Critiques pour l'événement Chagrin pour soi
17 févr. 2018
9/10
61
J'ai pris beaucoup de plaisir à voir cette pièce très bien écrite et parfaitement interprétée.
Le décor est très fonctionnel, peut-être un peu trop sobre.
Beaucoup de rires dans la salle !
3 févr. 2018
9/10
71
Pièce très drôle et touchante à la fois.
Mise en scène dynamique et originale. Un très très bon moment.
8 janv. 2018
9/10
58
Chagrin pour soi est un spectacle dont je vais longtemps me souvenir, et pas seulement parce que je l'ai vu deux fois (il y a deux distributions alors pas question de faire un jaloux), mais parce qu'il est tout simplement écrit aux petits oignons, drôle comme une chute sur le verglas et terriblement juste sur un thème ingrat.

Je suppose que vous n'avez pas envie qu'on vous parle de chagrin d'amour inconsolable pendant une heure trente ... Vous changerez d'avis en sortant du théâtre. Et vous m'imiterez en y retournant.

L’annonce est brutale. Le mari a besoin de liberté au nom de l’amour. Grand seigneur il promet de rester jusqu’à Noël (vous remarquerez que la pièce est de circonstance). La femme a de la fierté. Elle ne supplie pas, ne quémande pas un amour réchauffé (d'autant qu'il n'est pas sûr qu'il soit réchauffable).

Pauline (extraordinaire Sophie Forte) le vire comme un saligot, ce qu’il est. Il est cinq heures du matin. On est la veille de Noël, précisément le 23 décembre (parce que chez ces gens là on considère que la fête a lieu le 24).

Vous imaginez la tête de déterrée de cette femme quand on sonne à la porte qu’elle se précipite pour ouvrir persuadée que son mari revient (déjà !) penaud et avec excuses. Ce n’est pas un fantôme qui s'impose alors mais le Chagrin, un professionnel de catégorie 4 (donc très très sérieux), personnage collant au possible qui va s’incruster des mois à ses côtés.

La chanceuse a hérité d’un gros chagrin de longue durée qui déroule un CV impressionnant, affirmant avoir inspiré Rimbaud, Barbara, Léo Ferré et autres célébrités. Si ça se trouve je vais vous inspirer un spectacle, se permet-il de suggérer. Prémonitoire ...
En attendant il dévide avec aplomb les avantages de la situation, comme celui de maigrir sans devoir s'astreindre à un régime. On y va, s'énerve-t-il d'avoir fait preuve de tant de patience. Il est lourd et étouffant. Il tient, si je puis dire, ses promesses. Elle l’a sur le dos en permanence et le joue très bien. Ça aurait pu être grotesque de représenter les expressions au pied de la lettre mais non. Et on rit de bon coeur.

Notre "homme" est perfectionniste. Il commence le journal de sa mission que, moderne, il tiendra en enregistrant un résumé de la situation sur un dictaphone. Jour J, 23 décembre, prise de fonction ouvrant sur des perspectives magnifiques.

A partir de là le chagrin (personnifié à la perfection par Tchavdar Pentchev) occupera la scène pratiquement sans discontinuer. Il est partout, même dans le sapin où il se cache derrière les guirlandes.

Il fallait d'autres acteurs pour jouer tous les protagonistes que l'on rencontre dans la vraie vie : le mari, les enfants, le coiffeur, les médecins, la meilleure amie ... Impossible d'engager autant de comédiens que de rôles à tenir. C'est là que Sophie Forte et Virginie Lemoine (qui écrivent pour la première fois ensemble) ont eu une idée de génie en écrivant le texte : elles les ont tous confié à une seule personne, en se disant qu'il suffirait de trouver le comédien idéal.

Et elles en ont déniché deux, parce que leur idéal l'était tellement qu'il était engagé sur un autre spectacle qui se jouait en même temps. Voilà comment William Mesguisch et Pierre-Jean Chérer se sont retrouvés à se partager l'affiche. Ils ont chacun leur manière de s'approprier "les" personnages et leurs deux compères, Tchavdar comme Sophie, sont autant à l'aise, quoique forcément un peu différents aussi, avec l'un qu'avec l'autre. J'ai vu les deux options et je n'ai pas de préférence.

Le challenge était élevé. Il le fut plus encore car outre des personnages de chair et de sang, ils doivent interpréter aussi des sentiments comme la colère, le déni, l'espoir .... Ce qui est insensé c'est qu'on comprend instantanément qui ils sont.

On connaît les étapes du deuil. On sait que l'on passera par le choc, le déni, la colère, le marchandage, la tristesse, la résignation et l'acceptation avant de pouvoir se reconstruire. On a deviné que Pauline les traversera toutes, et dans cet ordre. Mais ce n’est pas dérangeant : on a compris aussi qu’on va se régaler. En fait la surprise ne vient pas tellement du fond mais de la forme et c’est très bien ainsi.

Pour signifier les filles, le comédien porte un blouson assemblé de deux morceaux différents, avec une coiffure asymétrique si bien que le profil gauche est celui de la petite fille et le droit celui de la grande soeur. Il change aussi sa voix en fonction de l'âge de l'enfant. On perçoit leur sensibilité à l'humeur en dents de scie de leur mère, étonnées de la voir accepter de péter la carte bleue dans les magasins ou se souler en buvant du champagne au goulot, avec sur la tête des cornes de renne (c'est Noël), même si elle a l'air trop bien avec.

Nous sommes à J + 1, en plein déni de réalité et c'est toujours Noël. Pauline cherche à se montrer forte et combattive. La musique rock est à fond et elle hurle dégage connard à un chagrin qui semble si grand à coté d'elle, qui parait si petite.

La copine Odile, qui parle la bouche pleine, n'a jamais le bon conseil. Le chagrin empathique lui fredonnera une comptine dors dors dors, personne ne rêve de ton corps ... tout flétrie, bref une berceuse de chagrin. Mais il peut aussi se mettre en veilleuse, le temps d'une séance inouïe chez un coiffeur qui fait un numéro sensationnel digne d'Arturo Brachetti faisant émerger une nouvelle tête par demi-minute à Pauline cachée derrière un magazine DEFRANGE (joli clin d'oeil à la célèbre enseigne).

On applaudit quand Pauline apparait enfin au naturel. Derrière la farce, Sophie et Virginie exploitent à la perfection et avec sensibilité les difficultés rencontrées pour surmonter un état dépressif tout à fait légitime au demeurant. Les médicaments seront bien entendu inefficaces. On a beau ne pas aimer l'expression elle est juste : il faut laisser le temps au temps. Les jours s’égrènent.

Notre vaillante Pauline ne chôme pas. Elle fait ce qu'elle peut, essaie de rester une "bonne" mère. En appliquant la règle d'or consistant à ne pas dire du mal du père (cet enfoiré). Elle ne va guère mieux. Pourtant elle y croit. On frappe à la porte. Je suis l’espoir, doucereux puis vindicatif. Mais le chagrin le chasse : c’était personne (indiquant que ce sentiment est bien fugitif). Et ça reprend avec un maelström d’émotions pour Pauline, de rire pour la salle.

J + 19 c’est dingue je me sens bien annonce Pauline. La pauvre n’est pourtant pas tirée d’affaires. La rechute est inévitable. Ça fait partie du processus. On pourrait recommander le spectacle à tous les déprimés, pour les rassurer et à tous ceux qui vont bien ... pour le moment, pour les prévenir de ce qui les attend. ... peut-être.

J + 44 il ne reviendra plus. Le chagrin compatit une fois de plus. On aborde le pardon, enfin l’intention de pardonner. Car le mari manque plutôt de tact. Va, je ne te hais point consent Pauline, ce qui provoque l'hilarité dans le public.

Ce voyage qu'on devait faire ensemble ... je le ferais, dit le mari, ...avec une autre, l'autre. Autant dire qu'il déclenche une crise. La colère ne lui sera d'aucune aide, empêtrée avec ses gants de boxe. La lumière rouge s'assombrit, la colère retombe, le chagrin subsiste. Les pleurs reviennent.

Pauline est pourtant de bonne composition, prête à tout pour s'en sortir, jusqu'à prendre des fleurs de Bach (qu'elle bricole elle-même car c'est hors de prix). Elle aura tout essayé. Odile ne sait plus quoi conseiller.

J + 60 elle est encore au lit. Son généraliste la trouve abattue, l'engueule, et c'est partie pour une prescription de Prozac et autres anti dépresseurs qui la font ronfler pendant trois jours. le chagrin finit par s'inquiéter et tente le tout pour le tout en se résolvant au bisou (du prince charmant) et provoque un cri.

On pourra prétendre que le chagrin est une émotion utile et salvatrice. Mon cul, dira Pauline qui n'en peut plus de souffrir. Il ne faut pas avoir peur du chagrin, il est nécessaire. Il est surtout indécollable et où qu'on aille on l'emmène avec soi, y compris dans les faubourgs d'Hanoï où elle part en vacances.

Elle comprend aussi que la peur ça fait peur et se met à chanter, danser et à entrainer le chagrin dans ses élucubrations avec folie. On la voit zinzin à NewYork comme Bollywood, Genève, Athènes. On jurerait qu'elle est en pleine improvisation (pas du tout) allant jusqu'à tracter pour un spectacle sur le chagrin qui sera joué en Avignon à 23 h 45 au Chat qui pète.

Toutes les pistes sont tentées pour s'en débarrasser, y compris jouer à 123 soleil ou s'essayer à la méditation (sur la voix de Virginie Lemoine). Elle se casse la figure, chasse les pensées parasites qui se manifeste dans un théâtre d'objets avec des marionnettes.

Le décor fonctionne très bien, sur le principe des tiroirs, avec une grand économie de moyens, pour une efficacité maximum.

Arrive alors le quotidien qui reprend ses droits (quand on dit que la vie continue). Le chagrin se sacrifie. Pauline sombre de nouveau dans le somnifères et ... à 4 heures du matin Alexandre (le mari) revient. Ce n'est qu'un rêve, qui nous vaut une scène touchante avec la chanson des souvenirs ... les traces tristes du passé qui résiste.

Le chagrin est un vrai partenaire. Il persiste à vouloir s'incruster. Les faux départs s'enchainent à coup de excusez moi j'ai oublié ma mallette, avec un formidable sens du comique de répétition.

J + 183 à 215 Pauline écrit son histoire et c'est le chagrin qui est désormais dans le déni.

J + 362, elle est radieuse, le chagrin rabougri.

Elle est devenue actrice, sur scène. Je me suis enfin rencontrée (c'est la reconstruction). Et le chagrin brutalement au chômage quémande du travail.

La réplique du début tu vois la valise, ton slip la porte, tu fais le rapprochement entre les trois, prend un tout autre sens. La boucle est bouclée. Et le chagrin doit accepter l'évidence : un beau matin vous vous apercevrez tout simplement que je ne suis plus là.

Avec beaucoup de rythme, de chants, de danses et des dialogues qui font mouche, la pièce démontre que quel que soit l'ampleur du chagrin la reconstruction est possible. Le texte s'adosse à la réalité mais en étant plus déjanté tout de même. En ayant choisi un personnage de battante (mais capable d'humour et surtout d'autodérision) les auteures signifient que le chagrin touche tout le monde et qu'il est inéluctable mais pas sans espoir.

On souhaite une longue route à l'équipe et on espère une captation pour la télévision. Chagrin pour soi le mérite et le public aussi.
29 nov. 2017
8/10
49
« C'est drôl' c'que t'es drôle à regarder.
T'es là, t'attends, tu fais la tête. Et moi, j'ai envie de rigoler ... »

Pauline la cinquantaine, n’a pas de bigoudis, ni les bas sur ses pantoufles, mais elle a de quoi être triste. Son Alexandre l’a plaquée pour une plus jeune, elle ne s’est rendue compte de rien, et la surprise est douloureuse, surtout avant Noël !

Elle est là assise, en peignoir, et puis... on frappe à la porte ! C’est lui il est revenu elle en est certaine ! Non, ce n’est pas Alexandre, mais un séduisant jeune homme, un dandy, c’est son « chagrin » matérialisé (des chagrins aussi sexy j’en veux bien...). Elle veut s’en débarrasser tu parles comme c’est facile ! Il est catégorie 4 et un CV prestigieux.

Elle va devoir le supporter (au propre et au figuré), il est là, il ne lâche rien et enregistre les « progrès » de sa patiente. Pauline essaie de faire bonne figure devant ses deux gamines. Sa copine Odile, vient lui remonter le moral. Pauline essaie tout pour se débarrasser de son gros chagrin, médecines douces, yoga, méditation, toute la panoplie du parfait désespoir à soigner !

Même en vacances en Asie, ou en boite de nuit avec Odile, son chagrin est là. Ça dure des mois, en plus, quelques « parasites » interviennent et se matérialisent, la colère, l’espoir qui se fait jeter par le chagrin, la peur aussi.

Mais Pauline remontera la pente, après tout pourquoi ne pas en faire un spectacle ? Voilà la thérapie !

Sophie Forte est touchante et drôle, Tchavdar Pentchev est un « chagrin » sympathique, danseur et chanteur, Pierre-Jean Cherer campe avec bonheur tous les personnages, les filles, le toubib, le chinois, et surtout Odile, la bonne copine.

Sophie et Virginie nous entrainent dans un tourbillon de musique et danse, et sous des dehors légers et comiques, font ressortir de l’émotion. Rassurez-vous on rit beaucoup, un bon moment à passer pour prendre des notes si on se fait plaquer (homme ou femme d’ailleurs !).
25 nov. 2017
8/10
82
Chagrin fait fait fait, c'qu'il lui plaît plaît plaît ?
Pas certain...

Voici l'histoire d'un chagrin, mais pas n'importe quel chagrin !
Le seul, le vrai, l'unique : le chagrin d'amour !

Pauline vient de se faire larguer, sans ménagement aucun.
Son désormais ex d'Alexandre la plante brusquement, la laissant se débrouiller seule avec leurs deux adolescentes, dans l'appartement désormais plus du tout conjugal.
Elle, elle s'effondre.

Soudain, on sonne à la porte de l'appartement.
Apparaît un grand type en frac, impeccablement mis, un rien mystérieux.

C'est son chagrin. Oui, oui... Un chagrin professionnel de catégorie 4.
Celui-ci va devenir le plus fidèle compagnon de notre héroïne, il va s'agripper à elle, au propre comme au figuré, malgré toutes les tentatives plus ou moins déjantées de Pauline pour s'en débarrasser.

Virginie Lemoine et Sophie Forte, les auteures, reprennent une idée qu'avait eue Jean-Michel Ribes (« Molière, Shahespeare et moi ») dans Palace, et la développent très subtilement.

Elles analysent assez finement et de façon très drôle les conséquences émotionnelles d'une rupture amoureuse.

Sophie Forte est cette Pauline-là. On est heureux de retrouver la comédienne dont on connaît le féroce humour et l'auto-dérision. Une vraie force comique se dégage : elle n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour déclencher l'hilarité du public.
Avec son énergie communicative, sa gouaille naturelle, elle campe un personnage très haut en couleurs.

Le chagrin, c'est Tchavdar Pentchev.
Il est parfait en espèce de « Maître d'hôtel » pince-sans-rire, l'oeil de velours.
Lui aussi fait beaucoup rire, avec quelques runnings-gags qui fonctionnent parfaitement.

Et puis, il y a celui qui m'a bluffé.
Lui qui j'avais quitté dans Hugo dans son adaptation du « Dernier jour d'un condamné » (un texte qui ne se prête que très peu à la gaudriole dramaturgique...), lui, William Mesguich est purement et simplement irrésistible.

Impossible de rester de marbre, dès ses multiples apparitions sur le plateau, devant ses compositions de personnages plus allumés les uns que les autres.
Oui, j'ai bien écrit « ses » personnages.

Comme j'aimerais pouvoir développer ! Mais évidemment, pas question de « spoiler » l'intrigue.
Ce qu'il fait relève de l'outrance, presque de la poésie surréaliste, de la farce.
Comme par exemple lorsqu'il …....................... et quand également il …............................... et sans oublier sa composition de …....................... !

La mise en scène de Virginie Lemoine est comme à l'accoutumée enlevée, précise. Il y a une sacrée pêche dans tout ça, ça bouge, ça pulse ! Et en même temps les moments de tendresse sont très convaincants.
Stéphane Corbin signe à son habitude une très jolie partition musicale, Sophie Forte chante, ce qui me fait regretter qu'elle ne se consacre pas plus à cette discipline et nous redonne l'un de ces albums dont elle a le secret.

C'est donc au final un bon moment que l'on passe au La Bruyère.
Une occasion assurée de se détendre les zygomatiques.

Mais si l'on rit, on est évidemment pratiquement tous concernés et interpellés par la mésaventure amoureuse de Pauline.
Et là, bien évidemment, le théâtre-miroir nous renvoie bien des choses.
22 nov. 2017
8,5/10
61
Tellement vrai ! Tellement bien dit ! Tellement de talent !
21 nov. 2017
9,5/10
27
Que faire quand un chagrin sonne à sa porte ? Attention, pas une petite déprime passagère, un soir de privation. Quelque chose qui n'a rien à voir avec les frustrations du quotidien face à des rebuffades et des déceptions aussi sifflantes soient-elles. Non un vrai chagrin, un bon grand chagrin. Celui qu’on voit, qu’on peut toucher, qui pèse de tout son poids. Un chagrin en chair et en os.

Oui que faire ? faut-il l’accueillir ou le repousser ? Ne pas le voir pour ne pas l’affronter ? Peut-on choisir entre le défi ou le déni ? Peut-on vraiment choisir ?

Un beau matin, Pauline se trouve confrontée à cette situation. C’est juste après la rupture avec son mari, le père de ses enfants, celui qu’un amour plus jeune a emporté vers une autre vie. C’est même dès le lendemain matin que le chagrin sonne à la porte de Pauline.

Et quand il se pointe le bougre, beau jeune homme élégant, petite valisette de travail à la main, il est bien là ! Il se glisse sournoisement partout et tout le temps, même si on ne veut pas de lui. Il s’interpose entre le réel et soi, s’infiltre dans les pensées, bouscule et mélange les souvenirs, la perception et l’imaginaire.

Ah il en impose, le malin. Il en dispose, le fourbe. Il expose Pauline aux mille et une turpitudes de l’abandon surprenant, celui qu’on ne voit pas venir, qui fait mal, qui ronge et qui détruit. C’est la catastrophe affective, le drame romanesco-épique, les malheurs de Pauline… !

Oui mais non, car c’est sans compter sur le parti-pris des deux autrices de la pièce, Sophie Forte et Virginie Lemoine qui ont choisi d’en rire et de nous en faire rire. Et que c’est réussi !...

Dès le début de la pièce, le surréalisme prend les commandes, une ambiance drôlissime, élégante et astucieuse remplit les situations de décalages savoureux et inattendus, fournit aux personnages des répliques ciselées, colorées de tendresse et de poésie, bourrées d’un humour cinglant.

La mise en scène de Virginie Lemoine est soignée, précise et inventive. Elle permet aux comédiens de jouer des effets sans desservir le texte et la situation. Il y a du merveilleux et de l’allégresse dans cette vie de Pauline qui s’accroche au courage pour s’empêcher de sombrer tout à fait.

Les comédiens nous éblouissent de leur enthousiasme à défendre cette histoire et la préserver de toute chute dans la tristesse chagrine, nous convaincant des allégories manifestes pour cette ode à la joie de vivre coûte que coûte.

Sophie Forte est Pauline, attachante, émouvante et drôle, un très joli personnage qu’elle nous rend proche comme une amie. William Mesguich (ce soir-là) est stupéfiant dans ses multiples compositions désopilantes et maitrisées : enfant, copine ou médecin comme peur, colère et folie, tout est précis, juste et hilarant. Tchavdar Pentchev compose le personnage du chagrin avec la classe expressive et galante d’un gentleman, oui, un chagrin gentleman. Et on y croit !

Un spectacle aussi inattendu que charmant, à la sympathie chaleureuse et à l’abattage rieur et farouchement efficace. Une très agréable comédie.