- Théâtre contemporain
- Manufacture des Abbesses
- Paris 18ème
Le nazi et le barbier

- David Nathanson
- Manufacture des Abbesses
- 7, rue Véron
- 75018 Paris
- Blanche (l.2)
Nom de l'accusé : Itzig Finkelstein, anciennement Max Schulz
- Profession : Coiffeur
- Profession complémentaire : Génocidaire (je n'exerce pas actuellement)
- Date de naissance : 15 mai 1907
- Lieu de naissance : Wieshalle – anciennement allemande, aujourd'hui polonaise
- Nationalité : Israélienne
- Yeux : Couleur indéterminée (j'ai des yeux de grenouille)
- Nez : Crochu
Cette pièce est une adaptation du roman d'Edgar Hilsenrath, premier et seul auteur à oser l'humour noir pour traiter de l'Holocauste et du génocide.
La critique de Louise (rédac' AuBalcon) : 8/10. Jusqu’où peut-on fuir ses démons ? Un nazi coupable de massacres immondes dans les camps de concentration reconverti en juif israélien pour fuir les procès d’après-guerre, une belle ironie adaptée du roman d’Edgar Hilsenrath.
Max Shultz est génocidaire. On ne va pas cherche à l’innocenter. Mais on le laisse raconter son histoire. Celle d’un enfant sans père, violé par l’amant de sa femme aryen au dernier degrés et ami du fils de barbier juif voisin, Itzig Finkelstein. Pourtant Max n’hésite pas à mettre une balle dans la tête de ceux qui l’ont accueilli toute son enfance une fois rentré dans les rangs de la jeunesse hitlérienne. Le plus fou dans tout ça, c’est que c’est drôle. David Nathanson interprète avec justesse et virtuosité chacun des personnages de cette histoire démente.
Démente parce que Max Shultz prend la place de son ami et va jusqu’à rejoindre les milices clandestines qui ont aidé à la création de l’état D’Israël. Le personnage se perd dans une usurpation d’identité dont le secret finit par être de plus en plus difficile à garder. Non pas face à son entourage mais parce que les morts eux sont toujours là et connaissent la vérité.
On félicite à nouveau le travail de David Nathanson et Tatiana Werner qui propose ici un spectacle drôle et tragique sur le destin atypique d’un faux juif vrai nazi qui ressemblait plus à un juif que son voisin juif. Et dans un tout autre genre, le même duo collaboratif se produit au théâtre du centre avec une adaptation du roman d'Emmanuel Carrère "D'autres vies que la mienne".
Après avoir découvert le comédien, David Nathanson, au Théâtre de la Reine Blanche dans D’autres vies que la mienne une adaptation du roman d’Emmanuel Carrère, je me suis empressée d’aller voir la reprise de son précédent spectacle Le nazi et le barbier. Et je n’ai pas été déçue.
Le comédien se métamorphose et passe d’un personnage à l’autre grâce à des intonations de voix et à son regard ( par exemple en louchant ) aidé par des jeux de lumières réalisés par Anais Souquet. Son personnage (Max Schulz) devient ainsi Itzig Finkelstein, un ami d’enfance juif à qui il a lui même ôté la vie. « Je suis devenu toi », proclame-t-il avec délectation. Il ira même jusqu’a se faire tatouer un numéro de détenu de camp de concentration, laissant croire qu’il a connu les conditions de survie à Auschwitz. Spectacle effrayant que cette transformation de l’ami fidèlei au tortionnaire dépourvu de la moindre humanité. Le comédien est absolument étonnant et saisissant. Il sert magistralement un texte difficile sur la Seconde guerre mondiale. Ce récit sur cette période noire de l’Histoire du point de vue d’un nazi est particulièrement fort et angoissant.
Un spectacle nécessaire sur les méandres de l’âme humaine !
C'est sans doute, une des pièces qui m'a le plus touchée.