Ses critiques
3 critiques
7,5/10
C'est avec plaisir que je me suis rendue au théâtre de l'Odéon pour voir la dernière mise en scène de S. Braunschweig.
Si les acteurs sont tous impeccables (mention spéciale à Chloé Rejon qui est éblouissante et qui porte la pièce quasiment à elle seule, et au duo Annie Mercier/Alain Libolt qui sont saisissants de réalisme), ils n'ont pas réussi à totalement m'emporter. La faute peut à la direction des acteurs ou à la mise en scène qui, sans faire aucune faute, m'ont semblé très classiques.
Reste que comme souvent, avec S. Braunschweig, le texte est très bien choisi et résonne férocement avec l'actualité.
Si les acteurs sont tous impeccables (mention spéciale à Chloé Rejon qui est éblouissante et qui porte la pièce quasiment à elle seule, et au duo Annie Mercier/Alain Libolt qui sont saisissants de réalisme), ils n'ont pas réussi à totalement m'emporter. La faute peut à la direction des acteurs ou à la mise en scène qui, sans faire aucune faute, m'ont semblé très classiques.
Reste que comme souvent, avec S. Braunschweig, le texte est très bien choisi et résonne férocement avec l'actualité.
10/10
Avant d'aller voir une pièce mise en scène par Ivo Van Hove, on se prépare toujours psychologiquement au pire. Au pire et, paradoxalement, au meilleur.
Dans la Ménagerie de verre, il n'y a que le meilleur : un texte empreint d'une douce mélancolie, une mise en scène moderne, mais pas trop, et des acteurs formidables du début à la fin.
Le décor d'abord : la scène est la mémoire de Tom, le narrateur. Alors comme dans un souvenir, les contours sont flous, les couleurs sépias, les détails peu nombreux. On est à Saint Louis, dans les années 1930, mais on pourrait être à Paris ou à Milan, en 1950 comme en 1990. Les visages du père, dessinés sur les murs, envahissent l'espace de manière subtile, comme une ombre toujours pesante que Laura efface petit à petit dans ses rares moments d'allégresse.
La mise en scène, ensuite. Le rideau qui tombe régulièrement contribue à l'effet "souvenir", tant quand on se souvient, ce n'est que par bribes. Les sons, que ce soit la musique ou la pluie qui tombe, contribuent à l'ambiance nostalgique sans nous plonger dans un regret excessif. La lumière joue aussi parfaitement son rôle ; bref, la mise en scène est soignée mais pas précieuse, exactement ce qu'il faut pour une pièce de Tennessee Williams.
Les acteurs, enfin. C'est un poncif de dire qu'Isabelle Huppert est incroyable mais sa prestation dans la Ménagerie de verre le confirme. Sa diction rapide est sans faute, son rôle de mère fantasque et paumée convaincant. Elle est accompagnée par de très bons acteurs qui ne déméritent pas non plus, Cyril Guei étant toujours juste et Nahuel Perez Biscayart, que je découvre, touchant sans excès de sentimentalisme.
Dans la Ménagerie de verre, il n'y a que le meilleur : un texte empreint d'une douce mélancolie, une mise en scène moderne, mais pas trop, et des acteurs formidables du début à la fin.
Le décor d'abord : la scène est la mémoire de Tom, le narrateur. Alors comme dans un souvenir, les contours sont flous, les couleurs sépias, les détails peu nombreux. On est à Saint Louis, dans les années 1930, mais on pourrait être à Paris ou à Milan, en 1950 comme en 1990. Les visages du père, dessinés sur les murs, envahissent l'espace de manière subtile, comme une ombre toujours pesante que Laura efface petit à petit dans ses rares moments d'allégresse.
La mise en scène, ensuite. Le rideau qui tombe régulièrement contribue à l'effet "souvenir", tant quand on se souvient, ce n'est que par bribes. Les sons, que ce soit la musique ou la pluie qui tombe, contribuent à l'ambiance nostalgique sans nous plonger dans un regret excessif. La lumière joue aussi parfaitement son rôle ; bref, la mise en scène est soignée mais pas précieuse, exactement ce qu'il faut pour une pièce de Tennessee Williams.
Les acteurs, enfin. C'est un poncif de dire qu'Isabelle Huppert est incroyable mais sa prestation dans la Ménagerie de verre le confirme. Sa diction rapide est sans faute, son rôle de mère fantasque et paumée convaincant. Elle est accompagnée par de très bons acteurs qui ne déméritent pas non plus, Cyril Guei étant toujours juste et Nahuel Perez Biscayart, que je découvre, touchant sans excès de sentimentalisme.
4,5/10
Impatiente d’assister à une représentation de la nouvelle pièce d’Ivo Van Hove à la Comédie Française, tant j’avais été à la fois fascinée et effrayée par les Damnés la saison dernière, je dois avouer être sortie... décontenancée de la salle Richelieu.
Si le jeu de Christophe Montenez, impeccable, secondé par Loïc Corbery lui aussi, comme toujours juste, parvient à sauver les murs, il n’en reste pas moins que la mise en scène laisse un sentiment étrange aux spectateurs. Cette boue envahissante, qui est parfois utilisée à bon escient, finit par être véritablement écoeurante, notamment dès qu’elle se mélange aux corps ensanglantés. Les percussions, installées à jardin et à cour, donnent un peu de dynamisme à la pièce qui en manque cruellement, et les parties dansées finissent par être les moments les plus libérateurs de la représentation. La brutalité sauvage que dégagent ces 5 minutes a un effet beaucoup plus cathartique que les 2 heures de jeu; sûrement parce que la pièce manque d’actualisation. Par ailleurs, Suliane Brahim mériterait d’ajouter un peu de sobriété à son jeu, ce qui ne ferait que renforcer la profondeur dramatique de la pièce.
Dans le livret, on apprend qu’Ivo Van Hove considère les Damnés et Électre/Oreste comme un dyptique; l’un étant la suite naturelle de l’autre. Sans-doute n’ai-je pas le bagage culturel pour comprendre.
Malgré tout, même si la mise en scène ne correspond pas à mes goûts en matière de théâtre, je pense que l’ensemble du travail de recherche artistique qui est derrière lui confère toute sa légitimité sur la scène de la Comédie Française.
Si le jeu de Christophe Montenez, impeccable, secondé par Loïc Corbery lui aussi, comme toujours juste, parvient à sauver les murs, il n’en reste pas moins que la mise en scène laisse un sentiment étrange aux spectateurs. Cette boue envahissante, qui est parfois utilisée à bon escient, finit par être véritablement écoeurante, notamment dès qu’elle se mélange aux corps ensanglantés. Les percussions, installées à jardin et à cour, donnent un peu de dynamisme à la pièce qui en manque cruellement, et les parties dansées finissent par être les moments les plus libérateurs de la représentation. La brutalité sauvage que dégagent ces 5 minutes a un effet beaucoup plus cathartique que les 2 heures de jeu; sûrement parce que la pièce manque d’actualisation. Par ailleurs, Suliane Brahim mériterait d’ajouter un peu de sobriété à son jeu, ce qui ne ferait que renforcer la profondeur dramatique de la pièce.
Dans le livret, on apprend qu’Ivo Van Hove considère les Damnés et Électre/Oreste comme un dyptique; l’un étant la suite naturelle de l’autre. Sans-doute n’ai-je pas le bagage culturel pour comprendre.
Malgré tout, même si la mise en scène ne correspond pas à mes goûts en matière de théâtre, je pense que l’ensemble du travail de recherche artistique qui est derrière lui confère toute sa légitimité sur la scène de la Comédie Française.