Ses critiques
5 critiques
9,5/10
Quel magnifique spectacle que ce Cercle des poètes disparus !
Tout est réussi, l'adaptation, la scénographie, la mise en scène d'Olivier Soliveres qui a tout compris du message du Captain John Keating : changer de perspective.
Et que dire de l'interprétation... Stéphane Freiss est lumineux dans le rôle du professeur iconoclaste qui revient enseigner dans son ancien lycée, la sévère Welton Academy, la littérature comme une matière vivante, une leçon de vie et non un objet figé, qu'on peut juger selon des idées préconçues et des valeurs mathématiques.
Il faudrait citer tous les comédiens, car la distribution est parfaite mais je me contenterais d'Ethan Oliel, vibrant et bouleversant dans le rôle de Neil Perry, Hélie Thonat parfait dans le rôle de l'élève timide qui va trouver sa voix et Audran Cattin dans le rôle de Charlie Dalton.
Le public ne s'y trompe pas ( et pourtant c'était un jour de "presse" avec beaucoup de journalistes et de professionnels) : 10mn de standing ovation et 20 mn pour sortir du théâtre Antoine totalement comble. A voir absolument.
#Carpe diem #Seize the day #deadpoetssociety
Tout est réussi, l'adaptation, la scénographie, la mise en scène d'Olivier Soliveres qui a tout compris du message du Captain John Keating : changer de perspective.
Et que dire de l'interprétation... Stéphane Freiss est lumineux dans le rôle du professeur iconoclaste qui revient enseigner dans son ancien lycée, la sévère Welton Academy, la littérature comme une matière vivante, une leçon de vie et non un objet figé, qu'on peut juger selon des idées préconçues et des valeurs mathématiques.
Il faudrait citer tous les comédiens, car la distribution est parfaite mais je me contenterais d'Ethan Oliel, vibrant et bouleversant dans le rôle de Neil Perry, Hélie Thonat parfait dans le rôle de l'élève timide qui va trouver sa voix et Audran Cattin dans le rôle de Charlie Dalton.
Le public ne s'y trompe pas ( et pourtant c'était un jour de "presse" avec beaucoup de journalistes et de professionnels) : 10mn de standing ovation et 20 mn pour sortir du théâtre Antoine totalement comble. A voir absolument.
#Carpe diem #Seize the day #deadpoetssociety
8/10
Ce sont quatre femmes qui ne se seraient jamais rencontrées sans la guerre, s'il n'y avait pas eu un combat plus grand qu'elles à mener. Elles n'ont pas le même âge, ne viennent pas des mêmes milieux sociaux, n'ont pas le même passé, pas les mêmes aptitudes, mais elles ont choisies de dire non. Non à l'Occupation nazie, à la privation de liberté, à l'injustice qui frappe les Juifs.
Alors dans cet appartement Lyonnais dont les occupants ont été déportés, au cinquième étage, Armande, tireuse d'élite au langage fleuri, Claire, mécanicienne préparant des bombes, Solange, à la radio, son casque vissé sur les oreilles et Marthe, l'aînée, cheffe du groupe, préparent leurs missions, cohabitent, s'engueulent parfois et se réconfortent.
Un jour un message intercepté leur donne l'occasion d'accomplir la mission ultime qui mettra un point final à la guerre.
Le tour dystopique que prend alors la pièce peut désarçonner mais il pose la question du sens de l'action, faut-il tenter quelque chose quitte à se tromper, ou regarder le mal se faire sans réagir ?
Cette pièce montre l'union sacrée de femmes contre la barbarie, au-delà de leurs différences, elles ont reconnu et nommé le mal, de façon instinctive, viscérale. Humaine. Elle parle aussi de cette sororité dans la mixité sociale si bien racontée par Charlotte Delbo dans Auschwitz et Après.
Les quatre comédiennes, fort bien dirigées par Olivier Courbier, sont excellentes. Je connaissais déjà le talent de Frédérique Sayagh (Armande) et Pascale Durand (Solange), Mireille Joffre (Marthe) et la jeune Aude Canaud (Claire) sont de jolies découvertes.
A voir.
Nathalie Trégouët
Alors dans cet appartement Lyonnais dont les occupants ont été déportés, au cinquième étage, Armande, tireuse d'élite au langage fleuri, Claire, mécanicienne préparant des bombes, Solange, à la radio, son casque vissé sur les oreilles et Marthe, l'aînée, cheffe du groupe, préparent leurs missions, cohabitent, s'engueulent parfois et se réconfortent.
Un jour un message intercepté leur donne l'occasion d'accomplir la mission ultime qui mettra un point final à la guerre.
Le tour dystopique que prend alors la pièce peut désarçonner mais il pose la question du sens de l'action, faut-il tenter quelque chose quitte à se tromper, ou regarder le mal se faire sans réagir ?
Cette pièce montre l'union sacrée de femmes contre la barbarie, au-delà de leurs différences, elles ont reconnu et nommé le mal, de façon instinctive, viscérale. Humaine. Elle parle aussi de cette sororité dans la mixité sociale si bien racontée par Charlotte Delbo dans Auschwitz et Après.
Les quatre comédiennes, fort bien dirigées par Olivier Courbier, sont excellentes. Je connaissais déjà le talent de Frédérique Sayagh (Armande) et Pascale Durand (Solange), Mireille Joffre (Marthe) et la jeune Aude Canaud (Claire) sont de jolies découvertes.
A voir.
Nathalie Trégouët
9,5/10
Parenthèse enchantée
Un soir de 1910, un jeune homme a rendez-vous dans un pub avec une jeune femme pour lui déclarer sa flamme, avec la complicité du barman, qui attend lui-même une lettre qui pourrait changer son destin. Le jeune homme s'appelle Charles Chaplin, ces trois personnages sont des artistes et une chose est sûre : cette soirée va bouleverser leurs vies.
La pièce est un hommage du théâtre au cinéma naissant, la mise en scène en emprunte les codes : accélérés, ralentis, flashbacks, champs/contrechamps, personnages muets, pancartes avec dialogue, noir et blanc (décors, costumes, maquillages). Chaque scène change le point de vue, reprend, complète la précédente. Le décor bouge et c'est le public qui a l'impression de se promener dans l'histoire, dans un travelling circulaire.
Le temps se dilate.
Les comédiens sont fabuleux. Tristan Robin, qui vient tout juste de reprendre le rôle, trouve dans ce barman au cœur tendre un personnage à la mesure de la diversité de son talent, entre comédie et théâtre visuel, burlesque et émotion.
Pauline Bression est touchante et gracieuse, et Alexandre Faitrouni incarne ce jeune Chaplin timide et tatillon, inventant sous nos yeux le personnage de Charlot - sans se rendre compte que ce sera le sien - avec une finesse et une originalité qui évoquent Charlot plus qu'ils ne cherchent à l'imiter.
Une réflexion sur ce que signifie "être un artiste", une bulle de délicatesse et de poésie dans ce monde de brutes.
Un soir de 1910, un jeune homme a rendez-vous dans un pub avec une jeune femme pour lui déclarer sa flamme, avec la complicité du barman, qui attend lui-même une lettre qui pourrait changer son destin. Le jeune homme s'appelle Charles Chaplin, ces trois personnages sont des artistes et une chose est sûre : cette soirée va bouleverser leurs vies.
La pièce est un hommage du théâtre au cinéma naissant, la mise en scène en emprunte les codes : accélérés, ralentis, flashbacks, champs/contrechamps, personnages muets, pancartes avec dialogue, noir et blanc (décors, costumes, maquillages). Chaque scène change le point de vue, reprend, complète la précédente. Le décor bouge et c'est le public qui a l'impression de se promener dans l'histoire, dans un travelling circulaire.
Le temps se dilate.
Les comédiens sont fabuleux. Tristan Robin, qui vient tout juste de reprendre le rôle, trouve dans ce barman au cœur tendre un personnage à la mesure de la diversité de son talent, entre comédie et théâtre visuel, burlesque et émotion.
Pauline Bression est touchante et gracieuse, et Alexandre Faitrouni incarne ce jeune Chaplin timide et tatillon, inventant sous nos yeux le personnage de Charlot - sans se rendre compte que ce sera le sien - avec une finesse et une originalité qui évoquent Charlot plus qu'ils ne cherchent à l'imiter.
Une réflexion sur ce que signifie "être un artiste", une bulle de délicatesse et de poésie dans ce monde de brutes.
9,5/10
Merveilleuse expérience que cette version immersive par le collectif Nuit orange du Prince de Hombourg mis en scène par Edouard Dossetto, au théâtre de L'orme. Merveilleuse dans tous les sens du terme, car rarement spectacle n'aura mieux illustré la puissance d'évocation du théâtre, entre réel et imaginaire. A l'instar du prince se réveillant, on en garde des images, des impressions à la frontière du rêve et de la réalité, d'une grande poésie, onirique, étrange, tendre ou macabre.
Les interprètes Edouard Dosseto (le prince), Marie Benati, Pablo Eugène Chevalier, Jean Bourgault, Gaspard Baumhauer, Alex Dey et Leslie Gruel, que nous suivons dans leur déambulations, servent avec intensité cette adaptation resserrée et réussie du texte de Kleist par Rémi Delieutraz, et sont aussi crédibles dans la passion romantique ou le dilemme cornélien que dans les combats à l'épée et les cascades. Avec en plus la touche d'humour et d'ironie qui nous fait d'emblée rentrer dans le jeu.
Il ne reste qu'une date pour cette cession (vendredi 9 juin) mais ils reviendront, n'en doutez pas. Car la fin n'est jamais que relative...
Les interprètes Edouard Dosseto (le prince), Marie Benati, Pablo Eugène Chevalier, Jean Bourgault, Gaspard Baumhauer, Alex Dey et Leslie Gruel, que nous suivons dans leur déambulations, servent avec intensité cette adaptation resserrée et réussie du texte de Kleist par Rémi Delieutraz, et sont aussi crédibles dans la passion romantique ou le dilemme cornélien que dans les combats à l'épée et les cascades. Avec en plus la touche d'humour et d'ironie qui nous fait d'emblée rentrer dans le jeu.
Il ne reste qu'une date pour cette cession (vendredi 9 juin) mais ils reviendront, n'en doutez pas. Car la fin n'est jamais que relative...
9/10
La famille - surtout quand elle est dysfonctionnelle - est un sujet récurrent au théâtre. On se souvient par exemple d'Independence, de Lee Blessing, qui met aux prises une mère abusive et ses trois filles.
La famille M souffre d'un mal sans nom, que le médecin est impuissant à soigner, et dont l'étiologie est incertaine. Est-ce la mort de la mère qui a tout bouleversé ? La personnalité puis la maladie dégénérative du père ? Le départ de l'ancien médecin ? Ou bien ont-ils toujours été malades ? Il arrive qu'on parle, beaucoup - à l'instar du fils cadet - mais sans s'écouter. La fille aînée se sacrifie en rêvant sa vie, la fille cadette accumule les aventures, le petit ami officiel et son pote zonent dans le quartier, le père (s')oublie. Et en plus il pleut.
Ce spectacle est fort, âpre et bouleversant, et neuf à bien des égards. La mise en scène de Marie Benati et la scénographie de Pierre Mengelle et Edouard Dossetto utilisant tous les espaces du Studio Hébertot, le parti pris de la métalepse poussé à fond avec le personnage du docteur, à la fois narrateur et personnage, voyeur et regardé, tous ces jeux sur le dedans et le dehors de l'action sont passionnants.
Et les acteurs, formidablement dirigés, sont tous plus que convaincants : Bérénice Olivares, Léna Allibert, Alex Dey, Taddéo Ravassard, Guillaume Villiers-Moriamé, François Clavier et mon coup de cœur supplémentaire Gaspard Baumhauer dans le rôle subtil du docteur). (A noter que certains comédiens sont en alternance, ceux-ci sont ceux que j'ai vu)
Ils ont encore 4 dates en juin au Studio Hébertot, les 4, 6, 12 et 13.
Ne les manquez pas, c'est une expérience théâtrale à vivre.
La famille M souffre d'un mal sans nom, que le médecin est impuissant à soigner, et dont l'étiologie est incertaine. Est-ce la mort de la mère qui a tout bouleversé ? La personnalité puis la maladie dégénérative du père ? Le départ de l'ancien médecin ? Ou bien ont-ils toujours été malades ? Il arrive qu'on parle, beaucoup - à l'instar du fils cadet - mais sans s'écouter. La fille aînée se sacrifie en rêvant sa vie, la fille cadette accumule les aventures, le petit ami officiel et son pote zonent dans le quartier, le père (s')oublie. Et en plus il pleut.
Ce spectacle est fort, âpre et bouleversant, et neuf à bien des égards. La mise en scène de Marie Benati et la scénographie de Pierre Mengelle et Edouard Dossetto utilisant tous les espaces du Studio Hébertot, le parti pris de la métalepse poussé à fond avec le personnage du docteur, à la fois narrateur et personnage, voyeur et regardé, tous ces jeux sur le dedans et le dehors de l'action sont passionnants.
Et les acteurs, formidablement dirigés, sont tous plus que convaincants : Bérénice Olivares, Léna Allibert, Alex Dey, Taddéo Ravassard, Guillaume Villiers-Moriamé, François Clavier et mon coup de cœur supplémentaire Gaspard Baumhauer dans le rôle subtil du docteur). (A noter que certains comédiens sont en alternance, ceux-ci sont ceux que j'ai vu)
Ils ont encore 4 dates en juin au Studio Hébertot, les 4, 6, 12 et 13.
Ne les manquez pas, c'est une expérience théâtrale à vivre.