- Théâtre contemporain
- Théâtre Paris-Villette
- Paris 19ème
top5 (1)
#Jesuisleprochain

6,5/10
- Théâtre Paris-Villette
- 211, avenue Jean Jaurès
- 75019 Paris
- Porte de Pantin (l.5)
Itinéraire
Billets à 10,00 €
Evénement plus programmé pour le moment
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Construite comme un film, la pièce mêle quatre intrigues autour de l’histoire d’amour qui unit Jeanne, adolescente de 17 ans, à Ramy.
Une galerie de personnages aux ambitions contraires réunissant parents, enquêteurs et politiciens seront tous embarqués dans la course effrénée que mènera la jeune fille afin d’aller retrouver son mari en Syrie.
#JeSuisLeProchain interroge le désir de justice et sa déclinaison dans un monde où l’espoir comme la raison semblent chaque jour perdre un peu plus de terrain.
Attention, ce spectacle a lieu au Grand Parquet (35 rue d’Aubervilliers, Paris 18)
Toutes les critiques
Voici un spectacle vivace et ardu, captivant et envoutant où Sylvain Maurice met en vie, avec une approche quasi diabolique toute en finesse, la pièce de Martin Crimp. Nous sommes embarqués aussitôt dans une surprenante narration de récits juxtaposés qui décapitent la stabilité ordinaire d’une histoire amoureuse, ébranlent les formats du couple et bousculent les liens affectifs habituellement exposés.
« Richard, médecin, et sa femme Corinne ont quitté Londres pour s’installer à la campagne. Tandis que Corinne s’acclimate à cette nouvelle vie avec leurs deux enfants, Richard enchaîne les visites à domicile chez ses patients. Un soir, il rentre à la maison en portant dans ses bras une jeune femme inconsciente prénommée Rebecca. Cette jeune femme, qu’il dit avoir trouvée étendue sur le bord de la route, va semer le doute et révéler les fractures du couple. »
Crimp autopsie le couple, fait surgir de ses entrailles l’espace transitionnel et sacré qui lie le rapport entre soi et l’autre ; entre l’intime et le social ; entre le non-dit, le suggéré et le dit, le ressenti.
Son théâtre se rapproche, une nouvelle fois, du « néo-brutalisme » du théâtre britannique In-Yer-Face où la provocation se marie à l’âpreté des situations décrites ou suggérées par le langage parlé plus que dans les scènes jouées, où la violence rampe sourdement.
La tension s’impose immédiatement dans les échanges, percutant notre écoute, stimulant notre quête de sens et d’indices dans ces bouts d’histoire, placés en parallèle, d’une intrigue qui ne l’est pas. Le doute perdure, entre peurs et soupçons, entre paradoxes et mensonges.
Un huis-clos qui instille une anxiété dans notre attention.
L’écriture abondante, fournie et fouillée fait se chevaucher les questions sans réponses, les réponses à d’autres questions, les interjections éclatantes de fureur semant le trouble et laissant planer un sentiment de terreur.
La mise en scène de Sylvain Maurice assisté par Béatrice Vincent, se révèle habile par une approche simple et claire permettant de faire ressortir la percussion des propos, leur perversité intrinsèque et leurs effets déroutants. Maurice construit le labyrinthe de sens voulu par Crimp. Sa scénographie, réalisée en collaboration avec Margot Clavières, contribue à une esthétique soignée et colorée (lumière de Rodolphe Martin), agréable et douce, qui vient en contrepoint de la cruauté des propos, de l’étrangeté féroce des récits, et du désarroi qui nous ravit.
L’intensité des situations évoquées et leur troublant floutage tissent peu à peu un univers énigmatique que l’ambiance sonore de Jean De Almeida appuie ardemment et que les comédiens s’approprient formidablement.
Les personnages, décrits certes avec précision par le texte et la direction de jeux, sont incarnés magistralement.
Isabelle Carré est Corinne, une épouse troublante : inquiète et épanouie, amoureuse et libérée, nerveuse et froide, une interprétation tout en subtilité.
Yannick Choirat est Richard : puissant et fragile, dérouté et déroutant, énigmatique à souhait. Une interprétation tout en puissance.
Manon Clavel est Rebecca : trublionne de la norme, légère et funeste, perfide et attachante. Une interprétation tout en nuances.
Un spectacle imposant et impressionnant. Une mémorable proposition du théâtre de Martin Crimp. Une mise en vie captivante. Trois rôles, trois partitions, trois interprétations convaincantes et complémentaires, un pur délice de jeux. Un spectacle que je conseille vivement.
« Richard, médecin, et sa femme Corinne ont quitté Londres pour s’installer à la campagne. Tandis que Corinne s’acclimate à cette nouvelle vie avec leurs deux enfants, Richard enchaîne les visites à domicile chez ses patients. Un soir, il rentre à la maison en portant dans ses bras une jeune femme inconsciente prénommée Rebecca. Cette jeune femme, qu’il dit avoir trouvée étendue sur le bord de la route, va semer le doute et révéler les fractures du couple. »
Crimp autopsie le couple, fait surgir de ses entrailles l’espace transitionnel et sacré qui lie le rapport entre soi et l’autre ; entre l’intime et le social ; entre le non-dit, le suggéré et le dit, le ressenti.
Son théâtre se rapproche, une nouvelle fois, du « néo-brutalisme » du théâtre britannique In-Yer-Face où la provocation se marie à l’âpreté des situations décrites ou suggérées par le langage parlé plus que dans les scènes jouées, où la violence rampe sourdement.
La tension s’impose immédiatement dans les échanges, percutant notre écoute, stimulant notre quête de sens et d’indices dans ces bouts d’histoire, placés en parallèle, d’une intrigue qui ne l’est pas. Le doute perdure, entre peurs et soupçons, entre paradoxes et mensonges.
Un huis-clos qui instille une anxiété dans notre attention.
L’écriture abondante, fournie et fouillée fait se chevaucher les questions sans réponses, les réponses à d’autres questions, les interjections éclatantes de fureur semant le trouble et laissant planer un sentiment de terreur.
La mise en scène de Sylvain Maurice assisté par Béatrice Vincent, se révèle habile par une approche simple et claire permettant de faire ressortir la percussion des propos, leur perversité intrinsèque et leurs effets déroutants. Maurice construit le labyrinthe de sens voulu par Crimp. Sa scénographie, réalisée en collaboration avec Margot Clavières, contribue à une esthétique soignée et colorée (lumière de Rodolphe Martin), agréable et douce, qui vient en contrepoint de la cruauté des propos, de l’étrangeté féroce des récits, et du désarroi qui nous ravit.
L’intensité des situations évoquées et leur troublant floutage tissent peu à peu un univers énigmatique que l’ambiance sonore de Jean De Almeida appuie ardemment et que les comédiens s’approprient formidablement.
Les personnages, décrits certes avec précision par le texte et la direction de jeux, sont incarnés magistralement.
Isabelle Carré est Corinne, une épouse troublante : inquiète et épanouie, amoureuse et libérée, nerveuse et froide, une interprétation tout en subtilité.
Yannick Choirat est Richard : puissant et fragile, dérouté et déroutant, énigmatique à souhait. Une interprétation tout en puissance.
Manon Clavel est Rebecca : trublionne de la norme, légère et funeste, perfide et attachante. Une interprétation tout en nuances.
Un spectacle imposant et impressionnant. Une mémorable proposition du théâtre de Martin Crimp. Une mise en vie captivante. Trois rôles, trois partitions, trois interprétations convaincantes et complémentaires, un pur délice de jeux. Un spectacle que je conseille vivement.
Par amour pour Ramy, parti en Syrie faire le djihad, Jeanne, jeune fille de 17 ans issue d’une famille sans histoire, se drape et s’isole dans la religion en attendant le jour où elle pourra le rejoindre. Autour de cette histoire d’amour perdue d’avance, parents, enquêteurs et politiciens se débattent vainement face à un ennemi invisible.
C’est un projet ambitieux que s’est lancé Mickaël Délis : aborder le thème délicat et rebattu de l’embrigadement islamiste de jeunes Français. Il y a une volonté louable de s’interroger sur le terrorisme et sur ses origines possibles bâties sur la misère et le délaissement de nos banlieues. Tenter d’expliquer sans justifier ce qui conduit ces jeunes à se perdre dans un idéal de justice meurtrier, et démontrer l’inanité de notre réponse politique et pénale.
Mais de telles questions ne souffrent d’aucune inconséquence. Pourtant montée façon cinéma, il manque à cette proposition le rythme juste qui parviendrait à tendre l’intrigue. Les intermèdes musicaux, l’enchaînement des scènes et tout ce « bricolage » de mise en scène ne conviennent pas à un sujet si sensible. Si les acteurs font preuve d’une belle énergie, on peut regretter que le tout manque un peu de muscles et d’âme.
C’est un projet ambitieux que s’est lancé Mickaël Délis : aborder le thème délicat et rebattu de l’embrigadement islamiste de jeunes Français. Il y a une volonté louable de s’interroger sur le terrorisme et sur ses origines possibles bâties sur la misère et le délaissement de nos banlieues. Tenter d’expliquer sans justifier ce qui conduit ces jeunes à se perdre dans un idéal de justice meurtrier, et démontrer l’inanité de notre réponse politique et pénale.
Mais de telles questions ne souffrent d’aucune inconséquence. Pourtant montée façon cinéma, il manque à cette proposition le rythme juste qui parviendrait à tendre l’intrigue. Les intermèdes musicaux, l’enchaînement des scènes et tout ce « bricolage » de mise en scène ne conviennent pas à un sujet si sensible. Si les acteurs font preuve d’une belle énergie, on peut regretter que le tout manque un peu de muscles et d’âme.
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