- Théâtre contemporain
- Théâtre de Belleville
- Paris 11ème
Richard III d'après William Shakespeare

- Théâtre de Belleville
- 94, rue Faubourg du Temple
- 75011 Paris
- Goncourt (l.11)
Richard III d’après William Shakespeare est une tragédie monstrueuse : la montée au pouvoir d’un tyran sanguinaire.
Mais c’est tout autant une bouffonnerie royale, un défilé grotesque au rire démesuré. Ces héros portent une langue animale et s’aiment comme ils se tuent.
Richard, c’est un acteur. Une bête de scène. Il pleure, rit et séduit. Ses masques dévoilent alors la force incandescente du théâtre, sa vérité, dernier rempart contre la folie et la tyrannie.
La critique de Josiane (rédac' AuBalcon) : C’est ce qui s’appelle avoir de l’allure !
La mise en scène et les costumes sont tout simplement somptueux. Le meilleur de la tendance contemporaine est là, sous nos yeux, à Belleville. La Compagnie Nova a bien suivi les préceptes de Rimbaud, en étant "résolument moderne". D’immenses fourrures symbolisent la vanité et le pouvoir du terrible Richard III.
Les corps, baignés de lumière et de cendre, offrent un spectacle d’une beauté et d’une violence hors pair.
En quoi est-ce crédible ? Parce que cette pièce respire l’’intelligence. L’adaptation de la langue originelle est un travail d’orfèvre. Shakespeare revit ! (Était-il mort ?) La sensualité des acteurs est bluffante.
On ne peut que saluer le talent de ce spectacle, et pardonner les quelques maladresses présentes.
Dans le soucis de s'approprier le texte, Margaux Eskenazi et Agathe Le Taillandier, respectivement metteur en scène et dramaturge, se sont lancées dans une nouvelle traduction - ou "re-traduction" selon leurs termes - et ont osé tailler dans les ronces et y injecter une écriture moderne et dépourvue de grâce pour en tirer une adaptation de l’œuvre magistrale de Shakespeare. Entreprise drôlement présomptueuse.
Les six jeunes comédiens de la compagnie, tour à tour travestis et grimés, enveloppés dans des peaux de bêtes ultra-kitch ou drapés de satin et de paillettes, se battent, se traînent et se pavanent dans un grand bac à sable ou litière géante tapissée de gravier noire : la cour d'Angleterre. Idir Chender est à peine crédible dans le rôle du tyran le plus séduisant de la littérature. Torse nu sous un manteau de fourrure, il s'échine à camper un personnage libidineux, boiteux et provocateur, terriblement caricatural. Les performances grotesques et hystériques de ses comparses donnent l'impression générale d'un projet à l'état de répétition, où toutes les propositions n'ont pas été triées et ne sont pour la plupart pas justifiées. Mais le pire dans cette adaptation est sans doute le manque de générosité de la prestation scénique qui élève rapidement un mur entre le public et les protagonistes s'agitant vainement dans le gravier
Le texte, mâchouillé et déclamé, est noyé dans un tourbillon de cris et de gags bouffons, rendant la tragédie shakespearienne inaccessible à un néophyte et définitivement indigeste.
La première scène fait un peu peur par son dramatisme ridicule. On se dit : mais où suis-je tombé encore ? Puis ensuite, on rit, on rit beaucoup pendant une bonne partie du spectacle.
La performance des acteurs est très bonne, on y croit... sauf peut être le rôle principal qui en fait beaucoup trop.
Les costumes sont magnifiques et les décors intelligemment montés.
C'est une bonne surprise de ce début d'année.
PS : Connaître l'original n'est pas nécessaire mais c'est un plus pour faciliter la compréhension.