cet été dans le OFF du Festival d’Avignon. Voici que le texte de Martin Mcdonagh, mis en scène par Sophie Parel, s’installe au Lucernaire pour cette rentrée théâtrale. Première pièce de notre saison 16-17 et premier coup de cœur pour La reine de beauté de Leenane et son formidable quatuor d’acteurs qui nous entraîne dans une histoire sombre dont aucune issue ne semble possible. Gageons que cette reprise sera couronnée d’un succès fort mérité.
C’est à un huis-clos que nous assistons en pénétrant dans la maison qu’occupent Mag et sa fille Maureen à Leenane, un petit village reculé de l’Irlande. La vieille dame, au comportement digne de Tatie Danielle, se montre un véritable tyran envers sa progéniture, la quarantaine, vierge et célibataire, qui rêve d’amour et de liberté sans jamais parvenir à s’extirper des griffes de la figure maternelle, acariâtre et manipulatrice. L’affrontement est quotidien, jusqu’au jour où une chance se présente, sous les traits de Pat Dooley, un homme qui pourrait bien briser les chaînes de Maureen pour lui faire découvrir les bienfaits amoureux. Mais Mag n’entend pas libérer sa proie aussi facilement.
Maureen n’est pas une mauvaise fille. L’air un peu vulgaire, rêveuse et quelque peu naïve, croyant au prince charmant qui viendra l’enlever sur son cheval blanc, elle fait beaucoup pour sa mère Mag qui, elle, n’a aucune considération pour la jeune femme. Passant son temps dans un fauteuil roulant à regarder la télé et s’inventer de nouveaux symptômes, elle n’a rien d’une compagnie idéale. C’est alors que Ray, leur voisin, arrive, avec ses fautes de syntaxe et de conjugaison mais aussi des tonnes de naïveté et que son frère Pat vient chambouler et redistribuer les cartes dans la guerre sans merci que se livrent mère et fille. Une soirée au goût d’évasion sera l’occasion tant rêvée de démarrer une nouvelle vie mais un malentendu viendra anéantir tout espoir, à moins qu’une lettre ne puisse venir relancer les rêves de liberté qui errent dans la maison, prisonniers d’une domination tyrannique tel un cadenas sur la boîte de Pandore.
Catherine Salviat impressionne dans le rôle de la perverse Mag. Elle est parfaite, détestable à souhait et antipathique. Cette « vieille chouette » cynique échange des mots très durs avec la fascinante Sophie Parel qui est, pour sa part, bouleversante dans la peau de Maureen, à bout d’un amour haineux sur lit d’humiliations et de privations dont elle ne parvient à s’extraire : « Toute façon je suis sûre que tu crèveras jamais. Tu tiendras le coup juste pour me pourrir l’existence » peut-on entendre pendant un énième affrontement. Provocante pour dissimuler ses fêlures, le face-à-face mère/fille se mue en uppercut verbal. Arnaud Dupont apporte légèreté et souffle apaisant dans leur huis-clos sous tension, tandis que Grégori Baquet, époustouflant comme à son habitude, donne à son personnage douceur et compréhension, sensibilité et maladresses, tout en posant un regard bienveillant sur le drame qui se noue.
La mise en scène, fluide et énergique, sert parfaitement cette comédie noire construite comme un thriller. Entre les scènes, le bruit du coucou en accéléré retentit, comme pour rappeler que la dernière heure va sonner prochainement pour l’un des protagonistes. Les ellipses temporelles et narratives s’insèrent parfaitement et relancent la dynamique d’une écriture incisive et criante de sincérité, de réalisme, d’humanité bousculée. La reine de beauté de Leenane se présente comme un drame qui dérange mais qui fait surtout réfléchir sur les promesses d’une vie meilleure, à construire ailleurs.
C’est à un huis-clos que nous assistons en pénétrant dans la maison qu’occupent Mag et sa fille Maureen à Leenane, un petit village reculé de l’Irlande. La vieille dame, au comportement digne de Tatie Danielle, se montre un véritable tyran envers sa progéniture, la quarantaine, vierge et célibataire, qui rêve d’amour et de liberté sans jamais parvenir à s’extirper des griffes de la figure maternelle, acariâtre et manipulatrice. L’affrontement est quotidien, jusqu’au jour où une chance se présente, sous les traits de Pat Dooley, un homme qui pourrait bien briser les chaînes de Maureen pour lui faire découvrir les bienfaits amoureux. Mais Mag n’entend pas libérer sa proie aussi facilement.
Maureen n’est pas une mauvaise fille. L’air un peu vulgaire, rêveuse et quelque peu naïve, croyant au prince charmant qui viendra l’enlever sur son cheval blanc, elle fait beaucoup pour sa mère Mag qui, elle, n’a aucune considération pour la jeune femme. Passant son temps dans un fauteuil roulant à regarder la télé et s’inventer de nouveaux symptômes, elle n’a rien d’une compagnie idéale. C’est alors que Ray, leur voisin, arrive, avec ses fautes de syntaxe et de conjugaison mais aussi des tonnes de naïveté et que son frère Pat vient chambouler et redistribuer les cartes dans la guerre sans merci que se livrent mère et fille. Une soirée au goût d’évasion sera l’occasion tant rêvée de démarrer une nouvelle vie mais un malentendu viendra anéantir tout espoir, à moins qu’une lettre ne puisse venir relancer les rêves de liberté qui errent dans la maison, prisonniers d’une domination tyrannique tel un cadenas sur la boîte de Pandore.
Catherine Salviat impressionne dans le rôle de la perverse Mag. Elle est parfaite, détestable à souhait et antipathique. Cette « vieille chouette » cynique échange des mots très durs avec la fascinante Sophie Parel qui est, pour sa part, bouleversante dans la peau de Maureen, à bout d’un amour haineux sur lit d’humiliations et de privations dont elle ne parvient à s’extraire : « Toute façon je suis sûre que tu crèveras jamais. Tu tiendras le coup juste pour me pourrir l’existence » peut-on entendre pendant un énième affrontement. Provocante pour dissimuler ses fêlures, le face-à-face mère/fille se mue en uppercut verbal. Arnaud Dupont apporte légèreté et souffle apaisant dans leur huis-clos sous tension, tandis que Grégori Baquet, époustouflant comme à son habitude, donne à son personnage douceur et compréhension, sensibilité et maladresses, tout en posant un regard bienveillant sur le drame qui se noue.
La mise en scène, fluide et énergique, sert parfaitement cette comédie noire construite comme un thriller. Entre les scènes, le bruit du coucou en accéléré retentit, comme pour rappeler que la dernière heure va sonner prochainement pour l’un des protagonistes. Les ellipses temporelles et narratives s’insèrent parfaitement et relancent la dynamique d’une écriture incisive et criante de sincérité, de réalisme, d’humanité bousculée. La reine de beauté de Leenane se présente comme un drame qui dérange mais qui fait surtout réfléchir sur les promesses d’une vie meilleure, à construire ailleurs.
Je suis allé voir la pièce après avoir lu la revue d'aubalcon et j'ai adoré.
On sait qu'une pièce est réussie quand on s'inquiète pour les personnages. Elle l'est à coup sûr !
On voyage très rapidement au sein de ce village irlandais un peu paumé.
Un humour noir qui fait mouche, des personnages attachants, une pièce à voir sans aucun doute.
On sait qu'une pièce est réussie quand on s'inquiète pour les personnages. Elle l'est à coup sûr !
On voyage très rapidement au sein de ce village irlandais un peu paumé.
Un humour noir qui fait mouche, des personnages attachants, une pièce à voir sans aucun doute.
Avec cette pièce écrite en 1996, Martin McDonagh signe une tragi-comédie moderne, sordide et drôle, cruelle et proche. Nourri d’un humour implacable, le texte jongle avec la folie, la vieillesse et l’interdépendance, confrontées aux désirs de vivre au plus près du bonheur.
La haine et l’amour dévastent ces histoires de vie simples, déraillées, emprisonnées et comme empêchées à chaque fois que le hasard vient toquer à la porte pour l’ouvrir à la liberté, au possible, à une vie meilleure.
Dans le petit village irlandais de Leenane, Maureen, jeune et belle quadra, vit avec Mag, sa mère tyrannique et castratrice qui semble la retenir sous sa coupe au prétexte d’un secret qu’elle détient sur sa fille. À moins que cela ne soit Maureen qui s’enferme dans la maison familiale comme on s’enferme dans la folie.
Au cours d’une soirée, Maureen retrouve Pat, un ancien voisin. Attirés l’un par l’autre, ils passeront la nuit ensemble sans rien consommer de leurs désirs. Pat repartira le lendemain et finira par écrire son amour à Maureen, « sa reine de beauté », lui confiant son souhait de vivre avec elle. Cette lettre, Mag l’interceptera et la détruira. Maureen découvrira trop tard le contenu de ce message. Les plaies toujours ouvertes saigneront de nouveau, cette fois-ci à jamais.
L’écriture de McDonagh et la traduction de Gildas Bourdet utilisent une langue tronquée, familière et souvent violente, nous offrant un langage épuré aux accents argotiques. Les relations entre les personnages s’en trouvent plus crues, plus directes, sans ambages, faisant mouche à tous les coups.
La distribution toute en fine justesse est étincelante.
Catherine Salviat joue Mag avec une précision inouïe, un machiavélisme fourbe et troublant à la fois, une présence étonnante, magistrale. Nous ne savons pas si nous devons la craindre ou la plaindre. Sophie Parel, qui assure par ailleurs une adroite mise en scène, joue Maureen. Pêchue, attachante et déroutante, elle nous séduit dès le début mais pour elle-aussi, nous ne saurons pas si nous devons la redouter ou la soutenir. Grégori Baquet joue Pat avec une intensité puissante et une sincérité émouvante. Arnaud Dupond joue Ray, le frère de Pat, le rendant pataud et innocent à souhait.
Un spectacle touchant, aux allures de thriller, soigné et merveilleusement joué.
La haine et l’amour dévastent ces histoires de vie simples, déraillées, emprisonnées et comme empêchées à chaque fois que le hasard vient toquer à la porte pour l’ouvrir à la liberté, au possible, à une vie meilleure.
Dans le petit village irlandais de Leenane, Maureen, jeune et belle quadra, vit avec Mag, sa mère tyrannique et castratrice qui semble la retenir sous sa coupe au prétexte d’un secret qu’elle détient sur sa fille. À moins que cela ne soit Maureen qui s’enferme dans la maison familiale comme on s’enferme dans la folie.
Au cours d’une soirée, Maureen retrouve Pat, un ancien voisin. Attirés l’un par l’autre, ils passeront la nuit ensemble sans rien consommer de leurs désirs. Pat repartira le lendemain et finira par écrire son amour à Maureen, « sa reine de beauté », lui confiant son souhait de vivre avec elle. Cette lettre, Mag l’interceptera et la détruira. Maureen découvrira trop tard le contenu de ce message. Les plaies toujours ouvertes saigneront de nouveau, cette fois-ci à jamais.
L’écriture de McDonagh et la traduction de Gildas Bourdet utilisent une langue tronquée, familière et souvent violente, nous offrant un langage épuré aux accents argotiques. Les relations entre les personnages s’en trouvent plus crues, plus directes, sans ambages, faisant mouche à tous les coups.
La distribution toute en fine justesse est étincelante.
Catherine Salviat joue Mag avec une précision inouïe, un machiavélisme fourbe et troublant à la fois, une présence étonnante, magistrale. Nous ne savons pas si nous devons la craindre ou la plaindre. Sophie Parel, qui assure par ailleurs une adroite mise en scène, joue Maureen. Pêchue, attachante et déroutante, elle nous séduit dès le début mais pour elle-aussi, nous ne saurons pas si nous devons la redouter ou la soutenir. Grégori Baquet joue Pat avec une intensité puissante et une sincérité émouvante. Arnaud Dupond joue Ray, le frère de Pat, le rendant pataud et innocent à souhait.
Un spectacle touchant, aux allures de thriller, soigné et merveilleusement joué.
Cette grenouille couronnée sur l'affiche dit tout !
La « princesse » attend son crapaud charmant…
Maureen la quarantaine, jupe courte et chaussons lapins, éternelle jeune fille, s'affronte avec sa mère handicapée, pas vraiment physique, mais surtout du coeur ! La vie n’est pas tendre avec ses deux femmes. Pourtant un jeune homme viendra jeter le trouble dans leurs cœurs. L’amour ne fait pas tout et peut conduire à la folie.
La pièce très noire de McDonagh ne laisse pas beaucoup d’espoir, mais on se dit, que l’on est à l’abri de ce genre de folie.
Il y a aussi beaucoup d’humour et de rires dans certaines scènes.
Et une distribution magistrale, Catherine Salviat que l’on a toujours plaisir à retrouver, dans différents registres, et Sophie Parel qui signe la mise en scène et joue Maureen, aux côtés de Grégori Baquet, cœur tendre et Arnaud Dupont un vrai tempérament comique.
C’est l’Irlande avec ses déchirures et ses contrastes. Une critique sociale qui va très loin.
La « princesse » attend son crapaud charmant…
Maureen la quarantaine, jupe courte et chaussons lapins, éternelle jeune fille, s'affronte avec sa mère handicapée, pas vraiment physique, mais surtout du coeur ! La vie n’est pas tendre avec ses deux femmes. Pourtant un jeune homme viendra jeter le trouble dans leurs cœurs. L’amour ne fait pas tout et peut conduire à la folie.
La pièce très noire de McDonagh ne laisse pas beaucoup d’espoir, mais on se dit, que l’on est à l’abri de ce genre de folie.
Il y a aussi beaucoup d’humour et de rires dans certaines scènes.
Et une distribution magistrale, Catherine Salviat que l’on a toujours plaisir à retrouver, dans différents registres, et Sophie Parel qui signe la mise en scène et joue Maureen, aux côtés de Grégori Baquet, cœur tendre et Arnaud Dupont un vrai tempérament comique.
C’est l’Irlande avec ses déchirures et ses contrastes. Une critique sociale qui va très loin.
Quelque part dans le Connemara, au fin fond de l'Irlande, Maureen, 40 ans, vit avec sa mère Mag acariâtre à souhait. Mag se plait à contrarier sa fille et à lui faire faire ses quatre volontés, Maureen lui rend coup pour coup et rêve d'un ailleurs sans sa mère.
L'ambiance noire et tendue à souhait entre ces deux là, arrive à nous faire rire malgré tout et c'est le tour de force de cette pièce qui nous montre la misère sociale irlandaise sous son pire jour. Pas besoin d'une mise en scène sophistiquée.
Les comédiens sont bons mais Catherine Salviat emporte mon admiration car elle incarne extrêmement bien cette vieille insupportable qu'on a envie de frapper.
L'ambiance noire et tendue à souhait entre ces deux là, arrive à nous faire rire malgré tout et c'est le tour de force de cette pièce qui nous montre la misère sociale irlandaise sous son pire jour. Pas besoin d'une mise en scène sophistiquée.
Les comédiens sont bons mais Catherine Salviat emporte mon admiration car elle incarne extrêmement bien cette vieille insupportable qu'on a envie de frapper.
A Avignon, après que la chanson de Sardou Les lacs du Connemara ait résonné à plusieurs reprises lors du réjouissant Au dessus de la mêlée de Cédric Chapuis, nous voici encore dans la région de Galway, Connemara, dans le petit village de Leenane. Mais de terres brûlées et de landes de pierre on ne verra rien, si ce n’est dans l’imaginaire que Martin Mc Donagh, l’auteur irlandais, réussit à insuffler dans son texte à la fois pessimiste et truffé d’humour noir. A Leenane, donc, vivent Mag (Catherine Salviat) et sa fille Maureen (Sophie Parel). Vieille, acariâtre, aussi têtue que sournoise, Mag fait de la vie de Maureen un enfer. La quarantaine pas encore fanée mais déjà étiolée par l’ennui, l’horizon sclérosé par un avenir qui n’a jamais éclos, Maureen rêve encore naïvement d’un ailleurs qui ne serait pas vampirisé par sa mère. Quand Ray, un ami d’enfance, vient inviter Maureen à une soirée, l’éclaircie inespérée dans la morne vie de sa fille est loin de réjouir Mag qui a trop peur de se retrouver seule.
A coup de répliques assassines entre les deux femmes, d’uppercuts verbaux aussi violents que rageurs, les deux comédiennes nous entraînent dans une comédie noire dont l’humour n’est qu’un baume apaisant, une politesse du désespoir aussi grave que désabusée. On rit, pourtant, devant Sophie Parel qui trimbale sa nonchalance provocatrice et vulgaire avec conviction tandis que la toujours magnifique Catherine Salviat se transforme avec brio en une vieille peau aussi méchante que pathétiquement seule. Regard noir, langue de vipère, dos vouté et corps avachi dans son vieux fauteuil roulant, l’œil vitreux rivé à sa télé, la sociétaire honoraire du Français se régale visiblement dans un rôle à contrecourant de sa carrière classique. Magistrale.
Aux côtés de ces deux furies, Grégori Baquet (Pato Douley) est très juste en amoureux éconduit et patient tandis qu’Arnaud Dupont touchant en ami d’enfance pataud et rustre.
Un texte sans concessions, donc, qui nous transporte dans une Irlande où les rêves ne parviennent même plus à naître sous la misère sociale, où la détresse transforme même l’amour en haine, où les rancoeurs sont aussi persistantes et opaques que le brouillard sur les lacs. Le décor (une vieille cuisine terne et fatiguée), la mise en scène sobre et efficace qui laisse la part belle à l’histoire font de cette Reine de beauté un régal de noirceur à la fois fiévreux et touchant, jusqu’au dénouement aussi surprenant qu’édifiant.
Là-bas , au Connemara, on dit que la vie c’est une folie, dit la chanson. Ici, la folie est noire, amère, brûlante et désespérée.
Une réussite.
A coup de répliques assassines entre les deux femmes, d’uppercuts verbaux aussi violents que rageurs, les deux comédiennes nous entraînent dans une comédie noire dont l’humour n’est qu’un baume apaisant, une politesse du désespoir aussi grave que désabusée. On rit, pourtant, devant Sophie Parel qui trimbale sa nonchalance provocatrice et vulgaire avec conviction tandis que la toujours magnifique Catherine Salviat se transforme avec brio en une vieille peau aussi méchante que pathétiquement seule. Regard noir, langue de vipère, dos vouté et corps avachi dans son vieux fauteuil roulant, l’œil vitreux rivé à sa télé, la sociétaire honoraire du Français se régale visiblement dans un rôle à contrecourant de sa carrière classique. Magistrale.
Aux côtés de ces deux furies, Grégori Baquet (Pato Douley) est très juste en amoureux éconduit et patient tandis qu’Arnaud Dupont touchant en ami d’enfance pataud et rustre.
Un texte sans concessions, donc, qui nous transporte dans une Irlande où les rêves ne parviennent même plus à naître sous la misère sociale, où la détresse transforme même l’amour en haine, où les rancoeurs sont aussi persistantes et opaques que le brouillard sur les lacs. Le décor (une vieille cuisine terne et fatiguée), la mise en scène sobre et efficace qui laisse la part belle à l’histoire font de cette Reine de beauté un régal de noirceur à la fois fiévreux et touchant, jusqu’au dénouement aussi surprenant qu’édifiant.
Là-bas , au Connemara, on dit que la vie c’est une folie, dit la chanson. Ici, la folie est noire, amère, brûlante et désespérée.
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