Ses critiques
3 critiques
8/10
Les amours de Verlaine et Rimbaud sont en effet bien sombres sous cette Eclipse totale de Christopher Hampton au Poche-Montparnasse. Le dramaturge britannique caricature un peu et offre une image qui semble s'éloigner de notre imaginaire littéraire…
Rimbaud a dix-sept ans, il débarque à Paris en réponse à l’invitation de Verlaine. Verlaine est un poète embourgeoisé, marié avec une très jeune femme et bientôt père de famille. Des périples entre Bruxelles et Londres suivront, les deux hommes chercheront tour à tour à éveiller ou à apaiser le feu qui les anime, attisant aussi bien leur sexualité que leur inspiration à écrire. L’amour encore, toujours l’amour, il nourrit le poète quand il ne s’agit pas d’alcool, d’absinthe ou d’opium et celui-ci est violent, excessif et jaloux.
Julien Alluguette interprète Artur Rimbaud, il épouse à la perfection les contours du corps et de l’esprit voulus par Christopher Hampton, il se plonge dans le rôle avec un jeu quasi schizophrène, très "Actor Studio". Quant à Paul Verlaine, Didier Long le joue avec force, un monstre sacré ou plutôt un sacré monstre, impressionnant. Didier Long par la voix de Verlaine a un grand sens du tragique, il insiste sur le don particulier du poète pour la destruction. Sa femme Mathilde, la comédienne Jeanne Ruff, est aussi intense que ses camarades de jeu mais elle apaise par sa douceur et son physique éthéré. La comédienne est souveraine, elle a un sens de la mesure impossible à contrarier. Divine.
Il ne faudrait jamais avoir à rencontrer les êtres qui se cachent derrière les icônes, ceci pour éviter (souvent) des déceptions inutiles. C’est en tout cas ce que je crois et qui s’avère une nouvelle fois se vérifier. La performance des comédiens et la mise en scène de Didier Long, encore merveilleusement rythmée, ne sont pas à remettre en cause, il s’agit plutôt de la vision d’Hampton. Cette façon particulière de résoudre les désordres de l’âme par des raccourcis est sans doute plus lisible au cinéma qu’au théâtre.
Les scènes de Théâtre ont besoin de plus de lumière que les plateaux de cinéma, cette lumière aurait pu être apportée par un peu plus d’extraits de textes poétiques. Une chose est certaine, après avoir assisté à la pièce « Rimbaud /Verlaine Eclipse totale », l’envie de relire Rimbaud ou Verlaine est irrésistible.
Rimbaud a dix-sept ans, il débarque à Paris en réponse à l’invitation de Verlaine. Verlaine est un poète embourgeoisé, marié avec une très jeune femme et bientôt père de famille. Des périples entre Bruxelles et Londres suivront, les deux hommes chercheront tour à tour à éveiller ou à apaiser le feu qui les anime, attisant aussi bien leur sexualité que leur inspiration à écrire. L’amour encore, toujours l’amour, il nourrit le poète quand il ne s’agit pas d’alcool, d’absinthe ou d’opium et celui-ci est violent, excessif et jaloux.
Julien Alluguette interprète Artur Rimbaud, il épouse à la perfection les contours du corps et de l’esprit voulus par Christopher Hampton, il se plonge dans le rôle avec un jeu quasi schizophrène, très "Actor Studio". Quant à Paul Verlaine, Didier Long le joue avec force, un monstre sacré ou plutôt un sacré monstre, impressionnant. Didier Long par la voix de Verlaine a un grand sens du tragique, il insiste sur le don particulier du poète pour la destruction. Sa femme Mathilde, la comédienne Jeanne Ruff, est aussi intense que ses camarades de jeu mais elle apaise par sa douceur et son physique éthéré. La comédienne est souveraine, elle a un sens de la mesure impossible à contrarier. Divine.
Il ne faudrait jamais avoir à rencontrer les êtres qui se cachent derrière les icônes, ceci pour éviter (souvent) des déceptions inutiles. C’est en tout cas ce que je crois et qui s’avère une nouvelle fois se vérifier. La performance des comédiens et la mise en scène de Didier Long, encore merveilleusement rythmée, ne sont pas à remettre en cause, il s’agit plutôt de la vision d’Hampton. Cette façon particulière de résoudre les désordres de l’âme par des raccourcis est sans doute plus lisible au cinéma qu’au théâtre.
Les scènes de Théâtre ont besoin de plus de lumière que les plateaux de cinéma, cette lumière aurait pu être apportée par un peu plus d’extraits de textes poétiques. Une chose est certaine, après avoir assisté à la pièce « Rimbaud /Verlaine Eclipse totale », l’envie de relire Rimbaud ou Verlaine est irrésistible.
7/10
« C’est encore mieux l’après midi » (Two into one – 1984) du génial auteur Ray Cooney est à se plier de rires !
Le metteur en scène José Paul a le sens du rythme, ce talent si particulier que l'on croit souvent être réservé aux anglo-saxons. Mais l’adaptation de Jean Poiret n’est évidemment pas étrangère à cette alchimie, le rire est ici d’une grande élégance.
Jamais essoufflé, Pierre Cassignard, entre Darius au Théâtre des Mathurins et Folle Amanda au Théâtre de Paris, se glisse dans la peau d’un homme politique peu scrupuleux dont le pouvoir attise l’appétit sexuel. Toujours chic et avec cette sorte de décontraction naturelle, le comédien maîtrise son jeu à la perfection face à Sébastien Castro avec lequel conserver son sérieux doit-être un véritable tour de force.
La saison théâtrale avait démarré avec lui en septembre 2016 sur les planches du Petit Montparnasse dans le savoureux « Moi, Moi et François B. ». Cette fois, sur les traces de Jacques Villeret (au Théâtre des Variétés en 1987) Sébastien Castro ne lâche rien, il invente un personnage complètement barré. Avec un sens de l’appropriation des lieux très impressionnant, Sébastien Castro se permet de récréer un vrai one-man show au sein même de la pièce. Sans empiéter sur les territoires des autres comédiens mais au contraire en leur renvoyant adroitement leurs répliques, le personnage de composition se régale en mots, mimiques, gesticulations burlesques et exagérations dont le public raffole.
Dans un irrésistible jeu de portes qui claquent (scène culte !), chacun est à sa place, la distribution des rôles est parfaite, du sur mesure : Lysiane Meis, Guilhem Pellegrin, Pascale Louange, Guillaume Clérice, Rudy Milstein et Anne-Sophie Germanaz plongent la fête dans les règles de l'art. Le décor initial de Jacques Marillier a été modernisé par Jean Michel Adam et le son est signé Michel Winogradoff.
Plus que jamais très inscrite dans l’actualité, « C’est encore mieux l’après-midi » est LA pièce à voir, aussi en soirée, si vous voulez vraiment vous amuser !
Le metteur en scène José Paul a le sens du rythme, ce talent si particulier que l'on croit souvent être réservé aux anglo-saxons. Mais l’adaptation de Jean Poiret n’est évidemment pas étrangère à cette alchimie, le rire est ici d’une grande élégance.
Jamais essoufflé, Pierre Cassignard, entre Darius au Théâtre des Mathurins et Folle Amanda au Théâtre de Paris, se glisse dans la peau d’un homme politique peu scrupuleux dont le pouvoir attise l’appétit sexuel. Toujours chic et avec cette sorte de décontraction naturelle, le comédien maîtrise son jeu à la perfection face à Sébastien Castro avec lequel conserver son sérieux doit-être un véritable tour de force.
La saison théâtrale avait démarré avec lui en septembre 2016 sur les planches du Petit Montparnasse dans le savoureux « Moi, Moi et François B. ». Cette fois, sur les traces de Jacques Villeret (au Théâtre des Variétés en 1987) Sébastien Castro ne lâche rien, il invente un personnage complètement barré. Avec un sens de l’appropriation des lieux très impressionnant, Sébastien Castro se permet de récréer un vrai one-man show au sein même de la pièce. Sans empiéter sur les territoires des autres comédiens mais au contraire en leur renvoyant adroitement leurs répliques, le personnage de composition se régale en mots, mimiques, gesticulations burlesques et exagérations dont le public raffole.
Dans un irrésistible jeu de portes qui claquent (scène culte !), chacun est à sa place, la distribution des rôles est parfaite, du sur mesure : Lysiane Meis, Guilhem Pellegrin, Pascale Louange, Guillaume Clérice, Rudy Milstein et Anne-Sophie Germanaz plongent la fête dans les règles de l'art. Le décor initial de Jacques Marillier a été modernisé par Jean Michel Adam et le son est signé Michel Winogradoff.
Plus que jamais très inscrite dans l’actualité, « C’est encore mieux l’après-midi » est LA pièce à voir, aussi en soirée, si vous voulez vraiment vous amuser !
8/10
On ne va pas assez souvent à La Cartoucherie !
Sous l’impulsion première de sa mère nourricière Ariane Mnouchkine depuis 1964, l’ancienne réserve de poudre et munitions du Château de Vincennes demeure un des berceaux créatifs des plus intéressants.
« Le Songe d’une nuit d’été » de William Shakespeare se joue Salle Copi jusqu’au 2 avril. Rien de très nouveau qu’une œuvre de Shakespeare jouée en ces lieux déjà si fortement emprunts des grands auteurs.
En 1996, j’avais eu la chance de découvrir cette même œuvre interprétée par la formidable et acrobatique troupe belge « Les Baladins du Miroir ». Plus de vingt ans après, je découvre un nouveau songe, cette fois par la troupe du Théâtre de la Véranda …
Au pays des merveilles
La vie est une succession de rêves rythmés par quelques rares réveils. Le réel est bien pâle comparé aux songes. Et, ce sont ces songes qui plaisent au metteur en scène Lisa Wumser, ce qu’il y a autour des rêves est dérisoire. Ainsi, la Reine Hippolyta (Marie Micla) se transforme en une déesse Titania totalement fantasque, le Roi Obéron (John Arnorld) en un Thésée doux dingue extravagant en diable, Bottom (Christian Lucas) est aussi un très inventif Pyrame, l’épatante Quince (Flore Lefebvre des Noëttes) est un ‘mur’ magnifique et déluré, l’éperdu Démétrius (Adil Laboudi) est un Lion génialement ravagé et cætera et cætera… Sans craindre les grands écarts, et comme il est d’usage dans le Théâtre antique, les comédiens revêtent plusieurs rôles, deux, trois et même parfois quatre. Sur la musique savamment placée de Laurent Petitgand, les marionnettes et les masques de Pascale Blaison enveloppent les spectateurs dans un univers fourni de mille petites inventions.
Les dieux et leurs serviteurs sont d’attentifs farceurs qui n’hésitent pas, à grands renforts de burlesque, à secouer les spectateurs de rires. Certains comédiens se font remarquer par leur sophistication de jeux extrême, c’est le cas pour Christian Lucas et Flore Lefebvre des Noettes dont les rôles de compositions sont des délices, et aussi pour Jade Fortineau, éblouissante Héléna.
J’ose émettre quelques bémols sur les costumes et le décor, mais il est aisé de les oublier tant la créativité des comédiens, selon la mise en scène colorée de Lisa Wumser, sont inventifs et fantasques. Les spectateurs sont emmenés, non pas sous le chapiteau d’un cirque comme la structure scénique semble vouloir le figurer, mais bel et bien sous une canopée étoilée où nymphes charmantes, fleurs psychédéliques, fées mutines et farfadets malins exercent leurs charmes la nuit de la Saint-Jean. Un ensorcellement. A voir sans tarder par tous.
Sous l’impulsion première de sa mère nourricière Ariane Mnouchkine depuis 1964, l’ancienne réserve de poudre et munitions du Château de Vincennes demeure un des berceaux créatifs des plus intéressants.
« Le Songe d’une nuit d’été » de William Shakespeare se joue Salle Copi jusqu’au 2 avril. Rien de très nouveau qu’une œuvre de Shakespeare jouée en ces lieux déjà si fortement emprunts des grands auteurs.
En 1996, j’avais eu la chance de découvrir cette même œuvre interprétée par la formidable et acrobatique troupe belge « Les Baladins du Miroir ». Plus de vingt ans après, je découvre un nouveau songe, cette fois par la troupe du Théâtre de la Véranda …
Au pays des merveilles
La vie est une succession de rêves rythmés par quelques rares réveils. Le réel est bien pâle comparé aux songes. Et, ce sont ces songes qui plaisent au metteur en scène Lisa Wumser, ce qu’il y a autour des rêves est dérisoire. Ainsi, la Reine Hippolyta (Marie Micla) se transforme en une déesse Titania totalement fantasque, le Roi Obéron (John Arnorld) en un Thésée doux dingue extravagant en diable, Bottom (Christian Lucas) est aussi un très inventif Pyrame, l’épatante Quince (Flore Lefebvre des Noëttes) est un ‘mur’ magnifique et déluré, l’éperdu Démétrius (Adil Laboudi) est un Lion génialement ravagé et cætera et cætera… Sans craindre les grands écarts, et comme il est d’usage dans le Théâtre antique, les comédiens revêtent plusieurs rôles, deux, trois et même parfois quatre. Sur la musique savamment placée de Laurent Petitgand, les marionnettes et les masques de Pascale Blaison enveloppent les spectateurs dans un univers fourni de mille petites inventions.
Les dieux et leurs serviteurs sont d’attentifs farceurs qui n’hésitent pas, à grands renforts de burlesque, à secouer les spectateurs de rires. Certains comédiens se font remarquer par leur sophistication de jeux extrême, c’est le cas pour Christian Lucas et Flore Lefebvre des Noettes dont les rôles de compositions sont des délices, et aussi pour Jade Fortineau, éblouissante Héléna.
J’ose émettre quelques bémols sur les costumes et le décor, mais il est aisé de les oublier tant la créativité des comédiens, selon la mise en scène colorée de Lisa Wumser, sont inventifs et fantasques. Les spectateurs sont emmenés, non pas sous le chapiteau d’un cirque comme la structure scénique semble vouloir le figurer, mais bel et bien sous une canopée étoilée où nymphes charmantes, fleurs psychédéliques, fées mutines et farfadets malins exercent leurs charmes la nuit de la Saint-Jean. Un ensorcellement. A voir sans tarder par tous.