Critiques pour l'événement La Mouette, Cyril Teste
Dans une maison au bord d’un lac, Macha aime Konstantin qui aime Nina qui aime Trigorine… C’est une des façons de résumer la Mouette mais pourtant ce n’est pas le seul aspect qui en ressort, loin de là. Si La Mouette est une « comédie » comme le prétend Tchekhov, on est aussi dans la douleur car l’oeuvre est assez proche de ce qu’a vécu l’auteur. En quatre actes et deux ans, le drame familial se noue sous nos yeux jusqu’à cette fin bouleversante : « Il y a que Konstantin vient de se tuer » et le plan final sur les yeux de sa mère Irina avant le noir.
Cyril Teste propose une relecture de la Mouette de Tchekhov avec le style que nous lui connaissons maintenant depuis des années et qui est devenu sa marque de fabrique : un carrefour entre théâtre et cinéma d’une précision incroyable, une performance filmique fruit d’un travail rigoureux.
Une mise en scène sans surprise certes, puisque c’est donc la caractéristique que nous attendons mais nous sommes toujours emportés par sa maitrise absolue du cadrage au cordeau, des gros plans qui nous font sentir les soupirs des comédiens et des propositions visuelles toujours aussi attrayantes tantôt en couleur, tantôt en noir et blanc.
Le plateau des Amandiers est exploité sur toute sa surface même si une partie est cachée par des panneaux, les caméras inquisitrices nous partagent ce qu’il se passe Hors champs, comme si nous étions de petits souris. Le coté intime de certaines scènes ont de fait un rendu spectaculaire. La captation en temps réelle est présentée aux yeux du public pour être au plus près des émotions qui les traversent.
Les comédiens sont touts excellents mais celle qui a bouleversé les cœurs c’est Olivia Corsini qui incarne la mère de Konstantin, cette mère actrice réputée et intouchable. Il faut un sacré talent à tous les comédiens pour que le rendu final soit aussi fantastique.
Cyril Teste propose une relecture de la Mouette de Tchekhov avec le style que nous lui connaissons maintenant depuis des années et qui est devenu sa marque de fabrique : un carrefour entre théâtre et cinéma d’une précision incroyable, une performance filmique fruit d’un travail rigoureux.
Une mise en scène sans surprise certes, puisque c’est donc la caractéristique que nous attendons mais nous sommes toujours emportés par sa maitrise absolue du cadrage au cordeau, des gros plans qui nous font sentir les soupirs des comédiens et des propositions visuelles toujours aussi attrayantes tantôt en couleur, tantôt en noir et blanc.
Le plateau des Amandiers est exploité sur toute sa surface même si une partie est cachée par des panneaux, les caméras inquisitrices nous partagent ce qu’il se passe Hors champs, comme si nous étions de petits souris. Le coté intime de certaines scènes ont de fait un rendu spectaculaire. La captation en temps réelle est présentée aux yeux du public pour être au plus près des émotions qui les traversent.
Les comédiens sont touts excellents mais celle qui a bouleversé les cœurs c’est Olivia Corsini qui incarne la mère de Konstantin, cette mère actrice réputée et intouchable. Il faut un sacré talent à tous les comédiens pour que le rendu final soit aussi fantastique.
Il nous fait Mouette-Mouette et puis ça y est.
Il nous fait SA Mouette.
Une remarquable, inspirée et ô combien magnifique vision du chef d’œuvre de Tchekhov.
Faut-il s’étonner de la volonté qu’a eu Cyril Teste de monter sur un plateau ce texte joué pour la première fois en 1896 ?
Absolument pas.
Après son adaptation de Festen, le film de Thomas Vinterberg, après son Hamlet à l’Opéra-Comique, le réalisateur-en-scène (ou le metteur en cinéma) ne pouvait qu’être séduit par cette pièce qui comme les deux précédentes nous parle avant tout des tensions on ne peut plus exacerbées au sein d’une famille.
En ce sens, on peut effectivement parler d’une « trilogie testienne ».
Réalisateur-en-scène, Cyril Teste ?
Une nouvelle fois, le dramaturge va nous époustoufler avec la virtuosité qui est la sienne en matière d’exploration des liens théâtre-cinéma.
Ce qu’il nous montre est absolument magnifique.
Teste continue à décliner sa grammaire visuelle : avec de gros moyens techniques très sophistiqués, il mélange encore le jeu des acteurs avec des images filmées en direct des comédiens, que ce soit devant nous ou en hors-champ.
En effet, nous semblons être assis derrière la scène même. Devant nous, se trouvent de grands pans en placo-plâtre aux joints apparents qui sont en fait l’envers du décor.
Ce décor, cet intérieur cossu, nous le découvrirons seulement par le biais de la vidéo, avec les plans filmés des comédiens, et notamment les gros plans.
Virtuosité, donc.
Avec une précision inouïe, le théâtre de Cyril Teste mélange les sources, humaines et numériques, mixées en direct.
Deux cadreurs sont au plus près des acteurs, nous montrant d’immenses gros plans paradoxalement intimistes, des plans en noir et blanc ou en couleurs qui magnifient le jeu des comédiens.
Ces gros plans deviennent véritablement prépondérants et indispensables, apportant une foule d’informations et d’émotions aux spectateurs que nous sommes.
De plus, les micros dissimulés ne gênent à aucun moment : les grandes images contrastent habilement avec des chuchotements ou des dialogues dits à voix basse.
Ou quand le cinéma vient augmenter le théâtre. Le théâtre 2.0 ?
Très grosse production, donc. Je pense qu’il faut pas moins de cinq gros vidéo-projecteurs asservis pour mener à bien ces explorations visuelles, permettant aux images de suivre leur écran qui se déplace. C’est bluffant !
Mais ne nous y trompons pas : toute cette virtuosité et toute cette technique ne sont qu’au service de la pièce. Ce sont uniquement des outils destinés à servir Tchekhov.
Pour s’en convaincre, il n’est qu’à se pencher sur le thème de la nature, omniprésent dans le texte.
Ce sont les images filmées qui se chargent de nous transporter sur la berge du fameux lac.
Avec une mise en abyme visuelle : un cadreur filme par moments un écran télé sur lequel est diffusée une vidéo assez sombre de ce lac. Le tout est retransmis devant nous sur les grands pans sus-nommés.
Le rendu est très beau, avec un léger grain dans l’image.
Au delà de la forme, le fond.
La Mouette est souvent mise en scène sous l’angle du drame de Treplev qui meurt d’avoir définitivement perdu Nina, ou bien du même Treplev qui ne parvient pas à être l’artiste qu’il souhaitait devenir.
Ici, Cyril Teste a opté pour approche psychanalytique du complexe d’Œdipe.
Le Konstantin sera amoureux de sa mère, jalousant ainsi Trigorine. L’approche fonctionne parfaitement.
Le duo Mathias Labelle et Olivia Corsini est ce duo-là.
Les deux sont parfaits en héros tchékhoviens, Mathias Labelle à la fois tout en retenue mais également d’une sauvagerie magnifique, Melle Corsini particulièrement émouvante et inspirée dans ce rôle de comédienne imposante.
Liza Lapert interprète quant à elle une brillante Nina. La comédienne confère au rôle une dimension ambivalente, faite de douceur intime et de force contenue. Le personnage devient très poignant.
Xavier Maly est un Dorn à la fois espiègle et philosophe. La composition du comédien est elle aussi épatante.
Cyril Teste a opté pour la traduction de Olivier Cadiot, celle qui avait également reçu les faveurs de Thomas Ostermeir à l'Odéon, un texte très contemporain, qui appelle un chat un chat.
J’ai beaucoup ri lors de l’histoire des deux nouvelles, l’une bonne, l’autre nouvelle. Bien entendu, ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler la chute...
Les musiques de Nihil Bordures, co-fondateur du collectif MxM, faites de nappes de cordes sourdes, assez austères apportent une profondeur supplémentaire à cette entreprise artistique.
Ainsi donc, Cyril Teste persiste et signe, en poursuivant ses recherches techniques et visuelles afin de nous passionner par son théâtre « augmenté ».
Il continue avec bonheur et succès de développer une nouvelle grammaire et une nouvelle écriture théâtrales.
Ne manquez pas cette Mouette. C’est un autre spectacle incontournable de ce printemps.
Il nous fait SA Mouette.
Une remarquable, inspirée et ô combien magnifique vision du chef d’œuvre de Tchekhov.
Faut-il s’étonner de la volonté qu’a eu Cyril Teste de monter sur un plateau ce texte joué pour la première fois en 1896 ?
Absolument pas.
Après son adaptation de Festen, le film de Thomas Vinterberg, après son Hamlet à l’Opéra-Comique, le réalisateur-en-scène (ou le metteur en cinéma) ne pouvait qu’être séduit par cette pièce qui comme les deux précédentes nous parle avant tout des tensions on ne peut plus exacerbées au sein d’une famille.
En ce sens, on peut effectivement parler d’une « trilogie testienne ».
Réalisateur-en-scène, Cyril Teste ?
Une nouvelle fois, le dramaturge va nous époustoufler avec la virtuosité qui est la sienne en matière d’exploration des liens théâtre-cinéma.
Ce qu’il nous montre est absolument magnifique.
Teste continue à décliner sa grammaire visuelle : avec de gros moyens techniques très sophistiqués, il mélange encore le jeu des acteurs avec des images filmées en direct des comédiens, que ce soit devant nous ou en hors-champ.
En effet, nous semblons être assis derrière la scène même. Devant nous, se trouvent de grands pans en placo-plâtre aux joints apparents qui sont en fait l’envers du décor.
Ce décor, cet intérieur cossu, nous le découvrirons seulement par le biais de la vidéo, avec les plans filmés des comédiens, et notamment les gros plans.
Virtuosité, donc.
Avec une précision inouïe, le théâtre de Cyril Teste mélange les sources, humaines et numériques, mixées en direct.
Deux cadreurs sont au plus près des acteurs, nous montrant d’immenses gros plans paradoxalement intimistes, des plans en noir et blanc ou en couleurs qui magnifient le jeu des comédiens.
Ces gros plans deviennent véritablement prépondérants et indispensables, apportant une foule d’informations et d’émotions aux spectateurs que nous sommes.
De plus, les micros dissimulés ne gênent à aucun moment : les grandes images contrastent habilement avec des chuchotements ou des dialogues dits à voix basse.
Ou quand le cinéma vient augmenter le théâtre. Le théâtre 2.0 ?
Très grosse production, donc. Je pense qu’il faut pas moins de cinq gros vidéo-projecteurs asservis pour mener à bien ces explorations visuelles, permettant aux images de suivre leur écran qui se déplace. C’est bluffant !
Mais ne nous y trompons pas : toute cette virtuosité et toute cette technique ne sont qu’au service de la pièce. Ce sont uniquement des outils destinés à servir Tchekhov.
Pour s’en convaincre, il n’est qu’à se pencher sur le thème de la nature, omniprésent dans le texte.
Ce sont les images filmées qui se chargent de nous transporter sur la berge du fameux lac.
Avec une mise en abyme visuelle : un cadreur filme par moments un écran télé sur lequel est diffusée une vidéo assez sombre de ce lac. Le tout est retransmis devant nous sur les grands pans sus-nommés.
Le rendu est très beau, avec un léger grain dans l’image.
Au delà de la forme, le fond.
La Mouette est souvent mise en scène sous l’angle du drame de Treplev qui meurt d’avoir définitivement perdu Nina, ou bien du même Treplev qui ne parvient pas à être l’artiste qu’il souhaitait devenir.
Ici, Cyril Teste a opté pour approche psychanalytique du complexe d’Œdipe.
Le Konstantin sera amoureux de sa mère, jalousant ainsi Trigorine. L’approche fonctionne parfaitement.
Le duo Mathias Labelle et Olivia Corsini est ce duo-là.
Les deux sont parfaits en héros tchékhoviens, Mathias Labelle à la fois tout en retenue mais également d’une sauvagerie magnifique, Melle Corsini particulièrement émouvante et inspirée dans ce rôle de comédienne imposante.
Liza Lapert interprète quant à elle une brillante Nina. La comédienne confère au rôle une dimension ambivalente, faite de douceur intime et de force contenue. Le personnage devient très poignant.
Xavier Maly est un Dorn à la fois espiègle et philosophe. La composition du comédien est elle aussi épatante.
Cyril Teste a opté pour la traduction de Olivier Cadiot, celle qui avait également reçu les faveurs de Thomas Ostermeir à l'Odéon, un texte très contemporain, qui appelle un chat un chat.
J’ai beaucoup ri lors de l’histoire des deux nouvelles, l’une bonne, l’autre nouvelle. Bien entendu, ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler la chute...
Les musiques de Nihil Bordures, co-fondateur du collectif MxM, faites de nappes de cordes sourdes, assez austères apportent une profondeur supplémentaire à cette entreprise artistique.
Ainsi donc, Cyril Teste persiste et signe, en poursuivant ses recherches techniques et visuelles afin de nous passionner par son théâtre « augmenté ».
Il continue avec bonheur et succès de développer une nouvelle grammaire et une nouvelle écriture théâtrales.
Ne manquez pas cette Mouette. C’est un autre spectacle incontournable de ce printemps.
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