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Yves Poey
Yves Poey
Mini-Molière du Critique
120 ans
62 espions
espionner Ne plus espionner
Des critiques de théâtre, des interviews webradio, des coups de coeur, des coups de gueule.
Son blog : http://delacouraujardin.over-blog.com/
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Ses critiques

1005 critiques
Samara Joy

Samara Joy

9/10
2
Joy over the Duke !


Ou comment, à 21 ans, Samara Joy a plongé le mythique club de jazz parisien dans la félicité la plus totale.

Samara Joy, l’héritière des plus grandes.
La fille spirituelle et artistique de Sarah Vaughan et Carmen Mc Rae.

La jeune chanteuse à la voix de velours est venue nous présenter quelques titres de son premier album, dans lequel elle est accompagnée par le Pasquale Grasso Trio, ainsi que des standards on ne peut plus célèbres du Great American Songbook.


Miss Joy a grandi à New-York, dans le quartier de Castle Hill, dans le Bronx. Elle y réside toujours, d’ailleurs.
Elle a baigné dans la musique dès sa plus tendre enfance, notamment grâce à ses grands-parents qui dirigeaient dans les années 50 le groupe de gospel The savettes of Philadelphia.

A la maison, on écoutait Stevie Wonder, George Duke ainsi que de nombreux artistes de gospel et de R&B.

Après avoir découvert les comédies musicales au collège, elle a rejoint la chorale de son église, chantant jusqu’à trois fois par semaine pendant près de deux ans.


A la Suny purchase University, elle a été acceptée dans le cursus jazz qui intègre de nombreux et célèbres professeurs.

Le déclic : la version de « Lover Man » de Sarah Vaughan !

Après ses études, elle participera au concours international de jazz chanté Sarah-Vaughan, (il n’y a pas de hasard…) dont elle remportera le premier prix.



La carrière est lancée. Une tournée européenne l’a conduite à Paris pour deux soirs.

Ce qui frappe immédiatement, en entendant chanter Samara Joy, c’est la délicatesse, la suavité de sa voix.
Le timbre est clair, posé, la tessiture est impressionnante. Très impressionnante.

Avec une capacité assez rare : elle monte haut dans les aigus de façon très douce, sans forcer le volume, comme nombre de ses consœurs, avec un naturel confondant.

Une impression de douceur permanente se dégage de son style, même si cette douceur peut être parfois trompeuse.



Ce soir, elle est accompagnée par trois musiciens très talentueux, Ben Paterson au piano, Malte Arndal aux drums, et Mathias Allamane à la contrebasse.


Les soli des trois guys forceront le respect, notamment celui du contrebassiste qui va se lancer dans un hallucinant jeu au pouce, tout en bas du manche de son instrument. (On se rappelle que c’est lui qui jouait ici même avec Melody Gardot, voici quelques mois.)



Les titres vont d’enchaîner de brillante façon, des standards très connus, ou moins célèbres.

C’est sa version de Stardust qui va enflammer la salle. La jeune chanteuse démontre véritablement tout son talent, générant beaucoup d’émotion dans son interprétation.

Les connaisseurs savourent ce magnifique moment musical.


Samara Joy ne manquera par de rendre hommage au compositeur de cet immortel standard, à savoir le trompettiste Bix Beiderbecke, décédé à l’âge de vingt-huit ans.

Autre grand moment, ‘Round Midnight, qui ravit le public.
Sans jamais forcer, sans growl, toujours avec cette magnifique technique vocale et cette grande clarté dans le phrasé et les modulations, elle confère au titre de Thelonius Monk un charme et une délicatesse remarquables.

Et puis, à la demande de votre serviteur (si si…) ce sera Lover Man, le célèbre titre écrit par Jimmy Davis, Roger Ramirez et James Sherman pour Billie Holiday.
La salle retient son souffle en écoutant cette magnifique version. L’un des derniers moments du concert.

Alors bien entendu, pour l’heure, Miss Joy ne nous propose pas de compositions personnelles.
Entendrons-nous un jour ses propres chansons ?
Je serais prêt prendre tous les paris.

Retenez bien le nom de celle qui, dans les années à venir, deviendra une figure incontournable du jazz vocal.
Samara Joy.
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La Mouette, Cyril Teste

La Mouette, Cyril Teste

9,5/10
4
Il nous fait Mouette-Mouette et puis ça y est.
Il nous fait SA Mouette.
Une remarquable, inspirée et ô combien magnifique vision du chef d’œuvre de Tchekhov.

Faut-il s’étonner de la volonté qu’a eu Cyril Teste de monter sur un plateau ce texte joué pour la première fois en 1896 ?

Absolument pas.

Après son adaptation de Festen, le film de Thomas Vinterberg, après son Hamlet à l’Opéra-Comique, le réalisateur-en-scène (ou le metteur en cinéma) ne pouvait qu’être séduit par cette pièce qui comme les deux précédentes nous parle avant tout des tensions on ne peut plus exacerbées au sein d’une famille.
En ce sens, on peut effectivement parler d’une « trilogie testienne ».



Réalisateur-en-scène, Cyril Teste ?

Une nouvelle fois, le dramaturge va nous époustoufler avec la virtuosité qui est la sienne en matière d’exploration des liens théâtre-cinéma.
Ce qu’il nous montre est absolument magnifique.

Teste continue à décliner sa grammaire visuelle : avec de gros moyens techniques très sophistiqués, il mélange encore le jeu des acteurs avec des images filmées en direct des comédiens, que ce soit devant nous ou en hors-champ.



En effet, nous semblons être assis derrière la scène même. Devant nous, se trouvent de grands pans en placo-plâtre aux joints apparents qui sont en fait l’envers du décor.
Ce décor, cet intérieur cossu, nous le découvrirons seulement par le biais de la vidéo, avec les plans filmés des comédiens, et notamment les gros plans.

Virtuosité, donc.

Avec une précision inouïe, le théâtre de Cyril Teste mélange les sources, humaines et numériques, mixées en direct.
Deux cadreurs sont au plus près des acteurs, nous montrant d’immenses gros plans paradoxalement intimistes, des plans en noir et blanc ou en couleurs qui magnifient le jeu des comédiens.

Ces gros plans deviennent véritablement prépondérants et indispensables, apportant une foule d’informations et d’émotions aux spectateurs que nous sommes.


De plus, les micros dissimulés ne gênent à aucun moment : les grandes images contrastent habilement avec des chuchotements ou des dialogues dits à voix basse.
Ou quand le cinéma vient augmenter le théâtre. Le théâtre 2.0 ?

Très grosse production, donc. Je pense qu’il faut pas moins de cinq gros vidéo-projecteurs asservis pour mener à bien ces explorations visuelles, permettant aux images de suivre leur écran qui se déplace. C’est bluffant !

Mais ne nous y trompons pas : toute cette virtuosité et toute cette technique ne sont qu’au service de la pièce. Ce sont uniquement des outils destinés à servir Tchekhov.

Pour s’en convaincre, il n’est qu’à se pencher sur le thème de la nature, omniprésent dans le texte.

Ce sont les images filmées qui se chargent de nous transporter sur la berge du fameux lac.
Avec une mise en abyme visuelle : un cadreur filme par moments un écran télé sur lequel est diffusée une vidéo assez sombre de ce lac. Le tout est retransmis devant nous sur les grands pans sus-nommés.

Le rendu est très beau, avec un léger grain dans l’image.



Au delà de la forme, le fond.

La Mouette est souvent mise en scène sous l’angle du drame de Treplev qui meurt d’avoir définitivement perdu Nina, ou bien du même Treplev qui ne parvient pas à être l’artiste qu’il souhaitait devenir.

Ici, Cyril Teste a opté pour approche psychanalytique du complexe d’Œdipe.

Le Konstantin sera amoureux de sa mère, jalousant ainsi Trigorine. L’approche fonctionne parfaitement.

Le duo Mathias Labelle et Olivia Corsini est ce duo-là.
Les deux sont parfaits en héros tchékhoviens, Mathias Labelle à la fois tout en retenue mais également d’une sauvagerie magnifique, Melle Corsini particulièrement émouvante et inspirée dans ce rôle de comédienne imposante.


Liza Lapert interprète quant à elle une brillante Nina. La comédienne confère au rôle une dimension ambivalente, faite de douceur intime et de force contenue. Le personnage devient très poignant.

Xavier Maly est un Dorn à la fois espiègle et philosophe. La composition du comédien est elle aussi épatante.

Cyril Teste a opté pour la traduction de Olivier Cadiot, celle qui avait également reçu les faveurs de Thomas Ostermeir à l'Odéon, un texte très contemporain, qui appelle un chat un chat.

J’ai beaucoup ri lors de l’histoire des deux nouvelles, l’une bonne, l’autre nouvelle. Bien entendu, ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler la chute...

Les musiques de Nihil Bordures, co-fondateur du collectif MxM, faites de nappes de cordes sourdes, assez austères apportent une profondeur supplémentaire à cette entreprise artistique.



Ainsi donc, Cyril Teste persiste et signe, en poursuivant ses recherches techniques et visuelles afin de nous passionner par son théâtre « augmenté ».
Il continue avec bonheur et succès de développer une nouvelle grammaire et une nouvelle écriture théâtrales.
Ne manquez pas cette Mouette. C’est un autre spectacle incontournable de ce printemps.
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Noces de corail

Noces de corail

9/10
11
Une histoire trop polype pour être honnête ?

Bien au contraire !

Elle et lui. Et encore une petite elle.
Une mère, un père et une petite fille. Leur fille. Agathe.

Elle, elle nous attend assise sur le bord de la scène, croquant une pomme. Elle nous en propose un morceau. Comme un symbole.

Lui, il arrive un peu plus tard sur le plateau. Nous ne savons pas trop qui ils sont, ces deux-là.
C’est Agathe qui va nous éclairer. Elle est installée parmi les spectateurs, et va se poser en metteure en scène des deux personnages.
Elle va les faire se rencontrer dans un musée, devant un Van Gogh.
Et nous de comprendre.
Les deux vont être dirigés par leur fille qui va nous dire, et nous expliquer.


Laure Loäec a écrit un texte drôle, intense et poignant qui va nous raconter une histoire d’amour peu ordinaire, de celles que l’on ne peut inventer, de celles qui forcément ont un ancrage dans une réalité vécue.
Une histoire d’amour, de maladie et peut-être de mort.

Agathe présente un syndrome de calcification osseuse dans le cerveau.
Un polype de type corallien étend irrémédiablement ses tentacules dans la tête de la petite, causant des dommages irréversibles.


A travers cet enfant qui développe devant nous l’histoire de ses parents, Laure Loäec nous dissèque certes les relations entre ce couple d’amants devenus conjoints puis parents, mais elle ausculte également l’évolution de leurs sentiments réciproques face à la maladie.

Rien de plus casse-gueule que ce genre de thème qui pourrait très vite glisser dans le pathos du plus mauvais aloi.
Ici, il n’en sera absolument rien. Bien au contraire.

Durant cette heure intense, nous allons passer par toutes les phases sentimentales et émotionnelles de ces deux-là, sous l’œil de leur fille malade, et nous comprendrons toutes leurs réactions successives face à cette implacable maladie dégénérative.

Nous allons rire, (la scène d’accouchement est épatante…), nous allons être émus, nous allons espérer, mais surtout nous allons pouvoir nous reconnaître et nous projeter dans ces personnages.
Au fond, une question nous taraude en permanence : comment réagirais-je face à une situation tellement désespérée, tellement injuste, comment me positionnerais face à mon conjoint, face à mon enfant hospitalisé, face au toubib en charge de ma fille.


Accepterions nous ce coup du sort, serions fatalistes face à ce destin qui nous jouerait ce si vilain tour ?

Au travers cette histoire d’amour, c’est bien cette réflexion qui nous mobilise durant ces quelque soixante épatantes minutes


Pour interpréter un tel texte, il faut des comédiens dotés d’un réel talent.

En l’occurrence, c’est pleinement le cas.

Hier, le couple de parents était interprété par Amandine Pudlo et Yannick Mazzili.

Immédiatement, dès leurs premières répliques, nous croyons totalement ce qu’ils nous disent et nous montrent.
Nous avons véritablement devant nous ces deux êtres humains confrontés à l’inacceptable.


Mis en scène par Frédéric Thibault et Zakarya Gouram, ils sont on ne peut plus crédibles.

Avec beaucoup d’engagement, ils portent le texte de façon irréprochable.
Une grande vérité de tous les instants nous parvient, à nous autres les spectateurs qui rions ou qui n’en menons pas large.

Alice Berger campe le personnage d’Agathe.

Elle aussi est parfaite en petite fille. A aucun moment, nous ne remettons en cause le postulat d’une gamine jouée par une jeune femme.

Hier, Thomas Drelon jouait le rôle du chirurgien, lui aussi avec la plus grande justesse.

Tous ont su placer le curseur à son exacte position.

Nous sommes en permanence accrochés à cette histoire extra-ordinaire.

Des ballons de baudruche de plus en plus nombreux, dévoilés au fur et à mesure symbolisent l’inéluctable développement de la maladie.

Un parti pris très judicieux qui génère une vraie poésie sur le plateau.


Tout comme la prise en compte scénographique du froid, qui aura lui aussi une grande importance dans cette histoire.

Voici donc un moment de théâtre particulièrement réussi, tant sur la forme que sur le fond.
Un moment que je vous recommande vivement.
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Le dragon

Le dragon

9,5/10
2
Thomas Jolly remet nos monstres à l’heure !

Ou quand le patron du Centre dramatique national Le quai d’Angers ne peut s’empêcher une nouvelle fois de faire son sale gosse pour notre plus grand plaisir, en transformant Le dragon en une farce burlesque, espiègle et hilarante qui s’adresse aux grands enfants que nous sommes restés !

Le dragon. Une histoire de monstre(s).

Dans cette pièce écrite en 1944, l’auteur soviétique Evgueni Schwartz, après avoir écrit des contes pour enfants plus ou moins sages, nous embarque dans un pays dans lequel depuis quatre siècles règne un féroce et tyrannique dragon à trois têtes.
Le monstre exige chaque année une jeune épouse qui mourra de dégoût après la nuit de noces.
C’est au tour d’Elsa, la fille de l’archiviste Charlemagne d’être choisie par la Bête.

Surgit Lancelot, un « héros professionnel », qui va délivrer la ville de ce fléau tricéphale grâce à sa flamberge.
Las ! D’autres monstres vont surgir. Les habitants vont se révéler être une colonie monstrueuse, composée de corrompus, de serviteurs zélés, de moutons apathiques, tous gouvernés par un bourgmestre veule et tout aussi tyrannique.

On l’aura compris, la pièce oscille entre une féroce et impitoyable critique du nazisme et du stalinisme.

Ce texte ô combien politique fut interdit en URSS dès sa sortie, pour n’y être joué qu’au début des années 60.

L’occasion était trop belle pour Thomas Jolly d’adapter cette pièce au sortir de la crise sanitaire que l’on sait et de la crise politique que nous sommes en train de vivre.
Dans ces temps de crises-là, serions-nous donc tous des monstres ?
C’est bien de liberté et de libre-arbitre face au pouvoir en place, de servitude volontaire vis à vis d’un despote insidieux dont traite la pièce.

Evgueni Schwartz a donc commencé sa carrière en écrivant des histoires à destination des plus petits.
Avec ce Dragon-là, Jolly pousse la logique jusqu’au bout en faisant de ce texte un conte burlesque pour grands enfants pas sages, une farce complètement débridée qui va nous faire énormément rire.
Un rire qui parfois va nous faire grincer des dents : la démonstration est implacable. Le propos politique prendra toute sa force : les références à l’actualité très récente sont judicieuses et évidentes.

Le metteur en scène nous embarque comme à son habitude dans une épique épopée, dans un spectacle foisonnant, à l’allure de bande dessinée en live.
Les deux heures quarante du spectacle vont passer à toute allure.

Tout juste entrés dans la grande halle de la Villette, un œil noir nous regarde. Un gigantesque œil.
Celui de la Bête, au ventre toujours fécond.
Soudain, un assourdissant accord d’orgue liturgique fait trembler les murs de la salle et fait sursauter le public.
D’étranges lumières en contre font que nous ne comprenons pas tout de suite ce que nous voyons.
Bienvenue dans l’univers du patron.

Thomas Jolly est de ces metteurs en scène dont la griffe est immédiatement reconnaissable.
Dans tous ses spectacles, émergent des invariants qui font que nous savons exactement et très rapidement que nous sommes dans son monde.

De ces invariants, l’un des plus important à mes yeux est la police de caractère des inscriptions qui parsèment ici encore le plateau. Une police qui fut créée aux tout-débuts de la Picola Familia avec des morceaux de gaffer noirs, conférant ainsi à l’écriture un caractère très anguleux.
Ici, c’est le « D » qui apparaît. L’initiale de Dra-dra, le dragon.

Autre point commun de tous les spectacles : l’important et magnifique travail sur les lumières et les effets spéciaux. La dimension onirique est toujours là.

Nous allons retrouver les fins pinceaux de lumière si chers au metteur en scène (ce que fait l’enfant avec son miroir est magnifique.. Je n’en dis pas plus…), les effets stroboscopiques, les nuages de fumée ou encore les ronds de lumière très serrés.

Des infra-basses, des nappes de graves vrombissantes nous font toujours autant vibrer.

Encore une grosse production, avec des moyens techniques tout à fait adaptés au propos.

Cette pièce aura une esthétique oscillant entre Tim Burton et le cinéma expressionniste.
Une pièce pratiquement en noir et blanc, à l’exception de quelques scènes, notamment celle du combat contre le monstre. (Une ellipse remarquable qui fonctionne à la perfection. Oui, pour tomber, les têtes vont tomber ! )

Les décors, à l’architecture audacieuse et aux murs recouverts de grandes écailles noires, ces décors sont d’une beauté saisissante.

Des accessoires vont déclencher bien des rires. Des têtes sanguinolentes, un cochon de lait , une dinde farcie… Et non, vous n’en saurez pas plus.

Les comédiens seront très souvent éclairés par en dessous, par une rampe au sol, accentuant les arêtes des visages et mettant en valeur les beaux maquillages de Catherine Nicolas ou Elodie Mansuy.


Ces comédiens sont emmenés par un trio épatant.


Damien Avice est un Lancelot en haillons (le costume est très réussi), un « héros professionnel », donc, spécialiste des causes et des combats désespérés.
Le comédien en archétype du chevalier sans peur et sans reproche est particulièrement touchant en libérateur tout de blanc vêtu.


C’est Bruno Bayeux qui va principalement déclencher les rires, voire les fou-rires du public.

Sa composition du bourgmestre est hi-la-rante.
Ses outrances, sa gestuelle alambiquée, pédante, ses mimiques et ses expressions à l’avenant, ses pas de danse alambiqués, ses tirades avec une diction précieuse ou complètement délirante, tout ceci force le respect. (Les références à l'actualité sont savoureuses.)

On sait l’importance que le metteur en scène accorde aux corps dans son travail.
Ici encore, ces corps vont prendre toute leur importance.

Le théâtre de Jolly s’appuie certes sur le texte, mais également sur une dimension physique, rentre-dedans, jusqu’au-boutiste tout à fait jouissive.

Hiba El Afalhi est quant à elle une Elsa la fois soumise puis révoltée. Une Elsa qui va comprendre !

On croit totalement à son personnage de jeune femme qui va finalement sauver ses concitoyens en leur renvoyant leurs quatre vérités. Là encore, une bien belle composition.

Le reste de la petite troupe est à l’avenant, faisant tous preuve d’un engagement sans faille au service de l’entreprise artistique.

Thomas Jolly continue donc à nous passionner avec son théâtre à la fois populaire et exigeant, facétieux et intelligent, intense et délicat.

Ne manquez pas ce nouvel opus qui confirme s’il en était encore besoin son statut de metteur en scène majeur au sein du petit monde du théâtre français.

------------

Comme décidément ce garçon surgit là où personne ne l’attend, il mettra en scène à l’automne prochain sa version très attendue de Starmania, à la Seine Musicale.

Nous en reparlerons dès le 4 novembre...
(Je vous rappelle au passage qu’il m’avait confié son rêve de mettre en scène Mylène Farmer…
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Ovni

Ovni

8,5/10
2
L’OVNI, please, l’OVNI…
Ou dix personnages en quête de hauteur…

Tout commence par une adresse sonore en voix off de l’auteur, Ivan Viripaev, à destination certes de l’équipe artistique du spectacle, mais surtout à la nôtre, nous autres les spectateurs.
Il nous explique la genèse du projet et le processus de son écriture.

Au départ, ce devait être un film.

Une sorte de grand documentaire dans lequel Viripaev devait mettre en avant le témoignage de personnes ayant eu un contact avec des extra-terrestres.

Pour ce faire, il est allé rencontrer l’un de ses amis, un oligarque russe (qui aurait pensé que l’auteur des Enivrés avait un pote milliardaire en roubles et en dollars…) pour financer ses rencontres autour du vaste monde avec quatorze de ces humains ayant rencontré des aliens.


Las ! La production de ce film a capoté, et il a été contraint de se rabattre sur le medium théâtre pour éviter que « tout ce matériau se perde ».
C’est ainsi que malheur des uns va faire le bonheur des autres.



Nous allons donc voir devant nous des personnages qui vont nous raconter leur rencontre du troisième type, et les conséquences pour eux-même ou leur entourage de ce qu’ils ont vécu.



Emilie, Thomas, Nick, Hilde, Robert, Jennifer, Matthew, Dieter et Joanna vont nous narrer leur expérience, chacun face à une une caméra imaginaire devant laquelle ils s’épanchent dans une quasi-démarche de confession, détaillant par le menu les faits et les implications spirituelles, philosophiques de leur aventure hors du commun.

Au fond, tous vont nous dire peu près la même chose, ce qui va finir par nous interloquer (ce fut mon cas) : tous ont le sentiment de se connecter avec une espèce de force, de communier avec soi-même et avec l’univers dans son entièreté, indéchiffrable, énigmatique.

Etrange...



Eleonore Joncquez a parfaitement su éviter le « piège » de cette pièce : tous ces personnages défilent devant nous, un par un pour raconter.
Il faut donc éviter de créer un sentiment de monotonie ou d’ennui. Il faut à chaque fois remettre le couvert pour retrouver le spectateur.
La metteure en scène a réussi à nous passionner de bout en bout de ces deux heures « et neuf minutes », comme précisait le célèbre Didier devant la salle Copi après avoir agité sa clochette.

A l’arrivée des spectateurs, le plateau est nu. Un rideau en lames de tissus entoure les trois murs de la cage de scène.

C’est sur ces pans de tissus que seront projetées des séquences video à base d’étoiles, d’images astronomiques et de représentations très SF d’une gigantesque porte d’un vaisseau spatial, un peu comme dans Star Wars…

On comprend alors aisément le parti-pris : passer du grand tout à ce qu’il y a de plus intime dans la parole des raconteurs.

C’est par ces lames de tissus que pénétreront les cinq comédiens qui incarneront les personnages.
Chacun apportera son petit matériel, à savoir un meuble représentatif et ses accessoires, le tout monté sur roulette.
Vont donc s’accumuler des petits espaces, disséminés sur le plateau. Une dimension poétique émane de tout ceci.


Tous vont s’en donner à cœur joie.
Eleonore Joncquez en personne sera une Jennifer très exubérante et extravertie, dispensant à qui mieux mieux des « eeuuuuh » à la fin de ses mots, riant pour un oui pour un non.

Elle est très drôle.

Patrick Pineau sera un épatant Irlandais bourru et débonnaire, ayant découvert pour l’occasion Facebook.
Lui aussi nous tire beaucoup de rires, son bonnet vissé sur la tête, se dépêchant de tout raconter avant que sa femme ne rentre.


Coralie Russier quant à elle interprète notamment une toute jeune femme, une adulescente qui commence la série de témoignages.
Armée d’un bâton « stick lèvres nutrition » qu’elle utilise de nombreuses fois, elle témoignera elle aussi de façon souvent humoristique.

Les personnages interprétés par Vincent Joncquez et Grégoire Didelot, eux, nous parleront assez souvent de beuh, d’herbe ou de cocaïne.

Tous nous dépeignent parfaitement cette communauté humaine, cet assemblage de constituants d’un tout réunis par un ou plusieurs points communs.

Des séquences de musique électro assurent les transitions, avec parfois de jolis moments chorégraphiés. Un personnage seul ou le groupe esquissent des petites danses très réussies.



Et puis voici le dernier personnage, lui aussi incarné par Grégoire Didelot.

L’oligarque russe.

Il va tout nous révéler, nous dire pourquoi il n’a finalement pas financé le projet de l’auteur. Je n’en dis évidemment pas plus.


Ce faisant, nous allons comprendre.


Va alors se dérouler une vertigineuse mise en abyme : l’essentiel de tout ça est que nous puissions comprendre que la réalité existe, au-delà de l’auteur, de la metteure en scène, du texte, des comédiens.

Au delà des spectateurs, même.

Une réalité unique que nous percevrons alors.

On l’aura compris, Ivan Viripaev nous a tissé sa manière un vibrant hommage au théâtre, que Melle Joncquez a transformé en un bien beau spectacle auquel il faut assister !
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