Ses critiques
1005 critiques
9,5/10
Enfin un spectacle qui tire à hue, certes, mais surtout à Dia !
Waly Dia, ou la sociologie hilarante.
Oui, l'humoriste-chroniqueur de France Inter est un fin observateur des sociétés plus modernes les unes que les autres, dans lesquelles nous sommes tous empêtrés.
A l’instar d’un Guy Bedos qui analysait sur scène les travers du monde qui l’entourait, Waly Dia porte un regard on ne peut plus aiguisé sur nos vies, sur nos défauts, sur la vie de la Cité au sens premier du terme.
Sans oublier un sens politique très affuté.
Les grands sujets actuels vont lui inspirer quantité de métaphores et d’images on ne peut plus justes et surtout drôlissimes !
Car ce garçon fait partie de ceux (ils sont très rares) qui deux heures durant, sont capables de plonger toute une salle dans un fou-rire de tous les instants.
J’en veux pour preuve les collègues humoristes présents hier soir à cette première, qui riaient eux aussi aux éclats. Pas facile de faire rire un humoriste, pourtant….
Ce qui frappe au premier abord, c’est la qualité de l’écriture de ce spectacle.
Waly Dia sait écrire. Vraiment.
Une écriture percutante, précise, acérée, avec des "punchlines" épatantes de tous les instants.
Nous n’aurons aucun répit.
Nous sommes dans une toute approche que celle qui consiste à raconter sa vie, dans un stand-up limité et poussif.
Non. Ici, c’est bien autre chose.
Waly Dia nous tend un miroir impitoyable.
De façon qui met à rude épreuve nos zygomatiques, certes, mais un miroir impitoyable.
Ce spectacle, c’est un tour d’horizon précis, percutant de l’actualité sociale et politique du moment.
Un croquis de notre France en proie à toutes sortes de replis sur elle-même, en proie à des tentations jusqu’au boutistes.
Une estampe de nos comportements, individuels et collectifs.
Waly Dia aborde quantité de sujets, dans une chronologie savamment travaillée.
Tout s’enchaîne à la perfection. (Deux heures, je vous le rappelle...)
La pandémie, Paris et les parisiens, la Covid, le complotisme des coiffeurs, les gilets jaunes et la police, les cyclistes allongés, les avatars de la télé-réalité, j’en passe et non des moindres…
Des petits instantanées d’une drôlerie de tous les instants, que tout le monde visualise parfaitement.
Et puis surtout, il va aborder de grands problèmes sociaux concernant notre plus contemporaine des contemporanéités.
Le sexisme. (Avec des techniques pour y remédier… le côté pédagogique…)
Le racisme, la discrimination, la colonisation, l’éducation, la religion, la pédophilie, l’islamisme, le terrorisme et bien d’autres...
(Autre dimension pédagogique : Waly Dia nous explique comment éradiquer DAESH.
Et ça marcherait ! Et non, vous n’en saurez évidemment pas plus…)
Je n’aurai garde d’oublier de mentionner le sketch le plus court du monde concernant une femme juive handicapée...
Tous ses arguments font mouche.
Bien entendu, ceux qui vont voir Waly Dia sont évidemment en phase avec ses prises de position.
Mais de ce point de vue, c’est un spectacle qui fait du bien.
Nous pouvons nous rendre compte que nous ne sommes pas les seuls à ne pas accepter l’inacceptable. Et ça, c’est très rassurant.
Et puis, il y a la politique…
Là encore, dans une plume au vitriol, à coup d’images métaphoriques parfois délirantes, mais parfaitement justifiées, l’humoriste pointe fortement certains personnels de notre classe politique.
MM Sarkozy, Blanquer, Fillon et consorts, vos oreilles doivent sacrément siffler. Et tant mieux !
Sans oublier un certain polémiste peut-être candidat à la Présidence de la République dont je me garderai bien d’écrire le nom.
Nous, nous jubilons, car lui dit haut et fort ce que nous tous pensons plus ou moins bas.
Car nous, nous n’avons ni les mots ni l’humour…
L’auto-dérision ? Bien entendu…
Le passage du spectacle concernant la naissance de sa fille est par exemple un grand moment !
Et puis, un vrai message d’espoir nous est adressé, sur la nécessité du vivre ensemble, de la solidarité et de la fraternité.
Ensemble ou rien, c’est le titre du spectacle.
Ce regard lucide, acéré, cet humour permanent et percutant, cette présence scénique, ce charisme, font de ces deux heures un seul-en-scène auquel il faut à tout prix assister.
Quant aux amateurs d’écureuils, ceux-là se régalent !
Waly Dia, ou la sociologie hilarante.
Oui, l'humoriste-chroniqueur de France Inter est un fin observateur des sociétés plus modernes les unes que les autres, dans lesquelles nous sommes tous empêtrés.
A l’instar d’un Guy Bedos qui analysait sur scène les travers du monde qui l’entourait, Waly Dia porte un regard on ne peut plus aiguisé sur nos vies, sur nos défauts, sur la vie de la Cité au sens premier du terme.
Sans oublier un sens politique très affuté.
Les grands sujets actuels vont lui inspirer quantité de métaphores et d’images on ne peut plus justes et surtout drôlissimes !
Car ce garçon fait partie de ceux (ils sont très rares) qui deux heures durant, sont capables de plonger toute une salle dans un fou-rire de tous les instants.
J’en veux pour preuve les collègues humoristes présents hier soir à cette première, qui riaient eux aussi aux éclats. Pas facile de faire rire un humoriste, pourtant….
Ce qui frappe au premier abord, c’est la qualité de l’écriture de ce spectacle.
Waly Dia sait écrire. Vraiment.
Une écriture percutante, précise, acérée, avec des "punchlines" épatantes de tous les instants.
Nous n’aurons aucun répit.
Nous sommes dans une toute approche que celle qui consiste à raconter sa vie, dans un stand-up limité et poussif.
Non. Ici, c’est bien autre chose.
Waly Dia nous tend un miroir impitoyable.
De façon qui met à rude épreuve nos zygomatiques, certes, mais un miroir impitoyable.
Ce spectacle, c’est un tour d’horizon précis, percutant de l’actualité sociale et politique du moment.
Un croquis de notre France en proie à toutes sortes de replis sur elle-même, en proie à des tentations jusqu’au boutistes.
Une estampe de nos comportements, individuels et collectifs.
Waly Dia aborde quantité de sujets, dans une chronologie savamment travaillée.
Tout s’enchaîne à la perfection. (Deux heures, je vous le rappelle...)
La pandémie, Paris et les parisiens, la Covid, le complotisme des coiffeurs, les gilets jaunes et la police, les cyclistes allongés, les avatars de la télé-réalité, j’en passe et non des moindres…
Des petits instantanées d’une drôlerie de tous les instants, que tout le monde visualise parfaitement.
Et puis surtout, il va aborder de grands problèmes sociaux concernant notre plus contemporaine des contemporanéités.
Le sexisme. (Avec des techniques pour y remédier… le côté pédagogique…)
Le racisme, la discrimination, la colonisation, l’éducation, la religion, la pédophilie, l’islamisme, le terrorisme et bien d’autres...
(Autre dimension pédagogique : Waly Dia nous explique comment éradiquer DAESH.
Et ça marcherait ! Et non, vous n’en saurez évidemment pas plus…)
Je n’aurai garde d’oublier de mentionner le sketch le plus court du monde concernant une femme juive handicapée...
Tous ses arguments font mouche.
Bien entendu, ceux qui vont voir Waly Dia sont évidemment en phase avec ses prises de position.
Mais de ce point de vue, c’est un spectacle qui fait du bien.
Nous pouvons nous rendre compte que nous ne sommes pas les seuls à ne pas accepter l’inacceptable. Et ça, c’est très rassurant.
Et puis, il y a la politique…
Là encore, dans une plume au vitriol, à coup d’images métaphoriques parfois délirantes, mais parfaitement justifiées, l’humoriste pointe fortement certains personnels de notre classe politique.
MM Sarkozy, Blanquer, Fillon et consorts, vos oreilles doivent sacrément siffler. Et tant mieux !
Sans oublier un certain polémiste peut-être candidat à la Présidence de la République dont je me garderai bien d’écrire le nom.
Nous, nous jubilons, car lui dit haut et fort ce que nous tous pensons plus ou moins bas.
Car nous, nous n’avons ni les mots ni l’humour…
L’auto-dérision ? Bien entendu…
Le passage du spectacle concernant la naissance de sa fille est par exemple un grand moment !
Et puis, un vrai message d’espoir nous est adressé, sur la nécessité du vivre ensemble, de la solidarité et de la fraternité.
Ensemble ou rien, c’est le titre du spectacle.
Ce regard lucide, acéré, cet humour permanent et percutant, cette présence scénique, ce charisme, font de ces deux heures un seul-en-scène auquel il faut à tout prix assister.
Quant aux amateurs d’écureuils, ceux-là se régalent !
9/10
Oh Gabi, Gabi,
Tu veux nous chanter la mer ?
La mer… L’océan qui sépare le France du brésil.
Le jazz franco-brésilien de Gabi Hartmann.
De sa voix à la fois claire et feutrée, chaude et colorée de mezzo, Melle Hartmann nous tisse une bien jolie passerelle entre les cultures française et brésilienne.
Produite par Jesse Harris, celui de Melody Gardot, Madeleine Peyroux et de Norah Jones, excusez du peu, elle est actuellement en résidence au Duc des Lombards.
C’est d’ailleurs un titre de Mister Harris qui sera interprété pour ouvrir le bal, «It ‘s not too late to turn back ».
Et puis, avec beaucoup de délicatesse et des sensibilité, la chanteuse va nous dire les mots gorgés de soleil, aux sonorités chuintantes et délicates.
Avec ses musiciens, s’accompagnant souvent à la guitare acoustique, elle va nous interpréter et jouer la tristeza, la tristesse du pays du Corcovado, érigée en art de vivre.
Immédiatement, dès les premières notes, le charme opère.
Nous voici plongés dans un jazz personnel et délicat, grâce à des compositions très abouties, dotées de subtils arrangements.
Des chansons qui nous disent les amours plus ou moins contrariées, « pour ceux qui se sentent hésitants en matière de relations amoureuse », nous dira-t-elle de façon très drôle, avec un regard espiègle.
Sans oublier des reprises de chansons françaises.
Nous allons assister à de passionnants échanges musicaux avec Robby Marshall à la clarinette, clarinette basse et à la flûte, Florian Robin au piano et au minuscule orgue, sans oublier Paul de Robillard à la Télécaster.
Côté rythmique, Elaine Beaumont à la contrebasse et Bruno Marmey aux percussions délivrent une pulsation tout en finesse, dans de sensuelles boss-novas.
Et puis des reprises, donc.
« Maladie d’amour », d’un certain Henri Salvador, dont beaucoup de musicologues s’accordent à penser qu’il fut l’inventeur de la bossa nova, ayant eu l’idée de ralentir une samba traditionnelle.
Gabi Hartmann fait véritablement sienne cette chanson, en donne un angle passionnant, et en y révélant un sens qui peut-être nous avait échappé.
Voici venir une chanson traditionnelle du Nord du Brésil, interprétée là-bas par des femmes, qui improvisent.
Tiens tiens… Vous avez dit improvisation ?
Une reprise inattendue de Barbara, « Tu ne te souviendras pas », avec là encore, un passionnant travail d’appropriation.
Ensuite, Mademoiselle Hartmann nous propose une pièce musicale qui va nous remuer les tripes.
Une chanson intitulée « La mer ».
Pas celle du grand Charles, non… La sienne.
« La mer qu’on voit danser a des reflets de sang » en sont les premiers mots.
C’est un hommage à tous ces hommes et ces femmes obligés d’abandonner leur pays, leur famille, ne pouvant faire autrement que de s’exiler sur des radeaux de fortune qui bien souvent chavirent, avec l’issue fatale que l’on sait.
Un moment poignant du concert.
On peut chanter du jazz et avoir une réelle conscience politique.
Nous allons chanter, également, nous autres spectateurs.
Plus facile à écrire qu’à faire...
La demoiselle nous met à contribution, et nous ne boudons pas notre plaisir à nous essayer à entonner quelques mots de brésilien.
Le concert, trop court, bien évidemment, se termine avec deux rappels, « Coracao transparente », et « Eu moro na roca ».
Ô Brazil, encore et toujours, définitivement...
Gabi Hartmann sera chaleureusement et longuement applaudie, et ce, à juste titre.
Il n’est pas si courant que ça de découvrir une jeune chanteuse qui propose un jazz à la fois personnel et doté de profondes influences.
Une artiste capable d’embarquer toute une salle dans un passionnant voyage musical mais aussi intérieur.
Elle sera en concert le samedi 27 novembre prochain, au festival Jazz au Théâtre, à Fontainebleau, en première partie de Michel Portal.
Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas...
Tu veux nous chanter la mer ?
La mer… L’océan qui sépare le France du brésil.
Le jazz franco-brésilien de Gabi Hartmann.
De sa voix à la fois claire et feutrée, chaude et colorée de mezzo, Melle Hartmann nous tisse une bien jolie passerelle entre les cultures française et brésilienne.
Produite par Jesse Harris, celui de Melody Gardot, Madeleine Peyroux et de Norah Jones, excusez du peu, elle est actuellement en résidence au Duc des Lombards.
C’est d’ailleurs un titre de Mister Harris qui sera interprété pour ouvrir le bal, «It ‘s not too late to turn back ».
Et puis, avec beaucoup de délicatesse et des sensibilité, la chanteuse va nous dire les mots gorgés de soleil, aux sonorités chuintantes et délicates.
Avec ses musiciens, s’accompagnant souvent à la guitare acoustique, elle va nous interpréter et jouer la tristeza, la tristesse du pays du Corcovado, érigée en art de vivre.
Immédiatement, dès les premières notes, le charme opère.
Nous voici plongés dans un jazz personnel et délicat, grâce à des compositions très abouties, dotées de subtils arrangements.
Des chansons qui nous disent les amours plus ou moins contrariées, « pour ceux qui se sentent hésitants en matière de relations amoureuse », nous dira-t-elle de façon très drôle, avec un regard espiègle.
Sans oublier des reprises de chansons françaises.
Nous allons assister à de passionnants échanges musicaux avec Robby Marshall à la clarinette, clarinette basse et à la flûte, Florian Robin au piano et au minuscule orgue, sans oublier Paul de Robillard à la Télécaster.
Côté rythmique, Elaine Beaumont à la contrebasse et Bruno Marmey aux percussions délivrent une pulsation tout en finesse, dans de sensuelles boss-novas.
Et puis des reprises, donc.
« Maladie d’amour », d’un certain Henri Salvador, dont beaucoup de musicologues s’accordent à penser qu’il fut l’inventeur de la bossa nova, ayant eu l’idée de ralentir une samba traditionnelle.
Gabi Hartmann fait véritablement sienne cette chanson, en donne un angle passionnant, et en y révélant un sens qui peut-être nous avait échappé.
Voici venir une chanson traditionnelle du Nord du Brésil, interprétée là-bas par des femmes, qui improvisent.
Tiens tiens… Vous avez dit improvisation ?
Une reprise inattendue de Barbara, « Tu ne te souviendras pas », avec là encore, un passionnant travail d’appropriation.
Ensuite, Mademoiselle Hartmann nous propose une pièce musicale qui va nous remuer les tripes.
Une chanson intitulée « La mer ».
Pas celle du grand Charles, non… La sienne.
« La mer qu’on voit danser a des reflets de sang » en sont les premiers mots.
C’est un hommage à tous ces hommes et ces femmes obligés d’abandonner leur pays, leur famille, ne pouvant faire autrement que de s’exiler sur des radeaux de fortune qui bien souvent chavirent, avec l’issue fatale que l’on sait.
Un moment poignant du concert.
On peut chanter du jazz et avoir une réelle conscience politique.
Nous allons chanter, également, nous autres spectateurs.
Plus facile à écrire qu’à faire...
La demoiselle nous met à contribution, et nous ne boudons pas notre plaisir à nous essayer à entonner quelques mots de brésilien.
Le concert, trop court, bien évidemment, se termine avec deux rappels, « Coracao transparente », et « Eu moro na roca ».
Ô Brazil, encore et toujours, définitivement...
Gabi Hartmann sera chaleureusement et longuement applaudie, et ce, à juste titre.
Il n’est pas si courant que ça de découvrir une jeune chanteuse qui propose un jazz à la fois personnel et doté de profondes influences.
Une artiste capable d’embarquer toute une salle dans un passionnant voyage musical mais aussi intérieur.
Elle sera en concert le samedi 27 novembre prochain, au festival Jazz au Théâtre, à Fontainebleau, en première partie de Michel Portal.
Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas...
9,5/10
Apcalypse now, still and always !
En invitant Simon Delétang à délaisser pour un temps son Théâtre du Peuple, à Bussang, afin de monter la première pièce de Sarah Kane, écrite à l’âge de 25 ans, Eric Ruf fait par là-même entrer la dramaturge britannique au Répertoire du Français.
Ce faisant, les spectateurs du Studio Théâtre vont devoir, pour mériter la catharsis que délivre cette œuvre coup de poing, réaliser un énorme effort de distanciation.
Car cette pièce, créée à Londres en 1995, est de celle qui secouent et qui nous soumet à une véritable exigence : celle d’accepter de voir de façon nouvelle une terrible réalité, afin de comprendre notre humanité, afin d'approcher de quoi l’homme est dramatiquement fait.
Cette pièce est une véritable apocalypse.
Au sens premier du terme.
Au sens étymologique grec : l’apokàlupsis, « l’action de révéler », dérive lui-même du verbe apokaluptein, « découvrir », ou « dévoiler ».
Sarah Kane dévoile l’ultra-violence et le chaos dont sont capables les hommes.
La violence et la sexualité vécus conjointement comme un véritable nihilisme, (la forme ultime du romantisme, selon l’auteure), mettant à nu une humanité incapable d’exprimer son amour, condamnée par là-même à s’auto-détruire.
Car ne nous y trompons pas : ces hommes qui vont se livrer à de terribles exactions ne sont que des hommes. Avant tout des hommes, eux-mêmes victimes de blessures profondes.
Une chambre d’hôtel.
Avec pour décoration la reproduction au mur d’une scène dyonisiaque d’initiation aux futures mariées, issue d’une fresque retrouvée dans les décombres de Pompeï, qui comme chacun sait vit sa population éradiquée. Le message est on ne peut plus clair.
Un couple entre.
Lui est l’archétype du salopard, raciste, sexiste, machiste. Elle va se refuser à lui.
Il va perpétrer ce crime abject qu’est le viol.
Le bourreau va se retrouver victime.
Le pays est en guerre…
Les grondements des bombes (accentués de façon par les vibrations des bus et des métros qui passent non loin du Studio Théâtre, l’effet est saisissant...), les grondements de plus en plus proches l’attestent.
Un soldat fait irruption dans la chambre.
Sarah Kane développe son propos « de la graine à l’arbre ».
La violence au sein d’un couple est étendue à la violence de la guerre. En 1995, en Bosnie, on sait que l’Homme se livrait à de terribles exactions sur ses semblables.
Et des scènes insoutenables, notamment des scènes de cannibalisme hallucinantes, on en trouve, dans « Anéantis »…
Les didascalies, dites d’une voix neutre par Sylvia Bergé, sont par moment insoutenables.
Simon Delétang a choisi de ne rien montrer.
Ce faisant, c’est nous autres, les spectateurs, qui allons devoir faire le job.
A nous d’imaginer l’inimaginable. A nous de penser à l’impensable.
A nous de voir ce qui n’est pas montrable.
La démarche fonctionne, vous pouvez me faire confiance…
Tout au long de la pièce, ce travail indispensable pour mesurer vraiment ce dont est capable l’humanité fait qu’on s’enfonce de plus en plus dans son siège, sidérés, effarés, mais édifiés, au sens premier.
Cette violence qui va en s’intensifiant, elle ne l’a pas inventée, Sarah Kane. C’est celle de nos semblables.
Une gigantesque explosion va tous nous secouer.
Le décor évolue.
Simon Delétang fait lumineusement déboucher cette violence sur une scène magnifique de pieta.
Le soldat tient sa victime tel un christ martyrisé.
Dans une troisième partie, le chaos atteint son paroxysme. La désolation, la cendre…
Avec au lointain, un mot. Un seul. Le titre anglais de la pièce.
« Rien qu’un mot sur une page et le théâtre est là », affirmait Sarah Kane.
Blasted.
Explosés, soufflés. Anéantis.
Elise Lhomeau, Christian Gonon et Loïc Corbery vont nous sidérer et nous embarquer de façon magistrale dans cette heure de violence mêlant un Eros dévoyé et un implacable Thanatos, unis pour le pire.
Mis en scène à la fois au scalpel et au fusil-mitrailleur, les trois comédiens nous mènent la vie dure.
Les trois sont époustouflants. Purement et simplement.
L’ovation qui les accueille une fois les lumières rallumées ne laisse planer aucun doute à ce sujet.
Et l’espoir dans tout ça ?…
Grâce à un petit détail, à la toute fin de la pièce, Simon Delétang semble nous dire qu’on peut reconstruire sur les ruines.
Et pourtant, depuis la Bosnie en 1995, les exactions humaines se sont-elles arrêtées ?
Cette pièce, qui fit scandale à sa création, a été depuis « réhabilitée » à sa juste valeur.
C’est un véritable choc qui nous est proposé, un intense moment de théâtre coup de poing, dont il faut un bon moment pour se remettre.
L’un de ces moments pourtant nécessaires et indispensables.
En invitant Simon Delétang à délaisser pour un temps son Théâtre du Peuple, à Bussang, afin de monter la première pièce de Sarah Kane, écrite à l’âge de 25 ans, Eric Ruf fait par là-même entrer la dramaturge britannique au Répertoire du Français.
Ce faisant, les spectateurs du Studio Théâtre vont devoir, pour mériter la catharsis que délivre cette œuvre coup de poing, réaliser un énorme effort de distanciation.
Car cette pièce, créée à Londres en 1995, est de celle qui secouent et qui nous soumet à une véritable exigence : celle d’accepter de voir de façon nouvelle une terrible réalité, afin de comprendre notre humanité, afin d'approcher de quoi l’homme est dramatiquement fait.
Cette pièce est une véritable apocalypse.
Au sens premier du terme.
Au sens étymologique grec : l’apokàlupsis, « l’action de révéler », dérive lui-même du verbe apokaluptein, « découvrir », ou « dévoiler ».
Sarah Kane dévoile l’ultra-violence et le chaos dont sont capables les hommes.
La violence et la sexualité vécus conjointement comme un véritable nihilisme, (la forme ultime du romantisme, selon l’auteure), mettant à nu une humanité incapable d’exprimer son amour, condamnée par là-même à s’auto-détruire.
Car ne nous y trompons pas : ces hommes qui vont se livrer à de terribles exactions ne sont que des hommes. Avant tout des hommes, eux-mêmes victimes de blessures profondes.
Une chambre d’hôtel.
Avec pour décoration la reproduction au mur d’une scène dyonisiaque d’initiation aux futures mariées, issue d’une fresque retrouvée dans les décombres de Pompeï, qui comme chacun sait vit sa population éradiquée. Le message est on ne peut plus clair.
Un couple entre.
Lui est l’archétype du salopard, raciste, sexiste, machiste. Elle va se refuser à lui.
Il va perpétrer ce crime abject qu’est le viol.
Le bourreau va se retrouver victime.
Le pays est en guerre…
Les grondements des bombes (accentués de façon par les vibrations des bus et des métros qui passent non loin du Studio Théâtre, l’effet est saisissant...), les grondements de plus en plus proches l’attestent.
Un soldat fait irruption dans la chambre.
Sarah Kane développe son propos « de la graine à l’arbre ».
La violence au sein d’un couple est étendue à la violence de la guerre. En 1995, en Bosnie, on sait que l’Homme se livrait à de terribles exactions sur ses semblables.
Et des scènes insoutenables, notamment des scènes de cannibalisme hallucinantes, on en trouve, dans « Anéantis »…
Les didascalies, dites d’une voix neutre par Sylvia Bergé, sont par moment insoutenables.
Simon Delétang a choisi de ne rien montrer.
Ce faisant, c’est nous autres, les spectateurs, qui allons devoir faire le job.
A nous d’imaginer l’inimaginable. A nous de penser à l’impensable.
A nous de voir ce qui n’est pas montrable.
La démarche fonctionne, vous pouvez me faire confiance…
Tout au long de la pièce, ce travail indispensable pour mesurer vraiment ce dont est capable l’humanité fait qu’on s’enfonce de plus en plus dans son siège, sidérés, effarés, mais édifiés, au sens premier.
Cette violence qui va en s’intensifiant, elle ne l’a pas inventée, Sarah Kane. C’est celle de nos semblables.
Une gigantesque explosion va tous nous secouer.
Le décor évolue.
Simon Delétang fait lumineusement déboucher cette violence sur une scène magnifique de pieta.
Le soldat tient sa victime tel un christ martyrisé.
Dans une troisième partie, le chaos atteint son paroxysme. La désolation, la cendre…
Avec au lointain, un mot. Un seul. Le titre anglais de la pièce.
« Rien qu’un mot sur une page et le théâtre est là », affirmait Sarah Kane.
Blasted.
Explosés, soufflés. Anéantis.
Elise Lhomeau, Christian Gonon et Loïc Corbery vont nous sidérer et nous embarquer de façon magistrale dans cette heure de violence mêlant un Eros dévoyé et un implacable Thanatos, unis pour le pire.
Mis en scène à la fois au scalpel et au fusil-mitrailleur, les trois comédiens nous mènent la vie dure.
Les trois sont époustouflants. Purement et simplement.
L’ovation qui les accueille une fois les lumières rallumées ne laisse planer aucun doute à ce sujet.
Et l’espoir dans tout ça ?…
Grâce à un petit détail, à la toute fin de la pièce, Simon Delétang semble nous dire qu’on peut reconstruire sur les ruines.
Et pourtant, depuis la Bosnie en 1995, les exactions humaines se sont-elles arrêtées ?
Cette pièce, qui fit scandale à sa création, a été depuis « réhabilitée » à sa juste valeur.
C’est un véritable choc qui nous est proposé, un intense moment de théâtre coup de poing, dont il faut un bon moment pour se remettre.
L’un de ces moments pourtant nécessaires et indispensables.
9/10
Awé ? Ah oui alors !
Résumé de l’épisode précédent.
Cet été, nous avions trouvé Samy Thiébault en bonne compagnie.
On se souvient en effet de sa fascinante collaboration musicale avec Ayo, sans oublier Gaël Rakotondrabe au piano.
Gloire à celui qui eut l’idée de les associer pour cette formidable aventure jazzistique !
Depuis, en ce début d’automne, le saxophoniste aux costumes colorés a sorti l’un des plus beaux albums jazz de cette rentrée. Je le dis comme je le pense !
Un voyage ! Au propre comme au figuré.
On sait la passion de M. Thiébault pour le voyage aux Antilles et dans les terres d’Amérique du Sud.
On connaît bien l’un de ses principaux disques intitulé Caribbean Stories, datant de 2018.
C’est donc ce nouvel opus qui continue de distiller un jazz gorgé de saveurs d’outre-mer , « Awé ! », qu’il est venu commencer à fêter hier soir au Duc des Lombards.
Un album luxuriant, qui va donc logiquement déboucher sur un concert de la même veine.
Un concert qui immédiatement nous transporte, nous fait nous retrouver sur les marchés couverts martiniquais ou guadeloupéens, dans les bars plus ou moins louches vénézuéliens, sur les places des villes cubaines inondées de soleil où la moindre parcelle ombrée est prise d’assaut, ou bien dans la forêt primaire, aux sons à la fois sourds et puissants.
Ce sont les « tapeurs » qui ouvrent le bal.
Pedro Barrios aux percussions et Arnaud Dolmen à la batterie vont commencer à entamer une pulsation à la fois minimaliste et chaloupée, qui donne immédiatement envie de bouger en rythme.
Puis petit à petit, les deux incorporent de plus en plus de notes frappées.
Le duo s’étoffe avec Leonardo Montana, au piano Fender Rhodes, rejoints par l’imperturbable Felipe Cabrera à la contrebasse et Josiah Woodson à la trompette puis au bugle.
Et puis le patron finit par monter sur scène. Le décor est planté.
Baila. Bailando.
Deux titres phares de l’album, enchaînés.
Le sextet va nous emmener loin. Très loin même.
A commencer évidemment par le leader, qui va traduire la luxuriance évoquée plus haut grâce à son saxophone ténor.
Il va se dégager de cette heure et demie une folle énergie et un côté viscéral, quasi organique.
Sur cette rythmique du sud, il va lancer des thèmes inspirés, lyriques et prenants, qui seront parfois étoffés de petits contrepoints à la voix.
Lors de ses improvisations, Samy Thiébault va nous offrir beaucoup de notes. Vraiment beaucoup.
Il joue vite, certes, mais sans jamais oublier l’émotion et la sensibilité musicales.
Les envolées dans les aigus, les descentes dans les très graves sont autant de contrastes saisissants qui caractérisent également les terres d’Amérique du Sud.
Ces deux premiers titres, très dansants, ne laissent personne indifférent. On voit les jambes des spectateurs qui s’agitent.
Josiah Woodson s’empare de son bugle, pour Le chant du très proche.
Lui aussi nous démontre sa virtuosité.
Les deux musiciens se complètent parfaitement, et une grande cohérence musicale règne entre eux : la place des deux instruments est millimétrée, avec de très beaux chassés croisés.
Felipe Cabrera lui aussi est un virtuose.
Ses quatre cordes résonnent de façon très intense, très profonde.
Les doigts courent sur les cordes, avec parfois des accords, comme sur une guitare, ce qui n’est pas si courant que ça, à la contrebasse.
Son discours musical est lui aussi empreint d’une grande sensibilité alliée à une très grande technique.
Leonardo Montana n’est pas en reste.
Derrière ses deux pianos, les mains vont courir sur les deux fois quatre-vingt huit touches.
Il existe une école très réputée de pianistes sud-américains.
El senor Montana en fait partie.
Lors d’un solo, il va démontrer qu’il a écouté les grands compositeurs français pour l’instrument. Il y a du Satie, du Ravel, du Debussy dans sa façon de jouer certains passages improvisés.
Avec parfois un toucher à la Fred Hersch, ou Brad Meldhau.
Samy Thiébault nous démontrera sa connaissance et sa maîtrise du sujet sud-américain, en nous évoquant notamment le film sovietico-cubain Yo soy Cuba, qui lui a inspiré un bien beau thème.
Un autre grand moment du concert : un duo flûte soprano et flûte ténor, qui nous embarque dans une mélopée mystérieuse. C’est vraiment très beau, très intense.
Le sextet se lance ensuite dans des rythmes imbriqués à trois et quatre temps, valse, boléro, salsa. La construction de l’avant dernier titre est à la fois subtile et sophistiquée.
La dernière pièce musicale va enflammer le Duc des lombards.
C’est le titre éponyme, un Awé ! dont l’onomatopée que l’on doit à Felipe Cabrera est repris en chœur par le public enthousiaste.
Tout le monde chante, tout le monde frappe dans les mains.
On sort du Duc avec tout plein de jazz ensoleillé dans la tête et dans le cœur, avec dans les oreilles des notes certes bleues mais également de toutes les couleurs des Antillles.
Les notes du voyage, celles des rencontres avec la culture de la Caraïbe.
Quand le jazz part à la rencontre de mondes et de gens passionnants.
Un très grand moment musical !
Résumé de l’épisode précédent.
Cet été, nous avions trouvé Samy Thiébault en bonne compagnie.
On se souvient en effet de sa fascinante collaboration musicale avec Ayo, sans oublier Gaël Rakotondrabe au piano.
Gloire à celui qui eut l’idée de les associer pour cette formidable aventure jazzistique !
Depuis, en ce début d’automne, le saxophoniste aux costumes colorés a sorti l’un des plus beaux albums jazz de cette rentrée. Je le dis comme je le pense !
Un voyage ! Au propre comme au figuré.
On sait la passion de M. Thiébault pour le voyage aux Antilles et dans les terres d’Amérique du Sud.
On connaît bien l’un de ses principaux disques intitulé Caribbean Stories, datant de 2018.
C’est donc ce nouvel opus qui continue de distiller un jazz gorgé de saveurs d’outre-mer , « Awé ! », qu’il est venu commencer à fêter hier soir au Duc des Lombards.
Un album luxuriant, qui va donc logiquement déboucher sur un concert de la même veine.
Un concert qui immédiatement nous transporte, nous fait nous retrouver sur les marchés couverts martiniquais ou guadeloupéens, dans les bars plus ou moins louches vénézuéliens, sur les places des villes cubaines inondées de soleil où la moindre parcelle ombrée est prise d’assaut, ou bien dans la forêt primaire, aux sons à la fois sourds et puissants.
Ce sont les « tapeurs » qui ouvrent le bal.
Pedro Barrios aux percussions et Arnaud Dolmen à la batterie vont commencer à entamer une pulsation à la fois minimaliste et chaloupée, qui donne immédiatement envie de bouger en rythme.
Puis petit à petit, les deux incorporent de plus en plus de notes frappées.
Le duo s’étoffe avec Leonardo Montana, au piano Fender Rhodes, rejoints par l’imperturbable Felipe Cabrera à la contrebasse et Josiah Woodson à la trompette puis au bugle.
Et puis le patron finit par monter sur scène. Le décor est planté.
Baila. Bailando.
Deux titres phares de l’album, enchaînés.
Le sextet va nous emmener loin. Très loin même.
A commencer évidemment par le leader, qui va traduire la luxuriance évoquée plus haut grâce à son saxophone ténor.
Il va se dégager de cette heure et demie une folle énergie et un côté viscéral, quasi organique.
Sur cette rythmique du sud, il va lancer des thèmes inspirés, lyriques et prenants, qui seront parfois étoffés de petits contrepoints à la voix.
Lors de ses improvisations, Samy Thiébault va nous offrir beaucoup de notes. Vraiment beaucoup.
Il joue vite, certes, mais sans jamais oublier l’émotion et la sensibilité musicales.
Les envolées dans les aigus, les descentes dans les très graves sont autant de contrastes saisissants qui caractérisent également les terres d’Amérique du Sud.
Ces deux premiers titres, très dansants, ne laissent personne indifférent. On voit les jambes des spectateurs qui s’agitent.
Josiah Woodson s’empare de son bugle, pour Le chant du très proche.
Lui aussi nous démontre sa virtuosité.
Les deux musiciens se complètent parfaitement, et une grande cohérence musicale règne entre eux : la place des deux instruments est millimétrée, avec de très beaux chassés croisés.
Felipe Cabrera lui aussi est un virtuose.
Ses quatre cordes résonnent de façon très intense, très profonde.
Les doigts courent sur les cordes, avec parfois des accords, comme sur une guitare, ce qui n’est pas si courant que ça, à la contrebasse.
Son discours musical est lui aussi empreint d’une grande sensibilité alliée à une très grande technique.
Leonardo Montana n’est pas en reste.
Derrière ses deux pianos, les mains vont courir sur les deux fois quatre-vingt huit touches.
Il existe une école très réputée de pianistes sud-américains.
El senor Montana en fait partie.
Lors d’un solo, il va démontrer qu’il a écouté les grands compositeurs français pour l’instrument. Il y a du Satie, du Ravel, du Debussy dans sa façon de jouer certains passages improvisés.
Avec parfois un toucher à la Fred Hersch, ou Brad Meldhau.
Samy Thiébault nous démontrera sa connaissance et sa maîtrise du sujet sud-américain, en nous évoquant notamment le film sovietico-cubain Yo soy Cuba, qui lui a inspiré un bien beau thème.
Un autre grand moment du concert : un duo flûte soprano et flûte ténor, qui nous embarque dans une mélopée mystérieuse. C’est vraiment très beau, très intense.
Le sextet se lance ensuite dans des rythmes imbriqués à trois et quatre temps, valse, boléro, salsa. La construction de l’avant dernier titre est à la fois subtile et sophistiquée.
La dernière pièce musicale va enflammer le Duc des lombards.
C’est le titre éponyme, un Awé ! dont l’onomatopée que l’on doit à Felipe Cabrera est repris en chœur par le public enthousiaste.
Tout le monde chante, tout le monde frappe dans les mains.
On sort du Duc avec tout plein de jazz ensoleillé dans la tête et dans le cœur, avec dans les oreilles des notes certes bleues mais également de toutes les couleurs des Antillles.
Les notes du voyage, celles des rencontres avec la culture de la Caraïbe.
Quand le jazz part à la rencontre de mondes et de gens passionnants.
Un très grand moment musical !
9/10
Ah ! L’Amour !
Avec un A si grand qu’on n’en finit pas d’en disséquer les ressorts, les codes, les méandres et les variations.
Et tout particulièrement les affres de l’Amour qui finit mal.
Car enfin, on sait bien ce qu’il en est des histoires d’Amour, de leur fin en général, (Fred et Catherine, vous nous l’avez chanté), et de ce qui reste au-delà de cette fin.
Pas exactement l’amour, quoi…
Voici le propos du recueil de dix nouvelles d’Arnaud Cathrine, qui, dans une plume-scalpel, procède à l’autopsie de quelques-unes de ces histoires-là. (Un ouvrage qui au passage a reçu le prix de la nouvelle de l’Académie Française.)
L’après-amour...
Histoires qui finissent si mal qu’elle se terminent à l’hôpital psychiatrique, au sein d’un groupe de parole composé de quatre patients qui souffrent et d’une psy qui ne va pas bien.
Vous avouerez que tout est réuni pour une analyse à la fois passionnante et quasi sociologique de ce qui reste après l’amour entre deux êtres humains.
Après l’adaptation par l’auteur, il en est ressorti une pièce où ces moments post-séparations, post-amour s’imbriquent, s’entremêlent, s’enchevêtrent de façon on ne peut plus intelligente et subtile.
Comme une grammaire du « je t’ai quitté ou tu m’as quitté et ça ne va pas fort »…
Dans laquelle je défie quiconque de ne pas s’identifier à ce qui est arrivé à l’un des personnages ! (A moins évidemment d’être toujours en couple au bout de soixante-dix ans avec sa voisine de table au collège, ce qui est quand même assez rare...)
Arnaud Cathrine, tout comme moi, a assisté à la formidable mise en scène du Songe d’une nuit d’été, par Florence Le Corre, un spectacle qui concluait la promotion de jeunes apprentis-comédiens au Lucernaire.
Il a rencontré Melle Le Corre, qui lui a présenté cinq d’entre eux, et pour qui il a accepté d’adapter son propre livre, et d’en faire une pièce de théâtre.
Un univers blanc. Un paper-board, un paravent et des chaises immaculés.
Tout comme la blouse de la psy.
La psy, c’est Alice Serfati.
La jeune comédienne ouvre le bal avec un long et fascinant monologue.
Devant son paravent, les yeux éclairés de façon très serrée, elle va nous raconter pourquoi elle va très mal, pourquoi elle n’a plus rien à donner. Elle pleure.
Immobile, elle réussit à accrocher chaque spectateur dès les premiers mots.
Nous sommes littéralement suspendus à ses dires.
L’écriture de l’auteur, fine et précise, à la fois puissante et délicate, est une première fois mise en évidence.
Quel beau moment !
Mais il y en aura bien d’autres.
Les patients arrivent.
Jordan Brandao Rodrigues, Mathilde Salmon et Juliette Ramirez les interprètent avec un engagement et une justesse irréprochables.
On croit tout à fait à ce qu’il nous racontent, à ces instants de profond désespoir post-rupture.
Là encore, la singulière écriture de l’auteur est mise en évidence de bien belle manière.
Il faut beaucoup de talent pour la dire, cette écriture, afin de placer le curseur émotionnel à son exacte position.
Une autre qui a su une nouvelle fois procéder avec beaucoup de finesse et nombre de parti-pris on ne peut plus justes et sensés, c’est la metteure en scène.
Florence Le Corre n’est pas tombée dans le piège du cercle de parole immobile, à savoir planter ses comédiens sur des chaises, et leur faire dire purement et simplement leur texte aussi intéressant soit-il.
Elle sait bien qu’un comédien, c’est avant tout un corps.
Un corps à faire bouger, à mettre en mouvement, un corps qui doit s’exprimer en tant que tel.
Au cours de cette heure (la durée d’une séance psy à l’hôpital), elle va illustrer de façon lumineuse ce postulat.
Une vraie intensité dramatique de tous les instants va régner. La tension est omniprésente et passionnante elle aussi.
Les trois patients, bientôt rejoints par Lucas, un personnage un peu énigmatique, vont en effet se lancer dans leurs histoires personnelles qui vont s’enchevêtrer, donc, grâce au mouvement et aux interactions entre les comédiens et comédiennes.
Il y a là quelque chose qui relève du ballet, de la danse.
D’ailleurs, la fin qui ne sera non-verbale, un comble pour une séance de parole, la fin relèvera d’une vraie chorégraphie. Et non, je n’en dis pas plus.
Une nouvelle fois, Lucas Bottini, qui fut un formidable Puck lors du spectacle évoqué plus haut, une nouvelle fois Lucas Bottini nous démontre l’étendue de son jeune mais grand talent.
Il incarne de façon épatante ce type qui va recevoir tous les coups psychologiques déjà encaissés par les trois autres, ceux qui ont besoin de libérer leur parole, et qui ne peuvent le faire avec la psy empêchée par son vécu personnel.
Oui, cette heure passe décidément trop vite !
Je vous conseille vivement ce spectacle qui décrit si-bien les affres contemporain de la passion.
Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas !
Retenez bien le nom de la compagnie de ces cinq jeunes : «Pas exactement l’amour ».
Tiens tiens…
Il faudra les suivre très attentivement.
Avec un A si grand qu’on n’en finit pas d’en disséquer les ressorts, les codes, les méandres et les variations.
Et tout particulièrement les affres de l’Amour qui finit mal.
Car enfin, on sait bien ce qu’il en est des histoires d’Amour, de leur fin en général, (Fred et Catherine, vous nous l’avez chanté), et de ce qui reste au-delà de cette fin.
Pas exactement l’amour, quoi…
Voici le propos du recueil de dix nouvelles d’Arnaud Cathrine, qui, dans une plume-scalpel, procède à l’autopsie de quelques-unes de ces histoires-là. (Un ouvrage qui au passage a reçu le prix de la nouvelle de l’Académie Française.)
L’après-amour...
Histoires qui finissent si mal qu’elle se terminent à l’hôpital psychiatrique, au sein d’un groupe de parole composé de quatre patients qui souffrent et d’une psy qui ne va pas bien.
Vous avouerez que tout est réuni pour une analyse à la fois passionnante et quasi sociologique de ce qui reste après l’amour entre deux êtres humains.
Après l’adaptation par l’auteur, il en est ressorti une pièce où ces moments post-séparations, post-amour s’imbriquent, s’entremêlent, s’enchevêtrent de façon on ne peut plus intelligente et subtile.
Comme une grammaire du « je t’ai quitté ou tu m’as quitté et ça ne va pas fort »…
Dans laquelle je défie quiconque de ne pas s’identifier à ce qui est arrivé à l’un des personnages ! (A moins évidemment d’être toujours en couple au bout de soixante-dix ans avec sa voisine de table au collège, ce qui est quand même assez rare...)
Arnaud Cathrine, tout comme moi, a assisté à la formidable mise en scène du Songe d’une nuit d’été, par Florence Le Corre, un spectacle qui concluait la promotion de jeunes apprentis-comédiens au Lucernaire.
Il a rencontré Melle Le Corre, qui lui a présenté cinq d’entre eux, et pour qui il a accepté d’adapter son propre livre, et d’en faire une pièce de théâtre.
Un univers blanc. Un paper-board, un paravent et des chaises immaculés.
Tout comme la blouse de la psy.
La psy, c’est Alice Serfati.
La jeune comédienne ouvre le bal avec un long et fascinant monologue.
Devant son paravent, les yeux éclairés de façon très serrée, elle va nous raconter pourquoi elle va très mal, pourquoi elle n’a plus rien à donner. Elle pleure.
Immobile, elle réussit à accrocher chaque spectateur dès les premiers mots.
Nous sommes littéralement suspendus à ses dires.
L’écriture de l’auteur, fine et précise, à la fois puissante et délicate, est une première fois mise en évidence.
Quel beau moment !
Mais il y en aura bien d’autres.
Les patients arrivent.
Jordan Brandao Rodrigues, Mathilde Salmon et Juliette Ramirez les interprètent avec un engagement et une justesse irréprochables.
On croit tout à fait à ce qu’il nous racontent, à ces instants de profond désespoir post-rupture.
Là encore, la singulière écriture de l’auteur est mise en évidence de bien belle manière.
Il faut beaucoup de talent pour la dire, cette écriture, afin de placer le curseur émotionnel à son exacte position.
Une autre qui a su une nouvelle fois procéder avec beaucoup de finesse et nombre de parti-pris on ne peut plus justes et sensés, c’est la metteure en scène.
Florence Le Corre n’est pas tombée dans le piège du cercle de parole immobile, à savoir planter ses comédiens sur des chaises, et leur faire dire purement et simplement leur texte aussi intéressant soit-il.
Elle sait bien qu’un comédien, c’est avant tout un corps.
Un corps à faire bouger, à mettre en mouvement, un corps qui doit s’exprimer en tant que tel.
Au cours de cette heure (la durée d’une séance psy à l’hôpital), elle va illustrer de façon lumineuse ce postulat.
Une vraie intensité dramatique de tous les instants va régner. La tension est omniprésente et passionnante elle aussi.
Les trois patients, bientôt rejoints par Lucas, un personnage un peu énigmatique, vont en effet se lancer dans leurs histoires personnelles qui vont s’enchevêtrer, donc, grâce au mouvement et aux interactions entre les comédiens et comédiennes.
Il y a là quelque chose qui relève du ballet, de la danse.
D’ailleurs, la fin qui ne sera non-verbale, un comble pour une séance de parole, la fin relèvera d’une vraie chorégraphie. Et non, je n’en dis pas plus.
Une nouvelle fois, Lucas Bottini, qui fut un formidable Puck lors du spectacle évoqué plus haut, une nouvelle fois Lucas Bottini nous démontre l’étendue de son jeune mais grand talent.
Il incarne de façon épatante ce type qui va recevoir tous les coups psychologiques déjà encaissés par les trois autres, ceux qui ont besoin de libérer leur parole, et qui ne peuvent le faire avec la psy empêchée par son vécu personnel.
Oui, cette heure passe décidément trop vite !
Je vous conseille vivement ce spectacle qui décrit si-bien les affres contemporain de la passion.
Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas !
Retenez bien le nom de la compagnie de ces cinq jeunes : «Pas exactement l’amour ».
Tiens tiens…
Il faudra les suivre très attentivement.