Ses critiques
1005 critiques
9/10
La mer qu'on ne voit pas danser. La mer étale...
Les rues que l'on ne sent plus vibrer. Le confinement fatal...
Aulis. Paris. Deux mondes arrêtés.
Deux mondes qu'il va falloir remettre en mouvement, d'une manière ou d'une autre.
Deux mondes qui vont exiger un sacrifice.
Avec la fameuse question que le grand Racine nous pose depuis presque 350 ans : qu'est-ce que chacun d'entre nous est prêt à sacrifier pour que son univers personnel fonctionne mieux ?
C'est sous cet angle que Stéphane Braunschweig a axé sa vision de cette pièce assez rarement montée, en établissement un judicieux parallèle entre cette histoire se déroulant en Aulide, et la situation sanitaire actuelle.
Au fond, ce sacrifice que demandent les dieux grecs, ne ressemble-t-il pas à ce que nous avons connu très récemment : faut-il sacrifier l'une des plus importantes libertés individuelles, celle d'aller où bon et quand bon nous semble, pour instaurer un confinement sensé venir à bout de la pandémie ?
D'où, peut-être, la scénographie, que l'on doit elle aussi au patron des lieux, qui va établir une sacrée distanciation entre les spectateurs.
Nous entrons dans la salle Berthier, et nous avons la surprise de trouver fixées au sol des paires de chaises blanches, en lieu et place des traditionnels gradins.
(Attention : elles sont très inconfortables. Si vous disposez d'un coussin personnel, n'hésitez pas à vous en munir...)
Et puis un dispositif bi-frontal, qui à mon humble avis, ne sert pas à autre chose que de séparer et d'éloigner un peu plus les spectateurs. Démonstration de la distanciation sociale.
Oui, une nouvelle fois, les amateurs de profils de comédiens vont se régaler.
C'est de cette façon, et presque uniquement, que nous les verrons évoluer.
Au lointain, un gigantesque écran, avec un plan fixe nous montrant la mer d'huile. (Ceci reprend d'une certaine manière le dispositif de Michael Marmarinos, dans sa mise-en-scène de Phèdre à la Comédie-Française, en 2014.)
Sur le plateau des ateliers Berthier, de remarquables comédiens, donc. De profil, certes, mais remarquables !
Le metteur en scène a su réunir une formidable distribution (en alternance) qui va rendre le propos racinien passionnant.
Les costumes contemporains sont stricts (nous pourrions nous trouver dans un cabinet ministériel, avec une palanquée de hauts-fonctionnaires). Tout le monde est en pantalon, hommes et femmes. La journée de la jupe n'est pas pour maintenant.
Dans des nuances de noir, gris, plus le blanc immaculé et virginal, (par trois fois seulement, le rouge fera son apparition), les comédiens évoluent dans une mise en scène elle aussi stricte, presque austère, sans artifices de mauvais aloi.
Hier soir, la petite troupe nous a plongés de très belle manière dans les méandres des passions et des émotions de ces personnages.
De façon brute, intense, intransigeante, ils nous déroulent le peu d'action de la pièce.
Il est impossible de se détacher des 1794 alexandrins et 2 octosyllabes du texte.
Cette pièce, tous ceux qui sont venus assister à cette première, la connaissent. Son texte, le mythe, et surtout sa fin.
Et pourtant, j'ai été tellement accroché à ce que je voyais et ce que j'entendais que je me suis même pris à imaginer que peut-être, le sacrifice final n'aurait pas lieu, le sang ne coulerait pas, que peut-être, tout pourrait s'arranger.
De nombreux et très beaux moments parsèment ces deux heures et quinze minutes.
Suzanne Aubert est une frêle Iphigénie à la fois soumise et révoltée. Elle est on ne peut plus crédible dans ce mélange de douceur et de force, elle nous montre bien l'intransigeance et le tiraillement du personnage.
Ses scènes (de pré-ménage) avec Achille sont épatantes.
Un Achille incarné hier par Thibault Vinçon qui confère au héros de la guerre de Troie une réelle épaisseur et une grande profondeur dans la rage, la colère et la détermination à vouloir éviter l'inévitable..
Le couple m'a beaucoup ému.
Claude Duparfait porte une nouvelle fois très bien son nom...
Son Agamemnon est magnifique de fatalisme, de résignation, puis de désespoir aboutissant à vouloir sauver sa fille.
Il se tient légèrement voûté, genoux un peu fléchis, comme abattu, portant sur ses épaules le poids du Destin.
Une composition épatante qui met lumineusement en avant les ressorts psychologiques du personnage.
Anne Cantineau en Clytemnestre et Chloé Rajon en Eriphile sont elles aussi irréprochables dans leur rôle, chacune à sa façon campant ces femmes elles aussi confrontées à la terrible fatalité.
Coup de chapeau également à Sharif Andoura, en Ulysse fier-à-bras, allié d'Agamemnon. L'une de ses répliques nous fait rire. Je n'en dis pas plus.
On l'aura compris, Stéphane Braunschweig réussit pleinement à actualiser cette tragédie, démontrant ainsi sa confondante modernité, sans pour cela avoir eu besoin de faire réécrire le texte. (Suivez mon regard tempêtueux...)
Il vous faut vraiment aller aux Ateliers Berthier afin de découvrir cette vision inspirée d'un grand classique.
Les rues que l'on ne sent plus vibrer. Le confinement fatal...
Aulis. Paris. Deux mondes arrêtés.
Deux mondes qu'il va falloir remettre en mouvement, d'une manière ou d'une autre.
Deux mondes qui vont exiger un sacrifice.
Avec la fameuse question que le grand Racine nous pose depuis presque 350 ans : qu'est-ce que chacun d'entre nous est prêt à sacrifier pour que son univers personnel fonctionne mieux ?
C'est sous cet angle que Stéphane Braunschweig a axé sa vision de cette pièce assez rarement montée, en établissement un judicieux parallèle entre cette histoire se déroulant en Aulide, et la situation sanitaire actuelle.
Au fond, ce sacrifice que demandent les dieux grecs, ne ressemble-t-il pas à ce que nous avons connu très récemment : faut-il sacrifier l'une des plus importantes libertés individuelles, celle d'aller où bon et quand bon nous semble, pour instaurer un confinement sensé venir à bout de la pandémie ?
D'où, peut-être, la scénographie, que l'on doit elle aussi au patron des lieux, qui va établir une sacrée distanciation entre les spectateurs.
Nous entrons dans la salle Berthier, et nous avons la surprise de trouver fixées au sol des paires de chaises blanches, en lieu et place des traditionnels gradins.
(Attention : elles sont très inconfortables. Si vous disposez d'un coussin personnel, n'hésitez pas à vous en munir...)
Et puis un dispositif bi-frontal, qui à mon humble avis, ne sert pas à autre chose que de séparer et d'éloigner un peu plus les spectateurs. Démonstration de la distanciation sociale.
Oui, une nouvelle fois, les amateurs de profils de comédiens vont se régaler.
C'est de cette façon, et presque uniquement, que nous les verrons évoluer.
Au lointain, un gigantesque écran, avec un plan fixe nous montrant la mer d'huile. (Ceci reprend d'une certaine manière le dispositif de Michael Marmarinos, dans sa mise-en-scène de Phèdre à la Comédie-Française, en 2014.)
Sur le plateau des ateliers Berthier, de remarquables comédiens, donc. De profil, certes, mais remarquables !
Le metteur en scène a su réunir une formidable distribution (en alternance) qui va rendre le propos racinien passionnant.
Les costumes contemporains sont stricts (nous pourrions nous trouver dans un cabinet ministériel, avec une palanquée de hauts-fonctionnaires). Tout le monde est en pantalon, hommes et femmes. La journée de la jupe n'est pas pour maintenant.
Dans des nuances de noir, gris, plus le blanc immaculé et virginal, (par trois fois seulement, le rouge fera son apparition), les comédiens évoluent dans une mise en scène elle aussi stricte, presque austère, sans artifices de mauvais aloi.
Hier soir, la petite troupe nous a plongés de très belle manière dans les méandres des passions et des émotions de ces personnages.
De façon brute, intense, intransigeante, ils nous déroulent le peu d'action de la pièce.
Il est impossible de se détacher des 1794 alexandrins et 2 octosyllabes du texte.
Cette pièce, tous ceux qui sont venus assister à cette première, la connaissent. Son texte, le mythe, et surtout sa fin.
Et pourtant, j'ai été tellement accroché à ce que je voyais et ce que j'entendais que je me suis même pris à imaginer que peut-être, le sacrifice final n'aurait pas lieu, le sang ne coulerait pas, que peut-être, tout pourrait s'arranger.
De nombreux et très beaux moments parsèment ces deux heures et quinze minutes.
Suzanne Aubert est une frêle Iphigénie à la fois soumise et révoltée. Elle est on ne peut plus crédible dans ce mélange de douceur et de force, elle nous montre bien l'intransigeance et le tiraillement du personnage.
Ses scènes (de pré-ménage) avec Achille sont épatantes.
Un Achille incarné hier par Thibault Vinçon qui confère au héros de la guerre de Troie une réelle épaisseur et une grande profondeur dans la rage, la colère et la détermination à vouloir éviter l'inévitable..
Le couple m'a beaucoup ému.
Claude Duparfait porte une nouvelle fois très bien son nom...
Son Agamemnon est magnifique de fatalisme, de résignation, puis de désespoir aboutissant à vouloir sauver sa fille.
Il se tient légèrement voûté, genoux un peu fléchis, comme abattu, portant sur ses épaules le poids du Destin.
Une composition épatante qui met lumineusement en avant les ressorts psychologiques du personnage.
Anne Cantineau en Clytemnestre et Chloé Rajon en Eriphile sont elles aussi irréprochables dans leur rôle, chacune à sa façon campant ces femmes elles aussi confrontées à la terrible fatalité.
Coup de chapeau également à Sharif Andoura, en Ulysse fier-à-bras, allié d'Agamemnon. L'une de ses répliques nous fait rire. Je n'en dis pas plus.
On l'aura compris, Stéphane Braunschweig réussit pleinement à actualiser cette tragédie, démontrant ainsi sa confondante modernité, sans pour cela avoir eu besoin de faire réécrire le texte. (Suivez mon regard tempêtueux...)
Il vous faut vraiment aller aux Ateliers Berthier afin de découvrir cette vision inspirée d'un grand classique.
9/10
« Je suis Diane Arbus ! Ca n'est pas tout à fait rien, je vous assure ! »
Diane Arbus. 1943-1971.
C'est cette figure de la photographie américaine, célèbre notamment pour avoir photographié au réflex 6x6 bi-objectif des inconnus dans la rue new-yorkaise, qui va clore la trilogie américaine de Fabrice Melquiot, après Pollock et Pearl.
Des inconnus, donc, qu'elle va immortaliser.
Des hommes et des femmes qui sans elle, n'auraient jamais été couchés sur la pellicule argentique. Des hommes et des femmes qui ne rentraient pas dans les conventions de l'Amérique d'alors.
Cette pièce, commandée et mise en scène par Paul Desveaux n'est pas un biopic.
Ce qui va se jouer ici, c'est beaucoup plus, c'est avant tout le rapport que nous pouvons avoir à l'image et à la différence.
L'image argentique, bien entendu, l'image que l'on crée, l'image qu'on a développée à la lumière inactinique et qui en dit beaucoup sur soi.
Mais également et peut-être surtout l'image des autres, l'image que l'on a des « autres différents », ceux qui ne sont pas comme nous. Tout ceci sera également abordé de manière bien subtile.
La vision des autres qui aboutit sur la vision que l'on a de soi, et qui peut pousser à l'irrémédiable.
J'en veux pour preuve le début de la pièce, qui va nous montrer la toute fin de cette immense artiste.
Une baignoire. Diane et son bras qui dépasse...
Nous comprenons immédiatement.
L'image d'aujourd'hui, après l'image des années 70, également...
« Un jour, les gens seront devenus tellement cons qu'ils échangeront des photos de chiens contre des photos de chats. Ce sera leur passe-temps favori » fait dire l'auteur à son héroïne...
Seront également abordés la place et le « métier » de l'artiste, le rapport à la technique, à la célébrité...
Une nouvelle fois, Paul Desveaux a su transposer la grande qualité d'écriture de Melquiot, grâce avant tout à une distribution aux petits oignons, qu'il dirige avec une grande précision.
Il réussit la gageure de faire bouger des comédien·nes pour nous parler de l'immobilité supposée de la photo.
Ou quand le mouvement évoque la chose supposée fixée.
Diane Arbus, c'est Anne Azoulay.
La comédienne donne une sacrée épaisseur à son personnage.
A la fois toute en fragilité et toute en force, elle parvient à restituer le caractère ambivalent et presque bipolaire de l'artiste.
Melle Azoulay fait passer quantité d'émotions. J'ai été vraiment accroché par ce qu'elle nous raconte, et notamment dans ses rapports avec la famille. Ses adresses au public sont épatantes. (Je n'en dis pas plus...)
Deux comédiens jouent chacun deux rôles.
D'une part la mère biologique et celle « spirituelle », d'autre part, le père et le mari.
On comprend évidemment très vite par ce parti-pris dramaturgique les tenants et les aboutissants psychologiques voire psychanalytiques de la destinée de la photographe.
L'immense Catherine Ferran, Sociétaire honoraire de la Comédie Française, campe deux figures ô combien remarquables.
Une mère acariâtre, castratrice, ainsi une professeure de photographie intransigeante et sans concession.
La comédienne est une nouvelle fois fascinante. (Oui, je viens d'écrire un pléonasme.)
Il fallait un « freak » pour incarner la figure de ceux que photographiera Diane Arbus.
Jean-Luc Verna est Jack Dracula, un tatoué, un vrai.
Dans une scène irrésistible de drôlerie, il joue ce type que rien ne prédestinait à participer à un shooting.
Le comédien nous impressionne et nous fait rire.
La scène nous questionne également quant à la notion de modèle. La photographe a besoin d'un sujet qui va devenir devant son objectif un objet.
Tout ceci est très réussi et fonctionne à la perfection.
Il reviendra dans une deuxième très jolie scène pour.... Allez donc aux plateaux sauvages pour en savoir plus...
Michaël Felberbaum est à la guitare électrique demi-caisse, pour jouer de longues notes et accords presque plaintifs, ou bien des standards de jazz de l'époque.
Il faut noter qu'un grand nom de la photographie actuelle, Christophe Raynaud de Lage, bien connu des théâtreux, a apporté son expertise à l'entreprise.
Un savoir-faire technique, donc et ses magnifiques portraits en noir et blanc, projetés sur le grand rideau de fils au lointain.
Je vous conseille vraiment d'aller assister à une représentation de cette pièce qui ouvre la saison 20-21 des Plateaux sauvages.
C'est un spectacle intense, pédagogique (j'avoue que je ne connaissais que très peu Diane Arbus), et qui propose une vraie réflexion, avec de réelles et très actuelles interrogations quant à l'image qui ne bouge pas mais qui en dit tellement.
Un moment de théâtre très réussi.
Diane Arbus. 1943-1971.
C'est cette figure de la photographie américaine, célèbre notamment pour avoir photographié au réflex 6x6 bi-objectif des inconnus dans la rue new-yorkaise, qui va clore la trilogie américaine de Fabrice Melquiot, après Pollock et Pearl.
Des inconnus, donc, qu'elle va immortaliser.
Des hommes et des femmes qui sans elle, n'auraient jamais été couchés sur la pellicule argentique. Des hommes et des femmes qui ne rentraient pas dans les conventions de l'Amérique d'alors.
Cette pièce, commandée et mise en scène par Paul Desveaux n'est pas un biopic.
Ce qui va se jouer ici, c'est beaucoup plus, c'est avant tout le rapport que nous pouvons avoir à l'image et à la différence.
L'image argentique, bien entendu, l'image que l'on crée, l'image qu'on a développée à la lumière inactinique et qui en dit beaucoup sur soi.
Mais également et peut-être surtout l'image des autres, l'image que l'on a des « autres différents », ceux qui ne sont pas comme nous. Tout ceci sera également abordé de manière bien subtile.
La vision des autres qui aboutit sur la vision que l'on a de soi, et qui peut pousser à l'irrémédiable.
J'en veux pour preuve le début de la pièce, qui va nous montrer la toute fin de cette immense artiste.
Une baignoire. Diane et son bras qui dépasse...
Nous comprenons immédiatement.
L'image d'aujourd'hui, après l'image des années 70, également...
« Un jour, les gens seront devenus tellement cons qu'ils échangeront des photos de chiens contre des photos de chats. Ce sera leur passe-temps favori » fait dire l'auteur à son héroïne...
Seront également abordés la place et le « métier » de l'artiste, le rapport à la technique, à la célébrité...
Une nouvelle fois, Paul Desveaux a su transposer la grande qualité d'écriture de Melquiot, grâce avant tout à une distribution aux petits oignons, qu'il dirige avec une grande précision.
Il réussit la gageure de faire bouger des comédien·nes pour nous parler de l'immobilité supposée de la photo.
Ou quand le mouvement évoque la chose supposée fixée.
Diane Arbus, c'est Anne Azoulay.
La comédienne donne une sacrée épaisseur à son personnage.
A la fois toute en fragilité et toute en force, elle parvient à restituer le caractère ambivalent et presque bipolaire de l'artiste.
Melle Azoulay fait passer quantité d'émotions. J'ai été vraiment accroché par ce qu'elle nous raconte, et notamment dans ses rapports avec la famille. Ses adresses au public sont épatantes. (Je n'en dis pas plus...)
Deux comédiens jouent chacun deux rôles.
D'une part la mère biologique et celle « spirituelle », d'autre part, le père et le mari.
On comprend évidemment très vite par ce parti-pris dramaturgique les tenants et les aboutissants psychologiques voire psychanalytiques de la destinée de la photographe.
L'immense Catherine Ferran, Sociétaire honoraire de la Comédie Française, campe deux figures ô combien remarquables.
Une mère acariâtre, castratrice, ainsi une professeure de photographie intransigeante et sans concession.
La comédienne est une nouvelle fois fascinante. (Oui, je viens d'écrire un pléonasme.)
Il fallait un « freak » pour incarner la figure de ceux que photographiera Diane Arbus.
Jean-Luc Verna est Jack Dracula, un tatoué, un vrai.
Dans une scène irrésistible de drôlerie, il joue ce type que rien ne prédestinait à participer à un shooting.
Le comédien nous impressionne et nous fait rire.
La scène nous questionne également quant à la notion de modèle. La photographe a besoin d'un sujet qui va devenir devant son objectif un objet.
Tout ceci est très réussi et fonctionne à la perfection.
Il reviendra dans une deuxième très jolie scène pour.... Allez donc aux plateaux sauvages pour en savoir plus...
Michaël Felberbaum est à la guitare électrique demi-caisse, pour jouer de longues notes et accords presque plaintifs, ou bien des standards de jazz de l'époque.
Il faut noter qu'un grand nom de la photographie actuelle, Christophe Raynaud de Lage, bien connu des théâtreux, a apporté son expertise à l'entreprise.
Un savoir-faire technique, donc et ses magnifiques portraits en noir et blanc, projetés sur le grand rideau de fils au lointain.
Je vous conseille vraiment d'aller assister à une représentation de cette pièce qui ouvre la saison 20-21 des Plateaux sauvages.
C'est un spectacle intense, pédagogique (j'avoue que je ne connaissais que très peu Diane Arbus), et qui propose une vraie réflexion, avec de réelles et très actuelles interrogations quant à l'image qui ne bouge pas mais qui en dit tellement.
Un moment de théâtre très réussi.
9,5/10
Breizh Atao !
« En hani e ankoéha é istoér e gol ur loden ag é inéan ! »
Celui qui oublie ses racines perd une part de son âme !
Ces trois-là, ils ne risquent pas de l'avoir perdue, leur âme...
Ca fait cinquante ans qu'ils jouent ensemble, depuis ce 27 décembre 1970, à Plouharmel, près de Carnac.
Gast ! Des amis de 50 ans !
Depuis, en quelque 1700 concerts, avec 3.600.000 d'albums originaux vendus, ils ont sillonné non seulement leur Bretagne natale, mais également le vaste monde, afin de revendiquer et porter haut et fort leur identité.
Aujourd'hui, dans ce Kenavo Tour, les Trois Jean (Jean Chocun, Jean-Louis Jossic et Jean-Paul Corbineau) nous disent au revoir. Et merci.
Dans la salle du Dôme de Paris, avant leur entrée en scène, impossible de ne pas sentir l'air marin de l'armor et les senteurs de la lande de l'argoat.
T-Shirts des précédentes tournées, maillots floqués de triskells, marinières blanches à manches longues Armor-Lux rayées de bleu marine (avec parfois le masque assorti, si si...), drapeaux aux hermines et bandes noires et blanches, ici, très peu de corses ou de cht'is... (ou alors devenus Bretons d'adoption.)
Le noir finit par baigner la salle.
La voix de Jossic monte des enceintes L-Acoustics.
Elle nous informe que « Bélénos, dans une overdose de muscadet, a décidé de doter les cinq musiciens du groupe de costumes représentant les quatre saisons. ».
Une nouvelle fois, tous endossent les magnifiques costumes de Claudine et Patrick Grey.
Le show peut démarrer.
Que résonnent une nouvelle fois les instruments traditionnels, le dulcimer, le psaltérion, la bombarde, le cromorne, la chalémie, la mandoline, la flûte celtique, entourés de la batterie, des guitares électriques et des claviers numériques !
Les Tri Yann, au XXème siècle dernier, ont fait partie de ceux qui ont décidé d'électrifier la musique bretonne, de lui donner à la fois une légitimité traditionnelle, et une modernité assumée.
Le cocktail détonant fonctionne toujours aussi bien.
Les tubes vont s'enchaîner, nous rappelant toute une carrière, tout un chemin musical et culturel.
Tout le public reprend en cœur les refrains, voire les couplets des titres tellement attendus, comme « Les rives du loch Lomond », « Les marins de l'île de Sein », « Guerre guerre, vente vent », « le soleil est noir », « Pelot d'Hennebont » ou encore « Si mort à mors » et surtout « Les prisons de Nantes ».
Impossible de ne pas avoir des fourmis dans les jambes et de ne pas avoir envie de transformer ce concert en Fest-Noz...
Toujours aussi spirituel, Jean-Louis Jossic assure la fonction de Monsieur Loyal.
Conteur né, dans son habit de lumière, il nous dit la Bretagne, il nous rappelle les légendes, les histoires du coin du feu.
Bien entendu, et ce depuis cinquante ans, aucun nationalisme, aucun prosélytisme de mauvais aloi ne sont portés par le message de Tri Yann.
Ici, il est « seulement » question d'affirmer une identité culturelle, parfois de façon très auto-dérisoire et qui déclenche bien des rires.
Témoin le conte des sept roues à carillon...
Ou encore la légende de la néréide Surimide, qui donna son nom à une saleté à manger...
Quant aux oreilles de M. Trump et Mme Morano, oui, elles ont dû siffler...
Message d'humanisme et de tolérance, également.
J'en veux pour preuve cette chanson consacrée à la croisade de 1096, où « des bretons partirent faire la guerre aux musulmans. […] Ceux qui revinrent avaient côtoyé des frères qui n'avaient simplement pas la même religion qu'eux. »
Les cinq musiciens et les trois chanteurs ne vont pas ménager leur peine.
On les sent toujours aussi heureux de jouer ensemble, de partager leur âme celtique avec nous autres, qui ne sommes pas nés à Lorient, Brest, Plougastel ou encore Quimper.
Les arrangements, qu'ils soient instrumentaux ou musicaux, sont toujours aussi somptueux.
Le côté électrique prend souvent le dessus, et beaucoup d'énergie passe du plateau vers la salle.
Ca pulse, ça vibre, ça cogne !
Les morceaux tendres, plus doux, avec de beaux et subtils plans d'éclairage, procurent beaucoup d'émotion. Et nous font sortir les lumières de nos téléphones portables...
Et puis, il fallut se quitter.
En sachant que ce serait la dernière fois, avec un pincement au cœur.
Pour assister à cette tournée d'adieux, il vous reste encore la possibilité de vous déplacer cette semaine à Rennes, (le 24 septembre), ou à Angers et Nantes, en décembre prochain.
Merci pour tout, vous, les trois Maîtres Jean.
Bon vent ! Kenavo !
« En hani e ankoéha é istoér e gol ur loden ag é inéan ! »
Celui qui oublie ses racines perd une part de son âme !
Ces trois-là, ils ne risquent pas de l'avoir perdue, leur âme...
Ca fait cinquante ans qu'ils jouent ensemble, depuis ce 27 décembre 1970, à Plouharmel, près de Carnac.
Gast ! Des amis de 50 ans !
Depuis, en quelque 1700 concerts, avec 3.600.000 d'albums originaux vendus, ils ont sillonné non seulement leur Bretagne natale, mais également le vaste monde, afin de revendiquer et porter haut et fort leur identité.
Aujourd'hui, dans ce Kenavo Tour, les Trois Jean (Jean Chocun, Jean-Louis Jossic et Jean-Paul Corbineau) nous disent au revoir. Et merci.
Dans la salle du Dôme de Paris, avant leur entrée en scène, impossible de ne pas sentir l'air marin de l'armor et les senteurs de la lande de l'argoat.
T-Shirts des précédentes tournées, maillots floqués de triskells, marinières blanches à manches longues Armor-Lux rayées de bleu marine (avec parfois le masque assorti, si si...), drapeaux aux hermines et bandes noires et blanches, ici, très peu de corses ou de cht'is... (ou alors devenus Bretons d'adoption.)
Le noir finit par baigner la salle.
La voix de Jossic monte des enceintes L-Acoustics.
Elle nous informe que « Bélénos, dans une overdose de muscadet, a décidé de doter les cinq musiciens du groupe de costumes représentant les quatre saisons. ».
Une nouvelle fois, tous endossent les magnifiques costumes de Claudine et Patrick Grey.
Le show peut démarrer.
Que résonnent une nouvelle fois les instruments traditionnels, le dulcimer, le psaltérion, la bombarde, le cromorne, la chalémie, la mandoline, la flûte celtique, entourés de la batterie, des guitares électriques et des claviers numériques !
Les Tri Yann, au XXème siècle dernier, ont fait partie de ceux qui ont décidé d'électrifier la musique bretonne, de lui donner à la fois une légitimité traditionnelle, et une modernité assumée.
Le cocktail détonant fonctionne toujours aussi bien.
Les tubes vont s'enchaîner, nous rappelant toute une carrière, tout un chemin musical et culturel.
Tout le public reprend en cœur les refrains, voire les couplets des titres tellement attendus, comme « Les rives du loch Lomond », « Les marins de l'île de Sein », « Guerre guerre, vente vent », « le soleil est noir », « Pelot d'Hennebont » ou encore « Si mort à mors » et surtout « Les prisons de Nantes ».
Impossible de ne pas avoir des fourmis dans les jambes et de ne pas avoir envie de transformer ce concert en Fest-Noz...
Toujours aussi spirituel, Jean-Louis Jossic assure la fonction de Monsieur Loyal.
Conteur né, dans son habit de lumière, il nous dit la Bretagne, il nous rappelle les légendes, les histoires du coin du feu.
Bien entendu, et ce depuis cinquante ans, aucun nationalisme, aucun prosélytisme de mauvais aloi ne sont portés par le message de Tri Yann.
Ici, il est « seulement » question d'affirmer une identité culturelle, parfois de façon très auto-dérisoire et qui déclenche bien des rires.
Témoin le conte des sept roues à carillon...
Ou encore la légende de la néréide Surimide, qui donna son nom à une saleté à manger...
Quant aux oreilles de M. Trump et Mme Morano, oui, elles ont dû siffler...
Message d'humanisme et de tolérance, également.
J'en veux pour preuve cette chanson consacrée à la croisade de 1096, où « des bretons partirent faire la guerre aux musulmans. […] Ceux qui revinrent avaient côtoyé des frères qui n'avaient simplement pas la même religion qu'eux. »
Les cinq musiciens et les trois chanteurs ne vont pas ménager leur peine.
On les sent toujours aussi heureux de jouer ensemble, de partager leur âme celtique avec nous autres, qui ne sommes pas nés à Lorient, Brest, Plougastel ou encore Quimper.
Les arrangements, qu'ils soient instrumentaux ou musicaux, sont toujours aussi somptueux.
Le côté électrique prend souvent le dessus, et beaucoup d'énergie passe du plateau vers la salle.
Ca pulse, ça vibre, ça cogne !
Les morceaux tendres, plus doux, avec de beaux et subtils plans d'éclairage, procurent beaucoup d'émotion. Et nous font sortir les lumières de nos téléphones portables...
Et puis, il fallut se quitter.
En sachant que ce serait la dernière fois, avec un pincement au cœur.
Pour assister à cette tournée d'adieux, il vous reste encore la possibilité de vous déplacer cette semaine à Rennes, (le 24 septembre), ou à Angers et Nantes, en décembre prochain.
Merci pour tout, vous, les trois Maîtres Jean.
Bon vent ! Kenavo !
9/10
Décidément, il y a une folie belge !
Régulièrement, la Wallonie exporte dans notre hexagone des artistes qui viennent y faire souffler un vent de fantaisie, de burlesque et d'humour ravageur...
Comme par exemple Christian Hecq, Gelück, la Charline Vanœnacker, Elliot Jennicot...
Et Sofia Teillet !
La comédienne a élu domicile au Centre Wallonie-Bruxelles, rue Quincampoix, afin de nous instruire quant à un sujet trop passé sous silence : la sexualité des orchidées !
La conférencière nous attend derrière un petit bureau, derrière un Macbook prêt à nous délivrer son pédagogique Powerpoint.
Elle est à jardin... Normal...
Ensemble strict noir, escarpins assortis, petites lunettes...
Une maîtresse de conférence comme on en connaît tant.
Et puis, elle se lève, jauge attentivement la salle, fixe les spectateurs qui s'installent, adresse des petits sourires à quelques-uns...
Nous comprendrons à la fin de spectacle pourquoi ce regard perçant et acéré sur la salle...
Nous allons assister à un brillant spectacle, d'une grande érudition et surtout d'un humour qui va déclencher une quantité impressionnantes de rires, voire de fou-rires, de la part du public qui va se passionner pour un sujet dont il ignorait totalement les tenants et les aboutissants en entrant dans la salle. (C'était mon cas personnel, il me faut bien l'avouer...)
Melle Telliet va nous délivrer la bonne parole scientifique, en incarnant ce personnage décalé, parfois surréaliste, burlesque, loufoque, qui va s'enflammer sur son sujet.
Durant une heure, la comédienne va en effet vibrer, se passionner pour ce qu'elle raconte, en ayant bien conscience que la fleur dont elle va parler, c'est celle que l'on trouve « en promo chez Monoprix et dans les chiottes des restaurants japonais. »
Elle a du métier, Sofia Telliet.
Elle nous dit un texte parfois ardu, toujours vérifié scientifiquement, un texte qu'elle rend non seulement passionnant, mais très souvent on ne peut plus drôle.
Ses ruptures, ses décalages, ses sous-entendus, sa façon de buter sur certains mots, de laisser en suspens certaines phrases d'un air entendu, ses analogies et métaphores, tout ceci relève d'une réelle cocasserie.
Avec un vrai sens des formules !
Pas gagné de réussir à placer dans un spectacle : « Il est possible qu'un bout de jambon nous bouche le conduit ! ».
Elle y parvient ! Et nous de hurler de rire !
Au sortir de la salle, nous n'ignorerons plus rien de certains aspects passionnants de l'évolution animale et végétale, comme par exemple le lancer de cailloux voici treize millions d'années, la différence entre le tyrannosaure et l'orchidée, les dangers de l'aurofécondation, les trois buts d'une vie réussie ou encore l'utilité du vomi du poussin-goëland des Galapagos.
Et puis, elle ne fait pas que raconter.
Elle mime les choses, les actions principales, elle adopte des gestuelles et des attitudes hilarantes, elle imite les fleurs, les insectes. Elle se penche souvent en avant, pour nous témoigner de la passion de son personnage !
Elle dépense ainsi beaucoup d'énergie !
Autre point jubilatoire : elle s'identifie aux créatures qu'elle présente. « L'insecte va NOUS féconder ». Ce NOUS relève d'un anthropomorphisme qui renforce encore un peu plus l'humour ambiant.
La fin du spectacle va nous proposer une vraie réflexion.
Tout va partir de la baudroie abyssale, un poisson qui vit à 3000 mètres de fond, avec une pression pas possible sur la tête, et par grand choses à boulotter.
Elle l'imite, cette rascasse des profondeurs, monte même sur son bureau. Ses mimiques sont épatantes...
Elle va tirer de ce mode de vie et la façon de se reproduire, une assez vertigineuse réflexion sur notre point commun avec la fleur, à savoir la dimension du « vivant », sur notre place dans la nature, sur ce qui nous relie les uns aux autres en tant qu'espèce humaine.
Un vrai message philosophique se dégage alors.
Du rapport qui s'installe entre Mme et M. Baudroies abyssaux, Melle Teillet va tirer une extrapolation sur la relation salle / artiste, sur les rapports et interactions entre un public de spectateurs et ce qui se passe sur un plateau.
Comme tout ceci est intelligent et pertinent !
Au final, ce brillant spectacle (je me répète volontairement), qui allie science et humour, biologie et la plus débridée des fantaisies, est de ceux qui vous font vous sentir plus intelligents après l'avoir vu !
Et de ceux qui passent beaucoup trop vite !
Sofia Teillet se produira en novembre prochain à l'Etoile du Nord, et en février 2021 au 104.
Comptez sur moi pour vous le rappeler !
Ah ! J'allais oublier ! Une pensée émue pour Melle Vincent !
Régulièrement, la Wallonie exporte dans notre hexagone des artistes qui viennent y faire souffler un vent de fantaisie, de burlesque et d'humour ravageur...
Comme par exemple Christian Hecq, Gelück, la Charline Vanœnacker, Elliot Jennicot...
Et Sofia Teillet !
La comédienne a élu domicile au Centre Wallonie-Bruxelles, rue Quincampoix, afin de nous instruire quant à un sujet trop passé sous silence : la sexualité des orchidées !
La conférencière nous attend derrière un petit bureau, derrière un Macbook prêt à nous délivrer son pédagogique Powerpoint.
Elle est à jardin... Normal...
Ensemble strict noir, escarpins assortis, petites lunettes...
Une maîtresse de conférence comme on en connaît tant.
Et puis, elle se lève, jauge attentivement la salle, fixe les spectateurs qui s'installent, adresse des petits sourires à quelques-uns...
Nous comprendrons à la fin de spectacle pourquoi ce regard perçant et acéré sur la salle...
Nous allons assister à un brillant spectacle, d'une grande érudition et surtout d'un humour qui va déclencher une quantité impressionnantes de rires, voire de fou-rires, de la part du public qui va se passionner pour un sujet dont il ignorait totalement les tenants et les aboutissants en entrant dans la salle. (C'était mon cas personnel, il me faut bien l'avouer...)
Melle Telliet va nous délivrer la bonne parole scientifique, en incarnant ce personnage décalé, parfois surréaliste, burlesque, loufoque, qui va s'enflammer sur son sujet.
Durant une heure, la comédienne va en effet vibrer, se passionner pour ce qu'elle raconte, en ayant bien conscience que la fleur dont elle va parler, c'est celle que l'on trouve « en promo chez Monoprix et dans les chiottes des restaurants japonais. »
Elle a du métier, Sofia Telliet.
Elle nous dit un texte parfois ardu, toujours vérifié scientifiquement, un texte qu'elle rend non seulement passionnant, mais très souvent on ne peut plus drôle.
Ses ruptures, ses décalages, ses sous-entendus, sa façon de buter sur certains mots, de laisser en suspens certaines phrases d'un air entendu, ses analogies et métaphores, tout ceci relève d'une réelle cocasserie.
Avec un vrai sens des formules !
Pas gagné de réussir à placer dans un spectacle : « Il est possible qu'un bout de jambon nous bouche le conduit ! ».
Elle y parvient ! Et nous de hurler de rire !
Au sortir de la salle, nous n'ignorerons plus rien de certains aspects passionnants de l'évolution animale et végétale, comme par exemple le lancer de cailloux voici treize millions d'années, la différence entre le tyrannosaure et l'orchidée, les dangers de l'aurofécondation, les trois buts d'une vie réussie ou encore l'utilité du vomi du poussin-goëland des Galapagos.
Et puis, elle ne fait pas que raconter.
Elle mime les choses, les actions principales, elle adopte des gestuelles et des attitudes hilarantes, elle imite les fleurs, les insectes. Elle se penche souvent en avant, pour nous témoigner de la passion de son personnage !
Elle dépense ainsi beaucoup d'énergie !
Autre point jubilatoire : elle s'identifie aux créatures qu'elle présente. « L'insecte va NOUS féconder ». Ce NOUS relève d'un anthropomorphisme qui renforce encore un peu plus l'humour ambiant.
La fin du spectacle va nous proposer une vraie réflexion.
Tout va partir de la baudroie abyssale, un poisson qui vit à 3000 mètres de fond, avec une pression pas possible sur la tête, et par grand choses à boulotter.
Elle l'imite, cette rascasse des profondeurs, monte même sur son bureau. Ses mimiques sont épatantes...
Elle va tirer de ce mode de vie et la façon de se reproduire, une assez vertigineuse réflexion sur notre point commun avec la fleur, à savoir la dimension du « vivant », sur notre place dans la nature, sur ce qui nous relie les uns aux autres en tant qu'espèce humaine.
Un vrai message philosophique se dégage alors.
Du rapport qui s'installe entre Mme et M. Baudroies abyssaux, Melle Teillet va tirer une extrapolation sur la relation salle / artiste, sur les rapports et interactions entre un public de spectateurs et ce qui se passe sur un plateau.
Comme tout ceci est intelligent et pertinent !
Au final, ce brillant spectacle (je me répète volontairement), qui allie science et humour, biologie et la plus débridée des fantaisies, est de ceux qui vous font vous sentir plus intelligents après l'avoir vu !
Et de ceux qui passent beaucoup trop vite !
Sofia Teillet se produira en novembre prochain à l'Etoile du Nord, et en février 2021 au 104.
Comptez sur moi pour vous le rappeler !
Ah ! J'allais oublier ! Une pensée émue pour Melle Vincent !
9/10
En France, c'est bien connu, tout commence et tout finit par des chaussons !
Ce sont en effet cinq paires de pantoufles qui nous accueillent, devant le rideau tiré de la mythique salle de l'Alhambra.
Nous n'allons pas tarder à comprendre le pourquoi de la présence de ces accessoires...
Le jour se lève sur le petit monde du groupe vocal Cinq de cœur ! Allez hop, tout le monde hors du lit !
Dans une première saynette très « morriconienne », très « straussienne », très « vivaldienne » et très « colemanienne », les cinq chanteurs vont débuter leur show.
Un remarquable show.
Un spectacle qui va mêler extraits du répertoire classique, tubes de comédies musicales, chansons françaises, qui va mettre en avant le talent vocal et lyrique a capella, l'humour déjanté, la drôlerie très spirituelle, sans oublier les runing-gags en tous genres.
Le talent de ces cinq-là, nous nous en rendons compte immédiatement !
Dans la chanson-titre du spectacle, composée par Raymond Lesénéchal et immortalisée par Sacha Distel, la qualité musicale de ces compères et commères saute aux oreilles.
Quelle technique vocale, quelle homogénéité des tessitures, quelle pâte sonore !
Dans la grande tradition des plus célèbres ensembles vocaux, les deux soprani Pascale Costes et Karine Sérafin, l'alto Sandrine Montcoudiol, le ténor Patrick Laviosa (par ailleurs virtuose du mégaphone) et la basse Fabian Ballarin (incomparable Beat boxer) vont nous enchanter.
La formation classique est évidente. Ces cinq-là savent y faire, c'est peu de l'écrire !
Et puis, chanter de la sorte, en exécutant toutes sortes d'irrésistibles gags visuels et gestuels, croyez-moi, ce n'est pas donné à tout le monde !
C'est d'ailleurs ce qui provoque les fous-rires de la salle, ce décalage entre la technique vocale irréprochable et la vis comica affirmée des artistes.
De grands moments nous attendent, parmi lesquels une version épatante du titre de Jean Yanne « Pourquoi m'as-tu mordu l'oreille ? », un « été indien » très amplifié, une œuvre de Saint-Preux très particulière ou encore des extraits de comédies musicales elles aussi interprétées de façon hilarante.
Mais je n'en dis pas plus...
Les arrangements sont somptueux, chacun-chacune à son tour étant soliste, les quatre autres assurant qui des contre-chants, des contrepoints, des vocalises ou encore des motifs rythmiques, à la manière de mon groupe vocal américain préféré, Take 6.
Des décalages, des ruptures, des moments de second degré pimentent le tout, pour nos plus grands bonheur et plaisir.
Une séquence formidable va décider de tous les dialogues parlés de cette heure et quart que dure le show. C'est malin, c'est très fin.
La mise en scène de Philippe Lelièvre est basée sur une judicieuse scénographie.
Cinq grands éléments de bois seront tour à tour des lits, des vestiaires, un bar, un tapis roulant, une console de DJ, un radeau, etc, etc...
Tout ceci est très intelligemment pensé et réalisé !
Et puis, insensiblement, nous recevrons également beaucoup d'émotion et de tendresse...
Impossible de laisser partir les cinq musiciens sans leur demander un rappel. Et quel rappel !
Et nous de continuer à siffloter dans la rue Yves Toudic la Soul Bossa Nova de Quincy Jones !
Avant de conclure ce papier, il me faut absolument mentionner Mathieu Bionnet pour sa remarquable prise de son FOH.
Nous percevons aisément grâce à lui toutes les subtilités des différents parties vocales.
Ah oui alors, c'est bon de voir ce show !
Ah bah d'accord ! Pas gêné ! J'ai compris ! Au temps pour moi ! C'est pas grave !
Oh le beau spectacle !
Rien de tel pour oublier la morosité ambiante !
Allez toutes affaires cessantes applaudir le groupe vocal Cinq de cœur à l'Alhambra !
Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas !
Ce sont en effet cinq paires de pantoufles qui nous accueillent, devant le rideau tiré de la mythique salle de l'Alhambra.
Nous n'allons pas tarder à comprendre le pourquoi de la présence de ces accessoires...
Le jour se lève sur le petit monde du groupe vocal Cinq de cœur ! Allez hop, tout le monde hors du lit !
Dans une première saynette très « morriconienne », très « straussienne », très « vivaldienne » et très « colemanienne », les cinq chanteurs vont débuter leur show.
Un remarquable show.
Un spectacle qui va mêler extraits du répertoire classique, tubes de comédies musicales, chansons françaises, qui va mettre en avant le talent vocal et lyrique a capella, l'humour déjanté, la drôlerie très spirituelle, sans oublier les runing-gags en tous genres.
Le talent de ces cinq-là, nous nous en rendons compte immédiatement !
Dans la chanson-titre du spectacle, composée par Raymond Lesénéchal et immortalisée par Sacha Distel, la qualité musicale de ces compères et commères saute aux oreilles.
Quelle technique vocale, quelle homogénéité des tessitures, quelle pâte sonore !
Dans la grande tradition des plus célèbres ensembles vocaux, les deux soprani Pascale Costes et Karine Sérafin, l'alto Sandrine Montcoudiol, le ténor Patrick Laviosa (par ailleurs virtuose du mégaphone) et la basse Fabian Ballarin (incomparable Beat boxer) vont nous enchanter.
La formation classique est évidente. Ces cinq-là savent y faire, c'est peu de l'écrire !
Et puis, chanter de la sorte, en exécutant toutes sortes d'irrésistibles gags visuels et gestuels, croyez-moi, ce n'est pas donné à tout le monde !
C'est d'ailleurs ce qui provoque les fous-rires de la salle, ce décalage entre la technique vocale irréprochable et la vis comica affirmée des artistes.
De grands moments nous attendent, parmi lesquels une version épatante du titre de Jean Yanne « Pourquoi m'as-tu mordu l'oreille ? », un « été indien » très amplifié, une œuvre de Saint-Preux très particulière ou encore des extraits de comédies musicales elles aussi interprétées de façon hilarante.
Mais je n'en dis pas plus...
Les arrangements sont somptueux, chacun-chacune à son tour étant soliste, les quatre autres assurant qui des contre-chants, des contrepoints, des vocalises ou encore des motifs rythmiques, à la manière de mon groupe vocal américain préféré, Take 6.
Des décalages, des ruptures, des moments de second degré pimentent le tout, pour nos plus grands bonheur et plaisir.
Une séquence formidable va décider de tous les dialogues parlés de cette heure et quart que dure le show. C'est malin, c'est très fin.
La mise en scène de Philippe Lelièvre est basée sur une judicieuse scénographie.
Cinq grands éléments de bois seront tour à tour des lits, des vestiaires, un bar, un tapis roulant, une console de DJ, un radeau, etc, etc...
Tout ceci est très intelligemment pensé et réalisé !
Et puis, insensiblement, nous recevrons également beaucoup d'émotion et de tendresse...
Impossible de laisser partir les cinq musiciens sans leur demander un rappel. Et quel rappel !
Et nous de continuer à siffloter dans la rue Yves Toudic la Soul Bossa Nova de Quincy Jones !
Avant de conclure ce papier, il me faut absolument mentionner Mathieu Bionnet pour sa remarquable prise de son FOH.
Nous percevons aisément grâce à lui toutes les subtilités des différents parties vocales.
Ah oui alors, c'est bon de voir ce show !
Ah bah d'accord ! Pas gêné ! J'ai compris ! Au temps pour moi ! C'est pas grave !
Oh le beau spectacle !
Rien de tel pour oublier la morosité ambiante !
Allez toutes affaires cessantes applaudir le groupe vocal Cinq de cœur à l'Alhambra !
Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas !
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