Critiques pour l'événement Feydeau(x)
Fraicheur et enthousiasme sont à la clé des trois partitions de Feydeau jouées au Lucernaire en ce moment. Trois pièces en un acte sur la musique de l’amour avec ses mélodies grinçantes et tendres enveloppées de burlesque.
On s’esclaffe et on s’amuse, emportés par le tourbillon ravageur et décapant feydeaulien, aux mains d’une jeune troupe menée tambour battant par une mise en scène enlevée.
Qu’il s’agisse de Mademoiselle attendant son nouveau professeur de piano, de la voisine brésilienne qui veut rendre son mari jaloux ou de deux enfants décidant de se marier, Feydeau croque les relations amoureuses, leurs dépits, leurs désirs et leurs impossibles assouvissements heureux avec le délice de la dérision, des bons mots et des situations abracadabrantes.
Ah ça, mais il aura donc commencé très tôt à brosser ses contemporains dans le sens du ridicule et de la fourberie, les conduisant dans les méandres de l’absurde avant l’heure. Dans ces trois pièces de jeunesse, le grand Maître nous les présente empêtrés dans des quiproquos tarabiscotés pour rebondir de plus belle sur les exagérations qui rendent improbables leurs véracités et savoureuses leurs représentations théâtrales.
Les personnages sont amoureux ou presque. Elles et ils le veulent pourtant, elles et ils n’y arrivent pas ou rarement. L’homme et la femme, chez Feydeau, ne s’entendent que pour se faire houspiller l’un par l’autre et réciproquement ou pour s’échanger reproches et invectives sur un trouble du quotidien, la sincérité de leurs sentiments ou la fragilité de leurs désirs amoureux.
Quelle bonne idée que de regrouper ainsi ces trois pièces du dramaturge. Le traitement des relations amoureuses qu’il y dépeint enchante par ses décalages hilarants comme pour mieux cacher la désillusion qu’il veut nous faire partager. L’amour en fusion à trois âges différents de la vie d’un couple !
La jeunesse avec AMOUR ET PIANO, l’âge adulte avec PAR LA FENÊTRE et l’enfance avec FIANCÉS EN HERBE. Le désir fougueux de la jeunesse, le dépit des adultes et l’espoir d’un amour heureux des enfants.
La mise en scène de Thierry Harcourt s’appuie adroitement sur l’efficacité du texte, rythmant «allegro » les situations et les jeux. Le choix de parsemer de moments musicaux et surtout de terminer par la chanson « Tout ça n'vaut pas l'amour » donne au spectacle son sourire et son intelligence.
Un spectacle agréable, frais et joyeux !
On s’esclaffe et on s’amuse, emportés par le tourbillon ravageur et décapant feydeaulien, aux mains d’une jeune troupe menée tambour battant par une mise en scène enlevée.
Qu’il s’agisse de Mademoiselle attendant son nouveau professeur de piano, de la voisine brésilienne qui veut rendre son mari jaloux ou de deux enfants décidant de se marier, Feydeau croque les relations amoureuses, leurs dépits, leurs désirs et leurs impossibles assouvissements heureux avec le délice de la dérision, des bons mots et des situations abracadabrantes.
Ah ça, mais il aura donc commencé très tôt à brosser ses contemporains dans le sens du ridicule et de la fourberie, les conduisant dans les méandres de l’absurde avant l’heure. Dans ces trois pièces de jeunesse, le grand Maître nous les présente empêtrés dans des quiproquos tarabiscotés pour rebondir de plus belle sur les exagérations qui rendent improbables leurs véracités et savoureuses leurs représentations théâtrales.
Les personnages sont amoureux ou presque. Elles et ils le veulent pourtant, elles et ils n’y arrivent pas ou rarement. L’homme et la femme, chez Feydeau, ne s’entendent que pour se faire houspiller l’un par l’autre et réciproquement ou pour s’échanger reproches et invectives sur un trouble du quotidien, la sincérité de leurs sentiments ou la fragilité de leurs désirs amoureux.
Quelle bonne idée que de regrouper ainsi ces trois pièces du dramaturge. Le traitement des relations amoureuses qu’il y dépeint enchante par ses décalages hilarants comme pour mieux cacher la désillusion qu’il veut nous faire partager. L’amour en fusion à trois âges différents de la vie d’un couple !
La jeunesse avec AMOUR ET PIANO, l’âge adulte avec PAR LA FENÊTRE et l’enfance avec FIANCÉS EN HERBE. Le désir fougueux de la jeunesse, le dépit des adultes et l’espoir d’un amour heureux des enfants.
La mise en scène de Thierry Harcourt s’appuie adroitement sur l’efficacité du texte, rythmant «allegro » les situations et les jeux. Le choix de parsemer de moments musicaux et surtout de terminer par la chanson « Tout ça n'vaut pas l'amour » donne au spectacle son sourire et son intelligence.
Un spectacle agréable, frais et joyeux !
Amour et Piano
Laurence Facelina (Lucile) - Louis-Victor Turpin (Édouard) - Sébastien Baulain ou Marc Maurille (Baptiste)
Ah les jeunes filles au piano, comme c’est romantique et plus d’un peintre a immortalisé la scène, oui mais voilà avec Feydeau, on préfère « croquer » la demoiselle mais pas en portrait.
Edouard, fraichement débarqué de sa province, est bien décidé à mener grand train, il a de l’argent, une situation, il lui faut une maitresse en vue ! le voici donc dans le salon de celle qu’il croit être la Dubarrois, comédienne et demi-mondaine à ses heures. Mais voilà, Lucile quant à elle, n’a rien à voir avec le monde du spectacle, elle adore Wagner et pense recevoir son professeur de piano...
Par la fenêtre
Mathilde Hancisse (Emma) - Sébastien Baulain Ou Marc Maurille (Hector)
Hector, avocat, obéit en tout à maman, il est avocat parce qu’elle le voulait, elle a même choisi sa femme ! Hector n’est pas compliqué, seulement son épouse est d’une jalousie maladive, elle est retournée chez sa mère, et a donné son congé à la bonne. Bref, pour l’heure, Hector est affamé et songe à se mettre à table tranquille, lorsqu’une tornade brésilienne interrompt son déjeuner, l’oblige à s’enrhumer, en ouvrant la fenêtre, parce qu’elle veut donner une leçon à son époux jaloux maladif !
Fiancés en herbe
Nina Poulsen (Henriette) - Basile Alaïmalaïs Ou Antoine Paulin (René)
Ah que c’est ennuyeux et compliqués les « fables de La Fontaine », c’est ce que pense Henriette, petite fille modèle, en compagnie de son jeune ami René, un grand garçon de onze ans qui a les mêmes soucis que sa petite copine, ils ont un « dragon » d’institutrice qui les fait marcher au pas !
Non le mieux ce serait de se marier ! mais comment fait-on ? voilà les interrogations compliquées d’Henriette et René, qui n’ont guère d’idées en matière de bébé, de mariage papa/maman.
Ces courtes pièces de jeunesse sont d’une grande fraîcheur et on sent déjà la patte comique mais cynique de Georges Feydeau. La mise en scène est dynamique, les comédiens se prêtent avec beaucoup de verve à ses jeux amoureux et tout finit par des chansons « Tout ça n’vaut pas l’amour » !
Laurence Facelina (Lucile) - Louis-Victor Turpin (Édouard) - Sébastien Baulain ou Marc Maurille (Baptiste)
Ah les jeunes filles au piano, comme c’est romantique et plus d’un peintre a immortalisé la scène, oui mais voilà avec Feydeau, on préfère « croquer » la demoiselle mais pas en portrait.
Edouard, fraichement débarqué de sa province, est bien décidé à mener grand train, il a de l’argent, une situation, il lui faut une maitresse en vue ! le voici donc dans le salon de celle qu’il croit être la Dubarrois, comédienne et demi-mondaine à ses heures. Mais voilà, Lucile quant à elle, n’a rien à voir avec le monde du spectacle, elle adore Wagner et pense recevoir son professeur de piano...
Par la fenêtre
Mathilde Hancisse (Emma) - Sébastien Baulain Ou Marc Maurille (Hector)
Hector, avocat, obéit en tout à maman, il est avocat parce qu’elle le voulait, elle a même choisi sa femme ! Hector n’est pas compliqué, seulement son épouse est d’une jalousie maladive, elle est retournée chez sa mère, et a donné son congé à la bonne. Bref, pour l’heure, Hector est affamé et songe à se mettre à table tranquille, lorsqu’une tornade brésilienne interrompt son déjeuner, l’oblige à s’enrhumer, en ouvrant la fenêtre, parce qu’elle veut donner une leçon à son époux jaloux maladif !
Fiancés en herbe
Nina Poulsen (Henriette) - Basile Alaïmalaïs Ou Antoine Paulin (René)
Ah que c’est ennuyeux et compliqués les « fables de La Fontaine », c’est ce que pense Henriette, petite fille modèle, en compagnie de son jeune ami René, un grand garçon de onze ans qui a les mêmes soucis que sa petite copine, ils ont un « dragon » d’institutrice qui les fait marcher au pas !
Non le mieux ce serait de se marier ! mais comment fait-on ? voilà les interrogations compliquées d’Henriette et René, qui n’ont guère d’idées en matière de bébé, de mariage papa/maman.
Ces courtes pièces de jeunesse sont d’une grande fraîcheur et on sent déjà la patte comique mais cynique de Georges Feydeau. La mise en scène est dynamique, les comédiens se prêtent avec beaucoup de verve à ses jeux amoureux et tout finit par des chansons « Tout ça n’vaut pas l’amour » !
Un concentré de fraîcheur, de jeunesse, d'énergie et de justesse !
Voici ce que nous proposent les membres de la compagnie Nouvelle Scène, avec ces trois pièces de jeunesse de Georges Feydeau.
Très tôt, celui qui aura tant de soucis avec sa femme, (on imagine bien pourquoi, il mourra en effet des suites de la syphilis) a écrit sur le sujet qui constituera l'essentiel de son œuvre : le couple et l'amour.
« Amour et Piano » date de 1883, (il a 21 ans), « Par la fenêtre » (qu'il a écrite un an auparavant) et « Fiancés en herbe », représentée pour la première fois en 1886, à l'âge donc de 24 ans.
Feydeau est alors un très jeune auteur, il a immédiatement compris quel parti il pouvait tirer des affres amoureuses et des relations tumultueuses qui peuvent s'installer entre un mari et son épouse.
Le choix donc de Thierry Harcourt de monter ces trois pièces est très judicieux.
Les comédiens entrent sur une scène presque vide, à l'exception d'un piano, (avec une boîte de sucettes rouges en forme de cœur), d'une table et ses chaises.
Les six jeunes hommes et jeunes femmes entonnent d'une petite voix, sans aucun ensemble, chacun pour soi, la célèbre scie « Tout ça n'vaut pas l'amour ».
On est un peu étonné... Les voix ne sont pas trop posées, tout ceci est timide, ça ne fait pas trop professionnel...
On comprendra à la fin le pourquoi de la chose...
La première pièce peut démarrer.
Une jeune fille de bonne maison attend son prof de piano, (bien entendu, c'est un jeune gandin pas du tout musicien qui arrivera bientôt) , le tout sous l'oeil vigilant du domestique de la maison, en gilet rayé jaune et noir comme de bien entendu.
Tout de suite règne une impression d'énergie et de drôlerie communicative.
Le duo fonctionne au-delà de toute espérance. Laurence Facelina est Lucille, et Louis-Victor Turpin est Edouard, qui est tout sauf prof de piano.
Le comédien est drôlissime, en jeune « millionnaire » dégingandé, à la veste trop grande pour lui. Sa démarche, sa façon de trébucher sont irrésistibles.
Le jeune couple est totalement cohérent, et j'ai vraiment été emmené dans ce quiproquo parfois très surréaliste.
Marc Maurille ce soir là campait un domestique on ne peut plus feydolien !
On le retrouve d'ailleurs d'ailleurs dans la deuxième pièce, aux côtés de Mathilde Hancisse.
Une nouvelle fois, les deux comédiens sont irréprochables : on est complètement happé par ce nouveau quiproquo, basé sur ce qu'on voit – ou non – à travers une fenêtre.
Mathilde Hancisse est très drôle, sur ses chaussures roses à hauts talons transparents.
Et puis voici les deux fiancés en herbe, deux jeunes enfants interprétés par Nina Poulsen et Antoine Paulin, qui m'ont complètement enthousiasmé.
Ces deux-là nous font croire totalement à leurs personnages qui s'interrogent sur le mariage, et qui veulent faire comme les grands, en la matière.
Ceci génère évidemment des dialogues épatants faits de doubles sens et de réflexions plus ou moins pertinentes sur ce que peuvent faire ou pas les grandes personnes.
Antoine Paulin est remarquable, avec ses regards par en dessous, ses pieds en dedans.
La mise en scène de Thierry Harcourt est enlevée, précise, avec un vrai sens de la distance séparant ou non les deux personnages, qui s'attirent, ou se repoussent, s'évitent ou se rejoignent.
Tout ceci est vif, pas le temps de s'ennuyer, on va à l'essentiel. C'est vraiment du beau travail.
A la fin du spectacle, les six comédiens reviennent chanter « Tout ça n'vaut pas l'amour ».
Mais cette fois-ci, ensemble, avec de très belles voix (notamment celle de Laurence Facelina) : oui les personnages ont évolué, grandi, et en savent probablement un peu plus sur cet étrange concept qu'est l'amour.
C'est une formidable trouvaille dramaturgique.
Tout comme est formidable cette idée d'avoir monté de cette si belle manière ces trois pièces du grand Georges !
J'aurais bien enchaîné avec les trois suivantes dans la foulée !
Voici ce que nous proposent les membres de la compagnie Nouvelle Scène, avec ces trois pièces de jeunesse de Georges Feydeau.
Très tôt, celui qui aura tant de soucis avec sa femme, (on imagine bien pourquoi, il mourra en effet des suites de la syphilis) a écrit sur le sujet qui constituera l'essentiel de son œuvre : le couple et l'amour.
« Amour et Piano » date de 1883, (il a 21 ans), « Par la fenêtre » (qu'il a écrite un an auparavant) et « Fiancés en herbe », représentée pour la première fois en 1886, à l'âge donc de 24 ans.
Feydeau est alors un très jeune auteur, il a immédiatement compris quel parti il pouvait tirer des affres amoureuses et des relations tumultueuses qui peuvent s'installer entre un mari et son épouse.
Le choix donc de Thierry Harcourt de monter ces trois pièces est très judicieux.
Les comédiens entrent sur une scène presque vide, à l'exception d'un piano, (avec une boîte de sucettes rouges en forme de cœur), d'une table et ses chaises.
Les six jeunes hommes et jeunes femmes entonnent d'une petite voix, sans aucun ensemble, chacun pour soi, la célèbre scie « Tout ça n'vaut pas l'amour ».
On est un peu étonné... Les voix ne sont pas trop posées, tout ceci est timide, ça ne fait pas trop professionnel...
On comprendra à la fin le pourquoi de la chose...
La première pièce peut démarrer.
Une jeune fille de bonne maison attend son prof de piano, (bien entendu, c'est un jeune gandin pas du tout musicien qui arrivera bientôt) , le tout sous l'oeil vigilant du domestique de la maison, en gilet rayé jaune et noir comme de bien entendu.
Tout de suite règne une impression d'énergie et de drôlerie communicative.
Le duo fonctionne au-delà de toute espérance. Laurence Facelina est Lucille, et Louis-Victor Turpin est Edouard, qui est tout sauf prof de piano.
Le comédien est drôlissime, en jeune « millionnaire » dégingandé, à la veste trop grande pour lui. Sa démarche, sa façon de trébucher sont irrésistibles.
Le jeune couple est totalement cohérent, et j'ai vraiment été emmené dans ce quiproquo parfois très surréaliste.
Marc Maurille ce soir là campait un domestique on ne peut plus feydolien !
On le retrouve d'ailleurs d'ailleurs dans la deuxième pièce, aux côtés de Mathilde Hancisse.
Une nouvelle fois, les deux comédiens sont irréprochables : on est complètement happé par ce nouveau quiproquo, basé sur ce qu'on voit – ou non – à travers une fenêtre.
Mathilde Hancisse est très drôle, sur ses chaussures roses à hauts talons transparents.
Et puis voici les deux fiancés en herbe, deux jeunes enfants interprétés par Nina Poulsen et Antoine Paulin, qui m'ont complètement enthousiasmé.
Ces deux-là nous font croire totalement à leurs personnages qui s'interrogent sur le mariage, et qui veulent faire comme les grands, en la matière.
Ceci génère évidemment des dialogues épatants faits de doubles sens et de réflexions plus ou moins pertinentes sur ce que peuvent faire ou pas les grandes personnes.
Antoine Paulin est remarquable, avec ses regards par en dessous, ses pieds en dedans.
La mise en scène de Thierry Harcourt est enlevée, précise, avec un vrai sens de la distance séparant ou non les deux personnages, qui s'attirent, ou se repoussent, s'évitent ou se rejoignent.
Tout ceci est vif, pas le temps de s'ennuyer, on va à l'essentiel. C'est vraiment du beau travail.
A la fin du spectacle, les six comédiens reviennent chanter « Tout ça n'vaut pas l'amour ».
Mais cette fois-ci, ensemble, avec de très belles voix (notamment celle de Laurence Facelina) : oui les personnages ont évolué, grandi, et en savent probablement un peu plus sur cet étrange concept qu'est l'amour.
C'est une formidable trouvaille dramaturgique.
Tout comme est formidable cette idée d'avoir monté de cette si belle manière ces trois pièces du grand Georges !
J'aurais bien enchaîné avec les trois suivantes dans la foulée !
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