Orfeo ed Euridice

Orfeo ed Euridice
Mis en scène par Robert Carsen
  • Théâtre des Champs-Élysées
  • 15, avenue Montaigne
  • 75008 Paris
  • Alma Marceau (l.9)
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Lorsqu’il reprend plus d’un siècle et demi après Monteverdi le sujet de la fable de l’Orfeo, Gluck s’engage en même temps dans un renouveau des codes de l’opéra jusqu’alors en vigueur.

Il décide de se concentrer sur l’action dramatique, sa force, sa cohérence et sa richesse, qui à ses yeux se doivent d’être en parfaite harmonie avec l’écriture musicale. De cette réflexion surgit un ouvrage novateur qui, par l’incroyable richesse des ballets et des chœurs notamment, rayonne d’une beauté lumineuse tout en « réformant » les formes du passé.

Le canadien Robert Carsen a mis en scène l’œuvre il y a une dizaine d’année pour l’Opéra de Chicago. Il y traduisait déjà par son dispositif hors de toutes références temporelles toute l’universalité de l’ouvrage et donnait une place de choix à la musique et au chant. Il a aujourd’hui décidé de remettre l’ouvrage sur le métier, mais gageons que cette version parisiennes conservera son aspiration première. Si le sujet est issu de l’un des plus beaux mythes, l’intrigue se resserre sur le couple formé par Orfeo et Euridice au travers de leurs airs qui requièrent une sensibilité et une virtuosité sans faille.

De nouveau réunis après leur Alcina aixoise, Philippe Jaroussky et Patricia Petibon ont sans conteste la grâce et la poésie pour servir à merveille cette impressionnante et douloureuse descente aux Enfers. Les virtuoses d'I Barocchisti et l'élégante baguette de Diego Fasolis seront à leurs côtés pour les accompagner et servir avec tout le talent qu'on leur connait désormais ce voyage universel où se conjuguent l'amour et la mort.

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L'avis de la rédaction : 9/10. Orphée et Euridice est sans doute un des mythes qui m'a le plus marqué quand j'ai découvert la mythologie à l'école et que j'ai décidé d'approfondir le sujet avec des ouvrages spécialisés. Quel supplice pour Orphée de ne pouvoir regarder sa douce Euridice pendant qu'il la ramène vers la terre des vivants !

Lorsque Gluck propose ce mythe en 1762, il révolutionne le genre de l'opéra : une oeuvre courte (1h30) resserrée sur ses principaux protagonistes et surtout un rôle magnifique et important pour le choeur.

Si je dois trouver un défaut, c'est bien la durée de cet opéra : c'est trop court !!! (je n'ai pas souvent l'occasion de dire ça).

Sinon, j'ai succombé au charme des trois actes progressivement :

Acte un : c'est l'enterrement d'Euridice dans une morne plaine grise que j'ai eu du mal à apprécier sur le moment mais qui me semble parfaite après réflexion. Philippe Jaroussky m'a semblé un peu faible mais les positions, à genoux ou allongé par terre, ne doivent pas favoriser sa voix d'ange. L'arrivée d'Amour (la splendide Emöke Barath) le fait se relever, prêt à affronter les Enfers.

Acte deux : Orphée rencontre les ombres infernales qui veulent le punir d'oser venir sur leur territoire. Le choeur de l'enfer donne de la voix, c'est magnifique ! La scène rougeoie, les morts sont assis sur leurs linceuls. Visuellement, c'est réussi : on se croirait bien en enfer. Vocalement, je comprends l'importance du choeur et l'apprécie pleinement. Philippe Jaroussky les charme avec la douceur de sa voix. Il retrouve sa bien aimée.

Acte trois : Euridice (Patricia Petibon excellente), réveillée des ombres suit Orphée mais le supplice commence pour Orphée car elle veut le regarder, l'embrasser, se serrer dans ses bras et il ne peut faire cela... On souffre avec lui.

La direction de Diego Fasolis ne souffre d'aucun défaut, c'est un bonheur de suivre le "terremoto" et l'orchestre Barrochristi composé de spécialistes renommés.

La mise en scène du canadien Robert Carsen peut sembler fade ou triste mais en fait, il faut cette sobriété. Elle est nécessaire pour permettre aux voix de donner toute leur puissance émotionnelle. Le choeur, c’est celui de Radio France et il est excellent évidemment dans cette oeuvre qui le met si bien en valeur.

Note rapide
9/10
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1 critique
Note de 8 à 10
100%
1 critique
29 mai 2018
9/10
9
La vie, la mort, l’amour portés au sublime…

Le choix de la version viennoise originale de la partition -1762- de Gluck (sans prologue, sans scènes de divertissements ou, de « coquetteries » baroques) et, la scénographie austère, épurée, avec son simple décor de gravier et de sable noir, à la fois tombe et accès aux Enfers, un jeu de lumières et d’ombres d’une beauté stupéfiante, les costumes noirs -modernes- d’une grande sobriété du Choeur (tantôt bergers et nymphes ou, esprits des enfers, furies et spectres), une production du mythe d’ « Orfeo ed Euridice » mise en œuvre par R. Carsen, saisissante, douloureuse, poignante.
Et habilement concentrée !

Le chœur exemplaire de Radio France, absolument magnifique, tout en nuances, au rôle majeur dans cet opéra, partie prenante du jeu scénique avec la procession communautaire vers la tombe du 1er acte, puis aux Enfers, où devenus spectres terrifiants enveloppés de linceuls , ils rampent avant de disparaître pour reprendre place en tant que choeur joyeux annonçant la résurrection prochaine d’Euridice, enfin constituant au 3èm acte, une ronde de liesse qui accompagne le retour à la vie -pour une seconde fois- d’Euridice.
J’ai été particulièrement « bluffée » par la symétrie du monde terrestre et des Enfers l’accès se faisant par la tombe d’Euridice… C’est sobre et très parlant…
C’est aussi la clef pour une continuité des 3 actes, permettant de n’apporter aucun trouble à l’émotion ressentie par le Public.

Les trois protagonistes sont parfaits (à mes yeux !).
Orphée, plein d’humanité, de tension dramatique, le summum du tragique et de la passion douloureuse, incarné par un Jaroussky -au meilleur-.
Amour, complice tour à tour de la douleur du héros puis du doute de l’héroïne (Amour, d’abord genre masculin, puis féminin… quelle idée judicieuse), incarné par une Emoke Barath, dont l’interprétation m’a, cette fois encore, énormément séduite et émue (j’avais particulièrement apprécié sa participation -à la fosse- dans Alcina, en doublure de Julie Fuchs, souffrante mais sur scène -en rôle muet-) . Une artiste dont j’aurais plaisir à suivre la carrière.
Et Euridice, la poignante Patricia Petibon, toute en doutes et en déchirements, celle qui m’a probablement le plus touchée dans la douleur exprimée …

L’orchestre des I Barrochisti m’a paru par moments un peu en deça du reste de la production, mais dans l’ensemble a assuré.

Merci, en tout cas, à Valérie R 42, pour son avis sur cet opéra que j’avais renoncé à voir, en dépit de mon envie, car il ne restait plus, quelques jours avant, que des places -certes à 15 euros-, mais sans visibilité…
Après avoir lu lundi sa critique, je me suis connectée au site du TCE et, oh miracle, il restait un strapontin catégorie 2 pour le soir même…sur lequel je me suis précipitée (à noter même prix qu’une place non strapontin… no comment !).
Bien m’en a pris car j’ai passé une soirée merveilleuse et, comme elle, j’ai regretté qu’elle ne dure pas plus.
L’enthousiasme parmi le Public, lundi , a été tel qu’à 21 heures, quand s’est terminé le spectacle, il s’en est trouvé plusieurs pour crier « bis »... !
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Musique
Talent des artistes
Emotions
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor