Le Moche

- Maïa Sandoz
- Adèle Haenel
- Serge Biavan
- Christophe Danvin
- Paul Moulin
Monsieur Lette découvre qu’il est moche.
Sa femme affirme l’aimer malgré son visage « catastrophique », mais la décision de subir une opération chirurgicale est vite prise. Lorsqu’il se réveille de l’anesthésie, rien ne sera plus comme avant : le chirurgien a fait de son visage un chef d’oeuvre. La renaissance de Lette en tant qu’homme beau et irrésistible le rend vite célèbre.
Mais la valeur de Lette sur le marché s’effondre rapidement au moment où il se retrouve face à plusieurs répliques de lui-même.
TOURNÉE 2015
♦ Le Moche / Perplexe de Marius von Mayenburg au Théâtre des Quartiers d’Ivry
(94) du 9 au 13 puis du 17 au 20 Mars 2015
♦ Le Moche / Voir clair / Perplexe de Marius von Mayenburg au Théâtre des
Quartiers d’Ivry (94) les 14 et 15, 21 et 22 Mars 2015
♦ Le Moche / Voir clair de Marius von Mayenburg au Théâtre de Rungis (94) le 5
Mai 2015
♦ Le Théâtre de l’Argument sera compagnie associée accueillie en résidence au
Festival Contre-Courant et présentera également Le Moche / Voir clair /
Perplexe à l’Île de La Barthelasse, Avignon (84) en Juillet 2015
Maïa Sandoz nous propose une immersion dans l'écriture absurde et froide du dramaturge allemand Marius Von Mayenburg. L'énoncé des didascalies comme prologue à l'illusion qui va suivre. Ils sont quatre, sagement assis autour d'une table, acceptant de prendre en charge la farce. Dans un décor unique, terriblement scandinave, Lette va subir une transformation miraculeuse et devenir irrésistiblement beau, le "chef d’œuvre" de son chirurgien esthétique. Aucune modification sur l'apparence de l'excellent Paul Moulin ; la simple force de suggestion du texte de Mayenburg, appuyée par une mise en scène intelligente et efficace établissent des vérités. Nous sommes là où les personnages nous disent se trouver, nous acceptons de voir ce qu'ils nous montrent.
Mayenburg se rit de la valse des apparences, d'une société marketée à l'excès où l'idée du beau, toujours suggérée de manière subliminale, contrôle nos vies et nos choix. Lette devient célèbre parce qu'il est beau, non pas pour son talent d'inventeur. Mais bientôt, sa valeur aux yeux de son employeur ainsi qu'à ceux des femmes qui l'entourent va dégringoler avec l'arrivée sur le marché d'hommes lui ressemblant traits pour traits. Une beauté artificielle est une beauté facilement contrefaite. Lette va sombrer dans douce folie schizophrène, tombant amoureux de celui qu'il voit dans le miroir, de celui qu'il croise au parc, au supermarché, de celui à qui tout réussit.
Quatre comédiens s'emparent de sept personnages avec une aisance naturelle et amusée. On regrette cependant une Adèle Haenel toute en grimaces et en tics incontrôlés qui contraste avec le jeu précis et solide de ses trois camarades. Accompagnée par les compositions hallucinogènes de Christophe Danvin à la guitare électrique, c'est une performance maîtrisée et réfléchie que nous offre le Théâtre de l'Argument sur la scène du Paris-Villette. Peut-être même trop sage par endroits. On reste tout de même avec un léger goût d'inachevé entre les dents, sans doute car cette proposition du Moche est à l'origine associée à deux autres courtes pièces de Mayenburg, trilogie que nous serons invités à découvrir au Théâtre des Quartiers d'Ivry en mars 2015.